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était un fou ou un imposteur; enfin qu'après un examen sérieux, Martin envoyé à Paris comme un homme divin, fut envoyé de Paris à Charenton, comme un fou, d'où il sortit d'où il sortit peu de temps

après pour revenir chez lui.

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Cet événement, qu'on n'a pu considérer que comme le résultat d'une misérable intrigue, n'en a imposé à personne; mais ce qu'on ne sait être pas, c'est que le mérite de l'invention n'appartient pas à ceux qui ont mis ce malheureux en action. Voici en effet ce qu'on lit dans l'Histoire des hommes illustres de Provence.

<< Michel (François), maréchal-ferrant de Salon, devint célèbre à la fin du 17e siècle. En 1697, à l'âge d'environ trente-cinq ans, étant sorti le soir hors de la ville pour faire sa sa prière à la chapelle de Sainte-Anne, il prétendit qu'un spectre lui était apparu, et lui avait commandé d'aller dire au Roi quelque chose de grande conséquence. Cette prétendue apparition fut, diton, renouvelée trois fois ; et dans la dernière le spectre lui fit des menaces terribles s'il n'obéissait pas à son ordre. Le bruit d'un événement aussi nouveau se répandit partout: Michel se rendit à Aix, et raconta à M. Lebret, premier président et intendant, ce qui lui était arrivé. M. Lebret le prit d'abord pour un visionnaire.

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Je ne suis rien moins que ce que vous pensez, » lui dit-il ; vous n'avez, monseigneur, qu'à » vous informer à Salon si j'ai jamais été regardé » comme tel. Tout ce que j'ai l'honneur de vous dire, c'est que j'ai des choses très-importantes » à rapporter au roi. Je vous prie de vouloir » bien écrire en cour, afin que je puisse m'ac» quitter des ordres que j'ai reçus. >> M. Lebret le lui promit. Il se retira ensuite chez lui : la réponse de la cour étant venue, M. Lebret le manda, lui ordonna de partir et le défraya. Le chemin d'Aix à Paris fut plein d'un monde infini qui voulait le voir : la moitié de Lyon vint à

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sa rencontre.

«On vit courir dans ce temps-là ce quatrain de Nostradamus, où l'on prétendait que cette aventure était prédite.

» Le pénultième du surnom du prophète
» Prendra Diane pour son jour et repos ;

» Loin vaguera par frénétique tête,
» Et délivrera un grand peuple d'impôts.

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(Cent. 2, quat. 28.)

» Voici comment on expliquait ce quatrain; il est, disait-on, le pénultième de plusieurs frères: son surnom est Michel, nom du prophète Nostradamus ; sa mère s'appelait Diane; son voyage d'Aix à Paris est marqué dans le troisième vers:

pour le quatrième, les impôts cessèrent peu de temps après par la paix de Riswick.

» Son arrivée à Paris fit un très-grand bruit. Peu de jours après il alla à Versailles, où le roi lui donna une audience secrète d'une heure. Quand il se fut retiré, quelques courtisans dirent à S. M, qu'elle venait de voir un grand fou: pas si fou que vous le pensez, répliqua le roi. Il n'en fallut pas davantage pour grossir la foule de ceux qui voulaient le voir.

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Roullet, un des premiers graveurs de l'Europe, tira son portrait au naturel, et le grava. L'estampe est fort helle..

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» Le roi, Madame de Maintenon et plusieurs courtisans lui firent des présens considérables. » Les chemins furent aussi remplis de monde à son retour qu'ils l'avaient été dans son voyage. Arrivé à Salon il fut l'objet de la curiosité publique tous les curieux qui passaient dans. cette ville, après avoir visité le tombeau de Nostradamus, ne manquaient pas d'aller chez lui. Fatigué de toutes ces visites, il se retira dans sa vieillesse à Lançon, où il est mort le 10 décembre 1726, âgé de soixante-cinq ans.

On a fait bien des conjectures sur cette aventure; on a voulu la deviner. Ce qu'on a conjecturé de plus vraisemblable, c'est que Madame de

Rus, femme très-intrigante, fit jouer cette comédie pour dévoiler le mariage de Madame de Maintenon avec le roi. »

(1)

Voici encore un miracle qui ressemble beau

» (1) Nous pouvons assurer que cette conjecture est une certitude: Michel était de bonne foi; madame de Rus et un prêtre de Salon sont les vrais auteurs de cette imposture. Le spectre prétendu était un homme aposté dans la chapelle de Sainte-Anne, couvert d'un drap de lit qui s'élevait bien au-dessus de sa tête. Michel avait reçu pour pénitence, de la part de ce prêtre, d'aller tous les soirs faire sa prière à cette chapelle. Avec les ordres prétendus du Ciel le pauvre maréchal-ferrant reçut réellement la bague de la feu reine, pour servir de garant à ses paroles auprès du roi. Nous avons appris le fond de cette histoire en 1750, à Salon, de la part d'un vénérable vieillard qui la tenait lui-même du prêtre qui servit madame de Rus de Carpentras, liée avec madame de Maintenon.

» Le but de tout ceci était, comme l'on voit, d'engager le roi à déclarer son mariage avec madame de Maintenon. La bague, transportée miraculeusement en Provence, était une preuve non équivoque des volontés du Ciel à cet égard; mais pourquoi se servit-on de Michel plutôt que de tout autre ? Parce que son confesseur qui le connaissait parfaitement, crut qu'il était l'homme le plus propre à donner dans les visions; et voilà ce grand mystère dévoilé. Le roi sûrement ne s'y trompa pas, ét il ne répondit que ce qu'il devait aux courtisans curieux.

(Note des auteurs de l'ouvrage cité.)

coup au précédent, et que le lecteur interprétera comme il jugera convenable.

Dans le courant du mois de février 1817, un jeune pâtre, gardant ses troupeaux dans la paroisse de Saint-Martin, sur les confins de la Basse-Bretagne, fut tout-à-coup frappé de l'éclat d'une vive lumière. A cette vue, surpris et effrayé, il resta quelque temps muet d'admiration ; mais une voix ne tarda pas à le rassurer: c'était celle du bienheureux saint Jean, qui l'avait choisi pour interprète de sa volonté, et qui lui apparaissait sous cette forme lumineuse. Il lui apprit qu'une chapelle qui lui avait été autrefois consacrée, dans les environs, était détruite depuis deux cents ans, et qu'il avait à cœur d'être honoré de nouveau dans le même lieu. En conséquence il lui ordonna d'aller trouver son curé, de l'instruire de ce qu'il venait de voir et d'entendre. Il indiqua un lieu dans lequel on devait trouver des pierres propres à reconstruire la chapelle, et ajouta que les offrandes ne manqueraient pas pour fournir aux frais nécessaires. Le pâtre, tout fier de sa mission, va trouver son curé; mais, qui l'aurait cru, le curé est incrédule. Il refuse de croire tout ce qu'on lui annonce, et se moque de la révélation. Le lendemain l'enfant, honteux du mauvais succès de sa

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