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tannique, et quoique cette démarche n'ait eu aucun résultat, elle n'en prouve pas moins l'empressement du Roi à se lier avec l'Angleterre.

Sur ces entrefaites, le Cabinet Autrichien proposa au Roi de conclure un Traité d'Alliance avec Lui et l'Angleterre conjointement. I assura Sa Majesté que Lord Aberdeen, Ambassadeur de cette Puissance à la Cour de Vienne, étoit autorisé par son Gouvernement à le signer, et promit que toutes les Puissances y accéderoient.

5. Le Roi ne perdit pas un moment à expédier à M. le Prince de Cariati, les Pleins-Pouvoirs nécessaires pour signer le Traité d'Alliance proposé par l'Autriche; mais tandis qu'on attendoit le résultat de cette négociation, on vit arriver à Naples le 30 Décembre, M. le Comte de Neipperg, Général Autrichien, muni de Pleins-Pouvoirs de Sa Majesté J'Empereur d'Autriche, pour signer un Traité d'Alliance entre les Cours de Naples et de Vienne.

On observa à ce Plénipotentiaire que l'intention du Roi étoit de traiter avec l'Autriche et l'Angleterre conjointement; sur quoi M. le Comte de Neipperg déclara que le Traité qu'il étoit chargé de conclure avec le Gouvernement Napolitain lui seroit commun avec l'Angleterre et les Puissances Coalisées, puisqu'il étoit couvenu entr'elles, que 'Allié de l'un seroit l'Allié de tous les autres, ajoutant qu'il étoit porteur d'Ordres du Gouvernement Anglais pour Lord William Bentinck, à l'effet de faire cesser les hostilités de la part de la Grande Bretagne contre le Royaume de Naples.

6. D'après les assurances et les instances du Plénipotentiaire Autrichien tendantes à hâter la co-opération des Troupes Napolitaines contre l'Armée Française en Italie, le Roi signa, le 11 Janvier, 1814, avec l'Autriche, un Traité d'Alliance, par lequel cette Puissance lui garantit la Souveraineté du Royaume de Naples, et s'engage à lui procurer la même garantie de la part de toutes les Puissances Alliées, ainsi que la renonciation du Roi Ferdinand IV à ses droits sur ce Royaume. Une des Clauses de ce Traité stipule, en outre, une aug. mentation de Territoire, qui puisse donner au Royaume de Naples une bonne Frontière Militaire.

7. M. le Comte de Neipperg communiqua le Traité à Lord W. Bentinck, en l'invitant à faire cesser les hostilités contre le Gouvernement Napolitain et en effet Lord Bentinck se rendit lui-même à Naples, et signa le 3 Février, 1814, une Convention d'Armistice avec M. le Duc de Gallo, Ministre des Affaires Etrangères de Sa Majesté le Roi de Naples.

8. Il fut stipulé par cette Convention que les hostilités cesseroient entre la Grande Bretagne et le Royaume de Naples, que les Relations Commerciales seroient rétablies entre les Etats et les Sujets respectifs, et qu'il seroit arrêté entre les Généraux des Armées Autrichienne, Anglaise, et Napolitaine, un plan d'opérations d'après lequel ces Armées réunies pour la même cause agiroient en Italie.

9. Le Roi, qui étoit parti de Naples le 23 Janvier, avoit fait avancer déjà son Armée sur le Territoire de l'Empire Français, et du Royaume d'Italie. Les siéges du Fort St. Ange, et des Places d'Ancône et de Civita Vecchia étoient commencés.

10. Le 30 Janvier, le Roi adressa une Proclamation à ses Troupes, pour les animer à la défense de la Cause de l'Europe, et le ton décidé de cette Pièce fait assez voir, que le parti pris par le Roi ne lui laissoit aucune voie de conciliation avec Napoléon.

11. Une Convention Militaire fut signée le 7 Février entre le Général Autrichien Nugent et le Général Napolitain Livron. 11 fut arrêté par cette Convention que les 2 Armées seroient séparées par le Pô, et qu'après s'être rapprochées du fleuve pour se mettre en communication directe, elles pousseroient leurs opérations en Lombardie et en Piémont.

12. Dans cet état de choses, le Roi fut informé par le Cabinet Autrichien, que le Traité signé à Naples n'avoit pas été ratifié, parce que Lord Castlereagh, l'ayant examiné, y avoit fait de sa main des changemens et des notes, à l'effet de le rendre tel que l'Angleterre ne pût trouver aucune difficulté à l'accepter. Les changemens portoient principalement sur ce que le Roi devoit renoncer à toute prétention sur la Sicile, et concourir tant à en garantir la possession à la Dynastie Règnante qu'à lui procurer une indemnité convenable pour le Royaume de Naples. Il fut fixé, en outre, que l'augmentation de Territoire promise seroit fixée sur l'échelle de 400,000 âmes à prendre sur l'Etat Romain. Le Cabinet Autrichien ajoutoit que ces changemens avoient été discutés avec l'intervention des Ministres de Russie et de Prusse, et que tous s'étoient réunis dans la même opinion, en sorte que si Sa Majesté acceptoit les modifications faites au Traité, tous les Alliés y accéderoient par des Actes Séparés.

13. Cette Déclaration fut confirmée par une Note du Plénipotentiaire Autrichien du 10 Février, et par une Dépêche de Lord Castlereagh à Lord Bentinck, datée de Bàle, le 22 Janvier, par laquelle il lui enjoignoit, attendu la conclusion du Traité d'Alliance, entre les Cours de Vienne et de Naples, avec le concours de l'Angleterre, de suspendre les hostilités contre le Gouvernement de Naples du côté de la Grande Bretagne, et de prendre les mesures propres à engager Sa Majesté Sicilienne à en agir de même.

14. Quoique le Roi pût être surpris de cette conduite contraire aux usages reçus, Sa Majesté préféra néanmoins de s'abandonner, avec la plus grande confiance, à la loyauté des Ministres Autrichien et Anglais.

Elle accepta les modifications proposées par Lord Castlereagh, et ratifia le Traité par une Lettre Autographe qu'elle adressa à Sa Majesté l'Empereur d'Autriche.

Cependant, la Ratification de ce Souverain que les Plénipotentiaires

Autrichiens avoient promis de remettre au Roi, 3 jours après la signature du nouveau Traité, n'arriva que le 4 Mars, c'est-à-dire, après un mois d'attente.

15. Le Roi étoit à peine arrivé à Bologne, que le Maréchal de Bellegarde, en développant à Sa Majesté, dans une Lettre du 8 Février, son plan de campagne, reconnut les avantages que l'Armée Autrichienne avoit déjà recueillis du mouvement sur Bologne, ou pour mieux dire, de l'apparition des 2 premières Divisions de l'Armée Napolitaine dans le Département du Reno: il s'exprime à cet égard de la manière suivante : "6 La marche des Troupes de Votre Majesté, et surtout l'arrivée de sa personne à Bologne, a décidé sur le champ le Viceroi à la retraite." Il continue dans la même Lettre en disant: “ J'ai passé l'Adige le 3: aujourd'hui, (c'est-à-dire le 8 Février) Je passerai le Mincio entre Vallagio et Goite; demain se complettera la circonvallation de Mantoue et de Peschiera, &c., &c."

Le Roi fut ainsi assuré, dès le commencement de Février, que le Maréchal de Bellegarde étoit dans la ferme résolution de forcer le passage du Mincio pour marcher sur Plaisance, où son Armée devoit se mettre en contact avec l'Armée Napolitaine et suivre les opérations dans le Haut Pô et en Piémont.

16. Les Sièges d'Ancône et de Civita Vecchia, celui moins important du Fort St. Ange, et l'occupation de la Toscane, où l'Ennemi, maître encore des Forts de Livourne, avoit de 3 à 4,000 hommes, ne laissoient de disponible au Roi, jusqu'à ce qu'eut eu lieu la reddition des Places et des Forts ci-dessus mentionnés, que 16 Bataillons d'Infanterie formant les Divisions Carascosa et Ambrosio, et 14 à 15,00 hommes de Cavalerie à-peu-près.

17. Malgré le vaste théâtre d'opérations dans lequel se trouvoit occupée, ou pour mieux dire, disséminée, l'Armée Napolitaine, qui, aux termes de l'Article III du Traité signé avec l'Autriche, le 11 Janvier, ne devoit être composée que de 30,000 hommes effectifs, le Roi, dès le 9 Février, c'est-à-dire, le jour même qu'il reçut la Lettre du Maréchal de Bellegarde, se háta de concourir au succès des entreprises de l'Armée Autrichienne, en faisant porter sur Reggio la lère Division, et plaçant la 2ème en échelon sur la grande route de Rubbiera à Modène. La lère Division appuyoit ainsi le mouvement de la Division Nugent, et la seconde, par l'occupation de Carpi et de Novi, observoit Borgo Forte, où l'Ennemi avoit jeté un pont, et établi une très-forte tête-de-pont. Le 13 Février le QuartierGénéral de la lère Division étoit à Reggio, et la presque totalité des Troupes qui la composaient, ainsi que la Cavalerie, se trouvoit en position sur l'Enza. Le Quartier-Général du Roi étoit le 16 à Modène. Le Général Comte Nugent occupoit alors avec la Division Parme, Borgo, St. Domino et Firenzuola par ses avant-postes. Et tandis qu'attentif aux opérations de ce Général, le Roi, pour en écarter tout

danger, feroit éclairer son flanc gauche par la vallée du Taro, jusqu'à Fornovo, et Bevuto, et observer attentivement Borgo Forte, d'où l'Ennemi pouvoit à son gré déboucher avec des Forces considérables pour attaquer par le flanc droit, et même occuper toutes les Troupes qui agissoient dans la direction de Modène à Plaisance, tandis que toutes ces dispositions du Roi s'effectuoient avec promptitude, énergie, et d'après les vrais principes de la guerre; Sa Majesté, le 17 au soir, apprit par sou Chef d'Etat-Major, que le Maréchal de Bellegarde mandoit en date du même jour, non pas "qu'il avoit forcé le passage du Mincio, et complété la circonvallation des Places de Mantoue et de Peschiera.' comme il l'avoit annoncé de la manière la plus positive dans sa Lettre à Sa Majesté du 8 du même mois, mais, au contraire, "que le Viceroi occupoit encore avec la presque totalité de ses Forces les positions à droite du Mincio, d'où il pouvoit à son gré en faire déboucher une partie à Mantoue," &c.

Examinons un instant dans quelle position le Roi se trouvoit au moment où il apprit un si grand changement dans les dispositions du Maréchal de Bellegarde.

La Division Nugent formant sa tête de colonne, ne comptoit pas 3,000 Combattans. Elle s'étendoit, comme nous venons de le dire, depuis Parme jusqu'à Firenzuola, et couvroit tout le Pays qui se trouve entre le Taro et la Nura; ses avant-postes n'étoient qu'à 4 milles de Plaisance. De Parme à Reggio étoit placée en échelon la lère Division, occupant Fornovo et Bevuto sur le flanc gauche ; de Reggio à Modène se trouvoit postée la 2ème Division occupant Brescello, Gualtieri, Guastalla et Novi, pour observer autant que possible Borgo Forte et assurer le flanc droit des opérations. Les 2 Divisions composées de 8 Bataillons chacune, avoient en tout une force de 12,800 hommes; il y avoit, en outre, 1,300 chevaux, dont une partie se trouvoit à l'avant-garde du Général Nugent, et le reste placé où le besoin l'exigeoit, savoir sur l'Enza et Rubbiera, vers Brescello, et en avant de Guastalla. Cette position trop étendue, surtout à cause de Borgo Forte, ne peut être approuvée que par 2 raisons, la première, que le Roi, croyant le Maréchal de Bellegarde sur la droite du Mincio, ou au moment d'y passer, n'avoit plus rien à craindre du pont de Borgo Forte, que l'Ennemi auroit dû détruire nécessairement en quittant sa ligne de défense; et la seconde, que malgré la faiblesse du nombre de ses Troupes, Sa Majesté vouloit prévenir l'Eunemi à Plaisance, pour lui interdire le passage du Pô sur ce point, lui fermer ainsi l'entrée de la Vallée de la Tibia, par laquelle se dirigeant sur Bobbio, il auroit eu une retraite assurée sur Gênes, (quand même il se fut décidé à abandonner la grande route de Castel St. Giovanni à Tortone pour éviter toute poursuite.) L'Ennemi auroit eu, en outre, par son passage du Pô à Plaisance, la facilité de se renforcer de 3 à 4,000 hommes que les Troupes Napolitaines

chassoient de la Toscane et qui effectuoient leur retraite par Massa et Sazzana. Par la Lettre ci-dessus mentionnée du Maréchal de Bellegarde au Chef de l'Etat-Major de l'Armée Napolitaine, le Roi ayant donc appris, le 17 Février, que le Maréchal avoit renoncé au passage du Mincio, ce qui fut confirmé le même jour à Sa Majesté par le Colonel Anglais Catinelli, qui venoit du Quarter-Général Autrichien, de Villa Franca, Elle se décida à faire dire au Général Nugent, que la position qu'occupoit sa Division entre le Taro et la Nura devenoit très-hazardée, et qu'il auroit été prudent, et même nécessaire de se mettre derrière l'Euza, ne tenant Parme qu'avec un parti de Cavalerie légère.

Le Roi fut obligé par toutes les raisons que l'on vient de développer, de renoncer pour le moment à des démonstrations sur Plaisance, qui devenoient inutiles encore parce que la Garnison de cette Place comptoit 16,000 hommes, après avoir été renforcée par toutes les Troupes de nouvelle Levée qui venoient d'Alexandrie, des autres places du Piémont, et de l'intérieur de la France. Le Roi ne pouvoit pas non plus changer ses démonstrations en une attaque réelle qui auroit dù s'opérer avec la totalité de ses Forces, parce que le Viceroi par sa position sur le Mincio, étoit maître de faire passer le pont de Borgo Forte à autant de Troupes qu'il auroit voulu, avant que le Maréchal de Bellegarde eut pu s'en douter nullement, car tous les mouvemens de la rive droite du Mincio se trouvoient couverts à merveille par Mantoue.

Cependant le Roi, ne renonçant pas à alarmer l'Ennemi en arrière de sa droite, fit jeter un pont sur le Pô à Sacca, c'est-à-dire, à 2 milles au-dessus de Casal Maggiore, fit construire par les Sapeurs de l'Armée et les Marins de sa Garde une tête-de-pont sur la rive gauche, sous la direction du Général Nugent qui, dans sa Lettre du 24 Février adressée au Chef d'Etat-Major du Roi, se loue infiniment du zèle, de l'intelligence et du dévouement que montrèrent pendant toute cette opération les Troupes Napolitaines qui y furent employées.

Le pont établi, Sa Majesté le fit passer au Baron d'Aspre, Officier de l'Etat-Major du Général Nugent, avec une Colonne de Troupes moitié Autrichiennes, et moitié Napolitaines, fit surprendre Casal Maggiore, où fut fait prisonnier le Colonel Frangiparri, attaché à l'Etat-Major du Viceroi, avec une quarantaine de Gens-d'Armes. M. d'Aspre, après avoir occupé Casal Maggiore, fit faire des patrouilles sur la route de Crémone, de Piadène et de Mantoue. Cette pointe poussée avec audace produisit le meilleur effet, puisqu'elle fit croire à l'Ennemi que c'étoit le prélude d'un passage sérieux. En effet le Viceroi détacha vers le Pô des Forces très-considérables, et on apprit de la manière la plus positive que la Division Zucchi se portoit sur Borgo Forte, et une Division Française avec le Général Grenier fut

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