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vernement. Cette Piéce qui eft excellente en elle-même, & remplie de traits nobles & fublimes, a été omise dans toutes les Editions qu'on a données jufqu'à préfent des Cus vres de Saint Réal.

Ce Sçavant qui avoit toujours un goût particulier pour la France, parce qu'il y trouvoit des fecours plus abondans pour fes études, revint bientôt à Paris ; il s'y amufa d'abord à revoir une Relation de l'Héréfie de Genéve, qui avoit été imprimée à Chambéry en 1611. in-8°. fous le Titre de Levain du Calvinifme, ou Commencement de l'Héréfie de Genève, Cet Ouvrage eft, dit-on, fort curieux; il eft de la compofition de Jeanne de Juffie, Religieufe de Sainte Claire à Genéve, d'où elle fut chaffée dans le tems que le Calvinisme s'y établit tout-à-fait. Cette Hiftoire contient ce qui s'eft paffé dans cette Ville depuis 1506. jufqu'en 1565. L'Abbé de Saint Réal qui la trouva intéreffante, en retou

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cha le ftyle, & la publia à Paris en 1682. in-12. fous le Titre de Relation de l'Apoftafie de Genève.

Deux ans après parut Céfarion : ce font des efpéces d'Entretiens que l'Auteur fuppofe avoir eus avec un homme du monde fort inftruit, qui vivoit philofophiquement dans une Terre où il s'étoit retiré. L'Auteur paffe quatre jours dans cette Campagne; le tems y eft fort bien employé. Ces quatre jours fourniffent quatre Converfations, dont la premiere & la derniere roulent fur la difficulté qu'il y a de s'avancer dans le monde, même quand on a de l'efprit. Dans la feconde, on s'entretient du rétabliffement de Ptolomée Auletes. Ces Entretiens font dignes de la curiofité du Lecteur; ils font adroitement parfemés d'anecdoctes fingulieres, & de réflexions très-juftes & très-fenfées; ils furent imprimés à Paris en 1684.

in-12.

En 1686. parut une Lettre datée

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du mois de Juin de cette même an née, dans laquelle on entreprit de juftifier Pomponius Atticus, dont la mémoire étoit un peu flétrie dans Céfarion. On trouve cette Piéce dans le quatriéme Tome du Recueil de Piéces d'Hiftoire & de Littérature, imprimé chez Chaubert en 1741. L'Editeur, en parlant de cet Ouvrage & de celui de l'Abbé de Saint Réal, dit, « qu'on y verra avec plaifir la différente maniere de pen» fer de deux hommes d'efprit fur le >> caractere d'un des plus adroits Politiques de l'ancienne Rome. La réputation des grands hommes eft quelquefois la matiere d'un pro» blême, & plus fouvent le jouet » de la paffion & de la mauvaife hu>> meur: mais en général nous jugeons avec plus d'impartialité les Perfonnages illuftres de l'Antiqui» té. Ceux qui dans ces jugemens aiment un air de Tacite, fe décla» reront pour l'Abbé de Saint Réal: mais l'Auteur de l'Apologie trou

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vera peut-être croyance auprès des perfonnes qui,fans s'ériger en fcru»tateurs des cœurs, s'en rapportent au témoignage de l'Hiftoire. » Le Difcours fur la Valeur que M. de Saint Réal adreffa à l'Electeur de Baviere en 1688. eft une des meilleures Piéces de cet Auteur. Il expofe à ce Prince l'idée la plus jufte que l'on puiffe concevoir de la véritable Valeur ; & pour faire voir que ce caractere héroïque n'eft point incompatible avec les vertus les plus douces & les plus humaines, il fait voir toutes ces qualités réunies dans le jeune Prince, à qui il adreffe cet Ouvrage. « Il fe trouve, dit-il, un »Prince de vingt-fix ans, d'une bravoure approchant de la témérité, » & cependant il n'eft ni brutal, ni » malin, ni intéreffé, ni impie: qui n'eft fier que l'épée à la main; qui >> reconnoît plus librement le méri>>te des autres que le fien propre;... » qui refpecte fa Religion avec la même fidélité qu'il la défend. Il ne

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parle que quand il feroit blâmable » de fe taire. Il ne s'eft jamais mo qué que des flateurs..... Il n'abu »fe pas de la foibleffe du commun des hommes pour les careffes des Grands, en repaiffant ceux qui l'approchent, de vaines espérances, ou de promeffes conçues en termes ambigus. Loin de vouloir être le feul riche de fes Etats, les dépenses inévitables au genre de » vie qu'il méne, l'ont réduit à en être prefque le feul pauvre. Loin » de fournir du plus pur fang de fon Peuple à fes fantaisies & à fes plai» firs de s'enivrer de la fueur du front de fes Sujets, il épuise fon Domaine, & engage fes Droits les plus facrés, plutôt que de donner » la moindre atteinte aux leurs. Ils » n'ont point à gémir de ses Victoires. Si la gloire eft pour lui une efpéce d'idole, du moins ne lui facrifie-t-il point de Victimes innocentes, & il ne fe venge pas fur leur Patrimoine de ce que lui coû tent fes Ennemis. »

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