a préféré de fuivre parce que c'eft la plus ufitée, exigeoit des renfeignemens d'autant plus exacts que dans ces derniers temps elle a été foumife à des mutations dans plufieurs états. L'on fent trop combien il a dû être difficile de fe procurer également ces renfeignemens de tout coté, tant pour cette partie que pour les autres, pour s'étonner de voir cette géographie fe perfectionner de plus en plus.

Tout le monde fait que Mr. BüSCHING, Docteur de Berlin, eft jufqu'ici le feul qui fe foit occupé du vafte projet de donner une géographie détaillée & complete, & quoiqu'il ne l'ait pas encore exécuté en entier pour les quatre parties du monde, ce feroit bien mal apprécier les foins heureux qu'il s'eft donnés pour l'Europe & la partie d'Afie qu'il a publiées, que de rejetter comme fuperflues les notions détaillées qu'il a fu raffembler fur chacun des pays de ces contrées, les plus peuplées & les plus intéreffantes du globe. Auffi les éditions nombreufes, multipliées coup-fur-coup, qui fe font débitées de cet ouvrage en allemand, rendent elles affez hautement témoignage dés fuffrages qu'il a obtenus du Public & des connoifleurs.

Mais puifque de l'aveu de l'Auteur & fous l'agrément du Ministère François, nous avons formé l'entreprise de le faire connoî-tre dans ce Royaume, où l'on n'en a point

de

de pareil, nous nous croyons obligés, tant envers Mr. BüsCHING qu'envers nos Lecteurs, de les défabufer fur une prétendue traduction de sa Géographie faite en Suiffe, & dont le profpectus, daté de 1780, est figné de la Société Typographique de Lau fanne. Nous ne prétendons pas que cet ouvrage foit abfolument deftitué de mérite: il eft impoffible de prendre dans BÜSCHING, & de ne rien donner de bon; mais tel qu'il eft, nous ofons dire que, loin de mériter le titre qu'on lui a donné, il ne peut que compromettre la réputation de notre célebre Géographe, & induire le Public en erreur. Que l'on nous permette de nous y arrêter un moment.

Dans le profpectus, où l'on nous fait auffi l'honneur de parler de notre édition, il est dit que le BüsCHING de Laufanne n'aura que Sept volumes pour l'Europe, au lieu de quatorze qu'aura celui de Strasbourg, & que cependant on ne retranche que des détails inutiles ou étrangers à la Géographie, tandis que d'un autre coté on y fait un grand nombre d'additions fur des objets effentiels: d'où il feroit naturel de conclure, par la raison que 14 eft le double de 7, que le célebre Géographe de Berlin auroit compilé, nonfeulement la moitié tout juste de fon ouvrage, de chofes fuperflues & étrangeres à fon objet, mais même bien davantage, puifqu'une grande partie des fept volumes aux

quels

quels on le réduit apartient encore aux rédacteurs fuiffes. Or que l'on juge par ce feul trait, de leur audace & de leur abfurdité. Nous n'oferions à la vérité prétendre que notre Auteur fût abfolument exempt de défauts; c'eft un privilege refufé par la Nature aux ouvrages des hommes: mais voyons néanmoins ceux que reprennent en lui les éditeurs de Laufanne; nous n'avons qu'à fuivre leur préface.

Lè premier, difent-ils, c'eft qu'il paroît trop volumineux: ils avouent cependant que les Géographes par état ou par goût ne s'en plaindront pas; mais ce qui les inquiete fur-tout, c'eft la crainte que la jeuneffe' ftudieufe n'en foit effrayée. Or pourquoi donc Mr. BüscHING n'auroit-il pas eu l'intention de faire un ouvrage du métier, une géographie de Géographes; de même qu'un médecin écrit pour les gens de cette profeffion, un géometre pour les géometres, un jurifconfulte pour les gens de loi? Quant à l'ufage général & aux jeunes gens, l'Auteur a tout auffi bien vu que ces Meffieurs qu'il leur falloit un Abrégé, & il s'eft donné la peine d'en faire un lui même encore moins effrayant pour eux que celui de Laufanne puifqu'il eft en un feul volume, à la vérité de plus d'onze cents pages dans l'allemand, non compris la table: & cet Abrégé, qui P'emporte à tous égards fur la rhapsodie fuiffe, nous nous propofons de le donner auffi

au

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au premier jour. Il eft d'autant plus intéreffant, qu'étant poftérieur à toutes les éditions de la grande géographie, l'Auteur y a inféré beaucoup de notices nouvelles que nous avons été fouvent obligés d'emprunter pour l'édition complete de celle-ci.

Enfuite ces Meffieurs reprochent à BüSCHING d'avoir défigné les poffeffeurs des terres nobles & des feigneuries dont il rend compte, prétendant que ce détail apartient aux almanacs de cour, qui cependant pour l'ordinaire n'en difent mot. Ils ne veulent point non plus que dans la defcription d'une ville on falle mention des évênemens funeftes ou mémorables qui la concernent, tels que les incendies, les fieges, &c. ils affurent magiftralement que la place de ces évênemens eft dans l'hiftoire & non dans la géographie, où ils font trop fecs, trop ifolés; comme fi ces deux fciences n'étoient pas fi étroitement liées par la nature de leurs objets, qu'elles ne peuvent jamais paroître fans quelque cortege l'une de l'autre ! Mais qui croiroit, après cette judicieufe obfervation des rédacteurs fuiffes, qu'ils ont eu la belle idée très-conféquente, de vouloir amplifier néanmoins la partie hiftorique de cette géographie, tout en la réduifant de plus de moitié? C'est ce que nous allons voir bientôt.

Ils trouvent mauvais qu'un Géographe donne la defcription des maifons royales; X(4

ils

ils exigent qu'il fe borne à donner les noms feulement des principales. Ils annoncent avec emphafe qu'ils rendent divers articles plus précis, qu'ils en abrégent d'autres ; comme fi c'étoient là deux opérations différentes, fur-tout quand les fuppreffions font annoncées à part. En fait de fuppreffions, par exemple, ils ont réprouvé les noms des villages & des châteaux peu connus, prétendant que tous noms font inutiles dans un livre, quand ils ne fe trouvent pas de même. fur la carte d'un pays: de forte que, felon eux, il n'eft pas permis de fuppléer d'aucune maniere à l'infuffifance des cartes, toujours néceffairement incompletes dans les détails Mr. BüSCHING favoit très-bien que ces noms n'intéreffent pas tout l'univers, mais il favoit aufli qu'ils entroient dans fon plan, & qu'ils doivent fe trouver dans une géographie détaillée.

Ils lui reprochent de n'avoir pas donné de mesure commune pour l'évaluation des monnoies; c'est ce qui eft faux: Mr. BüSCHING les ramene aux efpeces de compte ufitées dans l'empire. Il eft vrai qu'écrivant en Allemagne il ne s'eft pas avisé de tout rapporter aux monnoies de France: mais c'est un foin qui nous étoit réservé, & que nous n'avons pas oublié de prendre dans l'occafion. Il en faut dire autant des poids & des mefures, itinéraires ou autres. Ces Mef