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ner asile à un honorable mandarin, perruques, costumes, chaussures, paysage, il fallut tout fabriquer; en moins de trois semaines, cette bouffonnerie fut mise au point, et grâce au talent qu'un jeune enseigne de vaisseau, M. de Ch..., possédait de mettre la poudre, le rouge et le blanc, les Chinoises de la pièce furent maquillées

à ravir.

Le grand jour venu, il fut donné pour la première fois et probablement pour la dernière au public de cette ville, la « Reine des terres tem

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pérées», d'entendre, avant le lever du rideau, deux orchestres à la fois l'un sur la scène, l'autre à l'orchestre, absolument comme dans l'Etoile du Nord, et de voir sur la scène des corbeilles de fleurs naturelles, un jet d'eau jaillissant jusqu'aux frises et un décor tout ce qu'il y a de plus chinois. Ce fut de l'éblouissement et de l'ébahissement dans les loges, et quand Fich-tonkan entra avec sa fille, précédés tous deux de la fanfare des zouaves déguisés en Chinois et jouant une marche guerrière, l'étonnement fit place à l'enthousiasme.

Un incident faillit cependant faire manquer la pièce le meilleur acteur de la troupe, un acteur né comique, bon enfant, studieux, intelligent, en trois mots, Fich-ton-kan, avait bu! Fich-ton-kan était gris!

La bouteille... c'était son péché mignon, et il avait, ce jour-là, trouvé moyen de le commettre, bien qu'il eût été tenu sous clef jusqu'à l'heure de son entrée en scène.

Comment, malheureux, vous êtes-vous grisé?» lui demandait-on. A quoi il répondait en riant : « Mais je ne suis pas gris du tout; Fich«ton-kan est seulement joyeux. » Enfin, il fallut en passer par la joyeuseté de Fich-ton-kan; par prudence, on prévint le public que le souverain chinois était indisposé et qu'il réclamait l'indulgence. Les officiers comprirent ce que cela voulait dire, et s'apprêtèrent à rire aux dépens de Fich-ton-kan; mais quelle ne fut pas la surprise générale! L'acteur se surpassa, il eut des gestes, des intonations, des attitudes du plus haut comique; jamais il ne fut aussi remarquable. Dès ce jour, les camarades de ce disciple du grand Frédérick Lemaître ne l'appelèrent plus que « le Joyeux

CHAPITRE XV

Le comman

Les terres chaudes, immense linceul ouvert devant nos colonnes. La colonne Morand arrêtée par le Jamapa. Acte de dévouement de plusieurs zouaves. dant Morand forcé de rétrograder. Le général de Lorencez lui envoie une partie de la compagnie de sapeurs du génie. Le lieutenant-colonel Labrousse, débarqué à la Vera Cruz, arrive sur les bords du Jamapa. — La colonne Morand descend vers la rive droite.

colonnes se reconnaissent.

rogue par un zouave. entre les deux rives.

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Les deux

- Le Jamapa traversé en piDouble communication établie Transbordement des vivres du

convoi Labrousse sur la rive droite; leur mise en route pour Orizaba. Le colonel Valazé rappelé en France.

Con

Le 24 octobre, entrée du général Forey à Orizaba. Départ du général de Lorencez pour la France. clusion.

Il pleuvait! il pleuvait encore! il pleuvait toujours! le ciel d'ardoise qui nous cachait le véritable ciel continuait à nous verser ses torrents; et, à mesure que le déluge nous envahissait de toutes parts, le niveau de cette masse liquide et boueuse, sous laquelle, depuis longtemps déjà, le sol avait disparu, semblait monter, monter sans relâche.

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