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que j'enverrai la gendarmerie pour astreindre les communes où des individus refuseraient d'effectuer la livraison de leurs feuilles de tabać aux jours et de la manière que j'ai prescrite. »>

Nous n'examinerons point ici quels sont les engagemens des cultivateurs envers la régie ; nous n'examinerons pas non plus si les arrêtés du préfet violent la propriété ou la liberté des transactions; nous nous bornerons à demander si un préfet peut légalement déclarer que tel ou tel fait constitue un délit, lorsque la loi ne l'a point déclaré ; s'il peut, lui, administrateur révocable, se constituer juge dans les discussions qui s'élèvent entre les particuliers et la régic; si la loi l'autorise à sévir contre qui que ce soit; s'il lui est permis de rendre les communes responsables de l'inexécution des conventions faites par des particuliers; enfin, s'il est permis de procéder contre elles voie d'exécution militaire, quand aucun jugement n'a prononcé une condam

nation.

par

Les exécutions militaires paraissent plaire. beaucoup à M. le préfet. Dans une autre circulaire adressée aux maires de son département, il rappelle à ses administrés les prestations en nature que les communes ont à faire, et il termine sa lettre de la manière suivante :

« Je préviens MM. les maires des communes en retard, que je ne leur ferai plus de rappel à cet égard; mais que, par l'intermédiaire de MM. les sous-préfets pour les arrondissemens externes, et MM. les maires des cantons pour l'arrondissemeut de Strasbourg, je mets à la disposition des ingénieurs des ponts et chaussées la gendarmerie, qu'ils sont autorisés à requérir pour être placée comme garnisaire, et être logée dans les maisons des plus récalcitrans qui leur auront été indiqués par l'autorité locale; il sera payé par les mêmes individus, chaque gendarme, trois francs par jour, dont deux francs pour l'homme et un franc pour son cheval

On peut faire sur cette circulaire les questions qui ont été faites sur la précédente.

On a demandé plusieurs fois que la responsa bilité des ministres fút rétablie : il semble qu'on devrait s'occuper auparavant de la responsabilité des gendarmes, des commissaires de police, des maires, des sous-préfets, des préfets, etc. Ces messieurs pèsent un peu plus que le ministère.

PETITE REVUE.

MATIÈRES RELIGIEUSES.

Nous avions annoncé dans notre dernier volume que nous ferions, dans celui-ci, quelques réflexions sur le dernier mandement de MM. les Vicaires-généraux du chapitre métropolitain de Paris. Ce mandement était sans doute un acte assez remarquable pour mériter quelques considérations à part. Mais depuis que notre dernier volume a paru, nous avons eu connaissance de faits qui nous persuadent que, pour être présenté sous son véritable point de vue, cet acte ne doit pas être examiné d'une manière isolée. Nous avons appris que, tandis qu'on fulminait à Paris contre Voltaire et contre Rousseau, on brûlait ailleurs les OEuvres de ces écrivains; nous avons su une partie des hauts faits de MM. les missionnaires; on nous a raconté les miracles

qu'ils font et les conversions qu'ils operent. Tous ces faits nous ont paru avoir une étroite analogie avec le mandement de MM. du chapitre de Paris. Nous avons cru reconnaître qu'ils partaient tous du même principe, et tendaient tous à la même fin. Il nous a semblé dès-lors que c'était moins le mandement de MM. les vicaires-généraux que nous devions examiner, que la conduite d'une certaine partie des ministres du culte catholique en France; et en conséquence, nous nous sommes occupés à recueillir des faits qui pussent nous mettre à même de traiter ce sujet avec une exacte connaissance des choses. Nous sommes loin d'en avoir encore assez pour pouvoir entreprendre ce travail. Mais le peu que nous possédons est assez curieux pour mériter d'être connu du public, et nous nous empressons de le livrer à ses méditations. Nous nous occuperons d'abord des missionnaires.

Les missions, faites depuis quelques années dans l'intérieur de la France, semblent moins entreprises dans les intérêts de la religion, que dans ceux de la politique; elle semblent avoir uniquement pour objet de faire triompher les principes d'un parti. Une observation constante a prouvé que les érections de croix, les prédications publiques et les autres cérémonies reli

gieuses, ne sont, pour ainsi dire, que des objets secondaires. Le grand point paraît être de former, sous le titre de confréries, de congrégations, des espèces d'associations secrètes qui échappent d'autant plus facilement aux regards et à l'action de l'autorité, qu'elles cachent le véritable but de leur institution sous le prétexte de pratiques pieuses.

On pourrait compter le nombre des confréries par les stations de ces missionnaires. Dans tous les lieux où ils ont paru ils en ont formé sur un plan toujours uniforme, ce qui suffirait pour indiquer une direction centrale.

Se réunir à des jours déterminés dans une église pour se livrer en commun à des exercices de piété, tel est le but apparent des membres des congré→ gations, et, en effet, ces réunions générales, et presque publiques, n'offrent rien qui paraisse répréhensible; mais c'est dans les réunions moins nombreuses qui ont lieu hors des temples, que les doctrines politiques sont propagées par les chefs de la confrérie, qui sontordinairement des ecclé siastiques entourés d'une grande considération.

Depuis long-temps, les départemens méridionaux comptent un grand nombre de ces institutions: elles ont été particulièrement propagées dans ces contrées par M. l'abbé Ch..... qui réside

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