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ruer sur nous et à achever la victoire. Mais il n'avait compté ni avec l'attaque de Diétrie, ni avec la défaite et la fuite des troupes du général Ortega, ni avec la démoralisation qui s'était emparée de ses soldats.

A l'heure présente, Saragoza sent toute son impuissance; il va nous en donner la preuve à

très-bref délai.

La nuit étant venue, nos sapeurs se hâtent d'amorcer une ligne de contre-approche, partant de nos batteries et s'étendant vers la gauche, afin d'agrandir notre front. Cette ligne doit s'étendre successivement, en forme de crémaillère, jusqu'au Rio Blanco, sur une longueur de six cents mètres. L'ennemi, auquel on ne peut dérober ce travail, l'inquiète en tirant sur nos travailleurs, mais sans leur faire éprouver aucune perte. En même temps, un garde du génie, 15 chasseurs à pied et 200 cavaliers indigènes sont envoyés au pont de Jalapilla, pour le barricader et en fermer le passage à 2,000 cavaliers de Saragoza dont la présence sur la rive droite du Rio Blanco a été signalée, et auxquels on prête l'intention d'investir la place au sud. A part ces deux colonnes de travailleurs, le reste des troupes, épuisé de fatigue, repose; et l'action de vive force que le général a décidée contre les batteries ennemies est ajournée au lendemain.

Mais le lendemain, 15 juin, dès le point du jour, la plaine est complétement libre; Saragoza a profité de la nuit pour se retirer. Ses démonstrations de la veille n'avaient donc en réalité pour but que de masquer ses projets de retraite.

Les déserteurs et les gens du pays qui arrivent au camp nous annoncent que les troupes libérales se retirent très-abattues, et que leurs chefs ont de la peine à les empêcher de déserter. Ces faits nous sont confirmés par M. Delsaux, chef d'escadron d'artillerie de marine et commandant la place d'Orizaba, qui, enlevé par des coureurs, dans la matinée du 13, était resté deux jours prisonnier dans le camp ennemi, et que Saragoza venait de faire remettre en liberté sur parole.

Saragoza repassait en effet les Cumbres, il s'établissait avec le gros de ses forces à Tehuacan, et faisait occuper par des détachements la Cañada et San Andres.

L'échec du 5 mai était vengé; le drapeau de la France pouvait désormais flotter fièrement au sommet conquis du Borrego.

CHAPITRE XIII

La place d'Orizaba mise en état de défense.

chaudes les guerrillas et les pluies.

:

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Les terres

Nos convois.

Les fièvres pernicieuses.

Des renforts sont annoncés.

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Arrivée de l'intendant Friant, qui prend la direction des services administratifs.

L'admirable fait d'armes du 15 juin, qui venait de forcer l'enne.ni à repasser les monts, nous avait fait échapper au danger d'une retraite dont la conséquence immédiate eût été de nous contraindre à rétrograder jusqu'à Cordova. L'occupation de cette ville nous eût rapprochés, il est vrai, de la Vera Cruz, notre port de ravitaillement; elle aurait diminué les difficultés nous éprouvions à faire escorter nos convois, difficultés chaque jour plus grandes, mais elle ne nous aurait donné ni la position stratégique, ni la sécurité, ni les casernements, ni le climat salubre d'Orizaba, c'est-à-dire un ensemble de conditions présentant au point de vue militaire et politique une importance exceptionnelle.

que

Le corps expéditionnaire allait donc conserver ces précieux avantages en restant maître du plateau d'Orizaba. Cependant une grande menace planait sur lui; car si l'ennemi avait renoncé à l'aborder de front, c'était avec l'intention de porter tous ses efforts dans les terres chaudes, de le couper de la Vera Cruz et de l'affamer. Combattre pour ne pas mourir de faim, voilà désormais notre lot en attendant l'arrivée des renforts.

Le premier soin du général de Lorencez, en rentrant à Orizaba, avait été de demander au ministre de la guerre de nouvelles troupes pour reprendre la campagne. Le méme courrier avait porté au maréchal Randon les désillusions de notre chef, qui, douloureusement affecté de son échec devant Puebla, et navré d'avoir témoigné une confiance aveugle au ministre de France, avait rompu avec lui toute relation. En faisant remonter jusqu'à M. de Saligny la responsabilité de nos malheurs, le général s'accusait de sa trop grande crédulité, et confessait, avec cette loyauté qui était le fond même de son caractère, les erreurs dans lesquelles il était tombé.

Ce devoir rempli, c'est-à-dire la douloureuse page du passé fidèlement retracée, les embarras du présent et les périls de l'avenir nettement

exposés, le général de Lorencez ne songea plus qu'à aplanir les unes et à conjurer les autres dans la limite du possible.

Au milieu de toutes ces tribulations, nous eûmes la joie, le 28 jain, de saluer le retour au milieu de nous de M Jupin, sous-lieutenant de chasseurs à pied, et de douze soldats, prisonniers du 5 mai, que nous croyions morts. Ils avaient été reconduits à nos avant-postes par ordre du général Saragoza. Nous apprîmes par M. Jupin que dix blessés français étaient encore à l'hôpital de Puebla, et qu'aussitôt guéris, ils nous seraient rendus. Ces soldats étaient les nommés :

Groslambert, sergent-major. amputé.
Defflin . . . fourrier. . . . blessure légère

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Quant au médecin-major du 99° de ligne, let

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journée du 5 mai, emporté par son cheval dans

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