avant toute espèce de dérogation au traité de Tilsit, en reprenant les avantages de position que l'on avait à cette époque. Mais, loin de là, l'harmonie entre ces deux souverains a été telle que non seulement ils se sont accordé réciproquement tout ce qu'ils avaient à se demander, mais que la France ayant manifesté quelque désir de voir changer l'ambassadeur de Russie à Paris contre celui de Russie à Vienne, l'empereur Alexandre s'empressa d'y obtempérer; et le prince Alexandre Kourakin, qui était ambassadeur de Russie à Vienne, reçut ordre de venir occuper le même poste à Paris. Le motif de ce changement était que son prédécesseur, le général comte Tolstoy, plus militaire que diplomate, s'engageait souvent à Paris dans des discussions de guerre avec des généraux qui n'étaient pas plus diplomates que lui, mais aussi bons militaires, et qu'il pouvait en résulter des inconvéniens, en ce que ces généraux rapportaient comme des paroles d'oracle ce que leur avait dit l'ambassadeur de Russie. Les conférences d'Erfurth n'eurent pas un seul jour d'ombrage; les souverains y étaient aux petits soins l'un pour l'autre, et tout présentait le spectacle d'une union parfaite, dont tout le monde se réjouissait. Le duc de Saxe-Weimar, dont le fils avait III. 30 épousé une sœur de l'empereur de Russie, et chez lequel avait lieu, en quelque sorte, cette réunion, donna une fête pleine de magnificence. Elle commença, par un déjeuner, sous une tente absolument pareille à celle qu'avait l'empereur la veille de la bataille d'Iéna; elle était tendue au même endroit; les feux de bivouac étaient allumés à la même place. Il fallait que le duc de Weimar se fût bien fait rendre compte de toutes ces particularités pour en avoir retracé le souvenir aussi exactement. Après le déjeuner, on monta à cheval, et il conduisit lui-même la compagnie absolument par la même direction qu'avait suivie la tête de nos colonnes pour attaquer la ligne prussienne; il fit de même suivre tout le mouvement qu'avait fait notre armée, et, arrivé sur le terrain où la bataille avait été décidée, on y trouva, de distance en distance, des baraques sur un alignement déterminé; elles étaient garnies de fusils et de gardeschasse. A peine les souverains y avaient-ils pris chacun une place, que des traqueurs, que l'on n'apercevait pas, commencèrent à faire lever une quantité prodigieuse de gibier, qu'ils chassèrent sur les baraques, d'où les tireurs les tuaient à loisir c'était une seconde bataille d'Iéna contre des perdreaux. Après cette chasse, on vint en : faire une à tir au cerf, puis on alla dîner à Weimar chez le duc régnant. Le grand-maréchal Duroc avait eu soin d'y envoyer la troupe des acteurs français qui était à Erfurth, de sorte que la soirée fut complète; elle se termina par un bal qui dura toute la nuit. FIN DU TROISIÈME VOLUME. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TROISIÈME VOLUME. CHAPITRE PREMIER. L'Autriche menace de reprendre les armes, page 1. —Dis- pour positions -- - Mesures administra- la contenir, 2. - Pré- reur échelonne ses troupes sur la Vistule, 8. ibid. et suiv. - CHAPITRE II. L'armée entre en Pologne, 20. Chute du grand-ma- - réchal, 21. Fatigues et privations des troupes, 23. -L'armée prend ses cantonnemens, 24. tier-général revient à Varsovie, 25. CHAPITRE III. Les Russes essaient de nous surprendre dans nos quar- - L'empereur me confie le commandement du 5o corps, 41. Bataille d'Eylau, 47. Affaire d'Ostrolenka, 56 et suiv. - Bernadotte, 48. - Fouché, 66. Agitation du cabinet de Madrid, 69. ― Mesures diverses de l'empereur, 71.-Le divan arme Siége de Dantzick, 75. Le général Kalkreuth, 76. — L'ambassadeur du shah de Perse arrive à Finken- L'armée ennemie se remet en cam- Bernadotte et Soult, 78. Affaire de CHAPITRE VI. L'armée russe repasse sur la rive droite, 86. L'em- pereur ne peut croire à cette imprudence, 87. — Nos colonnes débouchent, 88. Belle conduite du général Af- L'empereur reçoit la nouvelle de la prise de Koenigs- |