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de se servir de ces instrumens de révolution ; il est tout prêt à les tourner contre ses ennemis. Le peuple français, avec ces mêmes instrumens, fera, quand il le voudra, rentrer en un seul jour dans le néant les hommes assez stupides pour croire qu'il y a de la distinction entre le peuple et les citoyens. Il serait ridicule de livrer, par un décret, à l'impression, une pétition par laquelle quelques honnêtes gens de section viennent censurer ici la minorité. Songez que si l'on se vante d'avoir contre nous la majorité, vous avez dans la République, et Paris en offre l'exemple, une majorité immense. ( Oui, oui, s'écrie une partie de l'assemblée.) Il est temps que le peuple ne se borne plus à la guerre défensive, et qu'il attaque tous les fauteurs du modérantisme; il est temps que nous marchions fièrement dans la carrière ; il est temps que nous raffermissions les destinées de la France; il est temps de signaler notre courage; il est temps que nous nous coalisions contre les complots de tous ceux qui voudraient détruire la République. Nous avons montré de l'énergie un jour, et nous avons vaincu. Paris ne périra pas; aux brillantes destinées de la République se joindront celles de cette cité fameuse que les tyrans voulaient anéantir. Paris sera toujours la terreur des ennemis de la liberté ; et ses sections dans les grands jours, lorsque le peuple s'y réunira en masse, feront toujours disparaître ces misérables Feuillans, ces lâches modérés dont le triomphe est d'un moment. (Applaudissemens dans une partie de l'assemblée et dans les tribunes.)]

COMMUNE. Séance du 28 mai.

Les citoyens de la section des Sans-Culottes, préviennent le conseil qu'ils sont dans l'intention de s'assembler en club tous les jours, depuis dix heures du soir, dans la salle de théologie du collége du cardinal Lemoine.

Les canonniers de la section de 1792 se plaignent de ce que leurs canons ont été enchaînés hier, en vertu d'un ordre prétendu donné par la Commune. Le conseil les assure de sa sollicitude à veiller à ce qu'il ne soit donné aucun ordre faux ou particulier sur cet objet important.

Le commandant en chef de la section de 1792 était présent au conseil. On lui demande de justifier des ordres qu'il doit avoir reçus pour faire enchaîner les canons. Ses explications paraissent être en opposition avec l'arrêté du conseil, du 25 de ce mois, et une lettre qu'il a écrite lui-même. Le conseil le renvoie au procureur de la Commune, et arrête que les chaînes des canons seront supprimées sur-le-champ.

La commission des passeports fait son rapport sur les demandes de divers citoyens. Ce rapport est interrompu par diverses observations que présente Chaumette. Il pense que dans le danger pressant où se trouve la patrie, il faut suspendre et ajourner tous les rapports. Il entre ensuite dans les détails d'un complot affreux qui se trame contre la liberté, et à la tête duquel il met des ministres et d'autres individus payés des deniers de la République.

Hébert entre dans la salle du conseil. De nombreux applaudissemens retentissent de toutes part. Tous ses collègues, tous les citoyens présens, l'embrassent et le serrent dans leurs bras. Il reprend sa place au conseil.

Chaumette continue le discours qu'il avait commencé. Il représente tous les sacrifices, tous les actes de patriotisme par lesquels se sont distingués les Parisiens. Il frémit en songeant que l'on médite la ruine de Paris, dont tout le crime est d'avoir fait la révolution, et de l'avoir constamment soutenue. Il termine en demandant qu'il soit fait une adresee à la Convention, pour lui demander que la commission des Douze soit traduite au tribunal révolutionnaire. Le conseil adopte cette proposition.

Hébert témoigne sa vive reconnaissance des sentimens que lui ont manifestés les vrais sans-culottes de Paris, et des consolations sans nombre qu'il a reçues dans son honorable prison. Il expose les dangers imminens de la patrie, et demande que l'on y porte de prompts remèdes.

Chaumette lui remet entre les mains une couronne que lui avaient destinée des patriotes. Hébert la dépose sur le buste de J.-J. Rousseau, en disant qu'on ne doit aux hommes en place

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que des encouragemens, et qu'on ne leur doit décerner de couronnes qu'après leur mort.

Une citoyenne des tribunes apporte une couronne qu'elle destine à être placée sur le buste de Brutus.

Le conseil nomme des commissaires pour présenter, au nom des sections, Hébert, à celle de Bonne-Nouvelle, qui est la sienne.

La section des Arcis communique au conseil une adresse qu'elle se propose de présenter à la Convention, pour lui demander l'explication de ces mots prononcés dans son sein, sur les rives de la Seine, on se demandera où exista it Paris, et pour demander que l'on traduise au tribunal révolutionnaire les membres du comité des Douze.

De nombreux applaudissemens prouvent l'adhésion du conseil à cette adresse.

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Sur la proposition de Levasseur, décret qui ordonne une nouvelle rédaction de la séance du 27; le récit des débats, rapportés avec trop de soin, pouvant semer la discorde dans les départemens. Des commissaires du département des Pyrénées-Orientales jurent de faire la guerre aux tyrans, aux traîtres, aux anarchistes; de respecter la représentation nationale, les personnes et les propriétés : ils font des demandes en secours, mais jamais ils ne les appuieront de la menace d'une insurrection. Une députation de l'Ain demande la liberté de cinq cents individus arrêtés par les commissaires Amar et Merlin. - Les représentans près l'armée des côtes de La Rochelle, instruisent d'un échec éprouvé à Fontenay par la défection de la gendarmerie à cheval, malgré les efforts courageux des généraux Chalbos, Beaufranchet, Dayat et Nouvion, ceux des commissaires et la bravoure des grenadiers de la Convention. Cambon annonce que des forces marchent contre les rebelles. Barrère fait rendre un décret pour la punition des gendarmes qui ont fui à Perpignan et à Fontenay. - La section des Marchés demande une armée

révolutionnaire, la cassation de la commission des Douze, et le décret d'accusation contre ceux qui provoquent à la guerre civile par leurs discours. Celle des Arcis déclare qu'une partie de la Convention n'a plus sa confiance, et réclame l'envoi au tribunal révolutionnaire de la commission des Douze. Celle de Beaurepaire demande une constitution républicaine.

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Marie-Antoinette fait demander, pour son fils, le roman de GilBlas de Santillane. Accordé.

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Sur l'observation faite, que les directeurs des messageries reçoivent des voyageurs dans leurs voitures sans exiger d'eux la représentation de leurs passeports, le conseil arrête que l'on enverra aux directeurs des messageries l'arrêté précédemment pris à ce sujet.

On donne lecture d'une lettre du comité révolutionnaire de Blois, dans laquelle sont incluses deux lettres écrites, l'une le 27 avril et l'autre le 30 mai 1790, par le citoyen Gardien, maintenant député à la Convention et membre du comité des Douze. Elles sont adressées au ci-devant seigneur Dufresne, et respirent les sentimens les plus anti-civiques. L'on y remarque diverses expressions contre-révolutionnaires ; celle-ci par exemple: L'assemblée prétendue nationale. Il cherche à discréditer les assignats, etc.

Le conseil arrête que ces lettres seront imprimées et affichées en grand nombre; et d'après le réquisitoire du procureur de la Commune et les observations du citoyen maire, le conseil arrête en outre « qu'il sera nommé des commissaires pour dénoncer à la Convention les deux lettres contre-révolutionnaires du citoyen Gardien. ›

La section des Gravilliers instruit le conseil qu'elle nomme le citoyen Ricordon pour remplir les fonctions de commandant-général provisoire, comme étant le plus ancien commandant des sections, et réunissant toutes les qualités réquises pour cette fonction.

Des députés de la société patriotique de la section de la Buttedes-Moulins lisent au conseil une dénonciation contre le citoyen Colin, président de cette section. Sur le réquisitoire du procureur de la Commune, le conseil ordonne le renvoi des pièces à l'administration de police, pour faire prononcer contre le citoyen Colin un mandat d'arrêt, s'il y a lieu.

Une députation du club électoral invite le conseil à nommer provisoirement un commandant patriote. Le président répond que la Convention ayant déterminé le mode de nomination du commandant-général, il ne reste au conseil qu'à former des vœux à ce sujet.

La section de l'Unité fait part au conseil d'une dénonciation contre le citoyen Roux, juge de paix, et demande sa destitution.

Le conseil renvoie au corps municipal les pièces à l'appui de cette dénonciation.

La section des Gravilliers fait part d'un arrêté par lequel elle invite le curé de Saint-Nicolas à ne point faire de processions dans l'étendue de son arrondissement.

Le conseil passe à l'ordre du jour, motivé sur ce qu'il ne veut pas se mêler des affaires des prêtres, et que s'il arrive des troubles, on punira ceux qui les auront occasionnés.

CLUB DES JACOBINS. Séance du 29 mai.

Grots de Luzenne obtient la parole pour communiquer une observation qu'il a recueillie, et qui annonce une grande conspiration.

Boissel. Le club de l'Évêché a nommé une commission pour recueillir toute les mesures de salut public; si ce citoyen qui es à la tribune a des mesures à proposer, il peut s'adresser à ce comité..

Le président. Je sais très-bien qu'un président ne peut pas avoir la parole, mais je dois observer que d'après ce qui s'est passé aujourd'hui à la Convention, les mesures que l'on pourrait proposer sont susceptibles de quelques changemens. ›

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