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ce qu'il disait, le 29 juin, dans les Jacobins de Grenoble : Citoyens, nous allons incessamment combattre les Piémontais; > mais nous avons derrière nous des ennemis, j'entends parler > des Lyonnais, qui, si nous étions vaincus par les ultramontains, > nous tomberaient dessus et nous égorgeraient. Pour éviter › ces malheurs, JE vais les faire expliquer et faire mes efforts > pour les ramener dans la bonne voie. S'ils persistent dans leur > erreur, JE JURE, parole de Crancé, d'aller les vaincre par la

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› force des armes. Je ne doute pas que les bons citoyens de cette › ville et des environs ne s'empressent de concourir avec nous › à cette bonne action......

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NOUS PERSISTONS! »

Le 3 juillet, les Jacobins furent désarmés. Cette mesure est ainsi justifiée et racontée par le Journal de Lyon, no du vendredi 5. Depuis quelques jours, les Jacobins de SaintGeorge semblaient menacer d'une insurrection. Des mouvemens séditieux s'étaient fait apercevoir dans cette section, ainsi que dans celle de Gourguillon. Les femmes se rassemblèrent mardi à neuf heures du soir; près de deux cents se portèrent au lieu des séances de la section; elles y commirent mille excès et forcèrent, par leurs menaces et leurs cris effrayans, les bons citoyens de se retirer. C'est alors que les anarchistes levèrent le masque; ils s'écrièrent qu'il fallait dissoudre le comité de surveillance; qu'ils ne voulaient plus de permanence de section, mais un club, et accompagnaient leurs cris séditieux par ceux de Vive Marat, vive Challier; allons délivrer Challier; portons-nous aux prisons, etc., etc. Parmi les agitateurs se distinguaient les citoyens Bourat, fabricant de gaze; Serviot, cardeur de soie; Bland, Mollard, Rivet, et Robert, fabricans d'étoffes. Les Jacobins de Gourguillon étaient venus se réunir à ceux de Saint-Georges; la force armée fut requise, et bientôt toute cette tourbe d'agitateurs fut mise en fuite, et la nuit fut tranquille. Le président et le secrétaire de la section, le président et le secrétaire du comité de surveillance, dressèrent chacun procès-verbal de cet événement et le portèrent le lendemain à la municipalité.

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Le procureur de la commune, considérant combien il est in

stant de réprimer de pareils excès et de prévenir les suites funestes qui pourraient en résulter, considérant que, dans les circonstances actuelles, les mesures partielles laisseraient aux factieux les moyens de tout désorganiser; considérant combien il est essentiel de ne pas laisser entre les mains des assassins, des agitateurs, des armes qui ne doivent servir qu'à la défense des propriétés et des personnes, au maintien du bon ordre et à l'exécution des lois, requit le désarmement de toutes les personnes suspectes dans les deux sections de Saint-George et du Gourguillon, et le conseil-général l'arrêta. Il eut lieu le même jour; environ dix mille hommes étaient sous les armes, et rangés sur deux haies le long des maisons, depuis le pont d'Aine jusqu'à Saint-Just. Toutes les boutiques, les portes d'allées et les fenêtres, étaient fermées, un canon braqué à la place de Saint-Georges, un au pont volant, et deux autres à Saint-Just. Tout se passa dans le plus grand ordre, et environ deux cents Jacobins furent forcés de remettre leurs fusils, dont un mois auparavant ils s'étaient servis pour assassiner les bons citoyens. Les six chefs d'insurrection désignés plus haut, furent arrêtés et conduits à la police correctionnelle. »

Il faut entendre des combats des trois derniers jours de mai, ce que le rédacteur du journal que nous analysons dit ici des as sassinats commis par les Jacobins. Il n'y avait eu encore à Lyon d'autre exécution populaire que celle de Sautemouche, et elle était l'œuvre des Girondins.

Le 4 juillet, la commission départementale fit sa proclamation: «Enfin le peuple a parlé, nous sommes en état de résistance à l'opposition. Tyrans d'un jour, proconsuls, dictateurs, centumvirs, tremblez, votre règne est passé. Hier (4), la commis sion départementale traitait la question de savoir comment le peuple du département du Rhône-et-Loire se prononcerait envers la Convention désorganisée. La très-grande majorité des députés opinait pour ne plus la reconnaître. Deux seulement, parmi lesquels se trouve un prêtre, s'avouaient partisans de Marat, et proposaient d'obéir aux décrets rendus depuis le 31 mai, les dé

bats se prolongeaient et les patriotes craignaient un résultat défavorable. A l'instant, Biroteau arrive, l'une des trente-deux victimes marquées par la Montagne, et échappé comme par miracle aux poignards des assassins, en se filant sur une corde d'un troisième étage pour tromper la vigilance de ses gardes. Biroteau parle, il a fait un tableau vrai de la Convention; il peint avec des couleurs vives les atrocités, les brigandages des chefs de faction; il annonce la résolution prise par les départemens du Nord de marcher sur Paris, et les mesures qui en sont la suite; il vient offrir aux Lyonnais une vie qu'il n'a conservée que pour en faire hommage à sa patrie d'une manière plus utile. Il dit, et tous les cœurs attendris, indignés, se réunissent dans la même opinion; on procède à l'appel nominal, et la commission arrête une proclamation en ces termes :

Le peuple de Rhône-et-Loire déclare qu'il mourra pour le > maintien d'une représentation nationale républicaine, libre et › entière ;

» Déclare que la réprésentation nationale n'est ni entière ni ⚫ libre;

› Déclare qu'il demande, dans le plus bref délai, la réunion > d'une représentation nationale libre et entière;

> Déclare que, jusqu'au rétablissement de son intégralité et de > sa liberté, les décrets rendus depuis le 31 mai sont regardés › comme non avenus; et qu'il va prendre des mesures pour la > sûreté générale. >

« Il était dix heures du soir : sur-le-champ des bataillons nombreux, réunis avec la gendarmerie et les dragons, sont mis en bataille sur la place de la liberté; les bannières tricolores se déploient; les autorités marchent de concert pour proclamer cette grande mesure de sûreté générale; les députés se mêlent au cortége qui trouve sur sa route toutes les fenêtres illuminées. Sur minuit, le cortége rentra, et la commission départementale se constitua permanente pour prendre les grandes mesures de sûreté générale nécessitées par les circonstances. Elle arrêta d'abord que nonobstant les décrets, le cours de la justice envers

> les conspirateurs du 29 ne serait pas interrompu; que l'in>struction et le jugement des coupables seraient continués avec » activité, sans délai, ni sursis; que toute démission ou récusa» tion était déclarée non avenue; que tout juge ou juré, qui re> fuserait de remplir ses fonctions, serait déclaré traître à la › patrie et mauvais citoyen; enfin que cet arrêté serait notifié sur-le-champ au président du tribunal criminel. >

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Mânes de nos amis égorgés dans la journée du 29, soyez satisfaits, vous allez être vengés! » (Journal de Lyon, no du 5 juillet.)

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La commission départementale ne tint pas de séance le dimanche 7 juillet. Tous les bons citoyens, dit le journal de Lyon, numéro du 9, en témoignèrent non-seulement leur surprise, mais encore leur inquiétude. Députés du département, un moment perdu pour la chose publique peut devenir bien funeste. » La République entière a les yeux sur vous, elle en attend son salut. Voici l'analyse de sa séance du 8.

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Commission populaire et républicaine de salut public du département de Rhône-et-Loire. Séance du lundi matin 8 juillet.

Présidence du citoyen Gilibert.

« La séance a commencé par la lecture du procès-verbal. Le président a ensuite observé que la commission avait arrêté, dans sa première séance, que le président et le bureau seraient renommés au bout de huit jours; en conséquence il demande que l'on procède à la nomination du président.

Le citoyen Gilibert a été maintenu au fauteuil; au premier tour de scrutin, il a réuni 45 voix sur 82. Le président a proclamé vice-président le citoyen Morillon, comme ayant eu le plus de voix après lui. - Les secrétaires sont les citoyens Raimond, Dutroncy, Loyer et Gras. -On a adjoint un cinquième secrétaire, le bureau étant trop surchargé..

Un député de Saint-Étienne. L'instant est arrivé où nous devons tout prévoir, il ne faut pas de petites mesures. Citoyens, il existe actuellement à Saint-Étienne, au moins dix mille fusils,

prenons garde que ces fusils ne tombent entre les mains de Dubois-Crancé. Je demande que ces armes soient transportées dans l'arsenal de Lyon; je demande encore que les autorités constituées de Saint-Étienne soient autorisées à payer les fusils à proportion de leur valeur; les commissaires de la Convention en avaient fixé le prix le plus haut à 55 livres, et il est prouvé qu'ils reviennent à plus de 60 livres. »

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« Une députation du conseil-général de Montagny vient apporter son adhésion à la déclaration du 4 juillet: elle proteste du plus grand dévouement; elle propose de faire lire toutes les fêtes et les dimanches, à la porte des églises, les arrêtés de la commission populaire. L'impression, l'insertion au procès-ver

bal et l'envoi, sont adoptés.

› Un membre fait la motion qu'il soit enjoint à toutes les communes de faire la proclamation du 4 juillet avec toute la pompe qu'il serait possible d'y mettre : arrêté.

› On a repris ensuite la discussion sur Saint-Etienne. La commission a arrêté: 1° Que tous les huit jours les armes fabriquées à Saint-Etienne seraient transportées à l'arsenal de Lyon; 2o que les corps constitués de Saint-Etienne seraient invités à fixer le prix des armes à feu, comparativement avec leur valeur; 3° que le citoyen Debaillet, commissaire du conseil exécutif, à SaintEtienne, pour surveiller la fabrication des armes, serait tenu de se rendre au département, sous vingt-quatre heures, pour y rendre compte de sa conduite.

» Le citoyen Chasset, député de Villefranche, département de Rhône-et-Loire, à la Convention, est reçu au milieu des applaudissemens; il est placé à la droite du président. (Ici viennent le discours du président et la réponse de Chasset. Ce dernier termine le sien en invitant à la plus grande méfiance envers Dubois-Crancé et ses agens. Redoutez les surprises, dit-il, armezvous, je vous le répète; que tout le département de Rhône-etLoire ne présente plus qu'un camp, et je vous réponds qu'il n'osera vous attaquer. ›)

Le citoyen Chasset n'a pu donner des lumières sur les dé

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