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> lassemblé des députés, comme ceux de Boudaux, où tout est › perdu, etc..

Observations de l'Ami du peuple.

• Autrefois les maltotiers de France étaient des laquais ou des fils de laquais, que leurs maîtres appelaient à la ferme générale, pour les récompenser de honteux services. La grossièreté et la plus crasse ignorance étaient leur apanage. Peu à peu ils se sont décrottés, et ils étaient enfin parvenus à se rendre présentables à force de prodigalités et de maîtres. A juger de Chambon, secrétaire de la Convention nationale, par sa lettre, on dirait qu'il a été oublié à l'étable. Comme cet ignare insolent a dû bien rédiger le procès-verbal des séances du sénat! >

Voici maintenant la lettre de Hoche à Marat.

‹ AMI DU PEUPLE. Est-il vrai ou faux que nous soyons régénérés? Est-il vrai ou faux que les leçons que nous venons de recevoir puissent tourner à notre avantage, et que désormais nous réglerons notre conduite en songeant au passé? S'il est vrai, nous ne verrons plus les traîtres, les fripons et les intrigans en place; nos armées ne seront plus commandées par des hommes lâches, ignorans, cupides, ivrognes, et sans aucune aptitude à leur état; nos chefs connaîtront leur devoir, se donneront la peine de voir leurs soldats, et s'entoureront de gens de l'art. Alors, ces hommes pouvant être respectés, la patrie va jouir d'une liberté indéfinie et d'un bonheur inappréciable.

› Mais le bonheur et la liberté même nous fuiront sans cesse, si le conseil exécutif nomme toujours aux emplois vacans au hasard, et si l'intrigue obtient continuellement la préférence. Incorruptible défenseur des droits sacrés du peuple! par qui venons-nous d'être trompés? par des intrigans couverts d'un voile patriotique. Dumourier dut-il être jamais aristocrate? Quel intérêt pouvait avoir Thouvenot en trahissant son pays? Cet homme, naguère toiseur de cailloux, est parvenu au grade de général de brigade en six mois, Qu'était, au commencement de la guerre, Beurnonville, élevé au ministère, non par un roi, mais par la

Convention nationale de France. Que les préventions cessent, et qu'une juste défiance les remplace; aujourd'hui une foule d'intrigans et de suppôts de l'ancien régime déguisés, assiège le cabinet ministériel, et, par leur importunité, ces êtres bas et rampans obtiennent des places.

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› Voulez-vous que moi, soldat depuis mon enfance, je puisse croire que notre régénération ne soit pas un mot? Verrais-je ce même homme, ce Virion chargé par Dumourier d'arrêter son général, recevoir, pour prix de son obéissance aux ordres d'un traître, le grade de colonel de gendarmerie? Verrais-je accorder à Marolle, parent et ami de Valence, celui d'adjudant-général? A peine ferait-il un caporal passable. Sommes-nous done revenus au temps où la noblesse, où la parenté d'un général dispensaient de mérite? Mais poursuivez, vous verrez si les patriotes qui ont, les premiers, abandonné Dumourier, et qui, par leur exemple, ont rallié l'armée aux drapeaux de la République, ont été oubliés ou récompensés. Le citoyen Noirod, adjudant-général, fut chargé, dans ces derniers temps, de la police de Saint-Amand par Dumourier; il y souffrit l'arrestation de plusieurs patriotes qu'il eût pu empêcher d'ailleurs, il eût eu Dumourier entre les mains après l'arrestation des commissaires de la Convention; il est maintenant général de brigade.

› Marnan, colonel de dragons, ne chargea point le 22 mars, quoiqu'il en reçut l'ordre deux fois : loin de l'exécuter, il s'en fut sur la route de Bruxelles, et dépassa la colonne d'infanterie; il fut trouvé là par Dumourier, qui lui en fit des reproches ; cette faute coûta six cents hommes à la République. Ce monsieur est général de brigade.

› Une personne digne de foi m'assure avoir eu et vu entre les mains d'un défenseur officieux l'ordre écrit et signé par Ferrand, général de brigade, d'arrêter les commissaires de la Convention; cet ordre a dû être adressé au citoyen l'Écuyer: Ferrand est à la tête des armées de la République.

› Des jeunes gens de quinze mois de service, tels que Brancas et autres, ont été faits adjudants-généraux au détriment d'an

ciens et expérimentés militaires; mais puissent ceux que je cite être les pis! Il semble que la place d'adjudant-général convienne à tous ces hommes, danseurs, souteneurs de tripots, etc., etc. O France! ô ma patrie! quels sont tes défenseurs?

› Depuis mon enfance je sers la patrie, par goût et par devoir : depuis dix années, je n'ai négligé aucune occasion de m'instruire sur toutes les parties de mon état. Enfin, parvenu au grade de capitaine à force de travail, en vrai républicain, je demande, au terme de la loi, une place d'adjudant-général; mes droits pour l'obtenir sont d'avoir servi deux années au régiment des gardes françaises; deux ans dans la garde nationale parisienne (je commandais l'avant-garde lorsqu'on fut chercher Capet à Versailles); enfin, j'entrai dans les troupes de ligne, où je fus adjudant, et peu après lieutenant, faisant souvent le service d'adjudant-major. Depuis la guerre, j'ai fait le service d'adjudant à l'état-major, sans avoir demandé aucune restitution. J'eus le bonheur de sauver les munitions de guerre des lignes devant Vick, à Maëstricht. Pendant le mois de mars, je ralliai et menai au feu plusieurs bataillons; maintenant, et depuis long-temps, je remplis les fonctions d'aide-de-camp d'un général mon seul titre est d'être patriote.

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› Dites-moi présentement, mon cher Ami du peuple, si (c'est ainsi que veut nous le persuader le conseil exécutif) on ne peut réclamer contre l'injustice, quoiqu'étant à Paris. Le général Leveneur, dont vous connaissez l'aventure, vient de recevoir l'ordre de se rendre à l'armée pour commander sous un fort brave homme, à la vérité, mais qui était colonel alors que lui était déjà général de division. Le général Leveneur, tout en obéissant, propose à ses concitoyens de vouloir bien répondre à ce dilemme : où il jouit de la confiance, ou il ne la possède pas. Dans le premier cas, il doit prendre son rang, il lui est dû; dans le second, il ne doit point être employé. J'ose pourtant vous répondre que, s'il existe trois généraux patriotes, il en est un. Son seul défaut est de ne point envoyer de courriers pour faire savoir que trente hommes en ont battu vingt-quatre, qu'on a tué deux chevaux ou

fait un prisonnier : il a la maladresse de diré qu'un courrier coûte 300 liv. à l'état.....

› Adieu, je vous embrasse fraternellement.

du Cherche-Midi, n. 294. › >

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НОСНЕ,
HOCHE, rue

CONVENTION. Séance du 17 mai.

Présidence d'Isnard.

Une députation de la section de Paris, dite de l'Unité, est admise à la barre.

L'orateur. Législateurs, le citoyen Roux a été enlevé, l'avantdernière nuit, à ses concitoyens et à ses frères d'armes. Nous vehons, au nom de la cinquième compagnie, le reclamer en attestant son civisme, sa probité et ses mœurs. Nous prions la Convention de se faire rendre compte des motifs de cette arrestation audacieuse et illégale. Tous ses frères d'armes qui sont ici présens jurent de maintenir les lois, de faire respecter les autorités constituées; il n'est aucun de nous qui ne soit prêt à voler au secours de la Convention; nous la prions très-instamment de nous rendre un citoyen recommandable par son patriotisme, et de venger l'insulte faite aux lois et aux droits de l'homme.

Le président. La Convention, persuadée que tout acte arbitraire serait une atteinte à la liberté publique, prendra en grande considération l'objet que vous venez de lui soumettre. La Cónvention vous invite aux honneurs de la séance.

Penières. C'est avec satisfaction que j'ai vu les frères d'armes de mon ami venir le réclamer; je le connais depuis sept ans, c'est un patriote sûr et zélé; c'est son patriotisme qui l'a fait per sécuter; des intrigans l'ont calomnié pour s'emparer de sa place. Au nombre de quinze ou de vingt, ils se sont rendus à la section, et là ils ont décidé de le faire arrêter; ils ont violé la loi, car une section n'a pas le droit de faire arrêter un citoyen. Je demande que l'arrêté en vertu duquel s'est fait cet acte arbitraire soit cassé.

Philippeaux. Je rappelle à la Convention que cet objet a été

renvoyé au comité de législation, qui à mandé les membres du comité dit révolutionnaire de la section de l'Unité, pour connaître les motifs de cette arrestation. Ainsi je demande que vous attendiez le rapport de votre comité de législation.

N... Quel est le crime dont on accuse le juge de paix de la section de l'Unité? Quelle est l'autorité qui a arraché ce citoyen de sa maison au milieu de la nuit? Son crime, c'est d'avoir attaqué une divinité, c'est d'avoir signé une réponse à Chaumet, ré ponse que vous avez entendue avec satisfaction, et que vous avez approuvée. Quelle est l'autorité qui s'est rendue coupable de cet acte arbitraire? C'est un comité que vous n'avez établi que pour surveiller les étrangers, et qui s'est fait comité révolutionnaire, comité d'insurrection. Je demande que le fonctionnaire public, victime d'une autorité arbitraire, soit mis provisoirement en liberté.

On demande que la discussion soit fermée.

Marat. Je m'y oppose, et je rappelle à la Convention que dans ces jours de crise elle a chargé les corps administratifs de mettre en un lieu sûr les personnes suspectes. N'allez donc pas contre vos décrets. (On murmure dans la partie droite.) Le comité révolutionnaire de la section Bon-Conseil a fait arrêter un homme qui avait dit en pleine assemblée que les révoltés de la Vendée étaient de braves gens. Aujourd'hui, la faction des hommes d'état veut protéger... (On applaudit dans l'extrémité gauche et dans les tribunes. )

Le président. Je préviens les citoyens des tribunes que, tant que je serai président, je ferai exécuter la loi qui leur défend d'applaudir ou d'improuver.

Legendre. Il n'y a pas de loi qui défende au peuple d'applaudir ceux qui le servent. (Il s'élève de violens murmures dans la partie droite.)

Marat. Aujourd'hui la faction des hommes d'état veut protéger les contre-révolutionnaires; elle appuie la demande des mauvais citoyens qui sont à la barre; elle renouvelle ce qu'elle fit il y a quelque temps à l'égard des aristocrates qui se disaient en

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