Page images
PDF
EPUB

loff fut assassiné (1895) et ses meurtriers sont restés impunis. Ferdinand a fait baptiser orthodoxe son fils, le prince héritier Boris (1896), avec le tsar pour parrain. La Bulgarie s'est réconciliée avec la Russie en gardant son indépendance et son unité nationales.

L'agitation continue pour essayer de réunir la Macédoine. Des bandes d'insurgés bulgares ont livré de petits combats (1896). Mais l'agitation bulgare se heurte en Macédoine à d'autres agitations nationales, car la population y est très mélangée et on discute même si la majorité slave est formée de Bulgares ou de Serbes.

Bibliographie.

BIBLIOGRAPHIE

Lavisse et Rambaud, Histoire générale, t. IX, p. 737 (indique les histoires d'ensemble). - Voir Lorenz, Catalogue de la librairie franç., pour les livres écrits en français; pour la Grèce, Hertzberg, Gesch. Griechenlands (qui peut servir de bibliogr.); pour la Roumanie, Bergner, Rumänien, 1887, J. Bengesco, Bibliogr. franco-roumaine du XIX s., 1895. Pour les travaux récents voir les Jahresberichte der Geschichtswissenschaft (depuis 1878).

Documents. La plupart des documents et des renseignements se trouvent dans les trois Annuaires et le Staatsarchiv (voir Préf., p. vin), ou dans les revues publiées en Allemagne, en France, en Angleterre (citées dans la bibliogr. de ces pays). Pour la Roumanie, Petrescu et Stourdza, Actes et documents relatifs à l'histoire de la régénération de la Roumanie, 'l vol., 1889-92.

Travaux. HISTOIRES D'ENSEMBLE Bamberg, Gesch. der oriental. Frage (coll. Oncken), période 1856-78. — Oncken, Zeitalter d. K. Wilhelm (coll. Oncken). DESCRIPTIONS DES MOEURS POLITIQUES E. de Laveleye, La péninsule des Balkans, 1886, récit d'un voyage rapide. Sp. Gopcevic, Der turko-montenegrinische Krieg, 1876-78, 3 vol., 1879; Serbien und die Serben, 1881; Oberalbanien und seine Liga, 1881; Bulgarien und Ostrumelien, 1876-86, 1886; Makedonien und Alt-Serbien, 1889; œuvres de journaliste, partiales, mais pleines de détails intéressants. ROUMANIE: Prince Bibesco, Roumanie, 1829-49, 2 vol., 1893-94. Samuelson, Roumania, 1882 (en anglais). — R. Bergner, Rumänien, 1887. · Blaramberg, Essai sur les institutions de la Roumanie, 1885.

[ocr errors]

GRÈCE Mendelsohn-Bartholdy, Geschichte Griechenlands, 2 vol., 1870-74 (coll. Staatengesch. d. n. Zeit.). Hertzberg, Gesch. Griechenlands, t. III et IV, 1879 (coll. de Gotha), s'arrête à 1878, tous deux scientifiques et critiques.

Outre les travaux antérieurs à 1878 cités dans Hertzberg, voir Thouvenel, La Grèce du roi Othon, 1890 (lettres privées d'un diplomate).

SERBIE: Ranke, Serbien und die Serben, 1879, principale histoire de l'indépendance.

BULGARIE: Jirecek, Das Fürstenthum Bulgarien, 1891 (principal ouvrage d'ensemble). · Kanitz, Donau-Bulgarien, 3 vol., 1877-80, pour la période turque. Pour le règne d'Alexandre A. Koch, Prinz Alexander of Battenberg, 1887; l'auteur était chapelain du prince. A. v. Huhn, Der Kampf der Bulgaren um ihre Nationaleinheit, 1886; Aus bulgarischer Sturmzeit, 1886, dans le sens allemand. Sobolew, Der erste Fürst v. Bulgarien, 1886, trad. du russe. - - Draudar... Le prince Alexandre de Battenberg, 1884.

CHAPITRE XXII

TRANSFORMATION DES CONDITIONS
MATÉRIELLES DE LA VIE POLITIQUE

Les inventions matérielles. A aucun moment de l'histoire de l'humanité les conditions matérielles de la vie n'ont été transformées si profondément et si rapidement qu'en Europe au XIX siècle. Les arts pratiques, perfectionnés seulement depuis l'antiquité par des progrès lents de détail, ont été bouleversés par une révolution radicale, si bien que la distance est beaucoup plus grande entre les procédés techniques du XVIIIe siècle et l'industrie contemporaine qu'entre les procédés du XVIIIe siècle et les arts de l'antiquité, même égyptienne 1.

Cette révolution est le résultat d'inventions techniques faites soit empiriquement, soit par l'application méthodique des sciences théoriques. Beaucoup remontent au dernier tiers du XVIIIe siècle; mais les effets pratiques ne s'en sont pas fait sentir dans la masse des populations de l'Europe avant la fin des guerres de l'Empire. La transformation de la vie matérielle ne commence guère qu'après 1814. Elle est le plus grand événement contemporain, un événement international, car les inventions ont été faites par les savants et les inventeurs de toutes nations, unis dans une collaboration internationale si étroite qu'il n'est même pas toujours possible de déterminer quel pays a eu l'initiative de chacune d'elles; et elles ont passé d'une nation à l'autre, profitant indistinctement à toutes.

1. Pour avoir l'impression de cette différence énorme de rapidité dans l'évolution il suffit de comparer les peintures des tombeaux égyptiens qui représentent des métiers, les gravures de l'Encyclopédie du xvm siècle, et les figures de quelque ouvrage de vulgarisation scientifique contemporaine.

Nous sommes déjà si habitués aux nouvelles conditions de la vie matérielle que nous avons peine à nous représenter l'Europe de 1814, si près de nous dans le temps, et si différente par le genre de vie. Il n'est donc pas inutile de rappeler les principales inventions qui en trois quarts de siècle ont mis tant de distance entre nos ancêtres et nous. Je n'essaie pas d'en raconter l'histoire, presque toutes se sont faites en plusieurs moments par une série de tâtonnements et de perfectionnements successifs' qui rendent difficile même de les classer par ordre chronologique. Il ne s'agit ici que de les énumérer en les groupant d'après les connaissances dont elles sont l'application. Les inventions mécaniques, presque toutes faites en Angleterre au XVIe siècle, ont été d'abord les machines à la main, machines à filer le coton, à filer la laine, à coudre la laine, à tisser le coton, à tisser la laine, à coudre les étoffes de laine, à fabriquer les bas (la machine à coudre n'est venue qu'au XIXe siècle). Puis on a appliqué la force naturelle des chutes d'eau pour actionner les machines à filer et à tisser (de 1790 à 1815 en Angleterre). La vapeur n'a été employée que plus tard. A la mécanique se rattachent les machines agricoles dont l'emploi a été tardif, et les machines à fabriquer le papier. La mécanique a révolutionné les voies de communication par le macadam (1820) et les tracés en pente douce et en corniche qui ont remplacé les chaussées de pierre coûteuses et mal commodes et les routes en ligne droite à pente raide, ponts suspendus, les viaducs et les tunnels de chemins de fer.

par les

La mécanique, en transformant les industries d'extraction, a procuré en quantités énormes les matériaux nécessaires aux autres industries, la houille, les métaux, le pétrole. L'industrie métallurgique, transformée par l'emploi de la houille, la création des hauts fourneaux, des marteaux-pilons, a fourni le fer, la fonte et l'acier, devenus la matière première des instruments de l'industrie moderne outils, armes, rails, machines, charpentes, ponts.

Les mines d'or et d'argent, exploitées par les machines et les procédés chimiques nouveaux ont doublé la quantité de numéraire 2.

1. Par exemple le télégraphe électrique et les bateaux à vapeur.

2. Voici pour les matières où l'évaluation est possible quelques chiffres approximatifs sur l'augmentation de la production annuelle en millions de tonnes: Angleterre. France. Allemagne. Belgique.

[blocks in formation]

La production totale de l'or est évaluée pour la période de 1800 à 1848 à 3 milliards; pour la période de 1848 à 1890, à 25 milliards.

La physique a fourni les deux forces les plus caractéristiques de la civilisation contemporaine, la vapeur et l'électricité. La vapeur a eu trois grandes applications: la machine à vapeur, employée d'abord dans les mines et qui tend à remplacer les forces animales ou naturelles dans toutes les grandes industries (filatures, tissages', et même l'agriculture (batteuse, moissonneuse); le navire à vapeur, qui a activé le transit par eau; - la locomotive et le chemin de fer qui ont accru dans une proportion énorme la puissance et la vitesse des transports par terre'. L'électricité, plus récente, a déjà donné le télégraphe électrique, terrestre et sous-marin, le téléphone, la lumière électrique, la galvanoplastie et le phonographe '.

:

De la chimie dérivent le plus grand nombre des inventions secondaires les allumettes chimiques au phosphore qui ont remplacé le briquet, lent et difficile à manier, les engrais chimiques, qui commencent à révolutionner l'agriculture, le sucre de betterave, - le gaz, devenu le grand moyen d'éclairage des lieux publics, les couleurs extraites de la houille, la benzine et la créosote; la photographie et l'héliogravure; les nouvelles matières explosives; les médicaments chimiques, la blanchisserie au chlore, la tannerie, les conserves alimentaires, l'extraction de l'aluminium, le papier de bois, etc.

[ocr errors]

[ocr errors]
[ocr errors]

Les sciences biologiques, moins avancées, ont donné surtout les anesthésiques, qui rendent la chirurgie plus facile, et les antiseptiques qui ont transformé la médecine. Il faut ajouter l'amélioration des semences et des races d'animaux domestiques, résultat d'un empirisme méthodique apparenté aux sciences naturelles.

Cette revue sommaire des principales inventions suffit pour rappeler la grandeur du changement qui s'est opéré dans la vie. Il ne s'agit ici que de montrer comment cette transformation matérielle a réagi sur la vie politique en Europe, directement en changeant les conditions pratiques du gouvernement, indirectement en transformant la composition de la société.

Nouveaux moyens de destruction. —Jusqu'au milieu du siècle on en était resté aux vieilles substances explosives de la fin du moyen âge. Les armées de 1814 n'avaient encore que la poudre et les fusils à pierre; les canons, un peu perfectionnés, se chargeaient

1. On a calculé en Allemagne que le prix de transport a été abaissé par le chemin de fer dans la proportion de 20 à 1.

2. A la physique se rattachent les instruments optiques, le microscope et les lentilles des phares. (Ni les aérostats, ni la cloche à plongeur n'ont changé jusqu'ici les conditions de la vie.)

encore par la gueule. C'étaient des armes à faible portée qui se chargeaient lentement et tiraient mal; elles agissaient surtout par effet moral; elles n'empêchaient pas une troupe disciplinée de se maintenir en masse profonde, d'arriver jusqu'à l'ennemi et de l'aborder à la baïonnette. Pour s'insurger en ce temps, il suffisait d'avoir un fusil de chasse, de la poudre et des balles; la différence d'armement était presque nulle entre le soldat et l'insurgé, et même, dans une guerre de rues, l'insurgé, tirant à l'abri, avait l'avantage. Les nouvelles substances explosives ont mis à la disposition des gouvernements une force de destruction qui a renouvelé l'art de la répression. Ce fut d'abord le fulminate de mercure, qui amena l'invention des capsules; puis vint la découverte beaucoup plus imporlante des propriétés explosives des composés nitriques, d'abord la nitroglycérine (1847), qui, mélangée à des matières inertes, devint la dynamite (1864). Les nouveaux explosifs brisants, fournis par les composés nitriques dont l'explosion est produite par une combinaison chimique instantanée, ont une force de destruction très supérieure à la poudre, dont l'explosion, produite par la chaleur, est beaucoup plus lente. La poudre de mine fut remplacée par la dynamite (non seulement pour les mines de guerre et les torpilles marines, mais dans la plupart des travaux de construction des voies). La poudre de guerre, qui s'était maintenue, fut remplacée pour les fusils par les nouvelles poudres sans fumée, inventées en 1870, séparément dans les différents pays, pour l'artillerie par des composés de l'acide nitrique ou de l'acide picrique (mélinite, roburite, etc.).

[ocr errors]

En même temps se faisait une révolution dans la disposition des armes. On inventait les fusils à percussion centrale, avec une cartouche toute prête s'introduisant par la culasse, ce qui augmentait beaucoup la rapidité et un peu la précision du tir. La première application en fut le fusil à aiguille (Dreyse), adopté pour l'infanterie prussienne dès 1847, mais que les autres pays ne se hàtèrent pas d'imiter; la France en resta au fusil de chasse (Lefaucheux). Ce fut seulement après les victoires de la Prusse en 1866 que le fusil se chargeant par la culasse devint sous des formes différentes (Chassepot, Mauser, Martini) l'arme de guerre de toute l'Europe. Une évolution parallèle dans l'artillerie produisit, après les canons rayés, les canons se chargeant par la culasse (Armstrong dès 1854), perfectionnés en Allemagne (Krupp), puis les canons en acier et les obusiers lançant des obus à la mélinite. Cette révolution dans les armes se combina avec les découvertes chimiques. La poudre sans fumée, en augmentant la force d'explosion, permit de rendre

HIST. POLITIQUE DE L'EUROPE.

41

« PreviousContinue »