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On en trouve auffi qui ne reçoivent aucun fleuve; on les regarde comme de grands réfervoirs où s'amaffent les eaux qui découlent des montagnes voifines. Il en eft dont les eaux s'agitent avec beaucoup de bruit, & qui caufent des inondations; d'autres qui hauffent ou baiffent fuivant le flux & reflux de la mer &c.

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Les eaux minérales ont ordinairement quelque odeur, un goût particulier, & le plus fouvent une couleur différente de celle de l'eau pure; elles gelent rarement. Il y en a de froides & de chaudes. On trouve parmi les froides une efpece qui contient des parties minérales très - légeres qu'une chaleur modérée diffipe & réduit en fumée: de cette nature font les eaux aigres, qui contiennent des parties volatiles vitrioliques, & dont les vapeurs font ou faines ou fuffocantes; & les eaux volatiles alcaliques. Il en eft une autre efpece qui eft groffiere & qu'il faut encore fousdivifer en différentes efpeces particulieres; car il y en a qui contient beaucoup de matiéres terreftres, & qui forme une croûte fur tel corps que l'on y pofe ou en remplit les pores & les pétrifie; fouvent cette eau fe pétrifie elle-même. Une autre espece contient du vitriol: telle eft l'eau de cementation, laquelle renferme du vitriol bleu & diffout les petites particules de fer & les

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transforme en cuivre; l'eau de vitriol verd, & l'eau de vitriol blanc; une autre contient de l'alun, telle eft l'eau que l'on trouve dans les mines d'alun; une autre du fel commun, telles font les eaux de la mer & des fources falées. D'autres enfin renferment du fel al calique; du fel moyen, du' fel ammoniac, du petréol; (à cette efpece appartiennent les eaux couleur de fang mêlées de Piffafphalte (oleum terræ,) & la pluie de foufre) du foufre, du poifon. Il y a en outre des eaux aigres, qui font en partie ferrugineufes, ou bien qui contiennent du fel commun, du fel alcalique & du fel moyen. Parmi les

eaux minérales chaudes, on compte premiére ment les bains, qui ne renferment aucune! partie groffiere & offrent une eau pure & fpiritueufe; en fecond lieu, les bains groffiers dont les parties minérales font ou ferrugineuses, ou alcalines, ou du fel moyen. Les favans ont fait beaucoup de recherches,' pour découvrir le principe de la chaleur de ces eaux; mais leurs différentes opinions ne font pas toutes également vraisemblables: la plus fûre, à mon avis, eft celle qui le trouve dans les feux fouterrains, dont l'exiftence paroît ne pouvoir être revoquée en doute." Plufieurs de ces fources font fi chaudes, que l'on pourroit y cuire de la viande: l'Islande en offre de cette efpece.

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§. 69.

Les rivieres & les fleuves fe jettent enfin dans la mer, comme dans un grand réservoir. La mer comprend la plus grande partie de la furface du globe, & peut être divifée en deux grandes parties quoiqu'inégales, en allant du nord vers le midi. Je comprens dans la premiere la mer qui eft entre l'Europe l'Afrique & l'Amérique & dans la feconde celle qui eft entre l'Amérique & l'Afie. La Terre-ferme eft entiérement entourée d'eaux. Le fond de la mer eft de même nature que la terre, dont il eft fans doute une continuation; puifqu'il nous offre des montagnes, des rochers, des vallées, des antres, des plaines, des bancs de fable, différentes efpeces de terres & de pierres, des fources, des rivieres, des plantes, des animaux. La mer n'eft nulle-part fans fond; mais fa profondeur est très-inégale: elle peut avoir dans quelques endroits au plus un mille d'Allemagne, dans tous les autres elle en a beaucoup moins. Les navigateurs la fondent par le moyen d'un à plomb du poids de 31 livres, dont la forme eft cilindrique. La bafe de cet à- plomb eft tant - foit - peu creufe & frottée avec du fuif & du beurre, afinqu'en la defcendant avec une corde il accroche des particules qui fervent à faire connoître la nature des matieres qui compofent le fond de la mer. Mais lorsque la corde n'eft pas affez longue pour y atteindre,

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on fe fert de certains inftrumens, auxquels on attache une veffie ou quelque autre corps fort léger: dès que l'inftrument touche le fond de la mer, la veffie remonte fur l'eau; & alors on calcule la profondeur des eaux d'après l'espace de tems que cette vessie a mis pour aller & revenir. Les îles qui font dans la mer, peuvent être regardées comme des fommets de grandes chaînes de montagnes, dont le pied est caché fous les eaux, On en trouve également à fleur d'eau, & d'autres qui ne paroiffent pas. La mer eft plus peuplée & plus fertile que la terre- ferme, & le nombre & l'efpece des animaux & des plantes qu'elle renferme dans fon fein, eft étonnante.

§. 70.

Les eaux de la mer font généralement falées; mais elles le font beaucoup plus vers l'Equateur que vers les Poles; on a auffi remarqué, que celles qui fe trouvent au fond de la mer, font plus falées que celles qui font vers la furface: mais les obfervations que l'on a faites à cet égard ne font pas tout-àfait certaines; du moins ne paroît-il pas, que la différence qu'elles établiffent, foit générale. La falure des eaux de la mer, (qualité qui leur eft propre depuis le moment de la création) eft une nouvelle preuve de la prévoyance de Dieu: car par-là ces eaux font F4

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préfervées de la pourriture, & deviennent plus propres à porter de grands vaiffeaux, elles gelent plus difficilement que les eaux douces, & fourniffent à quantité de peuples le fel néceffaire pour leur ufage, enfin un nombre infini d'efpeces d'animaux, auxquels l'eau douce eft contraire, vivent dans les eaux de la mer. Elles font auffi ameres, & il eft plus difficile de leur faire perdre cette amertume, què la falure. La lueur qu'elles donnent pendant la nuit, lorfqu'elles font agitées, eft occafionnée par une espece de vers, que VIANELLI a découverts, & dont l'existence a été plus particuliérement vérifiée par GRISSELINI. Ce fait a été démontré par l'abbé NOLLET, & le Sr. RIGAULT, médecin à Calais, a découvert, que ces petits animaux font autant de polypes, dont la transparence eft prefqu'égale à celle de l'eau.

D'autres

favans prétendent, que cette lueur provient des plantes marines, qui parvenues à un certain degré de corruption, forment une matiere phosphorique & électrique, mais qui n'a d'éclat qu'autant que l'air eft agité; FOUGERON dans l'Hift. de l'Acad. des Sciences, année 1767.

S. 71.

Lorfqu'il ne fouffle aucun vent, la furface de la mer eft parfaitement unie & reffemble à une glace; mais auffitôt qu'il en furvient,

on

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