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120,000 rations de toute nature. Le commandement de la place fut confié au chef de bataillon Campion, de l'infanterie de marine. Le reste du corps expéditionnaire reçut l'ordre de se tenir prêt à quitter Orizaba le surlendemain, pour marcher sur Puebla, dont on était séparé par neuf petites étapes: Tekamalukan, Aculcingo, Puente Colorado, la Cañada, Palmar, Quécholac, Acasingo, Amozoc et Puebla.

Il est certain que l'effectif des troupes préposées à la défense d'Orizaba n'était pas proportionné à l'importance de cette place, qui devenait notre seconde base d'opérations. Cependant, si le nombre de ses défenseurs est restreint, que dire de la colonne du général de Lorencez, forte seulement de 6,142 baïonnettes et sabres, de 6 pièces de montagne de la marine, de 10 pièces de quatre de campagne, et qui a la prétention de faire la conquête du Mexique! Fernand Cortès, à la vérité, n'avait que 500 hommes et 3 ou 4 pièces d'artillerie, lorsqu'il débarqua à Tabasco; il sut profiter de l'épouvante inspirée par ses soldats bardés de fer et par son artillerie, et il eut le bonheur inappréciable de rencontrer doña Marina, Indienne d'une beauté et d'une intelligence remarquables, qui s'attacha à sa fortune, le guida, le conseilla, et lui valut, dès le commencement, la neutralité des Totonaques, maîtres

du littoral atlantique, et des Tlaxtaltèques, race guerrière et rivale des Aztèques. Mais le Mexique, en 1862, était loin de ressembler au Mexique de 1519; et quant aux alliés que Napoléon III comptait y trouver, la suite des événements démontrera de quelles illusions on avait bercé l'Empereur.

CHAPITRE VII

Arrivée du courrier de France.

Le gouvernement français

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désapprouve la convention de la Soledad. L'amiral Jurien de la Gravière rentre en France. Le général de Lorencez, nommé général de division, prend avec 5,000 hommes la route de Puebla. Victoire des Cumbres (28 avril). Arrivée à la Cañada. Combat contre de grands porcs roux. Étape d'Aculcingo.

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Le courrier de France, qui arriva le 25 avril, apporta la désapprobation du gouvernement français à la convention de la Soledad, un blâme pour l'amiral, qui se trouva porter, seul et injustement, la responsabilité du passé, et la nomination du général de Lorencez au grade de général de division. L'amiral était invité à remettre au commandant du corps expéditionnaire les pouvoirs militaires qui rentraient dans sa part de commandement; et il restait libre de se placer à la tête de la division navale ou de rentrer en France. C'était

une disgrâce, mais si peu méritée que l'Empereur ne devait pas tarder à le reconnaître, en prenant pour aide de camp l'amiral Jurien de la Gravière.

Deux jours plus tard, le général de Lorencez s'engageait avec une partie de ses troupes sur la route de Puebla, laissant à ses préparatifs de départ pour la France l'amiral, qui emportait toutes nos sympathies et tous nos regrets.

Courtes et mesurées furent nos premières étapes, car nous nous attendions chaque jour à une affaire, et, outre que nous tenions à épargner à nos soldats la fatigue, nous voulions aussi permettre à notre grand convoi de 400,000 rations de vin et de 200,000 rations de vivres de toute nature, de suivre dans un ordre compacte. D'ailleurs, le corps expéditionnaire ne cessera pas de marcher sur deux colonnes dont les départs sont réglés de manière qu'elles se rejoignent dans les localités où l'on fera séjour. La première colonne, composée de toutes les troupes, moins deux bataillons, emmènera à sa suite un convoi de voitures d'administration chargé de vivres pour dix jours. La deuxième colonne, sous l'escorte de deux bataillons, comprendra le grand convoi de réserve.

ORDRE DE MARCHE DU 27 :

Première colonne partie à six heures.

Quatre pelotons de chasseurs d'Afrique ;

Avant-garde de deux compagnies de fusiliers

marins;

Compagnie du génie;

Quatre compagnies de fusiliers marins;
Batterie de montagne;

Deux bataillons d'infanterie de marine;
Onze compagnies du 99° de ligne;
Deux sections d'artillerie de marine;
La batterie du 9' régiment;

Quatre compagnies de chasseurs à pied;
Ambulance;

Trésor;

Equipages des officiers;

Réserve et parc d'artillerie;

Deux compagnies de chasseurs à pied for

mant l'arrière-garde.

Deuxième colonne partant à midi.

Deux bataillons de zouaves escortant le grand convoi d'administration.

La marche sur Tekamalukan n'est signalée que par la chasse que nos chasseurs d'Afrique donnent à une bande de pillards commandés par un Français, nommé Cautelen, depuis longtemps établi au Mexique.

Le lendemain, 28 avril, départ pour Aculcingo.

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