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dats, se battant comme des lions, dire au milieu de la bataille : je ne veux pas mourir aujourd'hui, pour voir la fin d'un si beau jour. On put cependant remarquer la quarante-huitième demi-brigade employée avec d'autres troupes à une manœuvre qui devait assurer la victoire. Elle se disposait à entrer dans une forêt qui forme un défilé d'un myriamètre d'étendue, depuis Martempot jusqu'à Hohenlinden, pour tomber par là sur les derrières de l'ennemi. Un corps d'Impériaux, chargé d'observer ce point du champ de bataille, lui opposa trois pièces d'artillerie, et on vit, en même temps, s'avancer, au pas de charge, trois bataillons de grenadiers hongrois, formés en colonne serrée. Le général Richepanse, qui commandait la colonne française, se tourna alors vers la demi-brigade qui marchait en tête, et lui adressa ces paroles terribles Grenadiers de la quarante-huitième, que me dites-vous de ces hommes-là?- Général, ils sont morts! répondirent les grenadiers; et à ces mots la colonne française, se précipitant sur les adversaires qui s'opposaient à elle, s'ouvrit un passage à travers leurs rangs dans lesquels elle sema l'épouvante et la mort.

Moreau, passant ses troupes en revue après la victoire, leur avait crié mes amis, c'est la paix que vous venez de conquérir! On ne tarda pas effectivement à la signer. Avant de réduire les

Autrichiens il fallut cependant encore les forcer successivement sur l'Inn, la Saltza, la Traunn et l'Ens, et s'avancer jusqu'à vingt lieues de Vienne.

En vingt jours, l'armée française avait conquis quatre-vingts lieues de terrain, pris ou vu périr quarante-cinq mille hommes. Cent quarante-sept pièces de canon et une grande quantité de drapeaux étaient restés en son pouvoir.

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Un nouvel armistice suivit la bataille de Hohenlinden mais celui-ci fut le dernier; la paix vint après. Par cette paix signée à Lunéville, le 9 février 1801, l'Autriche fit à la république française la cession de la Belgique, stipulant aussi que, du côté de l'Allemagne, cette république n'aurait que le Rhin pour frontière. L'empereur reconnut en outre les républiques cisalpine et ligurienne, se chargeant même de dédommager les princes d'Italie qui souffraient de cette disposition, à la condition que, de son côté, il serait reconnu possesseur légitime et incontestable de l'Istrie, de la Dalmatie, des îles ci-devant vénitiennes de l'Adriatique en dépendant, des bouches du Cattaro, de la ville de Venise, des lagunes et des pays compris entre les états héréditaires de lui empereur, la mer Adriatique et l'Adige, depuis sa sortie du Tyrol, jusqu'à son embouchure dans ladite mer; le Thalweg de l'Adige, servant de ligne de limitation.

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Par l'article 5, le grand duc de Toscane avait

renoncé, pour lui et pour ses successeurs, au grand duché de Toscane et à l'Ile d'Elbe, en faveur de l'infant duc de Parme. Ce dernier prince vint présenter son hommage au premier consul, à Paris, avant d'aller régner avec le titre de roi d'Etrurie. Ce ne fut pas un des spectacles les moins extraordinaires de ces temps de merveilles, qu'un héritier éloigné, il est vrai, de la maison de France, fait roi en Italie par la république française, et admis en cette qualité à la cour du chef de cette république.

Un traité de paix avait été signé en Italie, avec le roi de Naples et des Deux Siciles, sur l'intervention de la Russie, pendant qu'à Paris, la France et les Etats-Unis d'Amérique resserraient les liens de leur ancienne alliance. L'Angleterre ne tarda point à suivre l'exemple de l'empereur d'Allemagne, dont elle avait, autant que possible, retardé la soumission. Ce fut à Amiens que les Anglais signèrent leur traité, le 25 mars 1802. Ce traité, commun à la France, à l'Espagne et à la Hollande, portait, pour dispositions principales: Que les prisonniers et ôtages seraient restitués sans rançon, six semaines au plus tard, à compter du jour de l'échange des ratifications; que la république française, le roi d'Espagne et la république batave seraient remis en jouissance de toutes les colonies et possessions qui leur appartenaient respectivement, et qui avaient été occupées ou conquises par les

forces britanniques, à l'exception de l'île de la Trinité et des possessions hollandaises dans l'île de Ceylan; que la république des Sept-Iles était reconnue (1); que les îles de Malte, de Gozo ct de Comino, reprises par les Anglais depuis l'expédition d'Egypte, seraient rendues à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, pour être par lui tenues aux mêmes conditions auxquelles il les possédait avant la guerre, l'ordre devant cependant subir, dans sa composition, des changemens considérables, tels que la suppression des chevaliers anglais et français, et l'admission de chevaliers maltais qui, n'étant tenus à faire aucune preuve de noblesse, seraient cependant admissibles à toutes les charges, et jouiraient des mêmes priviléges que les autres chevaliers; que les troupes françaises évacueraient le royaume de Naples et l'état romain, tandis que, par réciprocité, les troupes anglaises se retireraient également de Porto-Ferrajo, et en général de tous les ports et îles qu'elles occupaient dans la Méditerranée ou dans l'Adriatique ; — qu'enfin, la branche de la maison de Nassau, qui était établie jadis en Hollande, y ayant fait des pertes, tant en propriétés particulières, que par le changement de constitution, il lui serait procuré une compensation équivalente pour lesdites pertes. On

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(1) République ayant pour chef-lien l'île de Corfou.

ne stipula rien dans ce traité pour l'Egypte particulièrement, parce que les troupes françaises l'avaient déjà évacuée.

Bonaparte, dans les lettres qu'il laissa en quittant ce pays, avait promis de faire parvenir promptement de France des secours de toute espèce, soit qu'il comptât, pour l'accomplissement de cette promesse, sur ses sollicitations auprès du directoire exécutif, soit que dès-lors il songeât à la révolution qui devait bientôt remettre en ses mains tous les moyens du gouvernement. Cette révolution n'ayant pas immédiatement procuré à la France la paix avec le reste de l'Europe, ne laissa de longtemps disponible aucune troupe que l'on pût envoyer en Egypte, et cependant les Ottomans ne tardèrent pas à y reparaître, secondés par les Mameloucks qui y tenaient encore la campagne. Le général Kléber,après avoir triomphé trois ou quatre fois des uns et des autres, ne voyant arriver aucun renfort, profita de l'attitude respectable que ces différens avantages lui avaient permis de prendre, pour obtenir au moins des conditions honorables de retraite, à l'approche d'une nouvelle armée ennemie beaucoup plus considérable que les précédentes. Ces conditions portèrent, que les troupes françaises, évacuant le pays avec tous les honneurs de la guerre, seraient transportées en France snr soixante vaisseaux turcs venus de Constantinople, de Smyrne et de Salonique.

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