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jetèrent des bombes dans la citadelle. Le 26, le faubourg de Marlier, à Valenciennes, fut enlevé par les Autrichiens, et incendié. Le 27, le général Custine qui avait quitté l'armée du Rhin, prit le commandement de celle du Nord dans un moment bien critique, puisque de Dunkerque à Givet toute la frontière était menacée ; partout les ennemis étaient en forces supérieures, et dans ces circonstances, l'état des choses dans l'intérieur de la France obligeait encore à retirer des troupes des armées, pour les porter où l'on apercevait des dangers encore plus pressans. La direction du pouvoir girondin avait réduit la France à cette extrémité, et au moment même où la situation paraissait désespérée, il la compliquait, dans son intérêt personnel, par des intrigues et des désordres auxquels mit fin l'insurrection du

31 mai.

Armée du Rhin. L'armée française du Rhin occupait toujours sa position derrière la Lauter.

A l'époque du 15 mai, le général Wurmser, à la tête de trente mille hommes, avait établi son quartier-général à Spire. Son armée occupait tout le pays qui borde la Queich de Landau à Germersheim. Elle occupait aussi Zeiskam, l'abbaye de Haimback, avec un petit camp à Weingarten, et des avant-postes à Hert, Rilsheim et Herxheim, villages peu éloignés de Landau. Les Autrichiens avaient aussi sur la droite du Rhin deux petits camps de trois à quatre mille hommes chacun, l'un à Carlsruche, l'autre à Solingen, un peu au-dessus du fort Louis.

La gauche de l'armée prussienne commençait à Bornheim, en avant de Landau, et s'étendait le long des montagnes jusqu'à Neustadt, où était le quartier général; elle occupait aussi le revers des Vosges par Kaiseriautem, Landsthal, et le duché des Deux-Ponts, que les Français venaient d'évacuer en se portant entre Deux-Ponts et Bitche. Les Prussiens occupaient encore par leurs avant-postes la vallée de la Queich, de Siebellingen, au-dessus de Landau à Weidenthal. Le corps des émigrés aux ordres du prince de Condé, remplissait l'intervalle entre les troupes prussiennes et autrichiennes.

Le général Custine venait alors d'être nommé au commandement en chef de l'armée du Nord. Avant de quitter celle du Rhin, il voulut signaler son départ par une action générale sur toute la ligne, depuis le Rhin jusqu'au camp de Hornbach, occupé par l'armée de la Moselle forte d'environ quatorze mille hommes.

Dans la soirée du 16 mai, le général Houchard, avec la majeure partie de ses forces, commença son mouvement en se portant vers la gauche. Le 17, les troupes légères repoussèrent l'avant-garde des Prussiens, qui se retirèrent des hauteurs en arrière de Limbach sur Mittet-Bischbach, d'où ils furent encore repoussés; les Français s'emparèrent ensuite des hauteurs qui dominent les villages d'Ober-Bischbach et d'Altstadt, qui se trouvaient appuyés par des retranchemens, et ils marchèrent sur Hombourg, dont ils s'emparèrent pour la seconde fois. Dèslors tous les Prussiens se retirèrent sur Landstha!.

Pendant l'expédition du général Houchard, le général Pulli, avec le reste de l'armée de la Moselle, devait faire une fausse attaque sur Pirmasens, afin de tenir les Prussiens en échec ou de les débusquer de cette position, et de marcher sur Weidenthal. On ne sait pour quelle raison le général Pulli resta dans l'inaction, et n'exécuta pas les ordres qu'il avait reçus.

A l'armée du Rhin, le général Custine avait fait ses dispositions pour enlever un corps de sept à huit mille Autrichiens, qui s'étendait de Herxheim à Rhinzabern; il avait placé en conséquence les généraux Hatri et Viennot sur les hauteurs de Barbelroth et de Minfelden, avec six bataillons; au moment où la droite et le centre attaqueraient droit devant eux, le général Chamborthac avec la garnison du fort Louis devait observer l'ennemi sur la droite du Rhin, et se mettre en mesure de soutenir la retraite de la droite, en cas d'échec. Le général Ferrière devait sortir de son camp de Canterbourg pour attaquer de front le poste de Rhinzabern.

Le 17, l'avant-garde commandée par le général Landremont se forma en avant d'Impflingen, ayant sa gauche vers Landau ; il marcha en avant se dirigeant sur Knittelsheim. A son approche,

les avant-postes de l'ennemi se replièrent sur son infanterie qui était placée sur deux lignes entre Knittelsheim et Belheim, ayant sa gauche couverte par trois mille hommes de cavalerie qui furent les premiers attaqués et repoussés par les grenadiers, soutenus par un feu d'artillerie assez vif. Ces premiers succès avaient redoublé l'ardeur des assaillans; mais, l'infanterie n'ayant encore pu joindre les grenadiers, ceux-ci furent obligés de s'arrêter. Cependant le général Ferrières, au lieu de marcher sur Rhinzabern, se tint sur la défensive. Les ennemis s'apercevant de cette immobilité, réunirent alors toutes leurs forces sur la droite des Français, en découvrant une formidable artillerie qui, démasquée à propos à l'approche de la cavalerie qui se trouvait à la tête de la colonne, et tirant sur elle de très-près, l'ébranla et la fit reculer; néanmoins cette cavalerie s'étant ralliée, revint à la charge, et s'empara d'une batterie; mais l'ennemi recevant sans cesse de nouveaux renforts, elle fut obligée de se retirer sous la protection d'un feu très-bien nourri par l'infanterie française qui venait de se mettre en ligne, et qui fut malheureusement rompue par deux pièces d'artillerie légère et leurs caissons qui vinrent se jeter au grand galop tout au travers. Dès cet instant quelques bataillons prirent la fuite; trois régimens seuls tinrent ferme, et par une décharge faite à propos, arrêtèrent la cavalerie ennemie, et l'obligèrent à se retirer trèsen désordre; en même temps les fuyards ralliés formèrent une colonne, laquelle établie avec quelques pièces d'artillerie à la gauche d'Herxheim, arrêta l'ennemi. Sur la gauche, le général Fulck avait rempli son objet, en contenant les Prussiens dans les Vosges; mais l'inexécution des ordres donnés au général Ferrières dérangea tous les projets, et Custine, voyant le mauvais succès de l'attaque du centre et de la droite, ordonna la retraite, fit occuper en force Barbelroth et Herxheim, et l'armée rentra dans sa position derrière les lignes de la Lante; le général Custine ayant quitté l'armée le 19 mai, le général Beauharnais, qui le remplaçait dans son commandement, arriva le 23.

Armée des Pyrénées-Orientales. Dès son arrivée dans le dépar

tement des Pyrénées-Orientales, le général de Flers, convaincu qu'il était important de faire sortir de Perpignan les troupes qui y étaient amoncelées, s'était décidé à se porter à Thuin et au Mas-Deu. Cette position doublement avantageuse couvrait, en effet, les approches de Perpignan, et donnait aux Français les moyens de secourir avec facilité le fort de Bellegarde, derrière Pratz-de-Mollo, celui des Bains, ainsi que les ville d'Elne et d'Argelès, qui formaient la communication avec Collioure, Port-Vendre et Bellegarde. De son côté, le général espagnol, don Antonio Ricardos, s'était déterminé à attaquer ces différentes places; mais pour assurer le succès de cette entreprise, il fallait forcer les Français à évacuer la position de Thuin, et s'emparer ensuite des villes d'Elne et d'Argelès.

Pour remplir le premier objet, le général espagnol partit dans la nuit du 18 mai, et s'avança sur Thuin, à la tête de plus de douze mille hommes divisés en quatre colonnes. Les Français, voyant d'après les dispositions des Espagnols et leurs manœuvres, qu'ils voulaient les tourner par les deux flancs, et ne pouvant eux-mêmes, à cause du terrain, attaquer le centre des ennemis, firent un mouvement rétrograde, dont le duc d'Ossuna seul, qui commandait la droite de Ricardos, profita avec habileté. Il se jeta vivement sur la gauche des Français, la repoussa, et, par ce moyen, pénétra aussitôt dans leur camp. Alors le général de Flers se décida à former ses troupes en masse pour éviter une attaque de cavalerie, et effectua sa retraite, en abandonnant les camps de Thuin, de Truillas, et du Mas-Deu, avec l'artillerie, les tentes et les munitions de guerre et de bouche qui s'y trouvaient; au reste, les Français ne furent pas fort inquiétés dans leur retraite qui se faisait par un terrain très-coupé, et qui était protégée d'un bois occupé par une forte division.

Armée des Pyrénées-Occidentales. L'armée sous les ordres du général Servan n'eut d'autre affaire avec les Espagnols, pendant le mois de mai 1793, que le combat livré le 25 dans le val Carlos : jusqu'à ce moment les deux partis étaient restés sur la défensive. Servan avait partagé ses troupes en deux divisions, dont l'une,

sous son commandement spécial, occupait le camp retranché de Bidart, et l'autre, commandée par le général La Genetière, avait pris position aux environs de Saint-Jean-Pied-de-Port. Sur la fin de mai, les Espagnols qui, malgré leur supériorité numérique, étaient restés inactifs jusqu'à ce moment, prirent tout-àcoup l'offensive. Dix-huit cents des leurs pénétrèrent dans le val Carlos, s'en emparèrent, et s'y retranchèrent. La Genetière apprit qu'ils se disposaient à attaquer ses positions. L'adjudant-général Nogues lui proposa de marcher en avant et de chasser l'ennemi lui-même du val de Carlos, en portant des canons sur des pentes qui paraissaient impraticables. Ce projet fut adopté, et leurs Basques l'exécutèrent. Ils réussirent à établir un canon en batterie dans des lieux presque inaccessibles, et de là ils se mirent à tirer sur les Espagnols. Ceux-ci, attaqués en outre par une division française de quatre cents hommes qui essayaient de les tourner, abandonnèrent à la hâte leur camp retranché, leurs bagages et leurs armes, et perdirent cent cinquante prisonniers environ.

FIN DU VINGT-SEPTIÈME VOLUME.

N

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