Page images
PDF
EPUB

sente loi entrera en vigueur, se régler d'après notre patente du 3 novembre 1855, no 195 du Bulletin des lois. Néanmoins toutes les questions qui se rapportent à la validité du mariage, et sur lesquelles une décision valide n'aura pas été rendue avant le 1er janvier 1857, devront être soumises à la décision du tribunal ecclésiastique.

Art. 12.Si le tribunal ecclésiastique rejette une demande de nullité présentée par un non catholique, par ce seul motif que l'empêchement indiqué n'est pas reconnu par le droit canonique, la décision à intervenir se prendra conformément à l'art. 10.

S'il s'agit d'une séparation de lit et de table, le tribunal civil compétent sera celui devant lequel la question étoit pendante le jour susmentionné, et la décision sera rendue conformément aux lois actuelles.

Art. 13. A compter du jour où la présente loi entre en vigueur, sont privées de toute force légale toutes les dispositions du Code civil qui regardent les mariages des catholiques et celles qui sont contenues dans nos règles de juridiction des 22 décembre 1831, 30 novembre 1852, 16 février et 3 juin 1855, et relatives à la compétence des tribunaux en affaires matrimoniales, en tout ce que ces dispositions ont de contraire à la présente loi.

Art. 14. Notre ministre de la justice est chargé de l'exécution de la présente loi, de concert avec notre ministre du culte et de l'instruction publique, et avec le commandant en chef de notre armée. Donné à Ischl, le huit du mois d'octobre mil huit cent cinquante-six. FRANÇOIS-JOSEPH, m. p. (L. S.)

L'INSTRUCTION DES SOURDS-MUETS

MISE A LA PORTÉE DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS;

Par M. l'abbé C. Carton, directeur de l'Institut des Sourds-Muets, chanoine honoraire de la cathédrale de Bruges et de l'église métropolitaine de Paris, etc. Bruxelles 1856 chez Goemaere; 1 vol. grand in-16 de 252 p.

La Société centrale d'éducation et d'assistance pour les sourdsmuets, établie en France, mit au concours en 1855 la question suivante : " Indiquer les meilleurs moyens théoriques et pratiques à » mettre les instituteurs primaires et toutes les personnes instruites, » en état de commencer l'éducation d'un sourd-muet. » Ce premier appel n'eut pas de succès. Deux mémoires furent adressés à la Société; mais aucun d'eux ne parut répondre aux conditions du programme et la question fut remise au concours. Cette fois dix-huit memoires furent adressés au secrétaire-général de la Société ; et c'est celui de M. l'abbé Carton qui fut jugé le meilleur.

«De tous les concurrents, dit le rapport présenté à la Société, » l'auteur du mémoire no 3 (M. Carton) est incontestablement celui » qui a le mieux compris la question posée; son travail se distingue » par beaucoup de simplicité et une grande clarté, des observations » pleines de sens et toujours mises à la portée des personnes qu'on

»a en vue, en rendent la lecture attrayante et instructive; les pro» cédés de l'enseignement y sont classés dans un ordre logique; ils » se lient et se développent les uns par les autres. Vous voulez mettre » les instituteurs primaires en état de commencer l'éducation d'un » sourd-muet? Eh bien, dans le mémoire no 3, on voit un profes»seur, placé par le fait du hasard, en présence d'un instituteur pri» maire, modeste et éclairé, qui n'ose entreprendre l'éducation d'un » sourd-muet pour lequel il à une vive affection; et non seulement le professeur lui démontre, par des raisons très-judicieuses, qu'il doit remplir ce devoir, mais encore que rien n'est plus facile pour lui. L'instituteur persuadé se met à l'œuvre, toujours guidé par le professeur, qui le suit pas à pas. On assiste, Messieurs, aux efforts » de ce maître novice dans ce genre d'enseignement, et on prend » part à la joie que lui font éprouver ses rapides succès. Des pré»ceptes d'une exactitude incontestable, des réflexions philosophiques » pleines d'apropos répandent sur tout cet ouvrage un intérêt auquel ajoute encore l'élégance, quoique un peu trop dramatique, du » style. Nous aurions voulu que l'auteur, qui possède si bien son sujet, eût donné un peu plus de développement à la partie pratique; mais le cadre en est largement tracé. »

30

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

M. Carton, qui vient de publier son mémoire, promet de consacrer une publication spéciale au développement que la Société auroit voulu trouver; et il convient que le vœu, exprimé par elle, doit être rempli.

Voyons, en attendant, le travail qu'il nous présente aujourd'hui et qui lui a procuré la victoire sur tant de concurrents.

La question proposée par la Société, laissoit une grande latitude à ceux qui vouloient la traiter. Indiquer aux instituteurs primaires les meilleurs moyens théoriques et pratiques de commencer l'éducation d'un sourd-muet; il n'y avoit là ni limite, ni restriction, ni méthode, ni forme proposée. Les concurrents pouvoient choisir. M. l'abbé Carton, pour se rendre plus clair et plus intéressant, a eu recours à la fiction. C'est au moyen de l'histoire de Petit-Paul, enfant né sourd, et de maître Thomas, vieux instituteur de village, qu'il propose et développe ses idées. Il se met lui-même en scène; et ses entretiens avec le maître d'école nous présentent l'exposé de sa méthode. Ce plan paroît aussi simple qu'ingénieux. Le lecteur s'attache dès le commencement à l'enfant et à ses parents, ainsi qu'au vieux magister qui entreprend de l'instruire, d'après les conseils et les leçons de l'auteur,

Il est vrai que le dialogue et la fiction allongent le raisonnement et le livre. M. Carton prend son élève à l'âge de 6 ou 7 mois; il raconte en détail les scènes d'anxiété que les premiers signes de l'infirmité de l'enfant occasionnèrent dans la famille, la douleur des parents lorsque les soupçons eurent fait place à une triste certitude, etc. Ce récit plus ou moins dramatique forme à peu près la cinquième partie du mémoire, et ne tient pas essentiellement à la question proposée. Mais c'est un des moyens que l'auteur emploie pour captiver le lecteur dès le commencement et pour le rendre attentif ; et en conséquence on n'oseroit le blâmer d'y avoir eu recours.

Car le grand point dans ce concours étoit de composer un livre qui fùt à la portée des instituteurs en général et des parents. 11 falloit donc, outre la simplicité et la clarté, un intérêt soutenu; et cet intérêt se trouve dans les détails que fournit la fiction et dans les entretiens des personnages mis en scène.

Mais d'un autre côté, si l'auteur avoit développé de la même manière la partie didactique et pratique, son travail seroit devenu trop étendu, et c'eût été un grand inconvénient; les lecteurs ordinaires, pour qui il écrit surtout, ne l'auroient peut-être pas suivi jusqu'au bout. C'est ce qui l'a obligé d'abréger; et de là le regret de la Société, exprimé dans le rapport qui lui est présenté par M. Puybonnieux. Du reste, cette lacune sera remplie, comme on l'a vu, et M. Carton s'engage à presenter ce développement dans un ouvrage spécial.

Comme il ne s'agit que du commencement de l'éducation d'un sourd-muet, il ne charge les instituteurs et les parents que d'une partie du cours d'instruction qu'on donne aux malheureux privés du sens de l'ouïe ; c'est-à-dire de l'enseignement de la langue parlée par le moyen de l'écriture. Le mémoire de M. Carton «<ne contient, dit-il, pas un mot qui puisse laisser soupconner qu'il existe différentes méthodes d'instruction, si tant est d'ailleurs qu'il en existe d'essentiellement différentes. » Il suffira, d'après cette méthode, d'exercer le sourd muet à la traduction de ses signes et gestes en mots, soit écrits soit représentés dans l'espace par l'alphabet manuel. On peut lui apprendre tout, pourvu qu'on écrire et qu'on fasse écrire; voilà la condition posée par l'auteur. On converse avec lui par signes; il faut qu'on apprenne d'abord son langage gesticulé pour celte communication; puis on multiplie les entretiens mimés, et l'on commence nécessairement par là, avant d'arriver à l'écriture. » Votre pantomime, dit M. Carton, doit devancer l'enseignement de la langue écrite, et enjamber sur les leçons de l'impitoyable grammaire... Posez à votre élève des questions par signes, avant qu'il connoisse le mécanisme de notre interrogation; conversez avec lui; vos âmes se comprendront plus vite par vos gestes, par vos yeux, que par la lettre morte; au lieu de le placer devant une leçon écrite, placez-le en face de la nature et aidez-le à en comprendre la voix. »

Le langage gesticulé est le premier instrument de l'enseignement, et l'instrument nécessaire. Toute autre langue qu'on apprend aux enfants, sans excepter la langue maternelle, n'est qu'une traduction. Sans les signes, sans les gestes, les mots qu'une mère répète à son enfant, u'auroient aucun sens et ne seroient pas entendus. » Ceux qui réfléchissent, dit M. Carton à Maitre Thomas, savent que l'ouïe ne donne pas l'intelligence de la langue; les mots soit parlés, soit écrits, n'ont par eux-mêmes aucune signification; je vous répéterois pendant des heures, pendant des semaines, un mot de notre langue, dont vous ne connoissez pas la valeur, que l'énonciation ou l'écriture seule du mot ne vous aideroit en rien pour en comprendre le sens. Renfermez une mère avec son enfant dans une chambre, mais en les séparant par une mince cloison, une toile opaque; que dans cette position, la mère répète du matin au soir et pendant des années tous les mots de la langue; l'enfant imitera le son qu'il entend; mais i

ne saura pas quelle idée ce son rappelle, ni quelle pensée il réveille dans l'âme de sa mère. Déchirez le voile; ôtez la cloison; mettez la mère en présence de son enfant ; qu'il la voie; et la mère, sous l'impulsion de son cœur, aura bien vite associé le substantif à la substance, le verbe à l'action, etc. »

Le langage des signes est donc le seul langage absolument naturel et universel, et il sert nécessairement à donner le premier enseigne

ment.

M. l'abbé Carton, néanmoins, ne pense pas que les gestes méritent le nom de langue. « On donne le nom de langue, dit-il, à la réunion de quelques gestes et de quelques actions. Ce terme manque d'exactitude : les signes, employés par les sourds-muets, n'ont ni déclinaison ni conjugaison, ni article, ni pronom, ni pluriel, que par l'adjonction d'un adjectif ou d'un adverbe, etc. Cette langue de signes n'a pas même des substantifs ; cette partie si essentielle des langues s'exprime toujours, 1° ou par des actions: lait, par l'action de traire et le signe de blanc, du pain, par l'action de couper, manger, etc. ; plante, par le verbe croître, planter, etc.; 20 ou par une réunion d'adjectifs œuf, par les signes de oval, blanc, fragile, etc.; du verre, par le signe de dur, transparent, etc.; 3° ou enfin par un dessin gesticulé de la chose ou de ses mouvements: oiseau, par bec, voler, etc.; table, par plat, rond ou carré et le dessin de trois ou quatre pieds, etc. »

L'auteur ne veut pas non plus qu'on donne aux signes le nom de langue naturelle. « Les signes spécifiques, dit-il, sont si peu naturels dans le sens que l'on veut donner à ce mot, que chaque sourd-muet, à peu près, emploie un signe différent pour exprimer la même idée. »

Le savant et judicieux auteur du mémoire couronné nous permettra de n'être pas tout-à-fait d'accord avec lui sur ces points. Il y a des Jangues parlées qui sont presque aussi simples, aussi dépourvues de déclinaison et de conjugaison, d'article, de nombre, etc., que le langage gesticulé. Comme nous en avons parlé plusieurs fois dans ce journal, et notamment en rendant compte du dictionnaire océanien de Mosblech, nous nous bornons à le rappeler. Le langage gesticulé a les substantifs comme toute autre langue; sans quoi, il n'exprimeroit pas la pensée; mais, dans ce langage, un mème signe exprime tantôt le nom, tantôt le verbe particularité qui lui est commune avec plus d'une langue parlée et dont nous avons eu l'occasion de citer, par ordre alphabétique, des centaines d'exemples.

Le premier langage du sourd-muet est essen'iellement naturel, puisque c'est lui qui l'invente et qui en fait usage sans maître. Et si deux sourds muets ont chacun un signe different pour exprimer la mème idée, c'est que l'un considère l'objet dont il est question sous tel rapport, et l'autre sous tel autre. Un sourd-muet, par exemple, désigne le cheval en figurant ses oreilles mobiles; un autre le nomme par l'usage qu'on en fait, en mettant l'index et le médius de la main droite à califourchon sur l'index de la main gauche. Ces deux gestes différents ne laissent pas d'ètre également naturels, puisqu'ils naissent spontanément et qu'on les comprend avec une égale facilité.

Ce qui prouve jusqu'à l'évidence qu'il existe un langage naturel, c'est qu'on instruit les sourds muets. De quelle manière converseroit on avec eux, pour leur donner les premiers éléments de la science, si ce n'est au moyen des signes qu'ils possèdent avant toute instruction?

Quoi qu'il en soit, nous souhaitons que ce petit ouvrage soit lu par ceux à qui il est principalement destine, et que les enfants sourdsmuets, admis dans les écoles ordinaires, soient instruits d'après la méthode proposée par M. l'abbé Carton.

BREF DE S. S. PIE IX

SUR LES PRIVILÈGES DE LA MONARCHIE SICILIENNE.

Peculiaribus adductus rationibus fel. mem. Benedictus XIII. Prædecessor Noster id consillii cepit, ut pro Regno Siciliæ ultra Pharum Constitutionem, quæ incipit Fideli ederet quoad Judicem, uti vocant Monarchiæ, ejusque tribunal. Ad universalis Ecclesiæ regimen Nos pariter, Deo sic disponente, vocati pro pastorali, qua urgemur, sollicitudine haud prætermisimus ad illam quoque catholici gregis partem mentis aciem, animique curas intendere, ut siquid animarum salus exquireret, illud paternæ providentiæ studio decerneremus. Quapropter rebus omnibus matura deliberatione perpensis, nedum omnes et singulas canonicas facultates, intra illos tantum limites, qui in memorata Constitutione Benedicti XIII. Prædecessoris Nostri præfiniti sunt, conservare intendimus, sed vero etiam spirituali fidelium bono, quod potissimum propositum Nobis est, consulere volentes, nec non Carissimo in Christo Filio Nostro Ferdinando utriusque Siciliæ Regi Illustri paternæ Nostræ benevolentic testimonium exhibere, ejusque desideriis obsecundare cupientes, novas favore Siciliæ concessiones tribuendas censemus, tum quod spectat ad dispensationes matrimoniales pro personis vera egestate laborantibus, tum quod pertinet ad causas super nullitate religiosæ professionis. Quas quidem concessiones ita tribuendas arbitramur, ut regulam simul tradamus, aperteque declaremus omnino tenendam in causis, quæ suscipiantur de invaliditate seu matrimonii, seu professionis in religioso aliquo Ordine emissæ, et modum pariter indicemus plane servandum ab iis, qui post suspensiones per Ordinarios ex informata conscientia prolatas reclamare velint. Quapropter auctoritate Nostra Apostolica statuimus ac decernimus quæ sequuntur.

Quamquam in despensationibus matrimonialibus super impedimentis tertii, et quarti gradus pro personis vere pauperibus a fel. rec. Gregorio XVI. Prædecessore Nostro per litteras in forma brevis incipientis, Jamdiu dispensandi facultas extensa sit Judici Monarchiæ etiam in casibus, in quibus impedimentum tertii, et quarti gra

« PreviousContinue »