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droyés, à tel point que cette maladie, parmi ses nombreux synonymes, a été désignée sous le nom d'apoplexie. Il est clair qu'il faut séparer d'une manière complète la cause occasionnelle de la maladie qui est multiple et la maladie en elle-même.

Il faut s'efforcer de supprimer par tous les moyens possibles le développement des organismes microscopiques. Voyez quelle différence il y a entre vous et moi. Vous dites: La flacherie est une maladie que je ne connais pas et à la suite de laquelle viennent les organismes microscopiques. Moi je dis, au contraire : La maladie n'existe que lorsqu'il y a des organismes microscopiques. Alors immédiatement, au point de vue pratique, j'aurai l'idée de rechercher si, en plaçant sur la feuille certains antiseptiques, comme l'acide borique et Tacide salicylique, je nomme ceux-là parce que nous les avons employés, -jai, dis-je, tout de suite l'idée de rechercher si par ces antiseptiques on pourrait empêcher le développement des organismes de la fermentation de la feuille; et, si vous y parveniez, vous n'auriez pas la flacherie. MM. Verson et Susani ont appelé l'attention sur les vers passis et sur les vers gattinés. Je déclare que je ne sais pas ce que c'est qu'un ver passi. J'ai prononcé ce mot parce qu'il se trouve dans la note écrite que m'a remise M. Chamberland et que ce mot vient de M. de Lachadenède, qui est un praticien éclairé. Il a dit : Voilà des vers que nous appelons passis, qui sont absolument différents par leurs caractères généraux des vers flats. Ce sont des vers qui restent petits et qui meurent de consomption. Les vers flats, au contraire, ont pour caractère de manger jusqu'à la fin de leur vie, surtout dans les éducations qui sont frappées d'une manière si foudroyante à la fin du dernier âge du ver; comme je le disais tout à l'heure, ils sont si beaux qu'on est obligé de les toucher pour s'assurer que réellement ils n'ont plus de mouvements.

Je ne sais pas non plus au juste ce qu'on appelle gattine en Italie. J'ai dit ce que c'était dans ma note, et ce que j'ai dit je l'ai écrit sous la dictée de MM. Brambilla et Vittali, qui sont les aides très intelligents et très exercés des educations de M. Susani, et aussi sous la dictée de M. Susani. Vous pourrez voir là ce que j'ai appelé les vers gattinés. J'ai voulu, en parlant des vers gattinés et des vers passis, rechercher uniquement quelle pouvait être la cause des différences qui ont existé entre les observations de savants comme MM. Verson, Vlacovich, Bolle et les miennes propres. Évidemment, il y a une cause à ces différences dans les observations. Eh bien! je crois qu'elle est peut-être dans ce fait que ces messieurs ont rencontré, surtout en opérant sur des vers dans les premières mues, des vers qui leur ont paru être malades de flacherie et qui étaient malades de toute autre chose, et notamment de ce qu'on appelle en Italie des gattinés et en France des passis. C'est là ce qui a pu faire l'erreur. Peu m'importe, du reste. Je ne me suis arrêté un instant sur ces expressions qu'à cause de la différence qui a pu exister entre l'observation de mes collègues et les miennes propres.

M. Susani a dit : «Il est arrivé souvent à M. Pasteur de prendre des vers et quand je lui demandais si ces vers étaient flats, il me répondait : «Je n'en sais rien, c'est possible; nous allons voir au miscroscope. Distinguons bien. Autre chose est d'avoir une conviction parfaite, comme je l'ai

en ce moment-ci, sur le caractère d'une maladie comme la flacherie; autre chose est de se livrer sur un certain point à l'étude de cette maladie. Quand je suis arrivé en Italie, j'ai demandé itérativement, mille et mille fois, à M. Susani de me présenter des vers que nous reconnaîtrions l'un et l'autre pour être atteints de flacherie accusée, fût-elle commençante. M. Susani vous dira, avec sa loyauté bien connue, que dans aucune circonstance il ne lui a été possible, à lui ou à l'un de ses aides si exercés, de me fournir un ver désigné par eux comme flat, sans qu'immédiatement j'aie reconnu les organismes microscopiques. Maintenant, nous nous présentons devant une table, devant une ponte de vers à soie où il y a de la flacherie; nous en éloignons tous ceux qui sont manifestement malades, et puis, nous gardons les bons. C'est ce que j'ai fait précisément pour isoler mes cinquante vers de cette ponte de cocons jaunes n° 496 dont M. Susani doit se souvenir. Eh bien! quand j'ai pris ces cinquante vers, qui étaient très beaux, je ne pouvais pas dire si parmi ces vers il y avait de la flacherie. Ils paraissaient très beaux et mangeaient encore. La flacherie n'a pas de caractères tels qu'on puisse dire d'un ver qu'il est flat lorsqu'il n'a qu'un commencement d'organisme dans son canal intestinal.

En effet, il est arrivé que sur ces cinquante vers très beaux que j'avais choisis pour les observer, un certain nombre avaient dans leur crottin des organismes microscopiques et, par conséquent, ils en avaient dans leur canal intestinal. Si maintenant vous me dites, lorsque les observations sont faites et que nous sommes dégagés des tâtonnements de l'étude : Ce ver est-il flat? Je réponds catégoriquement: Il est flat s'il a des organismes microscopiques dans son canal intestinal. Si vous le voulez, nous ferons l'expérience suivante : nous étudierons les crottins de certains vers et nous verrons que si le crottin contient des organismes, le ver périra de flacherie ou bien il manifestera des caractères évidents de flacherie lorsqu'il fera son cocon et se transformera en chrysalide. Dans le cas contraire, le ver se portera parfaitement bien jusqu'à la fin de sa vie. Je le répète donc, je ne crois pas qu'il me soit arrivé une seule fois, pendant les quatre semaines que j'ai passées en Italie, que l'on ait pu m'offrir un ver désigné par les praticiens comme atteint de flacherie plus ou moins accusée, sans que sur-le-champ j'aie reconnu dans les matières du canal intestinal la présence des organismes microscopiques. Voilà ce que j'avais à répondre aux personnes qui viennent de prendre la parole.

M. VERSON s'exprime en italien. Je dois repousser d'une manière absolue ce que M. Pasteur insinue au sujet de Vlacovich et de moi, à savoir que nous aurions confondu la flacherie avec quelque autre maladie. Cette supposition doit nous surprendre d'autant plus que c'est par Vlacovich et moi, si je ne me trompe, que les signes caractéristiques de cette maladie ont été montrés scientifiquement pour la première fois. Car on appelait autrefois flat le ver qui, sans cause appréciable, devenait mou et dont le cadavre se corrompait rapidement; tandis que nous avons montré qu'outre ces signes extérieurs auxquels il est très facile de se tromper, il existe des altérations particulières à un organe déterminé et qui ne manquent jamais dans la flacherie.

D'ailleurs M. Bellotti a dit avec raison que peut-être la différence entre l'opinion de M. Pasteur et celle que soutiennent d'autres bacologues est plus dans les paroles que dans les faits, lorsqu'on interprète la première question présentée au Congrès dans le sens d'une corrélation concomitante des ferments avec la flacherie. En effet, j'ai dit qu'il y a des vers flats chez lesquels on n'arrive à découvrir ni ferments ni vibrions. Et cela ne peut être compris en un sens absolu, car il serait absurde de vouloir inférer de ce que l'observation attentive de deux ou trois cents champs de vision n'a pas montré d'organismes miscroscopiques, de vouloir inférer, dis-je, qu'il ne doit y en avoir aucun dans toute la masse du contenu intestinal, masse dont on n'a pu essayer qu'une petite portion. On n'a pas oublié, non plus, qu'à un degré de corruption plus avancé, les vibrions et les ferments deviennent très nombreux, et, pour en trouver ou n'en pas trouver, il suffit quelquefois d'exécuter l'examen microscopique deux fois à quelques heures d'intervalle.

Mais le point important est, je le répète, de voir si les vibrions et les ferments sont véritablement la première et l'unique cause de la flacherie. Les vers meurent et se corrompent quand on introduit dans leur organisme une quantité notable de vibrions ou d'êtres vivants de même sorte, de la même manière que sous l'action de la même cause appliquée avec assez d'intensité, mourraient d'autres animaux chiens, chats, lapins, dont le cadavre se corromprait rapidement. La corruption rapide du cadavre ne pourra jamais être un signe caractéristique d'une maladie déterminée dont elle pourra être un phénomène concomitant. Et de même que la présence, dans les déjections, de ces êtres microscopiques, qui s'y trouvent ordinairement dans le choléra asiatique, ne sera jamais suffisante pour établir la diagnose de cette maladie fatale, la présence des vibrions dans l'intestin du ver flat n'autorise pas à les proclamer comme la vraie et unique cause de la maladie qui nous occupe.

D'autre part, j'accorde pleinement que la présence des êtres microscopiques dans l'intestin du ver accompagne presque toujours la flacherie; je conviens que l'éducateur puisse et doive trouver dans ce produit morbide un criterium qui, dans la pratique, le guide pour distinguer le ver flat du ver non flat. Certainement ce caractère le trompera rarement et cette erreur ne peut lui être préjudiciable. Mais la question scientifique si les vibrions et les ferments sont ou ne sont pas la vraie et unique cause de la flacherie, est chose toute différente. Et, pour Vlacovich et moi, cette question est résolue dans le sens négatif.

M. PASTEUR. Je ne veux dire que deux mots; ne connaissant pas l'italien, je prendrai une connaissance plus exacte de ce qu'a dit M. Verson. Si j'ai bien compris, il pense qu'il y a là deux questions entièrement distinctes, la question scientifique et la question pratique, et que c'est surtout la question pratique qui doit nous occuper.

Je rappellerai que nous sommes présentement réunis pour discuter dans cette première séance, et peut-être dans la séance suivante, une question parfaitement déterminée qui a été mise au programme de la session actuelle par le Comité d'organisation, à savoir la corrélation entre la présence des orga

nismes et l'existence de la maladie. Si nous sommes tous d'accord, j'en serai charmé pour ma part, et il me semble, d'après ce qu'a dit M. Bellotti et même M. Susani, et d'après ce que vient de dire M. Verson, que nous sommes bien près d'être d'accord sur cette concomitance et sur cette corrélation. Pour moi, si nous sommes d'accord sur ce point-là, il y a un pas immense de fait au point de vue de la pratique, et j'en donnerai tout de suite la preuve.

Je suis convaincu que pas un éducateur n'a suivi exactement les indications que j'ai données pour prévenir la flacherie héréditaire ou au moins toutes ces indications. Quel est celui, par exemple, qui s'est préoccupé de savoir si les vers, au moment de la montée à la bruyère, renfermaient des organismes microscopiques? Quel est celui qui a suivi décidément les conseils que j'ai donnés tout à l'heure en rappelant quelques lignes de mon ouvrage sur les vers à soie? Eh bien! on le fera à l'avenir si nous croyons tous à la corrélation dont il s'agit.

On peut se convaincre aisément que les éducations les mieux réussies comme production en cocon ont assez souvent, dans les graines qui en proviennent, la prédisposition héréditaire à la flacherie. Dans ces éducations, fréquemment les vers, au moment de la montée à la bruyère, ont un état de langueur qui frappe les yeux exercés et qui s'explique par la fermentation de la feuille de mûrier dans le canal intestinal. Voilà ce qui est à éviter. Si les membres du Congrès sont parfaitement d'accord sur la corrélation qui est en discussion, il y a, je le répète, un grand pas de fait au point de vue des principes à suivre pour empêcher le développement de la flacherie. C'est ce que je développerai dans les séances suivantes.

M. LE PRÉSIDENT. La suite de la discussion est renvoyée à demain.

La séance est levée à midi et demi.

SEANCE DU 6 SEPTEMBRE 1878.

PRÉSIDENCE DE M. MARTELLI-BOLOGNINI.

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SOMMAIRE. Lecture et adoption du procès-verbal de la séance précédente. Publications offertes au Congrès. · Reprise de la discussion sur la FLACHERIE, QUESTION A: MM. Maillot, Verson; remise de la discussion de la question A à la séance du lendemain. Discussion sur la QUESTION B: ÉTUDE DE QUELQUES CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES SE DÉVELOPPERAIT LA FLACHERIE; mémoires présentés au Congrès; M. Susani, rapporteur; Discussion: MM. Piroja, Franceschini, de Chavannes, Apostolopoulos, Pasteur. Discussion sur la QUESTION C. RECHERCHE DE MOYENS CURATIFS OU PRÉVENTIFS; mémoires présentés au Congrès; M. Cantoni, rapporteur; Discussion: MM. Darbousse, Pasteur, Susani, Martinet, Maillot.

La séance est ouverte à 10 heures un quart.

M. GERNEZ, secrétaire général, donne lecture du procès-verbal de la séance précédente.

M. LE PRÉSIDENT. Personne ne demande la parole sur le procès-verbal?
Le procès-verbal est adopté.

La parole est à M. le Secrétaire général.

M. GERNEZ, secrétaire général. La correspondance imprimée comprend les pièces dont voici l'énumération :

Bulletin des soies et des soieries, revue hebdomadaire lyonnaise. Lyon, 1878.

Volume e peso specifico del bombice del Gelso nei vari suoi stadi, del D' Ruggero Cobelli. Rovereto, 1878.

Peso industriale del bozzolo e delle uova del bombice del Gelso, del Dr Ruggero Cobelli. Rovereto, 1878.

La regenerazione della razza Gialla, del Dr Ruggero Cobelli. Rovereto, 1877. Terza annata.

La regenerazione della razza Gialla, del D' Ruggero Cobelli. Rovereto, 1877. Quarta annata.

La processionaria del Pino Frammento de monografia secondo osservationi propria, del D' Ruggero Cobelli. Rovereto, 1877.

Conferenze publiche di microscopia applicata alla bachicoltura, del prof. Edoardo

Perroncito.

Alcune esperimente sulla tenacita di vita dei corpusculi di Cornalia, del prof. Edoardo Perroncito.

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