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ment insuffisante à l'entretien d'un ecclésiastique que son âge ou ses infirmités mettent hors d'état d'exercer le ministère. On avoit promis dans le temps, qu'à la paix générale, on amélioreroit le sort du clergé. Dans une autre occasion, il fut décrété qu'à mesure qu'il mourroit quelque pensionnaire ecclésiastique, sa pension seroit reversible sur les autres; ce qui n'a jamais eu d'exécution. Je n'en suis pas surpris de la part d'un gouvernement qui se jouoit de la religion, et qui aimoit à laisser le clergé dans la détresse et dans l'avilissement. Mais il est à croire qu'un Prince religieux verra les choses d'un autre œil. Il ne se croira point obligé à maintenir des réglemens qui condamnent à mourir de faim des vieillards respectables par leurs services. Il leur rendra une existence, sinon brillante, au moins nécessaire. Ils ne demandent point de l'opulence; ils demandent à vivre. Outre que l'équité plaide ici pour eux, leur petit nombre ne les rendra pas fort à charge à l'Eta'. Ils diminuent chaque jour, et ce qui en reste ne grévera pas beaucoup le trésor.

- Un journal allemand contient sur un cardinal une note de la dernière impertinence et de la dernière fausseté. L'auteur, qui est sans doute protestant, a cru pouvoir s'égayer sur un prince de l'Eglise. Mais quand on calomnie, au moins faut-il le faire avec esprit. L'article porte avec lui-même son correctif. Les imputations qu'il contient n'ont aucune vraisemblance. Elles sont même absurdes et démenties par un trop grand nombre de faits. Elles portent un caractère romanesque qui trahit l'inventeur. Les aventures qu'il raconte, le mariage qu'il suppose, cette femme qu'il fait arriver devant le Pape pour réclamer son état, toutes ces circonstances et quelques autres encore sont des contes ridicules qui, heureusement, n'en imposeront à personne. Il est fâcheux qu'on laisse publier de pareilles grossièretés. Des gens honnêtes et impartiaux ont désiré, que nous réclamassions contre cet article calomnieux. Nous le faisons avec plaisir pour l'honneur de l'Eglise. Nous n'avons point connu personnellement le prélat attaqué; mais nous savons tous la conduite qu'il a tenue en France depuis qu'il y habitoit. Il y a constamment donné l'exemple d'une vie régulière. Il s'est montré attaché aux principes, et avoit encouru la disgrâce de l'ennemi de la religion. Il vouloit le bien, et il en a beaucoup fait dans son diocèse. Il ne sera sûrement pas flétri par un misérable libelle.

FULDE. L'église d'Allemagne vient de faire encore une nouvelle perte qui, dans la situation déplorable où elle est, paroîtra plus sensible. Encore un évêque de moins, dans un pays qui n'en compte presque plus. Albert de Harstall, évêque de Fulde, mourut le 8 octobre dernier dans sa ville épiscopale. Ce prélat, né à Treffurt, le 18 mars 1737, étoit entré dans la célèbre abbaye de Fulde, et étoit devenu évêque régulier le 30 mars 1789. Car on sait que Benoît XIV avoit érigé l'abbaye en évêché. On compte à peine aujourd'hui, en Allemagne, deux ou trois évêques, et il devient plus nécessaire que jamais de statuer sur le sort de cette grande Eglise, de relever ses ruines, de la pourvoir de pasteurs, et de la tirer du désordre et de l'anarchie où gémissent des diocèses qui n'ont plus même une ombre de gouvernement.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Tous les bons citoyens s'étonnent et s'indignent de la profusion de quelques libelles qui circulent depuis quel que temps, et qui semblent destinés à jeter l'alarme et la défiance contre le gouvernement. Nous avons déjà signalé la brochure d'un nommé Méhée qui osoit faire encore son métier de dénonciateur, parce qu'il n'en peut plus faire de plus actif. Aujourd'hui, c'est un homme qui n'est guère moins fameux dans les annales du jacobinisme, qui met aussi son nom à un pamphlet. Frère d'un révolutionnaire fort connu, membre lui-même d'un club, démagogue outré, cet homme qui prend aujourd'hui le titre de comte, après avoir porté celui de sans-culotte, qui s'est fait exiler pour son jacobinisme même sous un gouvernement jacobin, cet homme ose encore écrire! Quand on s'appelle Félix le P....... de S. F....., on ne devroit point faire d'adresse au Roi. On devroit, par bienséance, s'abstenir de réveiller dans le cœur de Sa Majesté de fâcheux souvenirs. Celui-ci vient nous parler de son hon neur, comme si les gens de sa sorte pouvoient en avoir encore ! Quel honneur que celui d'un homme qui s'est plongé dans toute la boue du jacobinisme. Il dit qu'alors l'honneur national est resté intact. Cela peut être; mais le sien sans doute n'est pas resté tel. Il fait le difficile sur le serment demandé aux maires, et ce patriote si chatouilleux refuse un tel serment

qu'il trouve horrible. Il n'a pas toujours été si difficile, et il a prêté, dans la taverne jacobine, des sermens un peu plus avilissans. Au surplus, qu'il s'en aille; on se passera bien de lui.

Mais conçoit-on l'impudence de telles gens qui osent se nommer? Croient-ils donc que nous avons perdu la mémoire, et que nous avons oublié leurs faits et gestes? Ils ne devroient ouvrir la bouche que pour demander pardon, et ils se donnent des airs de fierté! Ils devroient ne décliner leurs noms que pour demander à en changer, comme la famille de Damiens, et ils signent leurs pamphlets en toutes lettres! En vérité c'est abuser de notre patience. Il faut qu'ils comptent bien sur la bonté du Prince auquel ils tiennent un si arrogant langage. Leurs libelles ne prouvent que trop sa modération. Ils sont d'ailleurs aussi plats que méchans, et ce n'est pas peu dire. Ils méritent à la fois l'horreur et le mépris, et les bons citoyens doivent se réunir pour leur rendre cette justice, et pour flétrir ces restes impurs de l'esprit révolutionnaire qui se débat encore, et qui semble s'irriter de notre joie, de notre concorde et de notre bonheur.

- Déclaration.-Les plénipotentiaires des cours qui ont signé le traité de paix de Paris, du 30 mai 1814, ont pris en considération l'article 32 de ce traité, par lequel il est dit que toutes les puissances engagées de part et d'autre, dans la dernière guerre, enverront des plénipotentiaires à Vienne pour régler, dans un congrès général, les arrangemens qui doivent compléter les dispositions dudit traité; et, après avoir mûrement réfléchi sur la situation dans laquelle ils se trouvent placés, et sur les devoirs qui leur sont imposés, ils ont reconnu qu'ils ne sauroient mieux les remplir qu'en établissant d'abord des communications libres et confidentielles entre les plénipotentiaires de toutes les puissances. Mais ils se sont convaincus en même temps qu'il est de l'intérêt de toutes les parties intervenantes de suspendre la réunion générale de leurs plénipotentiaires, jusqu'à l'époque où les questions sur lesquelles on devra prononcer seront parvenues à un degré de maturité suffisant pour que le résultat réponde aux principes du droit public, aux stipulations du traité de Paris, et à la juste attente des contemporains. L'ouverture formelle du congrès sera donc ajournée au 1°r. du mois de novembre, et les susdits plénipotentiaires se flattent que le travail auquel ce

délai sera consacré, en fixant les idées et en conciliant les opinions, avancera essentiellement le grand ouvrage qui est l'objet de leur mission commune.

Vienne, le 8 octobre 1814.

(Moniteur).

La déclaration précédente, en exposant les motifs qui font différer l'ouverture du congrès de Vienne, est le premier garant de l'esprit de sagesse qui dirigera les travaux des plénipotentiaires assembles. C'est, en effet, par la maturité des conseils, c'est dans le calme des passions que doit renaître la tutélaire autorité des principes du droit public invoqués et reconnus dans le dernier traité de Paris.

Ainsi la juste attente des contemporains sera remplie, et l'on obtiendra, dans les prochaines négociations, un résultat conforme à ce que le droit des gens et la loi universelle de justice prescrivent aux nations entr'elles.

A l'époque où de grandes puissances se sont liguées pour ramener dans les relations mutuelles des Etats, le respect des propriétés et la sûreté des trônes, on ne peut attendre que des transactions politiques revêtues de cet équitable caractère.

Déjà l'Europe accepte cet heureux augure, et la France, qui n'est jalouse d'aucun des avantages que d'autres Etats peuvent raisonnablement espérer, n'aspire qu'au rétablissement d'un juste équilibre. Ayant en elle tous les élémens de force et de prospérité, elle ne les cherche point au-delà de ses limites; elle ne prête l'oreille à aucune insinuation tendant à rétablir des systêmes de simple convenance; et reprenant le rôle qui lui assura jadis l'estime et la reconnoissance des peuples, elle n'ambitionne d'autre gloire que celle dont les garanties reposent sur l'alliance de la force avec la modération et la justice; elle veut redevenir l'appui du foible et le défenseur de l'opprimé.

Dans cette disposition, la France concourra aux arrangemens propres à consolider la paix générale; et les souverains qui ont si noblement proclamé les mêmes principes, consacreront avec elle ce pacte durable qui doit assurer le repos Monde. (Idem).

du

VIENNE. Le spectacle que présente cette capitale est vraiment extraordinaire et unique dans l'histoire. On n'avoit pas vu de réunion si imposante. Nous avons ici deux empereurs, quatre rois, beaucoup de princes souverains. Tous ceux qui

n'y sont pas en personne, ont ici des ministres. Une foule de seigneurs d'Allemagne et des pays étrangers arrivent encore en ce moment. C'est véritablement ici le congrès de l'Europe, et cette époque marquera dans la postérité. Notre cour fait le plus noble accueil à ces illustres étrangers. Les souverains sont souvent ensemble, et paroissent vivre dans l'intimité. On croit qu'au milieu des plaisirs et des fêtes, on travaille aux négociations. Les ministres de Russie, de France, d'Angleterre et de Prusse, sont ceux qui, avec les nôtres, paroissent avoir le plus d'influence. Les politiques s'épuisent en conjectures et en projets. Le fait est qu'on ne sait rien. Mais il est permis de concevoir les plus heureuses espérances d'une réunion de souverains qui annoncent les dispositions les plus pacifiques et les vues les plus généreuses, et qui sont jaloux de marquer leurs regnes par de grands bienfaits, et de rendre aux peuples épuisés le repos et le bonheur.

BOUILLON. Il y en a qui croient que nous allons redevenir ce que nous étions avant la révolution. Philippe d'Auvergne est notre duc. Son successeur doit être le prince de la Trémoille, pair de France. Il est probable que notre sort sera décidé au congrès. Plus d'une raison milite sans doute en faveur d'une souveraineté ancienne et illustre, qui s'honore des noms des Godefroi, de Bouillon et des Turenne. Au surplus, il paroît que même dans la supposition de son rétablissement, le roi de France seroit, comme avant la révolution, maître du château, des casernes et des fortifications. En attendant nous sommes François. On nous avoit flattés de l'espérance de voir ici Mr. le duc de Berry, le mois dernier, et nous avions fait des préparatifs pour le recevoir dignement. Mais la route de S. A. R. fut changée, et Sédan, plus heureux que nous, a joui de sa présence pendant quelques heures. Le prince y a été reçu sous des arcs de triomphe, a passé les troupes en revue, et a été accompagné par les acclamations des habitans. On nous fait espérer que nous serons dédommagés, quelque jour, d'une privation qui nous a été sensible

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Histoire de Madame de Maintenon, fondatrice de Saint-Cyr, par M. la Font d'Ausonne; a vol. in-8°. avec le portrait: prix, 10 fr. et 12 fr. franc de port.

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