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droit de décider la guerre, on lui citera tout ce qu'il a dit avant la féance du 22.

Dans la féance du 20, il lut à l'Affemblée fon Difcours &fon Décret.

Le même jour la queftion fut difcutée dans le Club des Jacobins. M. Barnave pofa en fait que M. de Mirabeau excluoit le Corps légiflatif du droit de décider la guerre, en la confondant avec les hoftilités ; que par

ce droit fe trouvoit exclufivement & abfolument conféré, dans son systême, au Pouvoir exécutif; que le point de la queftion étoit de favoir fi de fimples hoftilités conftituoient ou non l'état de guerre : il ajouta des considérations fur les dangers attachés à l'exercice de ce droit par le Pouvoir exécutif.

M. de Mirabeau reconnut franchement que M. Barnave avoit établi le vrai point de la difficulté ; mais il perfifta à foutenir que les hoftilités ne pouvoient être clairement diftinguées de la guerre; il ajouta qu'en balançant les inconvéniens, ils lui paroiffoient plus grands encore du côté du Corps législatif.

Ainfi le point de la difficulté fut parfaitement reconnu, & M. de Mirabeau termina en difant: C'eft fur ce terrein là que nous nous batterons demain; plus de trois cents perfonnes étoient préfentes, & peuvent attefter ces faits.

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C'est en effet fur ce terrein que M. de Mirabeau fut combattu à la féance du 21. M. Barnave attaqua fon Projet de Décret, comme accordant de fait au Pouvoir exécutif le droit exclufif & abfolu de décider la guerre ;

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M. DE MIRABEAU vient de publier fon Difcours & fa Réplique à l'Aflemblée Nationale, fur l'exercice du droit de guerre & de paix; il y a joint une lettre d'envoi aux Adminiftrateurs des Départemens.

Si M. de Mirabeau fe fût borné à défendre fes opinions, fi même il eût feulement entrepris de donner le change au Public fur le fyftême qu'il avoit adopté, s'il s'en étoit tenu à changer dans fon Difcours toutes les phrases, toutes les expreffions qui caractérifoient fa doctrine, on auroit dû lui laiffer cette confolation, & ceux qui l'avoient combattu, auroient dû fe trouver fa tisfaits, en voyant, dans fa nouvelle version, l'aveu formel de l'erreur qu'il avoit commife, & le retour aux principes qu'on avoit opposé à ceux qu'il avoit d'abord foutenus.

Ils auroient dû le faire, ils l'auroient fait; car forts des principes qu'ils ont profeffés, & des occafions qui s'offrent chaque jour de les manifester encore, ils ont vu fans inquiétude tous les artifices pratiqués pour égarer ou pour embarrasser l'opinion publique : des libelles mul⭑ tipliés & répandus avec profufion; le 'changement fubit qu'on a remarqué dans le langage de plusieurs Journaux, ne leur ont jamais paru mériter une réponse, & devoir arrêter leur attention. Perfuadés que dans un pays libre, au milieu des Affemblées publiques, on ne peut être perdu que par les fautes on n'eft jugé que fur fes ac

tions, ils ont mis toute leur fécurité dans la perfévérance de leurs principes; ils ont cru que toute défenfe à des attaques obfcures, altéreroit plus ou moins leur caractère, & partageroit, fans utilité, des momens qu'ils doivent tout entiers aux fonctions qui leur font confiées.

Ils fe feroient tu fur-tout en cette occafion , parce qu'ils ont toujours foigneufement cultivé l'union qui, pour le falut du Peuple, ne doit jamais ceffer d'exifter entre ceux qui défendent fes droits. On les a vu lui confacrer tous leurs efforts, quand des orages paffagers ont fait craindre qu'elle ne fût troublée : jamais ils n'ont refufé, jamais ils ne refuferont, pour la conferver, un facrifice perfonnel. Mais pourquoi M. de Mirabeau tente-t-il aujourd'hui de l'altérer ou de l'obfcurcir? Pourquoi fe permet-il de publier, d'adreffer aux Départemens un Manifefte contre des hommes auxquels il ne peut reprocher que d'avoir penfé, que d'avoir foutenu qu'il préfentoit un mauvais fyftême? pourquoi mêle-t-il à la défense de fon opinion, des inculpations qui, quelqu'abfurdes qu'elles foient, ne fauroient être tolérées. Si l'on ne veut les avouer, ou paroître dédaigner le jugement de fes Concitoyens, il eft impoffible de laiffer fans réponse une dénonciation publique, fignée, adreffée à tous les Départemens du Royaume. Dans de telles circonftances on doit la vérité au caractère public dont on est revêtu; on la doit au refpect de l'opinion publique qu'il n'eft pas permis de négliger; on la doit à la Nation, pour qui c'est un intérêt preffant de favoir en qui a confiance eft justement placée.

Dans l'ouvrage qu'il vient de publier, M. de Mirabeau s'efforce d'établir, comme on l'avoit fait dans plufieurs libelles & dans quelques-uns des papiers qui l'ont défendu, que le diffentiment élevé entre les Membres du parti populaire, portoit fur ce point de la question: Le Roi doit-il participer à l'acte du Pouvoir législatif, par lequel la guerre fera décidée? Selon lui c'étoit un principe universellement convenu, que la décision de la guerre appartenoit au Pouvoir légiffatif; mais à l'entendre, il demandoit que le Roi prît part à l'acte par lequel elle feroit décidée, & fes adverfaires vouloient qu'il en fût exclus. It eft faux, il eft abfolument faux, que ce fût là le point de la diffention.

Les adverfaires de M. de Mirabeau foutenoient tous

que la guerre ne pouvoit être décidée que par un acte du Pouvoir légiflatif, & plufieurs avoient explicitement demandé le concours du Roi pour cet acte; mais M. de Mirabeau, dans fon premier Difcours, donnoit exclufivement au Roi le droit de décider la guerre; il le lur donnoit dans fon décret, fans qu'il y fût clairement énoncé c'étoit là vraiment le point qui nous divifoit.

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Il est tellement faux que M. de Mirabeau ait eu befoin de combattre pour obtenir au Roi la participation dans la décision de la guerre; que M. Petion de Villeneuve, ayant parlé l'un des premiers, avoit établi & développé la néceffité de fon initiative, & que la plupart de ceux qui avoient parlé après lui s'étoient référés à fon Décret.

Mais il eft tellement vrai que M. de Mirabeau vouloit

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