Page images
PDF
EPUB

cents morts, et ils y perdirent leurs bagages, leurs munitions et quatre-vingts pièces de canon, entre autres la Marie-Jeanne, à laquelle ils attribuaient une vertu surnaturelle.

Prise de Fontenay.

25 mai.

Ralliés par les soins de

Cathelineau, et augmentés de la division de Bonchamp, les royalistes marchèrent de nouveau sur Fontenay. Cette fois ils étaient au nombre de trente-cinq mille hommes. Cette armée, formée en trois colonnes d'attaque, occupa la position où elle avait été battue le 16. La gauche était sous les ordres de Lescure; la droite sous ceux de Bonchamp; Cathelineau et d'Elbée commandaient le centre. Les trois mille hommes du général Chalbos assaillis avec une grande impétuosité par une armée près de douze fois plus nombreuse, plia presque aussitôt, et fut mise en pleine déroute. Elle laissa sur le champ de bataille dix-huit cents hommes tués, blessés ou prisonniers, quarante-deux pièces de canon, tous les bagages, et la caisse militaire qui contenait dixhuit millions en assignats. Stofflet fut nommé commandant de Fontenay, les papiers du département furent brûlés au pied de l'arbre de la liberté.

GUERRE ÉTRANGÈRE.

Armée du Nord, Nous avons arrêté l'histoire des opérations de cette armée, au moment où le général Dampierre se disposait à une attaque générale, dans le but de sauver Condé.

L'armée autrichienne couvrait le blocus de cette place, en occupant les forêts sur les deux rives de l'Escaut, de Saint-Amand à Quiévrain. Des corps considérables, jetés par le prince de Cobourg dans tous les villages jusque sur la route de Valenciennes au Quesnoy, semblaient menacer Valenciennes. En outre de leur nombre et de leur position, les Autrichiens pouvaient être secourus par les Prussiens, campés aux environs de Maulde et de Saint-Amand; les Prussiens étaient soutenus par les Anglais, postés en avant de Tournay, d'où ils observaient la ligne fran

çaise de la Magdelaine, près de Lille; les Anglais avaient à leur droite les Hollandais qui occupaient Wervick et Menin, et s'étendaient jusqu'à Ostende.

Les principales forces des Français se trouvaient renfermées dans le camp de Famars, près de Valenciennes, et, devant Lille, dans le camp de la Magdelaine, où commandait le général Lamorlière. La droite était appuyée par l'armée des Ardennes sous les ordres du général Lamarche.

La position respective des armées était ainsi ordonnée, lorsque Dampierre commença l'attaque, dirigeant son entreprise sur les deux points de Valenciennes, à Mons et à Saint-Amand. Le 1er mai les troupes du camp de Famars emportèrent Sainte-Sauve; le général Lamarche, avec une partie de l'armée des Ardennes, s'empara de Sautain et de Curgies, et la garnison du Quesnoy, aux ordres du général Nerod, marcha contre Jalain. Le général Lamarche voulant poursuivre ses avantages, attaqua vigoureusement Estroen et Sébourg; mais, quoique secondé par Dampierre, il fut contraint d'y renoncer, et dès lors toutes les troupes du centre et de la droite se replièrent.

Sur la rive gauche de l'Escaut, le général Kilmaine, à la tête de l'avant-garde, avait commencé dès le matin et soutenu jusqu'à la nuit un engagement meurtrier dans les bois, au-devant d'Anzin; mais les batteries ennemies l'avaient empêché de gagner et de conserver beaucoup de terrain.

Sept ou huit mille hommes, sortis de Valenciennes, s'étaient portés sur les hauteurs de Marlis dont les batteries foudroyaient le vilage d'Étreu. Tous les postes de l'ennemi avaient été repliés, et son centre poussé à plus d'une lieue, dans la direction de Vicogne et de Sainte-Sauve. Alors la première ligne ennemie, aux ordres du général Ferrari, marcha sur Onnaing, et la seconde ligne sur Sébourg. La droite, commandée par le général Clairfait, ayant pris la gauche des Français à flanc et à revers, les troupes républicaines, forcées à la retraite, se rallièrent d'abord sur les hauteurs de Presseau, d'où elles furent encore repoussées, et obligées de se retirer dans le camp de Famars.

T. XXVII.

29

Enfin, vers la gauche, le général Lamarlière, avec les troupes du camp de la Magdelaine, avait simulé une attaque contre les camps de Maulde et de Saint-Amand, et il était rentré dans ses lignes. Malgré le peu de succès de toutes ces tentatives, l'armée française garda sa position, et le général Cobourg resta dans son quartier de Quiévrain.

Le 5 mai, des troupes détachées du camp de Cassel s'emparèrent de Popringhes, et poussèrent jusqu'à Rousbrugge, après avoir pris un drapeau et fait un assez grand nombre de prisonniers.

Dans les journées des 2, 3, 4, 5, 6 et 7, les armées restèrent en présence, et il n'y eut entre elles que des escarmouches d'avant-postes. Les généraux français se décidèrent à tenter un nouvel effort pour dégager Condé. On arrêta de diriger sur la rive gauche la principale attaque, qui avait échoué sur la rive droite. Cette attaque devait être un mouvement de front de la ligne de Maubeuge à Saint-Amand; elle fut fixée au 8 mai.

Le 7, à la pointe du jour, une colonne attaqua Saultain ; vers midi, une autre, sortie de Valenciennes, chargea le centre des Autrichiens vers Étren; mais, après quelques avantages, elle fut obligée de céder à une nombreuse cavalerie.

Le 8, l'attaque commença à la droite, en avant de Maubeuge. Les Français retournèrent cinq fois à la charge, perdirent plus de trois cents hommes, et furent contraints de se retirer sous le canon de la place. A Borai, l'engagement n'eut lieu qu'entre les troupes légères.

Un détachement composé d'infanterie et de cavalerie attaqua, dès le matin, Jalain, entre le Quesnoi et Valenciennes; vers midi, les Français s'étant portés en force sur le grand Wargnies, proche de Jalain, ils en délogèrent les ennemis qu'ils repoussèrent à leur tour, à l'aide de la cavalerie du général Otto. Vers le soir, une autre colonne, qui s'était portée en avant de Bresseau, fut contrainte de se retirer après une assez vive canonnade. Ces attaques diverses avaient eu pour objet de contenir le corps d'armée du prince de Cobourg.

Le général Clairfait occupait les bois, la ligne partant de l'abbaye de Vicogne, et aboutissant par Frasne à Doumet. Les Prussiens défendaient la partie de la chaussée de Vicogne à SaintAmand; toute cette ligne était garnie de retranchemens, de batteries et d'abattis, que les généraux Lamarche et Hédouville furent chargés d'attaquer, en même temps que le général Lamarlière, avec les troupes sorties de Douai et du camp de la Magdelaine, attaquerait entre Vicogne et Saint-Amand, et ferait inquiéter la droite des coalisés, vers Maulde, par un corps porté à Mouchin, entre Orchies et Tournai.

La division aux ordres du général Desponches, formant la droite des troupes commandées par le général Lamarlière, après avoir chassé l'ennemi de ses différens postes dans le bois de SaintAmand, s'était établie sur la plate-forme de l'abaye de Vicogne, et s'y était fortifiée après un combat qui dura depuis sept heures du matin jusqu'à huit heures du soir. Le général prussien Knobelsdorf ayant alors renforcé les Autrichiens à Vicogne et Raimes, le général Lamarlière envoya lui-même sept bataillons au général Despouches, qui venait de repousser à coups de canon une attaque commandée par le duc d'Yorck, dont le corps d'armée avait joint les Allemands. Au moment où la droite du général Lamarlière attaquait Vicogne, il attaquait lui-même Saint-Amand, il repoussait l'ennemi et envoyait les tirailleurs jusqu'à Maulde, occupé par les Anglais. En même temps le général Chaumont, chargé d'entretenir la communication d'Orchies à Lille par Landas et Belleporte, s'emparait de Rumegies et s'y maintenait. Ainsi cette gauche occupait la ligne de Belleporte à Vicogne.

Cependant le général Hédouville éprouvait les plus grandes difficultés dans son attaque sur Raimes, et le général Desponches faisait de vains efforts pour joindre sa droite à la gauche de ce général. Afin de remplir l'intervalle entre ces deux divisions, le général Dampierre y envoya quelques bataillons et des chasseurs qui gagnèrent d'abord un peu de terrain, puis firent un mouvement rétrograde; mais, renforcés par deux autres ba

taillons, ils remarchèrent à l'ennemi, et emportèrent trois portes défendues par les Hongrois. Huit bataillons et deux cents chasseurs se disposaient alors à attaquer une grosse redoute qui couvrait Raimes, lorsque le général Dampierre, qui avait renouvelé plusieurs fois ses attaques pour forcer les abattis, ayant été blessé mortellement à la dernière par un boulet de canon qui lui emporta la cuisse, on fut obligé de le transporter à Valenciennes, où il mourut le lendemain.

Alors le général Lamarche, qui prit le commandement de l'armée, jugeant inutile de prolonger le combat, ordonna la retraite. Trois bataillons de volontaires qui étaient engagés en ce moment dans le village de Raimes, en traversant une plaine découverte sous le feu de l'ennemi, s'étant débandés, il suffit au général Illers de leur crier : Soldats, à vos rangs! ils se reformèrent sur-le-champ et continuèrent leur retraite au pas de route. En même temps trois bataillons, malgré le feu de plusieurs batteries formidables qui venaient d'être démasquées dans des bois, se retiraient lentement et en bon ordre : toute cette partie de l'armée marcha sur Valenciennes.

Le 9, dès le matin, le général Chaumont se porta sur Maulde, le général Béru en avant du camp de Marlis, où il causa quelques pertes aux ennemis, et le général Lamarlière à l'abbaye de Vicogne, où il faisait de nouvelles dispositions lorsqu'il reçut l'ordre de faire sa retraite; elle s'exécuta sur Douai, et par Orchies sur Lille. Le même jour les Anglais et les Hollandais reprirent leurs positions de Tournay.

Après tant d'efforts réitérés sans succès, les Français durent se borner à maintenir leur ligne de defense pour mettre Valenciennes à couvert d'un siége, et se tenir en mesure de secourir Condé. Mais le 23 ils furent attaqués sur tous les points, depuis Orchies jusqu'à Maubeuge. Le 24, après un combat trèsopiniâtre, le camp d'Anzin près de Valenciennes, qui était déjà tourné, fut perdu, et en même temps l'abbaye d'Hasnon forcée par un corps de troupes prussiennes; dès-lors Valenciennes se trouva investi, et les ennemis, maîtres des hauteurs d'Anzin,

« PreviousContinue »