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Cyr, à Vincennes, au déjeûner militaire de l'Elysée: tout cela risquait quelque peu de faire du peuple parisien un peuple monarchique, catholique et soldat. D'autre part, et c'était l'autre péril de ce voyage, les anarchistes l'ont fait précéder de menaces sauvages et, l'heure venue, ces menaces ont été réalisées : dans la nuit du mercredi 31 mai au jeudi 1er juin, à minuit et demi, alors que les voitures de gala ramenaient de l'Opéra le roi d'Espagne et le président, une bombe, lancée par un anarchiste de Barcelone, dont on sait le nom (Alejandro Farras), mais qu'on n'a pas arrêté encore, a éclaté sous les pieds des chevaux de l'escorte, et fait, dans l'escorte et dans la foule, une vingtaine de blessés... L'anarchie, du moins, n'a pas atteint son but, tandis que l'enthousiasme monarchique s'est pleinement donné carrière, en ce duel passionné dont la visite d'Alphonse XIII avait été le prétexte tacitement concerté.

Un mot encore pour la chronique de l'étranger. Elle est dominée en ce mois par la longue attente où la flotte russe a plongé le monde, et qui s'est terminée par la plus amère des déceptions: après avoir opéré sa jonction avec Nébogatof, Rodjestvensky est parvenu avec son escadre intacte jusqu'à Tsou-Shima, dans le détroit de Corée, mais là, comme un brouillard épais le mettait en infériorité vis-à-vis de la flotte de Togo, familiarisée avec ces parages, il a eu le plus grand nombre de ses bâtiments coulés ou capturés par un furieux assaut de quatre-vingts torpilleurs japonais. C'était le samedi 27 mai, et cette date restera dans l'histoire comme celle d'un désastre maritime sans précédent Rodjestvensky est prisonnier et blessé; Nébogatof s'est rendu avec trois mille marins; douze navires russes seulement sont parvenus à Vladivostock ou à

Wou-Soug. Cette catastrophe, qui profite à l'Angleterre non moins qu'au Japon, car elle la débarrasse d'une puissante rivale, hâtera-t-elle la paix, ou entraînera-telle la guerre à outrance? On ne saurait le dire encore.

L'adoption d'une législation « démophile » pour les mines prussiennes; les préparatifs pompeux du mariage du kronprinz Guillaume avec la duchesse Cécile de Mecklembourg; une allocution très favorable à l'Eglise catholique et à ses intérêts orientaux, prononcée à Metz par Guillaume II devant le cardinal Kopp, qui remettait à l'empereur les insignes de l'ordre du Saint-Sépulcre; un manifeste du général Botha, critiquant la constitution dont l'Angleterre a doté le Transvaal; plusieurs discours d'hommes d'Etat anglais pour le maintien de l'alliance japonaise; l'impuissance de l'opposition libérale, à la Chambre des communes, à dissocier M. Balfour et M. Chamberlain; la signature, à Caboul, d'un traité anglo-afghan, qui donne à l'Angleterre des garanties partielles contre la Russie; la persistance de la crise hongroise, l'empereur François-Joseph ne voulant pas accorder à l'armée hongroise un statut distinct de celui de l'armée autrichienne, et les oppositions coalisées du Reichstag de Pesth s'obstinant à réclamer cette autonomie militaire; diverses manifestations, dans la presse et dans le parlement italien, en faveur d'une action en Tripolitaine; l'institution d'une commission d'enquête sur l'administration de la marine italienne; la campagne menée contre le cabinet Villaverde par les libéraux espagnols, irrités de l'ajournement des Cortès jusqu'au 14 juin; une lettre d'Alphonse XIII au cardinal Casanas pour déplorer l'ouverture d'un temple protestant à Barcelone; l'apaisement relatif de l'agitation révolutionnaire en Russie, où la convocation d'une Assemblée nationale se prépare lentement, tandis que des mesures plus libérales prévalent en faveur des Polonais, ce qui n'empêche pas l'explosion de bombes

intermittentes à Saint-Pétersbourg et à Varsovie; l'adoption, par le Sénat des Pays-Bas, d'une loi qui donne aux Universités libres confessionnelles la collation des grades; l'aggravation du conflit suédo-norvégien, le Storthing de Christiania ayant voté un système séparatiste pour les consulats, et le roi Oscar ayant refusé, non seulement de ratifier ce projet, mais encore d'accepter la démission des ministres; l'avènement à Belgrade d'un cabinet Stoïanovitch, au lieu du cabinet Pasitch, et la dissolution de la Skoupchtina; la recrudescence de l'agitation crétoise, malgré les efforts conciliants de MM. Goluchowski et Tittoni à Venise; le succès définitif, au Yémen de l'insurrection arabe fomentée contre la Turquie par l'Angleterre; une révolte en Syrie, qui semble présager des changements en AsieMineure; l'installation des Anglais à Koweit, dans le golfe Persique; un prochain arrangement franco-italoanglais relatif à l'Abyssinie: tels sont, à l'étranger, les autres faits saillants du mois.

Paul TAILLIEZ.

TABLE DES MATIÈRES

Du 34 volume de la 2° série 1er semestre 1905

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Bibliographie.-La démocratie chrétienne, l'apologétique de l'immanence,

par Mgr Turinaz, L. L.-B., p. 96. Le problème de l'heure présente, an-

tagonisme de deux civilisations, par Mgr Henry Delassus, G. Théry p. 286.

Les catholiques et les élections en 1906, par Mgr Delamaire, évêque

de Périgueux et de Sarlat, H. L. B, p. 280.- La laïcisation des hôpitaux,
par A. Desplagnes, p. 285. - Histoire du Second Empire, par Pierre de
ja Gorce, A. Desplagnes, 380. Les sillons et les flots, par Charles, Li-
met, Edmond Rousse. de l'Académie Française, Ch. Boullay, p. 382.- Les
sacrements, par l'abbé Leon Désers, Ch. Boullay, p. 382.- Droit anglais
usuel, par Arthur Pavitt, p. 384. Liquidation des biens des congré-
gations religieuses, par Victor Ménage, p. 480. Les associations et les
cercles, par Jacques Grumbach, p. 480. Liquidation en justice des
biens des congrégations dissoutes, par M. Albin Curet, docteur en droit,
président du tribunal civil de Marseille, p. 480.

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Biens (Des) de l'Eglise et de leur administration canonique, en cas de
séparation de l'Eglise et de l'Etat. - Fr. Joseph Pie Mothon, o. p., p. 108,
317, 442.

Chronique du mois. Paul Tailliez, pp. 77, 172, 259, 358, 459, 555.

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Charles Périn. — L. L.-B., 289.

Concile (Un) français à Rome et le problème de l'heure présente. - Abbé
J. Fontaine, p 203.

Concordat (Le), de 1801, (suite). Ch. de Lajudie, pp. 50, 159.

Congrégations (Les créanciers des) non autorisées. - Eugène Godefroy,

avocat à la Cour d'appel de Paris, docteur en droit, p. 420.

Congrès (XXIX®) des Jurisconsultes catholiques, Montpellier, octo-

bre (1905), renseignements et programme, p. 481.

Dijon (Le nouvel incident de), et ses conséquences au point de vue cano-
nique. Abbé Delepouve, licencié en droit canon, p. 142.

Eglise (La liberté de l') devant l'histoire. - Dom F. Chamard, prieur de
l'Abbaye de Saint-Martin de Ligugé, p. 7.

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Fondation pieuse, desservant, refus de célébrer des messes, faute civile.
Jouarre, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de Cassation, p. 253.

Forêt (Une question de droit d'usage en). — C. de Kirwan, p. 150.

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