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midi. Une telle question paraît étonnante au conseil. Un membre de la section du Marais observe que cette section a été divisée en deux partis, et que les citoyens présens ont été les principaux auteurs de cette division. Le conseil a pensé qu'il devait en ce moment oublier les querelles particul ères, et a admis à la prestation du serment les députés de la section du Marais.

On donne lecture d'un arrêté pris dans l'assemblée des commissaires, des autorités constituées du département, et des quarante-huit sections réunis en la salle de la société des amis de la liberté et de l'égalité, séante aux ci-devant Jacobins.

Cet arrêté, en date de ce jour, porte qu'il sera nommé une commission de onze membres, que cette commission sera autorisée à prendre toutes les mesures de salut public qu'elle jugera nécessaires, et à les mettre directement à exécution, que les municipalités des deux districts ruraux et les comités révolutionnaires des quarante-huit sections, seront tenus d'exécuter les arrêtés qu'elle aura pris, et les mesures qu'elle aura adoptées; que les arrêtés de cette commission ne seront exécutés qu'autant qu'ils auront été pris à la majorité absolue des suffrages. Par ce même arrêté, l'assemblée déclare qu'elle approuve et donne son adhésion la plus entière à la conduite et aux mesures de salut public adoptées par le conseil-général et les commissaires des sections de Paris, et que la même commission qu'elle vient de nommer ira porter à l'instant au conseil-général de la Commune ses sentimens d'union et de fraternité, qu'elle y tiendra sa séance et qu'elle travaillera en commun au salut public et à l'affermissement de la liberté et de l'égalité.

Après avoir entendu la lecture de l'arrêté ci-dessus, le conseil-général en ordonne l'impression, l'affiche, l'envoi aux sections et aux autorités constituées.

Les commissaires envoyés pour correspondre avec la Convention nationale écrivent que, sur la proposition de Vergniaud, ce qui, disent-ils, vous étonnera peut-être, la Convention nationale

a décrété que les sections de Paris, dans les mesures par elles prises pour sauver la chose publique, avaient bien mérité de la patrie. Ils joignent à leur lettre le décret de la Convention qui porte que les membres du conseil exécutif, du département de Paris et du conseil-général de la Commune de la même ville, se réuniront à l'instant près du lieu des séances de l'assemblée, dans un local qui leur sera indiqué par le comité d'inspection de la salle, pour y recevoir les ordres de l'assemblée, les transmettre aux autorités constituées et rendre compte au comité de salut public de ce qui se passe dans les divers quartiers de Paris, etc. ›

La section du Théâtre Français envoie une députation pour assister aux séances du conseil-général; elle est admise à la prestation du serment.

Chaumette rappelle au conseil que déjà plusieurs fois il a demandé que les grilles inutiles et celles des églises, soient fondues en piques et en canons de fusils. Il renouvelle aujourd'hui ce réquisitoire, et le conseil le convertit en arrêté.

Un des commissaires chargés de porter à la Convention nationale l'adresse rédigée ce matin, rend compte de sa mission. Il annonce que cette adresse a été accueillie assez froidement, que le président de la Convention n'a fait qu'une réponse vague et dilatoire, et que le côté droit disait hautement qu'il en appellerait aux départemens. Il fait part aussi de l'accueil qu'il a reçu de la Montagne; mais il déclare que la majorité de la Convention est incapable de sauver la chose publique, que le peuple n'a de ressources que dans lui-même. Il invite le conseil à faire connaître les motifs des grandes mesures qu'il se dispose à prendre.

Sur le réquisitoire du procureur de la Commune, le conseilgénéral envoie dans les quarante-huit sections des commissaires chargés de les instruire des mesures qu'il a prises, et de proclamer les dangers de la patrie.

Un citoyen monte à la tribune et propose de prendre les mesures les plus promptes et les plus sûres, de ne pas consumer en

longs discours un temps qui ne doit être employé qu'en actions. Le procureur de la Commune, en applaudissant au zèle et au patriotisme de l'orateur, observe qu'il faut joindre la prudence à la grandeur des mesures; que les aristocrates ne demanderaient pas mieux que de voir les citoyens de Paris dirigés en sens contraires, s'agiter tumultueusement sans savoir ni où ils vont ni où ils tendent.

Le préopinant insiste sur les mesures qu'il a proposées, accuse de faiblesse le procureur de la Commune et s'offre pour présider le conseil et diriger les opérations révolutionnaires.

Le substitut du procureur de la Commune prend la parole, et parlant dans le même sens que le citoyen Chaumette, il invite les citoyens à se rendre dans leurs sections et y exposer ingénûment les raisons qui ont fait manquer les mesures de cette grande journée. Il accuse l'impétuosité des personnes qui en ont médité le plan; il pense qu'il serait temps d'exécuter demain ce que l'on se proposait d'exécuter aujourd'hui.

Un citoyen à qui ces mesures paraissent pusillanimes, offre de se mettre à la tête des bataillons de Paris et de se porter à la Convention.

Le conseil-général témoigne toute son indignation, toute son horreur pour une telle proposition. Le citoyen qui en est l'auteur est invité à se rendre au bureau pour y déclarer son nom, sa qualité et sa profession. Il répond aux diverses interpellations qui lui sont faites, et demande à être entendu jusqu'à la fin de sa motion. Il assure qu'il n'avait d'autres intentions que de faire mettre en arrestation les membres gangrenés de la Convention, pour les livrer ensuite à leurs départemens qui en feraient justice. Le conseil attribuant à l'ignorance et au défaut d'expérience le discours du préopinant, croit ne devoir donner aucune suite à cette affaire.

Le citoyen maire prend la parole à cette occasion. Il fait connaître que le peuple de Paris sait distinguer ses vrais amis des énergumènes et des imbéciles qui cherchent à l'égarer, et qui veulent l'engager dans de fausses démarches. Il prouve surtout

que les mesures que vient de proposer le préopinant détacheraient à jamais Paris des départemens et amèneraient la guerre civile.

Une députation de la commune de Vanvres vient se réunir au conseil-général de la Commune de Paris. Le vice-président, au nom du conseil, donne aux députés l'accolade fraternelle.

Les commissaires envoyés ce matin à la Convention font leur rapport. Ils observent qu'elle ne paraît pas approuver les mesures prises par le conseil.

Diverses sections viennent demander quelle est la situation de Paris, - Le conseil les informe des mesures qu'il a prises. Plusieurs fonctionnaires publics des sections sont admis à la prestation du serment.

Le conseil-général arrête que demain, dans le jour, tous les citoyens suspects seront désarmés, et leurs armes remises aux patriotes qui n'en ont pas; que l'emprunt forcé sera requis conformément au mode précédemment indiqué par la Commune; que le produit de cet emprunt sera employé en secours pour les veuves, pères, mères, épouses et enfans des soldats citoyens qui servent la patrie dans nos armées, ainsi qu'à la fabrication d'armes, et à la paie des citoyens qui formeront la garde soldée révolutionnaire de Paris.

Jacques Roux donne lecture d'une nouvelle adresse à la Convention.

Des députés de la section du Muséum, ci-devant du Louvre, annoncent que cette section, tout entière en armes, est sur la place de la maison commune, et demande à prêter le serment. Le conseil-général reçoit au milieu des plus vifs applaudissemens le serment des citoyens de cette section.

Un jeune citoyen monte à la tribune, et propose les mesures les plus violentes. Le conseil invite ce jeune imprudent à se retirer. Il s'obstine à vouloir parler; mais enfin, cédant aux observations du ci-devant président Dobsen, et repoussé par l'indignation que lui manifeste le conseil, il se retire de la tribune.

Des députés de la section de Bon-Conseil viennent demander

quel est le parti à prendre relativement aux lettres; si l'on doit laisser partir les courriers ou ouvrir les lettres avant leur départ. Renvoyé au comité révolutionnaire.

Un citoyen annonce qu'il a entendu dire dans différens groupes et dans plusieurs cafés, que le faubourg Saint-Antoine se portait à la section de la Butte-des-Moulins pour la désarmer, et qu'il a fait tous ses efforts pour ramener les citoyens égarés. Le conseil applaudit au zèle de ce citoyen.

La commune de Bercy assure celle de Paris de ses sentimens d'union et de fraternité. Le conseil témoigne la vive satisfaction qu'il éprouve en entendant l'expression des sentimens que lui manifeste cette commune.

Des membres des comités révolutionnaire et civil de la section de la Butte-des-Moulins annoncent au conseil que depuis plusieurs jours l'aristocratie semblait l'emporter dans cette section, mais qu'enfin le patriotisme a triomphé, et fait échouer les projets des malveillans. Le conseil applaudit à ces détails.

Une députation de la municipalité de Sèvres vient fraterniser avec celles de Paris. Le conseil témoigne aux députés de la municipalité de Sèvres la vive satisfaction qu'il éprouve de les voir dans son sein, et le vice-président leur donne, au nom du conseil, l'accolade fraternelle.

Des commissaires envoyés à Versailles font leur rapport. Ils ont été reçus de la manière la plus satisfaisante par le département et la municipalité. Le président leur a donné l'accolade fraternelle, et les a priés, au nom du conseil-général de la commune de Versailles, d'assurer la commune de Paris des sentimens de fraternité et d'union qui animent les autorités constituées pour le maintien des lois et la tranquilité publique.

Des députés des communes de Drency et du Bourget annoncent que leurs concitoyens sont prêts à seconder les efforts des républicains de Paris.

Le conseil applaudit à l'expression de ces sentimens, et ordonne la mention civique au procès-verbal.

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