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BIBLIOGRAPHIE

Sources. Voir la bibliographie des chap. II et III.

Aux revues déjà indiquées ajouter National Review, Fortnightly Review, XIXth Century, Contemporary Review, Free Review. (Les revues et l'Annual Register deviennent pour cette période les principales sources.)

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Travaux. SUR L'HISTOIRE D'ENSEMBLE Mac Carthy, England under Gladstone, 1880-1884, 1884, continue l'histoire contemporaine du même auteur. SUR LA RÉFORME ÉLECTORALE: Franqueville (voir la bibliogr. du chapitre II). SUR LES INSTITUTIONS DE L'ANGLETERRE CONTEMPORAINE The english citizen, 18811891, collection de monographies de différents auteurs, la plupart très claires et très précises Traill (gouvernement central), Walpole (régime électoral et législatif), Wilson (finances), Chalmers (administration locale), Maitland (justice et police), Elliot (église), Fowle (assistance publique), Jevons (législation du travail), Farrer (commerce et industrie), Craik (enseignement).

SUR LA QUESTION DE L'OBSTRUCTION: Reynaert, Hist. de la discipline parlementaire, 2 v., 1884.

SUR LA POLITIQUe de Disraeli : Brandes, Lord Beaconsfield, trad. all., 1879. Cucheval-Clarigny, Lord Beaconsfield et son temps, 1880. Kebbel, History of toryism, 1886.

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SUR L'IRLANDE : voir dans la National biography la bibliographie de l'article Parnell.

SUR LES PARTIS SOCIALISTES: outre S. Webb, list. of trade unionism, voir deux bibliographies publiées par des groupes socialistes: 1° Fabian Society, What to read, 1893; 2° Clarion, Catalogue of books of socialist literature 1895. (On y trouvera la liste des publications des sociétés socialistes.) En français, de Rousiers, Le trade-unionisme en Angleterre, 1897.

LA FRANCE

CHAPITRE V

LA MONARCHIE CENSITAIRE

La Restauration des Bourbons.

Après la défaite définitive

de Napoléon et la capitulation de Paris, il ne restait plus de gouvernement à la France; les Alliés lui en donnèrent un. Ils ne voulaient ni d'une république ni de Napoléon; trois solutions furent proposées 1° le fils de Napoléon (le roi de Rome), sous la régence de sa mère l'archiduchesse Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche; 2o un général français (le tsar pensait à Bernadotte); 3° l'ancienne famille royale de France, les Bourbons. On écarta le roi de Rome, qui eût donné trop d'influence à l'Autriche. L'idée d'un général français était une fantaisie personnelle d'Alexandre, les autres alliés n'en voulaient pas. Restaient les Bourbons; Alexandre seul leur était hostile. A l'entrevue de Langres avec Metternich (janvier 1814), il proposa de convoquer les assemblées électorales de France pour envoyer à Paris des députés qui décideraient du sort du pays, les armées alliées intimideraient les agitateurs. Metternich refusa de se prêter à aucune « expérience avec le principe de la souveraineté du peuple ». « Ce serait, dit-il, une nouvelle édition de la Convention, un déchaînement de la Révolution... D'ailleurs, sur quel objet cette assemblée aurait-elle à délibérer? Le roi légitime est là. »

1. La discussion commença au camp de Bâle en janvier 1814, entre Metternich et Castlereagh, le tsar étant absent.

Le tsar finit par se rallier aux Bourbons. Mais la difficulté fut de les faire accepter à la France. Le gouvernement anglais avait fait admettre le principe que les Alliés devaient attendre de la nation française la restauration de la monarchie, afin de ne pas paraître se mêler directement aux affaires intérieures de la France; ils traiteraient avec le gouvernement reconnu par les Français. Or les Alliés avaient été très frappés sur leur passage de n'entendre personne parler des Bourbons: la nouvelle génération élevée sous la Révolution et l'Empire ne les connaissait plus. Metternich écrivait en mars « L'invasion n'a montré dans l'immense majorité du peuple français qu'une absence de volonté sans exemple... Le peuple français ne prendra jamais l'initiative sur la question des Bourbons, les principes exprimés par les Alliés leur interdisent de la prendre. C'est aux princes de la maison de Bourbon à agir. » Il s'agissait donc d'obtenir une manifestation en faveur des Bourbons. Ce fut Talleyrand qui l'organisa. Il était à Paris, membre de la régence constituée par Napoléon en son absence; il envoya au camp des alliés un royaliste, de Vitrolles; le comte d'Artois en avait envoyé un autre. Les Alliés décidèrent (20 mars) de promettre leur appui au parti des Bourbons s'il se déclarait publiquement ils permettraient à Monsieur (Charles, comte d'Artois) de s'établir dans les provinces envahies et donneraient tous les pays qui se prononceraient pour les Bourbons à administrer à ses partisans, en leur garantissant l'impunité dans tous les cas. Mais, en soutenant les Bourbons, les Alliés leur donnaient des conseils de prudence le gouvernement anglais engageait Louis XVIII à ne pas se montrer en France, Metternich recommandait à Monsieur de ne donner aucune fonction à un émigré.

A leur entrée dans Paris (31 mars 1814), les Alliés étaient d'accord. Une affiche des préfets annonça que le tsar prenait Paris sous sa protection. Une affiche du général autrichien disait : « Les souverains cherchent une autorité bienfaisante en France qui puisse fonder la concorde de toutes les nations. A la ville de Paris il appartient de hâter la paix du monde. Qu'elle s'exprime, et l'armée qui est devant ses murs soutiendra sa décision. » Le matin quelques gentilshommes royalistes, s'étant montrés avec des cocardes blanches, avaient été reçus par les cris de « Vive l'Empereur! » Les affiches leur rendirent courage; ils parcoururent les rues avec des mouchoirs au bout de leurs cannes, criant « Vive le roi! » Puis, quand les souverains firent leur entrée (par la porte Saint-Martin), les royalistes marchèrent aux côtés du tsar en criant : « Vive Alexandre! Vivent les Bourbons! »

Le soir on délibéra chez Talleyrand; on était huit: le tsar et ses deux conseillers, le roi de Prusse, deux Autrichiens (Schwarzenberg et Lichtenstein) et deux grands dignitaires de Napoléon, Dalberg et Talleyrand. Les Alliés objectaient encore que la France ne désirait pas les Bourbons. Talleyrand se chargea de les faire appeler au trône par les autorités officielles et rédigea la déclaration des souverains « Ils ne traiteront plus avec Napoléon Bonaparte ni aucun membre de sa famille; ils respecteront l'ancienne France telle qu'elle était sous ses rois légitimes; ils reconnaîtront et garantiront la constitution que la nation française se donnera. Ils invitent le Sénat à désigner un gouvernement provisoire qui s'occupera de l'administration et préparera une constitution. »

Le Sénat nomma un gouvernement provisoire de cinq membres et rédigea une constitution qui maintenait toutes les institutions impériales, ou plus exactement toutes les situations personnelles acquises sous le régime de Napoléon. Elle garantissait au Sénat et au Corps législatif leur durée comme une partie essentielle de la constitution; à l'armée sa solde, ses grades, ses distinctions; aux créanciers de l'État la reconnaissance de la Dette, aux acquéreurs de biens nationaux la propriété irrévocable. Elle promettait la liberté du culte et de la presse, la liberté d'exprimer les opinions politiques. — Ainsi l'Empire fut supprimé par les corps constitués du régime impérial, ou plutôt par les minorités de ces corps: le Sénat, par 63 membres sur 142, la Chambre, par 77 membres sur 303, déclarèrent Napoléon déchu du trône, «le droit d'hérédité établi dans sa famille » aboli, le peuple et l'armée déliés du serment de fidélité. Napoléon, sur le conseil de ses maréchaux, abdiqua à Fontainebleau.

Alors seulement le Sénat décréta : « Le peuple français appelle librement au trône Louis de France, frère du dernier roi », et ajouta que les sénateurs conserveraient leur dignité (6 avril). Les Alliés purent enfin traiter avec le gouvernement français. Ils conclurent d'abord avec le comte d'Artois un armistice pour faire revenir les troupes françaises dispersées dans les forteresses hors de France (23 avril), puis le traité de paix avec Louis XVIII (30 mai). Les Alliés avaient tenu à être très modérés; ils laissaient à la France son territoire de 1792 avec quelques agrandissements, renonçaient à toute indemnité, refusaient de faire rembourser à la Prusse les fournitures dues par Napoléon, « pour montrer leur désir d'effacer toutes les suites de ces temps de malheur », et même ils ne réclamaient pas les tableaux enlevés par Napoléon et placés dans les musées français. Ils attendirent encore que Louis XVIII eût publié la Charte qui

garantissait à la France une monarchie libérale, puis ils sortirent du pays avec leurs armées.

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Les institutions politiques de la Charte. Les Alliés avaient exigé pour la France un régime constitutionnel. Le comte d'Artois. ayant envoyé un projet de déclaration qui ne parlait pas de garanties, Metternich lui-même demanda que le roi s'obligeât à gouverner dans des formes constitutionnelles. Louis XVIII, arrivé en France, refusa de jurer la constitution rédigée par le Sénat; mais du moins, par la déclaration de Saint-Ouen (2 mai), il formula les principes sur lesquels serait établie la constitution libérale qu'il promettait de proposer au Sénat et au Corps législatif: gouvernement représentatif formé de deux corps, Sénat et Chambre, votant l'impôt, - ministres responsables,-juges inamovibles,-liberté des cultes, de la presse, des personnes, garantie des grades, de la dette nationale, des biens nationaux, de la Légion d'honneur, emplois ouverts à tous les Français. La Charte constitutionnelle (juin 1814) organisa la monarchie. La restauration de la royauté ne fut pas du tout un rétablissement de l'ancien régime. La France conserva l'organisation sociale issue de la Révolution et l'organisation administrative établie par Napoléon. La Révolution avait créé une société fondé sur l'égalité légale, sans classes reconnues officiellement, sans Église d'État, sans privilèges légaux, une société où aucun avantage social n'est héréditaire, excepté la propriété, et où la propriété elle-même est répartie entre un grand nombre des habitants. - L'Empire avait organisé un corps de fonctionnaires de profession, divisé en services nettement tranchés (armée, clergé, magistrature, administration, contributions directes et indirectes, ponts et chaussées, Université), tous fortement centralisés sous la direction de ministères tout-puissants établis à Paris, recrutés sans distinction de naissance par une sorte de cooplation, pratiquement inamovibles et pénétrés d'un fort esprit de corps, opérant sur tout le territoire suivant des règlements uniformes. La nation en 1814 était déjà pourvue de son organisation sociale et administrative; elle resta ce qu'elle est encore société démocratique dirigée par une bureaucratie centralisée. Mais le mécanisme du gouvernement central n'était pas constitué; la France a travaillé à l'établir; elle a passé le XIXe siècle à se faire une constitution politique.

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Louis XVIII conservait toutes les institutions de l'Empire, magistrature, codes, administration, Église, Université, Légion d'honneur, Banque, même la noblesse impériale. Il déclara abolis seulement la conscription et les droits réunis, qui avaient rendu

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