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récemment pour le Chiquihuite, furent rappelées en toute hâte.

Le 13 au matin, le colonel L'Hériller et les sections du génie nous avaient ralliés. Les sapeurs, aidés par les soldats de l'artillerie et les travailleurs indigènes, déployérent durant cette journée la plus grande activité pour relier et fortifier les différentes parties de l'enceinte, au moyen de barricades et de maisons se flanquant.

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On crénela la maison de l'octroi occupée par notre grand'garde en avant de la garita de Puebla, et l'on éleva des épaulements pour abriter six pièces de canon; mais, malgré tous les efforts, ces parapets n'atteignaient encore le soir que peu d'épaisseur et de relief. Au centre de la ville, le réduit, les hôpitaux et les magasins.

Ces travaux exécutés, on assigna à chaque compagnie sa place de combat. La défense de la garita de Puebla, au delà de laquelle la route traverse, sur un pont, le petit cours d'eau l'Angostura, fut confiée à 4 compagnies du 99' de ligne; une compagnie du même régiment fut établie dans une maison du côté du nord à trois cents mètres de la garita. Les autres troupes, 9 compagnies du 99 de ligne, 1 bataillon de zouaves, 1 bataillon de marins et le 1er bataillon de chasseurs à pied, furent réparties sur les points fortifiés de l'enceinte; et le général mexicain Toboada fut

chargé avec sa cavalerie de surveiller la plaine en avant des positions occupées par le régiment du colonel L'Hériller.

Ainsi, 4 bataillons d'infanterie, 1 compagnie du génie, 10 pièces de campagne et 3 pelotons de cavalerie, c'est-à-dire environ 2,600 hommes, formant la garnison d'Orizaba, allaient avoir à repousser l'assaut de l'armée de Saragoza forte de 14,000 hommes et de 28 bouches à feu. Le reste du corps expéditionnaire ainsi que les auxiliaires de Marquez, partis récemment pour la Soledad avec ce général, avaient été échelonnés entre ce pueblo et Orizaba pour maintenir nos communications avec la côte.

Les positions que les Français avaient à défendre présentaient une partie faible, celle du nord; elle était dépourvue de défenses naturelles. Mais, à l'ouest, un défilé étroit formé au nord par le Cerro Borrego, au sud par le Cerro Cristobal, et au milieu duquel passait la route de Puebla que l'ennemi devait suivre pour nous aborder, rendait périlleuse toute attaque de ce côté.

Quant au Cerro Borrego, bien qu'il dominât la ville et qu'il eût, à une autre époque, joué un rôle important dans la prise d'Orizaba, il paraissait tellement inadmissible que l'ennemi se risquât à y monter de l'artillerie,-étant donnés sa hauteur de 350 mètres, l'escarpement de ses pentes, la forêt

dont l'épaisseur à l'ouest formait un obstacle naturel des plus sérieux, et principalement la nécessité pour l'ennemi de passer devant les troupes mexicaines alliées chargées de surveiller que le général ne jugea pas utile de

la route, l'occuper.

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C'est pourtant de ce côté que l'ennemi dirigea ses premiers efforts. Le 13, à la tombée de la nuit, le général Ortega, qui avait fait ouvrir d'avance des tranchées dans la forêt, arriva par le chemin de San Andres, monta les pentes du Cerro Borrego et en occupa le sommet avec une partie de la division et quelques pièces de montagne.

Les grand'gardes mexicaines du général Toboada, dans le voisinage desquelles les troupes du général Ortega avaient défilé, n'avaient rien vu, rien entendu!

CHAPITRE XII

Combat et prise du Borrego.

Siége d'Orizaba.

Il est dix heures du soir quand le colonel L'Hériller reçoit l'avis que l'on entend une rumeur sur le sommet du Borrego. Aussitôt il donne l'ordre au commandant Souville d'envoyer une reconnaissance dans la direction indiquée.

C'est à la compagnie ' du capitaine Diétrie de marcher le capitaine réunit ses hommes, leur recommande de gravir lentement les pentes escarpées de la montagne, de manière à arriver au sommet dans un ordre aussi compacte que possible, de garder le plus profond silence et de ne point faire feu s'ils rencontrent l'ennemi, mais de l'attaquer à la baïonnette.

A minuit, nos soldats gravissent le cerro sac au dos, s'aidant des mains pour ne pas perdre l'équilibre, tant la pente est roide, et s'arrêtant de temps à à autre pour reprendre ha

13e compagnie du 1er bataillon.

leine et resserrer leurs rangs. La nuit est tellement noire qu'on ne voit pas à trois pas; mais si cette obscurité rend la marche des assaillants plus pénible, elle est pour eux d'un secours inestimable, car on ne peut ni les voir ni les compter; et si, de loin en loin, quelque pierre se détache du sol sous le pied qui s'y pose, et roule avec bruit, on peut espérer que l'ennemi n'y a prêté aucune attention.

Après une heure et demie de marche, et au prix d'efforts inouïs, la poignée d'hommes qui suit le capitaine Diétrie parvient à escalader le cerro. Les voilà à un premier ressaut. Là, ils s'arrêtent le temps de se reconnaître et de détacher leur fusil de l'épaule; puis, la baïonnette en avant, ils s'avancent vers un fourré où ils ont entendu un cliquetis d'armes. A peine ont-ils fait dix pas que tout à coup une vive lueur les enveloppe : ils viennent d'être reçus par une décharge à bout portant. Mais, grâce à l'obscurité, personne n'a été atteint.

Alors le capitaine fait mettre les sacs à terre, et il entraîne ses hommes à la baïonnette. Pendant quelques instants, c'est un combat corps à corps, dans l'ombre, et dans un silence qu'interrompent seuls les coups de feu et les cris de rage

des Mexicains.

D'abord démoralisés par une attaque aussi

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