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et fait alors qu'ils étaient en état hypnotique, et qui peuvent recupérer le souvenir une fois revenus à l'état de veille de tout ce qu'ils ont dit et fait alors qu'à l'aide d'une légère pression exercée sur la région sourcilière et orbitaire, on constate le retour des impressions subies.

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Ce phénomène est en effet un des plus intéressants que l'on puisse constater. Un sujet étant endormi, et placé en somnambulisme, on le fait assister à des scènes de crimes imaginaires, on lui fait faire des aveux de récits fictifs, il a la conscience complète de ce qu'il dit et de ce qu'il voit. - Eh bien ! on le réveille, et on l'interroge sur ce qu'il a dit, sur ce qu'il a vu et fait et alors, il ne se souvient de rien il n'a pas parlé il n'a rien vu. — Cinq minutes après dix minutes - quinze minutes après, on fait venir près de soi ce même sujet qui est complètement réveillé, qui parle en pleine lucidité. Et alors si on pratique sur la région orbitaire, (ainsi que le colonel de Rochas le pratique d'habitude), quelques frictions légères on est tout étonné de voir les souvenirs de l'état somnambulique apparaître, la mémoire sollicitée par la pression de la main de l'hypnotiseur se réveiller, et le sujet se mettre à raconter ce qu'il a vu et ressenti pendant sa période d'obnubilation mentale passagère !

Au point de vue médico-légal il est évident que cette révocation de certains souvenirs par cette simple technique pourrait, le cas échéant, être appelée à rendre des services à une instruction judiciaire chez un sujet ayant été mis, soit artificiellement, soit naturellement en état de somnambulisme (1).

(1) Cette découverte de l'évocation artificielle de certains états psychiques est susceptible d'ouvrir des horizons nouveaux aux recherches de psychologie expérimentale.

Ceux qui s'occupent sérieusement de recherches psychologiques faites dans les divers états de l'hypnose, savent que deux sujets étant endormis, si on les réunit à l'aide d'un barreau aimanté, ou tout simplement si on les réunit par la main gauche et droite - l'état du sujet A se communique au sujet B.- Si A a des idées tristes, des émotions artificielles communiquées par une substance active, le cognac, la morphine, l'ipéca, la valériane, etc., ces émotions se propagent sympathiquement d'un sujet à l'autre. Au réveil, les sujets sollicités ainsi à leur insu n'en gardent aucun souvenir, mais ce souvenir peut être évoqué par pression de la région sourcilière, et les sujets racontent ainsi les émotions dont ils ont été traversés.

Bien plus, voici une expérience bien plus extraordinaire et qui est une déduction logique des précédentes :

Puisque l'état émotif du sujet A se communique par transfert au sujet B, peut-on changer un des facteurs? peut-on remplacer dans la

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RÉCENTE. EXAMEN DE LA VICTIME, DE L'INCULPÉ ET DES LINGES,

Par M. le professeur BROUARDEL.

Nous pensons compléter le côté pratique de cette Revue en reproduisant quelques rapports médico-légaux provenant des maîtres autorisés. Nous serons guidés dans le choix de ces documents bien moins par la rareté des faits que par la forme

transmission nerveuse le sujet A par un animal quelconque, un chat, un coq, par exemple ?

L'expérience, bien dirigée, a pleinement réussie, et les personnes qui ont suivi mes cours ont été témoins de ces surprenants phénomènes. Le sujet en léthargie reçoit sur les genoux un chat pendant quelques minutes; on applique ses mains sur l'animal, le barreau aimanté est placé d'une façon intermédiaire. On produit alors la phase de somnambulisme; on interpelle le sujet suivant les procédés ordinaires ; il ne répond pas ! et il se met à miauler! et bien plus, cet état nouveau de sa personnalité se communique sympathiquement au sujet B, si celui-ci a été mis en rapport avec lui!

Mêmes transformations de personnalité avec un coq, mis en expérience. Le sujet, mis en somnambulisme, se mit à glousser !

Poursuivant alors la même étude, je réveillai le sujet. Au réveil naturel, il n'eut aucun souvenir des émotions spéciales qui l'avaient traversé pendant son sommeil et sa mise en rapport avec le coq.

Profitant des notions précédemment exposées d'évocations des souvenirs conçus pendant la période léthargique, j'eus l'idée d'évoquer, par la pression de la région sourcilière, l'état d'âme du sujet pendant cette période d'obnubilation de sa personnalité, et alors, l'interrogeant sur ce qu'il avait éprouvé dans cette période: A quoi pensiez-vous, lui dis-je ? A mes poules, répondit-il.

Cette expérience a été répétée à plusieurs reprises, et elle a toujours réussi avec différents sujets.

C'est un phénomène bien étrange et qui laisse loin derrière lui ce qu'on pourrait imaginer en fait de choses imprévues. On paraît, en les exposant, être le jouet d'une mystification. Néanmoins, il y a là un fait réel que j'ai vu et observé à plusieurs reprises, aussi réel que celui de l'extériorisation de la sensibilité de M. de Rochas. Je ne fais pas de propagande actuellement dans cet ordre d'idées, c'est peine perdue; l'état mental de nos contemporains ne s'y prête pas, je ne fais que prendre date pour l'avenir.

La question de la transmission à l'homme de certains états psychiques artificiels, et du transfert de l'état nerveux des animaux, est un problème réservé dont nous ne verrons pas le développement. Ce sont des matériaux d'études pour les esprits chercheurs du XX° siècle.

même du rapport qui devra être considéré comme un modèle du genre.

On remarquera dans le rapport que nous empruntons à la pratique de M. Brouardel la clarté de l'exposition, la méthode qui a été suivie pour l'examen et enfin la sobriété des conclusions.

Le médecin légiste doit surtout s'attacher à exposer les faits, faire connaître le résultat de ses recherches, laissant à la justice le soin de se prononcer sur la culpabilité.

Je soussigné, Paul Brouardel, professeur de médecine légale à la Faculté de médecine de Paris, commis par M. F..., substitut de M. le procureur de la République, près le Tribunal de première instance du département de la Seine, en vertu d'une ordonnance ainsi conçue:

Vu les articles 32 et 43 du Code d'instruction criminelle et le procès-verbal dressé par M. le commissaire de police de P...., constatant le viol dont aurait été victime la nommée B..., âgée de seize ans accomplis, demeurant au Grand-Montrouge. »>

« Commettons M. le docteur Brouardel, à l'effet de procéder à l'examen médical de la nommée B... et de constater tous indices de crime ou délit. »

Serment préalablement prêté, ai procédé à cet examen.

I. Examen de la victime. La nommée Amélie B..., âgée de seize ans, est grande et paraît vigoureuse. La dame R..., sa tante, qui l'accompagne et qui l'a élevée, nous déclare que la fille B... jouit habituellement d'une bonne santé. Elle n'aurait jamais eu de gourme dans les cheveux, de maux d'yeux, ni de ganglions sous le cou. Elle porte au sourcil gauche une cicatrice qui résulterait d'un coup de pied de cheval. Cette jeune fille serait réglée régulièrement et n'aurait jamais eu de pertes blanches.

L'attentat dont elle aurait été victime remonterait à la nuit du 19 au 20 juin.

A l'examen des organes génitaux nous constatons que ceux-ci sont normalement conformés. Les petites lèvres sont très développées. La membrane hymen présente deax déchirures, paraissant récentes. Ces déchirures sont situées à la partie inférieure, elles sont rouges, surtout celle de droite, et un peu blanchâtres à leur base. Le doigt indicateur pénètre facilement dans la cavité vaginale et permet ainsi de constater par le toucher que le col de l'utérus est petit et un peu conique. Le canal de l'urèthre est sain et on ne constate pas de traces de violences, d'érosions et d'ecchymoses, sur les différentes parties de la vulve ni sur la face interne des cuisses.

La fille B..., qui prétend avoir été maintenue vigoureusement

par les bras, ne présente pas de traces de violences sur les membres supérieurs.

Les ganglions inguinaux ne sont pas tuméfiés.

L'anus a son aspect normal.

Conclusions: 1o La jeune Amélie B... est déflorée.

2o Cette défloration est de date récente, elle ne semble pas remonter à plus de sept ou huit jours.

3o On ne constate pas sur les différentes parties du corps de traces actuellement appréciables.

4o Cette jeune fille n'est atteinte d'aucune affection vénérienne, syphilitique ou blennorrhagique.

II. Examen de l'inculpé. Le sieur S.... âgé de vingt-neuf ans, est bien portant et vigoureux. Il nous déclare qu'il jouit habituellement d'une bonne santé. Il y a quelques années il aurait eu une blennorrhagie avec orchite du côté gauche et actuellement on sent dans la tête de l'épididyme gauche un noyau d'épididymite ancienne. A l'examen des organes génitaux, nous constatons que le sieur S... est légèrement hypospade. Il ne présente pas de traces de chancre sur la verge, ni d'éruption sur la peau. Les ganglions inguinaux et cervicaux ne sont pas tuméfiés. La gorge est un peu rouge, mais elle n'est pas le siège de plaques muqueuses. Si l'on fait étendre les bras et écarter les doigts, on constate un léger tremblement alcoolique des mains.

L'anus a son aspect normal.

Conclusions: 1o Le sieur S... n'est atteint actuellement d'aucune affection vénérienne, syphilitique ou blennorrhagique.

20 Il présente des signes caractéristiques de l'alcoolisme chronique.

(Scellé

II Examen de la chemise de l'inculpé et de la victime. n° 2.) La chemise que portait S... dans la nuit du 19 au 20 juin courant, lorsqu'il aurait violé la fille B..., par nous saisie et trouvée dans le grenier de la maison habitée par l'inculpé, à S.....

« Le commissaire de police ILLISIBLE »

Cette chemise porte sur la face interne du pan de devant plusieurs taches d'une coloration rouge ou rosée, à bords mal limités, d'une forme très irrégulière et empesant en quelques points le tissu sous-jacent. L'examen microscopique de ces taches a été pratiqué de la façon suivante : des morceaux de la chemise ont été détachés avec des ciseaux, et imbibés pendant quelques minutes avec un peu d'eau distiliée. Quand l'imbibition a été complète, les deux faces du tissu, principalement la face interne, ont été grattées avec un scapel et le liquide ainsi obtenu a été étalé sur une lame de verre et porté sous le champ du microscope. On a pu apercevoir alors dans la préparation un grand nombre d'éléments étrangers: bactéries, spores, corpuscules divers pro

venant de la poussière extérieure. Outre ces éléments accessoires, il existait une très grande quantité de cellules épithéliales toutes pavimenteuses, sans mélange de cellules prismatiques ou cylindriques. On constatait encore la présence d'un certain nombre d'hématies, les unes encore entières, diminuées de volume et à contours dentelés, les autres réduites en fragments ou, au contraire agglutinées les unes aux autres, et reconnaissables seulement à leur coloration spéciale. Il a été impossible dans les diverses préparations d'apercevoir des spermatozoïdes. Sur le pan de derrière, il existe plusieurs taches de matières fécales. On y remarque, en outre, deux larges taches d'une teinte grisâtre, à bords nettement marqués, mais non sinueux, empesant à peine le tissu sous-jacent. L'analyse microscopique de ces taches a été pratiquée de la même façon qu'il a été dit précédemment. - Le liquide obtenu après raclage des fragments d'étoffes imbibés à l'eau distillée, contenait presqu'exclusivement outre les éléments étrangers, des cellules épithéliales pavimenteuses. Bien que les recherches aient porté sur un grand nombre d'échantillons, et que la moitié environ de la matière des deux taches ait été examinée, il a été impossible d'apercevoir des spermatozoïdes dans les diverses préparations.

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Conclusions: 1o La chemise du sieur S... porte sur le pan de nombreuses taches qui, d'après leur forme, leur aspect et leur composition histologique, doivent être considérées comme provenant du contact des parties génitales d'une femme se trouvant dans une époque menstruelle.

2o Ces taches, ainsi que celles qui sont sur le pan de derrière, ne contiennnent pas les éléments caractéristiques du sperme.

Scellé no 1. «La chemise que portait la fille B... dans la nuit du 19 au 20 juin courant, lorsqu'elle a été violée; par nous saisie et placée sous le présent scellé.

Le commissaire de police », « ILLISIBLE. »

Cette chemise est couverte sur ses deux pans de nombreuses et larges taches d'une coloration rouge ou rosée. Sur le pan de derrière ces taches acquièrent une certaine épaisseur, mais sans véritable empèsement du tissu sous-jacent. En aucun point on ne remarque de taches à contours sinueux, bien limités, et empesant le tissu comme celles que produit le sperme en se desséchant sur du linge.

L'examen miscroscopique de ces taches a été pratiqué comme il est dit précédemment, à propos de la première chemise. Elles se sont montrées composées d'un grand nombre de cellules épithéliales pavimenteuses et de corpuscules sanguins en proportion plus ou moins considérable suivant l'échantillon examiné. - Sur aucune préparation nous n'avons pu apercevoir de spermatozoïdes. Conclusions: 1° La chemise de la fille B... est couverte de taches

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