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dez-vous, qui lui fut assigné pour quelques jours après. Nous nous y rendimes; et après les complimens d'usage. M. Gerry ayant témoigné au ministre son désir de voir l'harmonie et la bonne intelligence se rétablir entre les deux républiques, le ministre lui répondit que le Directoire avait pris une détermination, portant de ne point traiter avec eux, qu'au préalable ils n'eussent fait réparation de quelques articles du discours du Président à l'ouverture du congrès, et donné une explication de quelques autres; qu'il ne pouvait différer que de quelques jours de leur faire part officiellement de cette détermination; que jusques-là, s'ils avaient quelques propositions à faire qui pussent être agréables au Directoire, il s'empresserait de lui en faire part; que la meilleure serait, vu la circonstance, et les services de même espèce que la France avait rendus dans le temps aux Etats-Unis, qu'ils offrissent de faire un prêt à la France, soit en prenant des rescriptions bataves, pour la somme de quinze à seize millions de florins, ou de telle autre manière que ce fût.

M. Gerry, après avoir répondu d'une manière honnête, quoiqu'évasive, au premier article, ajouta, au sujet de l'emprunt, que leurs pouvoirs ne s'étendaient pas jusques-là, mais qu'il en conférerait avec ses collégues. Il est à observer que le ministre ne parlant qu'en français, je rendais en anglais à M. Gerry ce qu'il lui disait, et que, quoique sûr qu'il comprenait très-bien les réponses de M. Gerry, je les lui rendais en français. Nous quittâmes le ministre, qui reçut un courier dans le moment, et il me chargea, en sortant, de répéter à M. Gerry et à ses collégues ce qu'il nous avait dit. Je rendis, d'après cela, à M. M. Pinckney et Marshall, devant M. Gerry, la conversation que nous avions eue avec le ministre.

Quelques jours après, M. Gerry me pria de retourner avec lui chez le ministre, et lui ayant renouvellé l'extrême désir qu'il avait de voir se rétablir l'union la plus parfaite entre les deux nations, il se retrancha sur l'in

ses collégues et au sien, qu'un d'eux partit sur-le-champ pour l'Amérique, avec les propositions que pourrait faire le Gouvernement Français.

Le ministre répondit qu'il faudrait six mois pour avoir une solution, et qu'il était intéressant d'avoir une résoJution prompte; qu'il désirait beaucoup communiquer souvent avec eux individuellement et amicalement : ce moyen lui paraissant le meilleur pour en venir à l'issue d'une négociation prompte, il se plaignit, à cet effet, de ce qu'il n'avait encore eu aucune communication avec

eux.

Voilà, citoyen ministre, autant que ma mémoire peut me le rappeler, les particularités des deux seules conférences auxquelles j'ai assisté ; j'y ajouterai que personne n'a eu plus de désir que moi de voir réussir cette négociation.

Salut et respect,

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PIÈCES QUI ONT ÉTÉ ADRESSÉES AU GovVERNEMENT FÉDÉRAL PAR M. SKIPWITH, CONSUL-GÉNÉRAL D'AMÉRIQUE A PARIS.

MR. SKIPWITH'S COMMUNICATIONS.

a.

Lettre de M. Skipwith à M. Pickering en Date du ▲ Août, 1798, pour adresser au Secrétaire d'Etat des Etats-Unis l'Arrêté du Directoire du 31 Juillet de cette Année.

To the Secretary of State of the United States of America.

Sir,

I have the honor to send you enclosed, the official copy of an arrêté of the Executive Directory of the French Republic, concerning the french privateers in the West-Indies, which was transmitted to me by the french minister of foreign affairs..

I have the honor to be, sir, your most obedient humble servant,

Paris, August 4th, 1798.

FULWAR SKIPWITH.

Hon. Col. Timothy Pickering, Secretary of State of the United States.

b.

Lettre de M. Skipwith à M. Pickering, du 8 Août, 1798, pour lui faire parvenir une Lettre du Ministre des Relations Extérieures de France au Sujet de l'Arrêté du Directoire du 31 Juillet.

Sir,

Paris, 8th August, 1798.

Having had the honor of transmitting to you, three

sément qu'il vous fasse connaitre les personnes que veulent désigner les lettres W. X. Y. Z., de la correspondance des envoyés américains, imprimée dans un papier public des Etats-Unis d'Amérique, en date du 12 Avril, (v. st.)

Ma sensibilité a dû être vivement affectée de me voir sous la lettre Z., jouer un rôle à côté d'intrigans, dont le projet, sans doute, était de tirer avantage de la bonne foi des envoyés américains, et d'en faire leur dupe. Me trouvant impliqué dans cette affaire, et voulant me tranquilliser moi-même sur les impressions désagréables, et la suite que pourrait laisser la publication de votre lettre à M. Gerry, j'ai cru devoir accourir vers vous, et vous prier, citoyen ministre, de vouloir bien me déclarer par écrit, que, dans les pourparlers qui j'ai eus avec ces messieurs, j'ai suivi les communications que vous m'aviez chargé de leur transmettre, ainsi que je vais les exprimer ci-dessous.

Au commencement de Brumaire dernier, ayant été rendre mes devoirs au citoyen ministre des relations extérieures, et la conversation étant tombée sur les Etats-Unis d'Amérique, il me témoigna sa surprise de ce qu'il ne voyait pas d'Américains chez lui, et surtout les nouveaux envoyés; que ce n'etait pas le moyen d'entamer une négociation, dont ils avaient plus raison que nous de désirer le succès; qu'il les recevrait individuellement avec un grand plaisir, et particulièrement M. Gerry qu'il avait connu à Boston: il me chargea, sachant mes liaisons d'amitié avec M. Gerry, de leur faire part de ce qu'il m'avait dit. Je me rendis, en conséquence, chez M. Gerry, lequel ayant fait appeler ses collégues, je leur communiquai là conversation que j'avais eue avec le citoyen ministre.

M. M. Pinckney et Marshall se refusèrent d'aller chez le ministre sous des raisons d'étiquette; mais M. Gerry n'ayant pas les mêmes raisons, il fut convenu qu'il iraît le lendemain, et que je l'y accompagnerais, M. Gerry, à cette époque, ne pouvant pas s'exprimer en français. Le lendemain nous y fumes, mais le ministre ne s'étant pas trouvé chez lui, M. Gerry lui fit demander un ren

dez-vous, qui lui fut assigné pour quelques jours après. Nous nous y rendîmes; et après les complimens d'usage, M. Gerry ayant témoigné au ministre son désir de voir l'harmonie et la bonne intelligence se rétablir entre les deux républiques, le ministre lui répondit que le Directoire avait pris une détermination, portant de ne point traiter avec eux, qu'au préalable ils n'eussent fait réparation de quelques articles du discours du Président à l'ouverture du congrès, et donné une explication de quelques autres; qu'il ne pouvait différer que de quelques jours de leur faire part officiellement de cette détermination; que jusques-là, s'ils avaient quelques propositions à faire qui pussent être agréables au Directoire, il s'empresserait de lui en faire part; que la meilleure serait, vu la circonstance, et les services de même espèce que la France avait rendus dans le temps aux Etats-Unis, qu'ils offrissent de faire un prêt à la France, soit en prenant des rescriptions bataves, pour la somme de quinze à seize millions de florins, ou de telle autre manière que ce fût.

M. Gerry, après avoir répondu d'une manière honnête, quoiqu'évasive, au premier article, ajouta, au sujet de l'emprunt, que leurs pouvoirs ne s'étendaient pas jusques-là, mais qu'il en conférerait avec ses collégues. Il est à observer que le ministre ne parlant qu'en français, je rendais en anglais à M. Gerry ce qu'il lui disait, et que, quoique sûr qu'il comprenait très-bien les réponses de M. Gerry, je les lui rendais en français. Nous quittâmes le ministre, qui reçut un courier dans le moment, et il me chargea, en sortant, de répéter à M. Gerry et à ses collégues ce qu'il nous avait dit. Je rendis, d'après cela, à M. M. Pinckney et Marshall, devant M. Gerry, la conversation que nous avions eue avec le ministre.

Quelques jours après, M. Gerry me pria de retourner avec lui chez le ministre, et lui ayant renouvellé l'extrême désir qu'il avait de voir se rétablir l'union la plus parfaite entre les deux nations, il se retrancha sur l'in

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