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démarche, réfléchissait tristement à tout ce qu lui était arrivé, quand l'apôtre, pour la seconde fois, se présenta à lui sous la même forme. Il lui dit de ne pas se décourager, et d'aller tout raconter au sous-préfet de Loudéac (petite ville à quelques lieues de là). Ce magistrat, plus dévot que le curé, ou mieux disposé que lui, écouta avec attention le récit du pâtre, lui fit différentes questions, et frappé de la naïveté de ses réponses, ordonna une fouille dans l'endroit où devaient se trouver les pierres désignées par saint Jean. On trouva sur ces pierres des inscriptions qu'il avait aussi annoncées. Dès-lors on ne put plus douter du miracle, et on bâtit la chapelle. Le curé, revenu de son erreur, doit la desservir et, malgré la misère des temps, les offrandes n'ont point manqué pour fournir aux frais, suivant la prédiction.

Depuis ce temps, le nouveau prophète est en grande vénération dans le pays. Quand il passe dans les bourgs ou les villages voisins, il est toujours accompagné d'un grand nombre de curieux et de dévots; mais, instruit par saint Jean ou par. le curé, il ne répond pas aux nombreuses questions qu'on lui fait sur son aventure.

Encore un miracle! Notre Seigneur Jésus-, Christ écrit de sa propre main, et en lettres d'or

aux habitans des bords de la Garonne, pour leur recommander de se reposer le dimanche, d'assister aux offices, etc. Voici une une copie figurative de cette lettre miraculeuse, imprimée à Bordeaux chez la veuve J. B. Cavazza, rue des Lois, no. 13, et publiée avec autorisa tion (1).

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» SAINTE LETTRE

Envoyée miraculeusement par notre Seigneur » JÉSUS-CHRIST, écrite de sa propre main » en lettres d'or; elle a été trouvée à trois » lieues de Saint-Morate en Languedoc, » avec le signe de la croix, qui fut expliquée par un orphelin agé de sept ans, » qui n'avait jamais parlé ; ce qui fut dit en

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» ces termes :

» Je vous avertis de sanctifier le saint jour du dimanche par des œuvres de piété; que si vous

(1) Ce n'est pas la première fois que Jésus-Christ daigne correspondre avec les hommes. Voici ce que nous lisons dans un de nos historiens le clergé « prêcha donc la » dime; il la prêcha au nom de St. Pierre, les moines fi» rent même parler Jésus-Christ. Ils forgèrent une lettre

:

Si

y manquez, vous ne pourrez vous dispenser d'être, maudits de moi; car je vous ai donné six jours, dans la semaine pour travailler, et le septième. pour vous reposer et assister au service divin fêtes. et dimanches, et pour soulager les pauvres. vous suivez cette règle, vos champs et vos mai-, sons seront remplis de bénédictions. Si vous faites le contraire, vous serez maudits de moi, vous aurez peste, famine et grande angoisse de cœur pour marque de ma propre colère. Vous jeûnerez cinq vendredis, et direz cinq pater et avè Maria en mémoire de ma passion, et de ce que j'ai souffert sur l'arbre de la croix pour votre salut. Vous porterez cette lettre sur vous en l'honneur de moi, et en donnerez copie à tous ceux et celles qui vous en demanderont. Ceux ou celles qui auront quelque doute, ou qui nieront la vérité de cette sainte lettre, qui est écrite de ma propre main, prononcée de ma propre bouche, seront maudits de moi et tous ceux qui la tien3

» que le sauveur écrivait aux fidèles, et par laquelle il >> menaçait les payens, les sorciers, et ceux qui ne paient » pas la dime, de frapper leurs champs de stérilité, de » les accabler d'infirmités et d'envoyer dans leurs maisons » des serpens ailés qui dévoreraient le sein de leurs fem» mes.» (Condillac, hist. mod., liv. 2, chap. 1er.)

Cens. Europ.. TOM. II.

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dront cachée dans leurs maisons, sans la publier

à

personne, seront maudits de moi, confondus et troublés au jour du jugement; au lieu que s'ils la publient et en donnent copie à tous ceux et celles qui en demanderont, ils seront bénis de moi. S'ils avaient commis autant de péchés qu'il y a d'étoiles au ciel, ils leurs seront pardonnés, en étant marris d'avoir offensé un Dien si bon, et en les confessant à un prêtre approuvé. Bienheureux ceux qui prendront copie de cette lettre, et qui la garderont sur soi ou en leurs maisons en grande dévotion, jamais esprit malin, la foudre ni le feu, ni peste, ni les autres fléaux ne les toucheront. »

« Permis de vendre. »

OUVRAGES NOUVEAUX.

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Nous avons déjà eu occasion de remarquer combien l'économie politique devait avoir d'influence sur le progrès des idées relatives à la politique, et combien cette science était propre à étendre les vues des publicistes. Voici un exemple qui fera sentir la vérité de cette observation. En 1815, M. le comte de Saint-Simon avait annoncé un ouvrage intitulé: Le Défenseur des propriétaires de domaines nationaux (1), se renfermant ainsi dans la défense d'un article de la charte. Aujourd'hui M. de Saint-Simon s'élève à des idées beaucoup plus générales. Il entreprend un ouvrage qui intéressera un nombre de lecteurs beaucoup plus grands. L'objet nous en paraît assez important pour que nous nous empressions d'en faire connaître le prospectus.

« L'INDUSTRIE, ou Discussions politiques, morales et philosophiques, dans l'intérêt de tous les hommes livrés à des travaux utiles et indépendans; par H. SAINT-SIMON.

» Le dix-huitième siècle n'a fait que détruire, nous ne continuerons point son ouvrage : ce que nous entreprenons, au contraire, c'est de jeter les fondemens d'une construction nouvelle; c'est de poser et de traiter en elle-même la question des intérêts communs, jusqu'ici laissés pour ainsi dire intacte; c'est de faire que la politique, la morale et la philosophie, au lieu de s'arrêter éternellement à des contemplations oiseuses et sans pratique, soient ramenées enfin à leur véritable occupation, qui est de constituer le bonheur social; c'est de faire, en un mot,

(1) Voyez le Prospectus de cet ouvrage dans le tom. 4 du Censeur, pag. 352.

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