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OUVRAGES

SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

MANUEL ÉLECTORAL

A l'usage de MM. les électeurs des départemens de la France (petit vol. in-18; prix 1 fr.)

PAR

UN ÉLECTEUR ÉLIGIBLE.

CANDIDATS

Présentés aux électeurs de Paris pour la session de 1817, (brochure in-8° de 47 pag.)

PAR

UN ÉLECTEUR DU

DÉPARTEMENT

DE LA SEINE.

Ce qui importe le plus à chacun de nous, ce qui renferme tous nos moyens d'existence et de bien-être, la richesse de la France, se trouve aujourd'hui dans un état qui doit éveiller l'attention de tout homme qui met du prix à sa vie et à ses jouissances.

Deux invasions dans l'espace de deux ans, les travaux troublés, les campagnes ravagées, une foule d'établissemens d'industrie fondés sur des prohibitions ou des monopoles tombant les uns après les autres (1), le pillage et les banqueroutes marchant de front, avaient attaqué

(1) Un des plus grands maux du système prohibitif, c'est qu'il s'enracine dans l'industrie de façon que tout s'arrange d'après lui, et que le moindre échec qu'il reçoit devient une cause de bouleversement dans les fortunes. L'administration perd plus à ces secousses, qu'elle ne gagne aux taxes que la prohibition lui permet d'asseoir, et qu'elle obtiendrait d'une autre manière. C'est un fait qui frapperait ceux qui gouvernent, si les faits étaient quelque chose pour eux; mais la coutume les emporte, ils suivent leur routine.

Lorsque les armées alliées eurent rompu la ligne des douanes françaises, lorsque les produits étrangers, répan¬ dus en France avec profusion, eurent fait tomber toutes les manufactures qui ne pouvaient soutenir la concurrence, le mal des mesures prohibitives était évident, et l'occasion était belle pour l'éviter à l'avenir en les abolissant. Au lieu de cela on les a remises en vigueur, avec la plus grande exactitude , pour le bien de ceux qui avaient souffert de leur violation; c'est-à-dire que, loin de détourner ces malheureux d'une direction d'industrie où le premier accident politique peut leur faire trouver leur ruine, et où d'eux-mêmes ils ne se fussent point engagés de rechef, on les y a précipités.

déjà nos capitaux de toute espèce, lorsque la mauvaise saison est venue appauvrir nos revenus, en frappant la terre d'une stérilité imprévue.

Et encore, le mince produit qui nous est laissé après tant de pertes, il nous faut le partager, d'un côté, avec les gouvernemens étrangers, de l'autre avec notre gouvernement.

Le reste doit suffire à notre subsistance, et nous sommes vingt-cinq millions. Pour que la nécessité de vivre ne fasse pas entamer les capitaux, il faut absolument que le travail redouble; et pour parler le langage de l'économie politique, qu'il contraigne les agens de la production à donner le plus qu'ils peuvent. Or ce travail, qui doit le faire? Ce n'est pas le gouvernement, c'est nous; le gouvernement n'a point de moyens pour produire; il n'en a que pour consommer ; nous seuls avons l'industrie, le gouvernement n'a que des besoins.

Ces besoins qui sont des besoins d'action, c'est à l'industrie d'y pourvoir; et il est rare que les besoins du gouvernement soient satisfaits, que son action s'exerce, sans que l'industrie en souffre en quelque chose; de manière celui qui que produit paie, afin qu'en retour il soit gêné dans le travail de la production. L'administration de

mande, pour exister et pour agir, des ministères, une armée, une police, une gendarmerie, des tribunaux extraordinaires; on lui accorde tout cela, c'est-à-dire qu'on retranche de ses revenus les millions qui le représentent. Qu'arrivet-il après ? Les gendarmes sont sur les routes: on ne voyage pas librement, il faut des formalités, des retards, et les affaires n'en veulent point; les affaires manquent. Vos spéculations ont of fensé quelque réglement inconnu ; la police va descendre chez vous, le scellé sera mis partout, le travail sera suspendu, les portes seront fermées, vos pratiques viendront, seront pressées et iront ailleurs, Vos correspondans sont sus→ pects, le prévôt veut vous interroger: vous irez, vous retournerez, vous perdrez des heures, des jours, des mois, le le temps n'est rien pour lui. C'est ainsi que la gêne vient de toutes parts; et si on lui échappe, on n'échappe pas à la crainte qui dérange aussi les travaux. On rallentit ses démarches, on se répand moins, on écrit moins, on devient nonchalant : l'intérêt du gain cède à l'intérêt du repos ; ce colosse d'administration que l'on trouve à chaque pas devant soi, attire sans cesse la vue; on se le grossit encore ; on s'exagère les obstacles par le desir de ne les point rencontrer; l'esprit tendu vers ce point est moins

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propre à tout le reste; l'invention languit, les bras tombent, la production s'arrête.

Mais le besoin ne s'émousse pas avec l'activité; il faut vivre chaque jour. Le gouvernement qui n'a que de longues vues, passe sur ce détail de temps; s'il nous regarde, c'est dans l'avenir; et si l'avenir lui paraît beau, il s'y complait et n'a perçoit plus le présent. L'avenir est tout pour les corporations qui ne meurent point; mais le présent est tout pour les individus qui meurent ; et nous sommes des individus, quoique nous soyons aussi dans un sens une corporation. Si, consi dérés comme un corps, nous avons des intérêts de corps, et s'il est bon qu'on s'en occupe, considérés comme individus, nous avons des intérêts individuels qui ne doivent point non plus être négligés.

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Il faut le que gouvernement, pour ne pas sè laisser emporter dans son activité pour notre bienêtre futur, trouve des barrières dans la nécessité sans cesse présentée de notre bien-être du moment. Il faut, en d'autres termes, que ceux qui produisent soient organisés pour résister à l'action de ceux qui administrent.

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Cette résistance est, dans une société organisée, la première, et presque la seule fonction de l'assemblée des communes, ou des représen

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