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sadeur du shah de Perse arrive à Finkenstein. - L'armée ennemie se remet en campagne. Bernadotte et

Soult. Affaire de Heelsberg.

Murat s'entête à faire

donner la cavalerie.-L'empereur envoie à son secours. Je suis chargé de conduire les fusiliers de la garde à l'ennemi. Belle conduite de cette jeunesse.

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AUSSITÔT que le soleil eut reparu et séché la terre, l'empereur fit camper toute l'infanterie dans chaque corps d'armée; dès-lors il vint établir son quartier-général à Finkenstein, où il resta jusqu'au renouvellement des opérations qui terminèrent la campagne.

C'est de là qu'il fit commencer sérieusement le siége de Dantzick; cette place n'était pas encore bloquée par la langue de terre qui sépare le Frisch-Haff de la mer, et le gouverneur, le général Manstein, avait été relevé par le maréchal Kalkreuth. Cette ville, d'un immense développement, exigea des remuemens de terre considérables, et le siége fut long, laborieux et savant; les détails seraient trop longs à rapporter ici.

On l'attaqua avec l'artillerie prussienne que l'on tira de Stettin, de Custrin et de Breslau; on

fut obligé de faire la descente du fossé dans les règles, et de faire brèche. On en était là, nous étions pressés par la belle saison, qui devait probablement remettre les armées en campagne, lorsque la garnison demanda, vers la mi-mai, à sortir avec les honneurs de la guerre, pour aller rejoindre son armée.

Tout bien considéré, l'empereur imagina qu'en faisant traîner le siége plus long-temps, il s'exposait à voir la saison trop avancée pour espérer finir la campagne cette même année, au lieu qu'en réunissant à son armée le corps de siége, et en marchant de suite, il était vraisemblable qu'il trouverait encore l'armée russe en cantonnement, où on la croyait hors d'état d'agir, puisqu'elle n'entreprenait rien pour faire lever le siége; alors il y avait lieu d'espérer que le résultat serait décisif et amenerait la paix.

Il ordonna donc qu'on accordât à M. de Kalkreuth les conditions qu'il demandait, et le maréchal Lefebvre, avec son corps d'armée, entra dans la place vers le 14 ou 15 de mai: cette ville fut d'une immense ressource pour nous; on y établit l'administration de l'armée, et on se prépara à commencer les hostilités.

La Perse venait d'envoyer un ambassadeur à l'empereur; il vint de Constantinople joindre notre quartier-général à Finkenstein. L'empe

reur le mena à Dantzick pour voir le spectacle d'une armée européenne; ce grave Oriental ne concevait pas pourquoi, puisque nous étions ennemis, nous ne faisions pas couper la tête à tous les habitans: il était curieux de tout, la parade l'amusait beaucoup; il demandait comment il pouvait se faire que tous les soldats marchassent ensemble, et il aimait particulièrement la musique militaire. Il demandait si l'empereur voudrait bien lui donner quelques uns des musiciens, comme s'ils avaient été des esclaves.

L'empereur ne resta à Dantzick que le temps nécessaire pour voir la place, et visiter les travaux du siége; il les approuva tous. Il donna audience de congé à l'ambassadeur de Perse, qui retourna chez lui, à Téhéran (en Perse), et l'on envoya comme notre ambassadeur en ce pays, le général Gardanne, gouverneur des pages. Il faisait cette campagne comme aide-decamp de l'empereur, et lui témoigna le désir d'aller en Perse; il emmena avec lui des officiers de toutes armes, et partit. La paix se fit pendant qu'il était encore à Constantinople.

Il y avait à peine sept à huit jours que l'em pereur était rentré à Finkenstein, de retour de Dantzick, que le maréchal Ney fut attaqué le 5 juin à Guttstadt, où il avait son quartier-gé

néral: comme il était très en avant de la ligne de l'armée, il fut tourné par sa gauche, perdit son parc de munitions, et eut beaucoup de difficultés à revenir se placer derrière la Passarge; il s'y maintint cependant jusqu'à ce que toute l'armée fût rassemblée.

Au moment où les hostilités recommencèrent, l'armée était postée ainsi :

Bernadotte occupait la gauche derrière la Passarge, depuis le Frisch-Haff, ayant sa droite au pont de Spanden, où il avait fait faire une bonne tête de pont; il avait à sa droite le maréchal Soult, dont le quartier était à Mohrungen; ses troupes étaient sur la Passarge, dont il avait fait couper le pont.

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L'empereur fut mécontent de la coupure de ce pont; il nous disait : « Voyez, Bernadotte a agi plus militairement, il a gardé son pont, et Soult, qui aurait dû le garder plutôt que Ber« nadotte, l'a coupé; par là il s'est mis dans l'im<< possibilité d'aller secourir Ney, que les Russes << n'auraient pas attaqué peut-être, s'ils avaient << su que Soult avait conservé un pont sur la Passarge, parce que le corps qui a tourné Ney « se serait exposé à une destruction totale. >>

«

A la droite de Soult était le maréchal Ney, et à la droite de ce dernier Davout.

Le reste était en deuxième ligne.

Après l'affaire de Guttstadt, les Russes vinrent pour forcer aussi le maréchal Bernadotte dans sa tête de pont de Spanden; ils y furent ils y furent repoussés, et le maréchal blessé à la tête par une balle qui lui entra derrière l'oreille. Il fut obligé de quitter l'armée, et fut relevé par le général Victor, qui venait d'être échangé contre le général Blücher, pris à Lubeck, comme on peut se le rappeler.

Les Russes firent la faute de ne pas se retirer de suite et de nous donner le temps d'arriver.

Le maréchal Soult, qui était à la gauche du maréchal Ney, vint sur Guttstadt; la droite, où était le corps du maréchal Davout, se porta également d'Osterode sur Guttstadt.

Le général Victor et le maréchal Mortier, qui étaient à la gauche et au centre, marchèrent devant eux, en passant la Passarge à Spanden.

Les grenadiers réunis, la garde, ainsi que des troupes nouvellement arrivées de France en poste, marchèrent aussi des environs de Finkenstein sur Guttstadt; la cavalerie en fit de même. Ce mouvement s'exécuta avec une rapidité incroyable; le 8 juin, tout était concentré derrière la Passarge, que l'on passa le 9. On poussa devant soi la cavalerie légère ennemie, et on entra le même soir à Guttstadt. Le 10, de grand

matin, l'on partit en descendant l'Alle, et vers

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