Page images
PDF
EPUB

les représentans de la nation, pour organiser, ott plutôt maintenir l'organisation de la garde nationale. Il serait même fort essentiel qu'une loi, qui rend tous les citoyens soldats, fùt aussi réglementaire pour tout ce qui peut être prévu ; qu'elle déterminât, autant que possible, les devoirs des gardes nationaux, et les peines dont ils peuvent être passibles.

>>Il est rare qu'à la longue il ne se glisse des abus, même dans les plus belles institutions; je crois que la garde nationale n'en est pas exempte. Dans quelques légions, dans celle du deuxième arrondissement de Paris, par exemple, les hommes ont été divisés en plusieurs classes, ceux d'une classe montent la garde deux et trois fois, et les autres une fois seulement. Un service aussi fréquent devient extrêmement pénible, et fait perdre le temps nécessaire pour vaquer à ses affaires particulières. Les réglemens et les instructions, et particulièrement les ordres du jour, que l'on rend exécutoires contre les citoyens, se sont extrêmement multipliés. Ils sont devenus un labyrinthe pour ceux qui n'ont pas de temps pour s'en occuper; on ne peut faire un pas, une démarche, sans courir le risque de contrevenir à quelque disposition de ces ordres fugitifs.

» La trop longue habitude de quelques officiers

à siéger aux conseils supérieurs et de discipline, les porte à se considérer comme les juges-nés des citoyens; on est parfois très-légèrement envoyé par eux dans les prisons, ou condamnés à des amendes considérables.

» Le zèle que vous mettez, Messieurs, à veiller à tous les intérêts, m'est un sûr garant que ma pétition sera favorablement accueillie, et que ma réclamation ne restera pas sans effet.

» J'ai l'honneur d'être avec respect,‹

>> Messieurs,

[ocr errors]

»Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

כל

» PRIEUR, rue du faubourg Mont» Martre, no. »

Gette pétition a été écartée par les cris répétés l'ordre du jour! l'ordre du jour!

PÉTITION

DE PLUSIEURS ÉLÈVES DE L'ÉCOLE DE DROIT de Rennes, à la Chambre des députés, sur l'ordonnance du 5 février 1817, et sur l'arrété pris par la commission nommée par la · même ordonnance.

Si les révolutions pouvaient avoir quelque chose de plaisant, ce serait le sérieux qu'on met dans la poursuite des affaires les plus légères, et souvent même les plus ridicules. Les jeux de mots, les calembourgs, les épigrammes

forment en crimes, et prennent, aux yeux de ceux qui croient en être l'objet, un caractère de gravité qu'aurait à peine une conspiration dans d'autres temps. L'université, ci-devant ultra - impériale, et aujourd'hui un peu plus. qu'ultra-royale, paraît sur tout entendre fort mal la plaisanterie. On se rappelle du fameux arrêté qui mit en interdit la maison de SainteBarbe, parce qu'un jour de vacance, les élèves avaient demandé la représentation de Manlius. Voici une affaire qui, au fond, n'était peut-être

pas plus sérieuse, mais dont les conséquences ont été beaucoup plus graves.

Le 28 du mois de décembre 1815, on avait fait circuler dans l'école de droit de Rennes un billet ainsi conçu :

« Attendu que tous les étudians ne sont pas de la même opinion, et qu'il faut, autant que possible, éviter de heurter les passions, MM. les étudians qui sont décorés de la cocarde blanche sont invités à la déposer en entrant, sauf à eux à la reprendre en sortant, afin d'éviter des scènes désagréables à tout le corps.>>

Ce billet avait excité les alarmes des autorités locales, et MM. Magrez, Jéhanne, Jollivet et Taillandier, étudians, avaient été arrêtés, comme soupçonnés d'en être, les auteurs. Sur cette arrestation, M. Magrez déclara qu'il était seul l'auteur du billet; néanmoins les autres prévenus furent détenus comme suspects pendant un mois. M. Magrez fut ensuite traduit devant le tribunal correctionnel, et condamné à un an de détention, à cinquante francs d'amende, et aux frais de la procédure.

Cette affaire ayant attiré les regards de l'autorité du lieu, l'école de droit devint l'objet particulier de sa surveillance. Vers la fin du mois de décembre 1816, un de ses agens trouva dans une

des salles de cette école une planchette sur laquelle on lisait ce qui suit :

» V. A. J. L. D. F. A. B. L. B.

» Encore un peu de temps, et vous le reverrez, N. L, G. » Encore un peu de temps, et vous ne le verrez plus, L. B.

Cette inscription jeta l'épouvante dans l'ame de celui qui la découvrit ; il, s'en empara cepens. dant, et la porta à son supérieur, qui n'en fut guère moins effrayé. Sur-le-champ on fit arrêter MM. Godin, Jéhanne, Lauly et. Regnier, comnie prévenus d'en être les auteurs, et on les interrogea soit sur le sens que présentaient ces lettres mystérieuses, soit: sur la question de savoir s'ils les avaient écrites.

M.Godin reconnut qu'elles étaient de lui seul, et qu'elles n'étaient pas autre chose qu'un rebus qui circulait parmi les élèves du collège d'Avranches, pendant les cent jours du dernier règne de Buona parte. Ce rebus s'expliquait de la manière suivante;

» Vous avez Jeté Les Derniers Feux: A Bas Les Bonapartistes » Encore un peu de temps, et vous le reyerrez, Notre Légitime » Gouvernement;

» Encore un peu de temps, et vous ne le reverrez plus, Le Brigand.

L'autorité ne fut pas satisfaite de l'explication de ce rébus: on le donna à deviner aux OEdipe du lieu, et voici le sens qu'ils y trouvèrent ;

!! Vive A Jamais L'empereur Des Français: A Bas Les Bourbons, » Encore un peu de temps, et vous le reverrez, Napoleon-Le-Grand, Encore un peu de temps, et vous ne le verrez plus, Louis Bourbon,

« PreviousContinue »