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temps, leurs travaux & leurs affaires; mais il leur eft permis de préparer les chofes néceffaires à la vie. Ce qui contribue à leur rendre cette fête très-respectable, c'est que leurs traditions enfeignent que la Loi fut, ce jourlà, donnée à Moyfe fur le mont Sinaï. C'est pourquoi ils ont coutume d'orner leurs fynagogues, & même leurs maifons, de guirlandes de fleurs.

Le jour de cette fête, ils fe font fervir à table un gâteau affez épais, auquel on donne le nom de gâteau de Sinaï, en mémoire de la montagne sainte fur laquelle Moyfe reçut la loi.

SCHEIK, ou CHEYK. On appelle ainfi, dans l'Orient, les chefs des communautés religieufes & féculieres, & les docteurs diftingués. Les Mahometans donnent ce nom à leurs prédicateurs. Scheik est un mot arabe qui fignifie vieillard.

SCHEIKHALESLAM, c'est-à-dire le vieillard, ou le chef de la loi. Les Mufulmans défignent par ce nom ou un grand Iman, ou le Mouphti, qui eft leur fouverain pontife.

SCHERIF. Voyez CHÉRIF.

SCHIAH & SCHIAT. Ce mot, en arabe, fignifie une faction, une fecte particuliere en matiere de religion. Les Turcs s'en fervent pour désigner la fe&te des Perfans, partifans d'Ali, qu'ils regardent comme des hérétiques.

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SCHISME, du grec -xil, je fends, je divife : divifion, rupture qui fe fait entre les membres d'une religion, lorsqu'une partie de ces membres fe fépare du chef commun, ou bien lorfque ces memb.es ne font pas d'accord entr'eux fur le chef qu'ils doivent reconnoître.

Schifme des Samaritains. Voici quelle en fut l'origine, Roboam ayant révolté, par fa dureté, une grande partie de fes fujets, Jeroboam profita du mécontentement général pour s'élever fur le trône. Il entraîna dans fon parti dix tribus, par lesquelles il fe fit proclamér roi; & il établit le fiége de fon nouveau royaume à Samarie. Dans la crainte que fes sujets, allant à Jérufalem pour y adorer Dieu dans fon temple, ne vinffent

à l'abandonner & à rentrer fous l'obéiffance de leur légitime fouverain, il fit ériger des temples & des autels en divers endroits de fes Etats, à Béthel, à Dan. Il y établit des prêtres & un culte; ce qui étoit contre la défenfe expreffe de Dieu, qui ne vouloit être adoré que dans le feul temple de Jérusalem. Ainfi les Juifs de dix tribus formerent comme une nouvelle fecte fous le nom de Samaritains. Ils furent toujours ennemis des autres Juifs, qui condamnoient leur culte comme illégitime.

Sous le regne d'Alexandre le Grand, parut le schifme des Samaritains, par l'érection d'un temple femblable à celui de Jérufalem, qui fut bâti fur le MontGarizim, entre Sichem & Samarie. Les Samaritains prétendirent que leur temple n'étoit point inférieur à celui des autres Juifs, & qu'on pouvoit aussi bien adorer Dieu fur le Mont- Garizim qu'à Jérusalem. Ce fut toujours-là l'unique objet de difpute entre les Samaritains & les Juifs, & le fondement du schisme. Au reste, les uns & les autres adoroient le même Dieu, & attendoient le même Meffie.

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La fecte des Samaritains subsiste encore aujourd'hui à Gaza, à Sichem, à Damas, au Caire, & autres lieux du Levant. Les Samaritains fe vantent d'avoir des tifes de la race d'Aaron, & ils font encore des facrifices dans un temple, ou plutôt dans une chapelle fituée fur la montagne de Garizim. Ils font beaucoup plus féveres que les autres Juifs dans l'obfervation des fêtes, & fur plufieurs autres articles. De tous les livres de l'Ecriture fainte, ils n'admettent que le Pentateuque. Ils ne regardent pas les autres comme des livres divins, & croient qu'ils n'ont été faits que pour maintenir fur le trône la postérité de David. Ils prétendent que les caracteres famaritains font ceux dont Dieu fe - fervit pour écrire la Loi, & qu'il les donna à Moyfe. Ils parlent d'Efdras comme d'un impofteur, qui a quitté les caracteres hébreux pour en prendre d'autres. En effet, S. Jérôme & les plus célebres critiques font perfuadés que les premiers caracteres hébreux font ceux des Samaritains, & qu'Efdras, au retour de la capti

vité, fe fervit de caracteres chaldéens, qui font ceux dont nos bibles font écrites, que les Ifraélites, dépayfés depuis long-temps, étoient plus capables d'entendre. Ils écrivent le texte du Pentateuque fans points ni voyelles, en quoi ils different encore des autres Juifs.

Schifme des Grecs. L'ambition des patriarches de Conftantinople fut la premiere caufe du fchifme de l'Eglife Grecque. Ces prélats refufoient de reconnoître la primauté de l'Eglife de Rome, & prenoient le titre de patriarche œcuménique & univerfel. Les papes, de leur côté, foutenoient avec fermeté les droits de leur fiége, & s'oppofoient vigoureufement aux prétentions injuftes des patriarches de Conftantinople, qui avoient le chagrin de voir leur rival jouir, dans tout l'Orient, de l'autorité que lui donnoit la prééminence de fa dignité. Photius, non moins ambitieux, mais plus habile que les patriarches fes prédéceffeurs, comprit qu'il ne feroit jamais indépendant, tant que l'Eglife Grecque demeureroit unie avec l'Eglife Latine. Il n'en fallut pas davantage pour lui faire projetter un fchifme, fous prétexte que l'Eglife Latine avoit adopté plufieurs erreurs. Mais il ne put exciter qu'un trouble paffager, qui fe termina par l'exil de cet ambitieux prélat. Cependant fa difgrace ne put détruire les femences du fchifme qui fubfiftoient toujours; & l'entreprise dans laquelle Photius avoit échoué, fut tentée de nouveau par le patriarche Michel Cérularius. Ce prélat attaqua vivement le pape fur quatre griefs, qui étoient, 1o que, dans l'Eglife Latine, on fe fervoit, pour la confécration, du pain fans levain; 2° qu'on mangeoit du fromage & des viandes étouffées ; 3° qu'on jeûnoit les famedis; 4° qu'on ne chantoit point Alleluia pendant le carême.

Le pape, qui étoit alors Léon IX, réfuta les accufations de Cérularius, & lui fit de vifs reproches fur l'aigreur & l'animofité qu'il faifoit voir dans fa conduite. Cérularius feignit d'être perfuadé par la réponie du pape, & parut ne chercher que l'union & la paix. L'empereur Grec témoigna les mêmes difpofitions; ce qui engagea le pape à dépêcher à Conftantinople des

légats, pour terminer cette affaire. L'empereur leur fit un très-bon accueil; mais le patriarche ne voulut pas même les voir. Les légats, après avoir fait tous leurs efforts pour le ramener par la douceur, fe virent enfin obligés de l'excommunier publiquement. Cérularius s'en vengea, en excommuniant, à son tour, les légats. Il fit plus, il fouleva le peuple jaloux de l'honneur de fon patriarche; lui peignit le pape & l'Eglife Latine fous les plus noires couleurs, & vint à bout d'établir fi folidement le fchifme, que l'empereur, malgré fes difpofitions pacifiques, ne jugea pas qu'il fût sûr pour lui de s'y oppofer. Cérularius, par fa conduite infolente, s'attira le même fort que Photius, & mourut en exil. Mais le fchifme qu'il avoit établi, ne s'éteignit pas avec lui; &, quoique les empereurs de Conftantinople entretinffent toujours avec le pape quelques liaisons d'intérêt, le peuple ne reconnoiffoit plus d'autre chef de l'Eglife que fon patriarche.

Sous l'empire de Jean Vataces, il y eut quelques propofitions de paix entre le pape & le patriarche; mais elles ne produifirent que des difputes très-vives des deux côtés, qui fe terminerent fans qu'on eût pu convenir de rien. Le projet de réunion eût été exécuté fous Michel Paléologue, fi ce prince eût été le maître des opinions & des fentiments de fes fujets. Il avoit envoyé au concile de Lyon des ambaffadeurs chargés de préfenter une profeffion de foi conforme à celle de l'Eglife Latine, & fignée de vingt fix métropolitains d'Afie; mais fon peuple fe fouleva contre lui, & refufa toujours de fe foumettre au pape. En vain, pour l'y forcer, il employa les perfécutions & les fupplices: il ne fit que fe rendre odieux. Pendant qu'il luttoit ainsi contre l'obftination de ses sujets, fes ambassadeurs revinrent du concile de Lyon, avec des nonces du pape, qui exigeoient que l'empereur, pour confommer l'ouvrage de la paix, réformât le fymbole, & y ajoutât ces mots: Filioque. » Et du Fils. » (Voyez SAINTESPRIT & FILIOQUE.) L'empereur, furpris de cette nouvelle demande, refufa d'y foufcrire, parce qu'il désespéroit d'en venir à bout. Ce refus le fit excom

munier.

Amurat, fultan des Turcs, ayant établi le fiége de fon empire à Andrinople, l'empereur Jean Paléologue, qui fentoit le befoin qu'il avoit dupape & des princes d'Occident, fit tous les efforts pour fe réunir avec l'Eglife Latine. L'acte de réunion fut dreffé: il étoit extrêmement avantageux à l'empereur & à l'empire ; mais les Grecs, s'embarraffant peu de tomber au pouvoir des Turcs, pourvu qu'ils ne fuffent pas foumis au pape, & confultant plutôt leur haine contre l'Eglife Latine, que les intérêts de leur patrie, refuserent, avec une opiniâtreté invincible, d'accéder à ce traité. L'empereur, ayant à-la-fois pour ennemis fes sujets & les Turcs, ne put défendre fa capitale, qui fut prife par Mahomet II. Depuis la prife de Conftantinople, le fchifme a toujours continué, quoiqu'on ait tenté plufieurs fois de réunir les deux Eglifes. Le caractere opiniâtre des Grecs, & fur-tout leur ignorance qui augmente de jour en jour, rendent cet ouvrage extrêmement difficile.

Schifme des Arméniens. Les Arméniens conferverent long-temps dans toute fa pureté la religion qu'ils avoient reçue de Grégoire, furnommé l'Illuminé. Mais, dans le fixieme fiècle, leur patriarche Narsès adopta les erreurs des Eutychiens ou Monophyfites, rejetta le concile de Chalcédoine, & fe fépara entiérement de l'Eglife. Après un fchifme de cent douze ans, les Arméniens renoncerent à leurs erreurs, & rentrerent dans le fein de l'Eglife, à laquelle ils demeurerent unis pendant l'efpace de cent cinq ans. Le patriarche Jean Agmenfis renouvella le fchifme, au commencement du huitieme fiécle, & joignit aux erreurs des Eutychiens celle des Monothélites. Il ordonna qu'à l'avenir on ne mettroit point d'eau dans le vin pour célébrer les faints mysteres, afin de faire voir qu'il n'y avoit qu'une feule nature en Jesus-Chrift. Depuis ce temps, plufieurs princes Arméniens firent tous leurs efforts pour rétablir la Religion Catholique dans leurs Etats; mais ils ne purent jamais y parvenir. Cependant les miffionnaires font venus à bout de convertir un grand nombre de fchifmatiques, & travaillent tous les jours

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