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blin exprimá les mêmes opinions. L'archevêque de Cantorbéry combattīt la mesure.

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Après avoir déclaré qu'il voterait pour la seconde lecture, lord Wellington prétendait que c'était le mauvais systême du gouvernement, et ses actes empreints de faiblesse ou d'impéritie, qui avaient créé la nécessité du bill, et plongé l'Irlande dans l'état où elle se trouvait. Lord Melbourne nia que l'agitation de l'Irlande fût imputable à la conduite des ministres, et prouva que les désordres de ce pays existaient déjà sous l'ancienne administration. Enfin le lord chancelier prit à son tour la parole en faveur de la mesure; le duc de Cumberland se prononça ensuite contre, et le duc de Sussex pour elle'; après quoi la Chambre se divisa, et la seconde lecture fut votée à une assez forte majorité (157 contre 98).

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Dans le comité, le bill reçut quelques modifications d'un ordre secondaire, du consentement des ministres qui réussirent d'ailleurs à faire écarter tous les amendemens auxquels ils s'opposèrent, à l'exception d'un seul. Il avait été proposé par l'archevêque de Cantorbery et portait que les revenus des bénéfices suspendus, pour défaut de service divin pendant les trois dernières années, seraient appliqués à la reconstruction ou à la réparation de l'église située dans ce bénéfice ou du manoir de la glèbe; et que dans les cas où cela ne serait pas nécessaire, ces revenus seraient remis aux commissaires. L'amendement passa à une majorité de 2 voix, et tout en regrettant cette décision, lord Grey convint qu'elle ne lui paraissait point altérer assez le principe général du bill pour l'engager à

le retirer.

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Le bill ainsi modifié fut voté le 30 juillet, par 135 voix contre 81, et le 3 août, les communes l'adoptèrent, sans autre changement. En, cette occasion, M. O'Connell déclara que les pairs n'avaient pas rendu le Bill beaucoup plus mauvais qu'ils ne l'avaient reçu, et que l'on ne de

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vait le considérer que comme une première satisfaction donnée à l'Irlande pour tout ce qui lui était dû.

Indépendamment de la réforme de son clergé protestant, ce pays a vu encore modifier favorablement l'institution du grand jury par un bill, qui a répondu au vœu des Irlandais, pour l'extirpation de l'un des abus dont ils se plaignaient avec le plus de vivacité.

L'Irlande fut en outre l'objet d'une mesure nécessitée par la difficulté ou plutôt par l'impossibilité d'y lever les dîmes, On a pu voir dans notre volume précédent qu'un acte de la dernière session chargeait le gouvernement de cette perception; mais il avait entraîné tant d'inconvéniens dans l'exécution, que les ministres avaient résolu de l'abandonner et de demander l'autorisation de payer l'arriéré de la dime, sauf à faire rembourser l'état au moyen d'une taxe foncière à établir en Irlande pour un temps limité. Le total de l'arriéré des dîmes pour les années 1831, 1832 et 1833, serait, après diverses déductions de 993,521 liv. st. Une émission de billets de l'échiquier pourvoirait au paiement de cette somme. Ce plan fut vivement combattu par plusieurs orateurs qui objectèrent que cet argent ne serait jamais remboursé; car le remboursement dépendrait toujours d'une perception de dîmes qui ne réussirait pas, en sorte que le prétendu prêt deviendrait un don, et qu'après avoir payé ses propres dimes l'Angleterre paierait encore celles de l'Irlande. Toutefois le bill présenté en conséquence du nouveau plan des ministres, passa dans les deux Chambres sans altération grave. Les conservateurs le regarderaient comme un mauvais précédent, mais ils se résignèrent à l'adopter, dans la conviction qu'à son défaut, le clergé demeurerait dénué de toute ressource.

Après les affaires d'Irlande, les questions de finances étaient les plus importantes de la session, et en même temps les plus dangereuses pour la popularité du minis

tère, car c'est ici surtout que l'attendaient ces classes nombreuses de la nation qui souffraient de la détresse exagérée sans doute, mais encore trop réelle, de l'agriculture, du commerce et des manufactures; c'est ici qu'il avait à ré pondre aux espérances d'allègement illimitées qui avaient été le levier le plus puissant de la réforme parlementaire. Le 19 avril le chancelier de l'échiquier avait soumis le budget à la Chambre des communes, et à cette occasion il avait jugé convenable d'expliquer en détail ce que l'administration actuelle avait fait pour remplir ses promesses d'économie. Le total des places abolies s'élevait à 1387, et il en résultait pour l'état une économie d'environ 192,000 liv. st. Pendant les deux dernières années 506 personnes inscrites sur la liste des pensions avaient été replacées dans le service actif, ce qui avait produit une nouvelle économie de 28,000 liv. st.

Le montant des revenus, du 5 avril 1832 au 5 avril 1833, était de 46,853,000 liv. ster., et celui des dépenses, de 45,366,000. Lord Althorp estimant les revenus de l'année suivante à 46,494,128 liv. ster., et les dépenses à 44,922,219, calculait qu'il y aurait un excédant de revenus de 1,572,000 liv. environ. Get excédant, il ne croyait pas pouvoir mieux l'employer qu'à la réduction des taxes qui pesaient principalement sur l'industrie. En premier lieu, il proposait d'abolir la taxe sur les tuiles montant à 37,000 ster. et de réduire la taxe de 3 sh. 6 d. qui frappait chaque annonce, quel que fût le nombre de ses insertions, à 2 sh. à 2 sh. pour première insertion, à 1 sh. 6 d. pour la seconde et à 1 sh. pour la troisième. Le produit de la taxe sur les annonces s'élevait à 150,000 liv., et le ministre pensait que la réduction ne le ferait pas descendre au dessous de la moitié. La taxe sur les assurances maritimes éprouverait aussi une réduction de près de moitié, c'est-à-dire de 100,000 liv. ster.

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La taxe sur les maisons et les fenêtres rapportait 2,594,000 liy. ster. Quoique lord Althorp désirât contenter et souAnn. hist. pour 1833.

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lager la population industrieuse des villes, il ne croyait pas cependant devoir supprimer cet impôt en entier; mais il présentait un arrangement au moyen duquel les marchands en seraient délivrés, tandis que les maisons non converties en boutiques y demeureraient soumises. Cet arrangement consistait à exempter de la taxe les fenêtres appartenant aux boutiques et aux magasins. L'impôt sur les chariots, montant à 30,000 liv. serait entièrement aboli, de même que celui sur les garçons de boutiques et de magasins et les porteurs, montant à 45,000 liv., et celui sur les ouvriers et les colporteurs, montant à 4,500 liv. Enfin, il proposait encore d'abolir la taxe sur les teneurs de livres, les commis, les contre-maîtres, les directeurs, les surveillans, s'élevant à 9,500 liv. Le total de ces réductions sur les taxes réparties (assessed taxes), allait à 244,000 liv. ster.

D'autres diminutions considérables des droits imposés sur le coton en laine et sur le savon, portaient la somme générale des réductions à 1,056,000 liv. qui, retranchées de l'excédant présumé de 1,572,000 en 1834, ne laisserait en définitive qu'un excédant des revenus sur les dépenses de 516,000 liv. pour cette année.

M. Hume pensait que les réductions n'étaient ni assez nombreuses ni assez larges; sir R. Peel était disposé au contraire à se plaindre de leur excès; mais le premier aurait plutôt trouvé une majorité dans la Chambre pour l'appuyer, que le second, comme on le vit bientôt après par une tentative faite d'abord avec succès dans l'intérêt de l'agriculture, et qui eut de singulières conséquences. Sir W. Ingilby demanda, le 26 avril, que la taxe sur la drèche fût réduite de 20 sh. 6 d. le quarter (huit boisseaux) à io sh.; ce qui ne diminuerait pas le revenu de plus de 1,200,000 liv., disait-il. Lord Althorp, dont cette réduction, évaluée par lui à 2,500,000 liv., dérangeait tous les plans financiers, s'opposa vivement à la motion et déclara qu'elle le mettrait dans l'impossibilité de pourvoir aux dépenses de

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l'état néanmoins, elle passa à une majorité de 10 voix (162 contre 152). Lord Althorp parut d'abord vouloir se soumettre à la décision de la Chambre, quel que fût l'embarras dans lequel elle dût jeter le gouvernement. Toutefois les ministres en délibérèrent et il fut résolu qu'on essaierait d'une manière indirecte de faire revenir la Chambre sur son vote. Cela n'eut pas lieu sans difficulté, ni sans de vifs reproches lancés de toutes parts contre la conduite de lord Althorp qui avait déclaré, après la décision du 26, qu'il aurait honte, bien que la majorité ne fût pas considérable, d'opposer le moindre obstacle ou la moindre objection à l'exécution de la résolution de la Chambre. Quoi qu'il en soit, l'événement répondit à l'attente du ministère; un vote tout contraire à celui du 26 fut rendu à une immense majorité, et montra que l'opposition n'avait réellement triomphé alors que par l'absence des soutiens du ministère.

C'est à l'occasion d'une motion concernant les taxes réparties (assessed taxes), que lord Althorp avait obtenu de la Chambre qu'elle abandonnât son premier vote relativement à la taxe sur la drèche, et cette motion était elle-même une question fort dangereuse pour le ministère; car elle intéressait une classe nombreuse et influente dans les élections, surtout à Londres. Le 30 avril sir John Key, l'un des représentans de la capitale, demanda le rappel de ces taxes, parce qu'elles pesaient non sur la propriété, mais sur le commerce et l'industrie. Les maisons des riches et des nobles étaient à peine taxées, tandis que celles des marchands l'étaient au-delà de toute mesure. La réduction proposée par lord Althorp n'était qu'une dérision. Le peuple regardait la taxe sur les maisons et sur les fenêtres comme injuste dans son principe, oppressive dans ses détails, inquisitoriale et vexatoire dans la manière dont elle était répartie et perçue; elle n'était susceptible d'aucune modification qui lui enlevât son pernicieux caractère, et jamais elle ne cesserait d'exciter des plaintes tant qu'elle ne serait pas entièrement sup

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