Page images
PDF
EPUB

fatale, le département de la Gironde n'aurait plus rien de commun avec une ville qui aurait violé la représentation nationale et rompu l'unité de la République. (Un grand nombre de membres : Nous faisons tous la même déclaration.)

La proposition de Couthon tendant à décréter que cent membres auront droit d'exiger l'appel nominal est renvoyée au comité de législation. ]

[blocks in formation]

Une compagnie de la section des sans-culottes, qui part pour la Vendée, entre dans la salle du conseil.

Le magistrat du peuple, qui a présidé à leur organisation, recommande, au nom des volontaires, à la commune de Paris, leurs mères, leurs pères, leurs femmes, leurs enfans. L'un d'entre eux jure, au nom de ses collègues, de défendre en toute occasion cette commune tant calomniée. Ces discours sont vivement applaudis.

Le président leur répond qu'ils n'aient point d'inquiétude pour leurs familles, que tout ce qui leur appartient, est adopté dès ce moment par la commune de Paris, et que cette adoption ne sera pas vaine; il donne ensuite au capitaine de cette compagnie l'accolade fraternelle.

Des députés de la commune de Franchimont, près de Liége, victimes des derniers événemens du mois de mars, viennent fraterniser avec le conseil général, et demandent un local pour délibérer sur les objets qui les concernent. Leur demande est applaudie et renvoyée au corps municipal, avec invitation d'y faire droit dans le plus bref délai.

Diverses propositions sont faites sur la nomination des membres qui doivent provisoirement compléter le corps municipal. Après une longue discussion, le conseil arrête qu'il s'occupera incessamment de compléter le corps municipal, et que l'on prendra toutes les mesures nécessaires pour accélérer l'organisation de la municipalité définitive.

Le conseil général considérant que dimanche prochain, 19 de

ce mois, le commandant général doit quitter Paris, pour marcher contre les rebelles de la Vendée ; que dans les circonstances actuelles, il serait du plus grand danger que la force armée de cette grande ville restât un seul jour sans un centre de commandement, sans un chef général; qu'il est nécessaire que le citoyen qui remplacera le commandant provisoire, puisse obtenir de ce dernier, pendant les vingt-quatre heures qu'il doit encore rester dans cette ville, tous les renseignemens nécessaires pour que le service n'éprouve aucune interruption; qu'il est physiquement impossible que dans le jour de demain les sections puissent être convoquées et émettre leur vou; que le choix fait provisoirement par le conseil sera de droit soumis aux sections; que cette mesure employée avec succès par le conseil général révolutionnaire de la commune du 10 août, a reçu l'approbation de toutes les sections, et que les circonstances actuelles ne sont peut-être pas moins difficiles que celles qui ont fait le 10 août; qu'enfin l'alternat entre les commandans des légions, imaginé par Lafayette, mettrait en péril la tranquillité de Paris;

Arrête qu'il sera, dans la présente séance, procédé par appel nominal à la nomination d'un commandant général provisoire qui remplacera le général Santerre.

Il a été procédé à cet appel nominal. Sur 75 membres présens, 74 ont voté pour Boulanger, commandant en second de la section de la Halle-aux-Blés.

[blocks in formation]

Desfieux fait lecture d'une lettre adressée par Vergniaud, aux récollets de Bordeaux, dont voici la substance:

⚫ Citoyens, vous avez été instruits de la persécution que nous éprouvons, et vous nous avez abandonnés. Cependant l'orage gronde, la fureur de nos ennemis s'accroît, les proscriptions de l'assassinat s'accumulent contre nous, et l'on demande hautement la tête de vos représentans. Quel est notre crime? C'est

d'avoir fait entendre la voix de l'humanité, d'avoir défendu vos propriétés, et d'avoir voulu vous garantir des proscriptions de Marat et des hommes dont il n'est que le mannequin.

Nous ne craignons pas la mort, mais il est dur de mourir sans emporter au tombeau la certitude qu'on laisse quelques regrets à ceux pour lesquels on s'immole. ›

Le même membre ajoute que la société des Récollets a communiqué cette lettre aux sections de Bordeaux, et qu'on a placardé sur les murs de Bordeaux une affiche où l'on remarque les passages suivans :

< Trois cents républicains sont voués à la rage des agitateurs ; vingt-deux sont particulièrement sous le couteau des assassins.

› Citoyens, lorsque nous nommâmes des députés, nous croyions les placer sous l'égide de la vertu; nous croyons les envoyer parmi les hommes, et ils ne sont que parmi des tigres altérés de sang.

› Peut-être n'existent-ils déjà plus. Frémissez; mais cet attentat ne sera pas impuni.

> La soif du sang nous a ravi nos représentans; la soif du sang dirigera notre vengeance.

› Parisiens, sauvez-nous, sauvez nos représentans; sauvezvous vous-mêmes des horreurs de la guerre civile.

› Nous jurons de les venger et de mourir sur leur tombeau,

etc.>

Desfieux.

J'ai cru devoir vous donner ces communications. Les citoyens de Bordeaux sont patriotes; ils ne sont qu'égarés ; il s'agit de leur faire parvenir la lumière, et ils seront les premiers à faire justice de ceux qui les ont trompés.

Le conseil-général du département du Bas-Rhin, dans une lettre, dont un des secrétaires a donné lecture, exprime le désir de fraterniser et de correspondre avec la société.

Une discussion s'engage sur cette demande.

Un membre observe qu'avant d'accorder la correspondance à ce département, il faut s'assurer du civisme des membres qui le composent.

Le président. Le département du Bas-Rhin, qui était composé de Feuillans, a été purgé entièrement et remplacé par des Jacobins. Ils ont envoyé des adresses d'adhésion à la condamnation de Capet, et au rappel des appelans. Ainsi il n'y a aucun inconvénient à leur accorder ce qu'ils désirent. >

La société autorise son comité à correspondre avec le conseilgénéral du Bas-Rhin.

Le citoyen Desfieux communique une lettre de la société de Strasbourg, dont voici la substance :

Notre société, dans sa dernière séance, a discuté la conduite de Custines. Nous demandons, non-seulement la destitution de ce général perfide, mais son arrestation, car il est temps que la souveraineté du peuple ne soit plus un vain mot.

[ocr errors]

› Notre accusateur public est à la suite des scélérats qui ont crié vive le roi. Un de ces scélérats en a été quitte pour une exposition publique. Plusieurs soldats de Languedoc ont foulé aux pieds la cocarde nationale.

› Le lieu de la sédition couve à Maixent. Nous vous avons annoncé l'arrivée dans notre ville d'une centaine de chiffonniers qui sont des contre-révolutionnaires. »

Le citoyen Desfieux observe que le comité de salut public et le ministre de la guerre, auxquels cette lettre a été communiquée, ont pris à ce sujet des mesures efficaces.

Le citoyen Thirion fait lecture d'une adresse des sans-culottes de Metz, envoyée à la Convention par un député extraordinaire. En voici la conclusion :

• Si d'odieux agitateurs, tels que les Brissot, Guadet, Vergniaud et consorts, persistent à entraver la marche de vos opérations, ayez le courage de les dénoncer au tribunal révolutionnaire ; le peuple y sera vengé de leurs perfidies. Son salut, il l'attend de vous, ou il se sauvera lui-même. (Bruit.)

Thirion. Vous voyez que les citoyens de Metz sont dans l'erreur; ils croient que la Montagne forme la majorité. Il faut leur apprendre que nous sommes dans l'oppression, et alors ils sauront ce qu'ils doivent faire. (Agitation.)

>

Hassenfratz obtient la parole pour une motion d'ordre.

« On cherche, dit-il, de toute part à nous effrayer sur les moyens des départemens; on cherche à nous faire croire que les départemens sont prêts à marcher sur Paris.

(On observe que ce n'est pas une motion d'ordre.)

Du 10 septembre 1791 au 9 août 1792, les départemens ont été travaillés ; l'esprit contre-révolutionnaire régnait dans les départemens. La liberté a triomphé du despotisme; le trône a été renversé; Paris a vaincu; le lendemain, les municipalités ont chanté la louange des Parisiens. Ne nous effrayons pas de la situation actuelle de la République. Marchons à notre but; détruisons les contre-révolutionnaires, et le lendemain les municipalités marcheront avec nous. Si, au contraire, étant attaqués de toute part, nous succombons, Paris est anéanti avec nous et ne s'en relèvera pas; mais, écrasez vos ennemis, vous le pouvez; les contre-révolutionnaires sont entre vos mains. Que toutes les mesures de la République soient dirigées vers ce but; étouffons le germe de la contre-révolution, et qu'il ne soit plus question que du triomphe des Parisiens. (Applaudi.)

(

N..... Le préopinant a dit : c'est sur vous, Parisiens, que repose le salut public; si vous réussissez, les départemens vous approuveront; si vous échouez, ils vous abandonneront. Je sais que les départemens ont les yeux ouverts sur Paris ; ils attendent des Parisiens de grandes mesures. C'est aux Parisiens à tracer le mode d'exécution. Si Paris fait un pas rétrograde, les départemens suivront son exemple. La lettre de Vergniaud est le comble du coquinisme. (Grand tumulte.)

:

> J'ai conversé avec Couthon, il m'a dit voilà la guerre civile qui va éclater; si nous ne la prévenons pas, plusieurs départemens feront scission avec la République. Il faut que la conduite de Lassource et de Vergniaud soit connue. Il faut faire imprimer la lettre de Vergniaud, l'envoyer aux sociétés populaires, avec invitation de la faire circuler dans toutes les municipalités, car j'ai beaucoup de confiance dans les magistrats du peuple.

« PreviousContinue »