Page images
PDF
EPUB

y a publié une déclaration remarquable, qu'il adressa en novembre dernier à l'amiral anglois, sir Sidney Smith, pour la remettre au congrès. Il y révoque son acte d'abdication de 1809, comme ayant été fait en prison. Il déclare en même temps qu'il n'a jamais renoncé au trône de son fils, qu'il n'en avoit pas le droit, et qu'il n'auroit pu le faire sans se déshonorer. Il espère que ce jeune prince, au moment où il aura atteint sa majorité, saura se prononcer d'une manière digne de lui, de son père et de la nation suédoise. Cet acte coincide avec un article inséré dans la gazette de Carlsruhe, où on annonce que le prince Gustave de Suède '(fils du dernier roi, et neveu du grand-duc de Bade) avoit été confirmé suivant le rit luthérien. Une gazette du nord a dit à ce sujet qu'il n'y avoit point de prince Gustave de Suède, et la gazette de Carlsruhe a rappelé, au contraire, les droits sacrés et incontestables que la naissance, dit-elle, assure à un prince qui, par son sort, par son caractère noble et par ses heureuses qua lités, inspire un intérêt général. On sait que ce jeune prince est neveu, par sa mère, de l'impératrice de Russie. Il est dans sa seizième année. D'un autre côté le prince royal de Suède fait valoir le choix que la nation suédoise a fait de lui, et sa promptitude à se déclarer contre le fléau de l'Europe et à seconder les desseins des alliés. Doit-il être, disent ses défenseurs, victime de ses efforts pour faire triompher cette cause? On soupçonne que ce qui vient de se passer derniè rement à Stockholm a rapport avec ces différens intérêts. On parle de projets découverts. Un seigneur qui craignoit apparemment d'être compromis s'est tue. Trois autres ont été exilés. La cour n'a rien publié sur cet événement.

P. S. Nous venons à l'instant de voir une lettre de Rome, du 25 janvier, qui ne dit pas un mot des nouvelles alarmantes qu'on faisoit circuler, et qui se plaint seulement d'une fête et d'un bal que Lucien Buonaparte a donnés le 21 janvier. Est-ce inadvertance? est-ce dessein prémédité d'insulter à la juste douleur d'une grande nation? Les François qui se trouvent à Rome se sont montrés très-choqués de ce procédé. D'ailleurs Rome paroît tranquille.

Deux autres lettres de la même date confirment ces détails rassurans, et achèvent d'ộter tout sujet de doute ou d'inquiétude.

Dv Culte public, ou de la Nécessité du Culte public en général, et de l'excellence du Culte catholique en particulier, avec cette épigraphe : ft nunc reges intelligite, erudimini qui judicatis terram. Ps. 11; par Mr. l'évéque de Metz (1).

TROISIÈME ÉDITION.

Le culte public est entré dans la politique de toutes les nations. Celles dont on a le plus vanté la sagesse, l'ont conservé précieusement, parce que le maintien de l'ordre public y est intéressé. Otez la piété envers les dieux, dit Cicéron, vous ôtez la bonne foi, vous sapez les fondemens de la justice, la plus excellente des vertus, vous rompez tous les liens de la société. Il faut que ce devoir envers Dieu soit dans notre nature, puisque de toutes les créatures l'homme seul le rend à la divinité, comme le remarque encore Cicéron, et qu'on le voit consacré dans les plus anciens temps. Si je consulte nos livres saints, c'est avec le monde que commencent les sacrifices. J'ouvre les écrits de l'un des plus anciens auteurs profanes, et j'y lis : « Sacrifiez aux dieux avec charité et pureté suivant vos moyens. Priez-les le soir, lorsque vous vous mettez au lit, et le matin lorsque vous vous levez, afin qu'ils vous soient propices (2) ».

(1) I gros vol. in-8°. avec figures; prix, 5 fr. et 7 fr. 50 cent. franc de port. A Paris, au bureau du Journal. (2) Hesiod. opera, f. 336.

Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 86.

H.

C'est à prouver la nécessité d'un culte public, c'est à montrer les avantages qui en résultent pour la société, et même pour le bonheur personnel des individus, qu'est consacré le traité qui fait le sujet de cet article. Il est composé de deux parties. Dans la première, l'auteur parle du culte public en général. Il le considère sous tous ses points de vue et sous tous ses rapports. Il montre son intime liaison avec les devoirs publics, avec la morale qui dirige l'homme dans l'intérieur de la famille, avec les principes qui seuls peuvent contribuer au bonheur de l'individu, qui seuls lui en procurent la plus grande somme possible dans cette vie, en lui apprenant à adoucir ses maux par la résignation à une volonté souveraine qui ne peut être que bienfaisante, et en lui faisant entrevoir dans un heureux avenir, des dédommagemens auxquels il ne peut prétendre dans toute autre supposition. Il fait voir l'accord de cette doctrine avec une tradition primitive dont on ne peut méconnoître les traces, tradition altérée, il est vrai, mais qui, malgré les divergences d'opinions et de circonstances, se réunit chez tous les peuples dans ces trois points fondamentaux, en reconnoissant un Dieu auteur de toutes choses et juge des actions des hommes, un état d'innocence d'où nous avons été dégradés, et une autre vie après celle-ci, où nous serons punis ou récompensés. Enfin, l'auteur prouve qu'une philosophie saine s'accorde avec ce corps de doctrine, et qu'il n'y a pas de vraie philosophie sans elle.

Dans la deuxième partie il s'attache à montrer que de tous les cultes, le culte catholique est le seul parfaitement raisonnable; parce qu'il est simple et pur; parce qu'il s'accorde merveilleusement avec la nature

de l'homme; parce que ses cérémonies, en parlant aux sens, ne leur parlent qu'un langage qui ramène vers le Créateur, et rehausse l'idée de sa toute-puissance dans l'esprit de la créature; parce que ses fêtes, en offrant au fidèle un délassement utile et nécessaire, lui ménagent néanmoins l'avantage de l'instruction au jour de repos, et l'écartent des plaisirs dissolus qui sont la suite ordinaire du défaut d'occupation. Il fait voir que de toutes les doctrines, celle que consacre le culte catholique est la seule qui ôte aux passions leur violence, qui les réprime, qui ordonne tout ce qui est bon, qui défend tout ce qui est mauvais, qui tend à la perfection du moral de l'homme. En un mot, dit l'auteur, « elle est utile à tout. Elle perpétue dans ceux qui la suivent l'esprit d'ordre, d'intelligence et de conseil. Rien n'est plus admirable que l'image d'une famille où elle a conservé tout son empire. C'est-là que vous trouverez la simplicité des mœurs antiques, la vigilance des pères, le dévouement des enfans, l'amour des frères, le mépris des fausses joies, les plaisirs purs et innocens, la modération dans la sagesse, la vertu toujours en action; c'est-là que vous verrez les parens environnés du respect de leurs enfans, comme l'olivier est environné de ses jeunes provins, vous présenter le plus touchant spectacle de la nature, celui d'une famille entière, réunie dans un même esprit et un même cœur ».

Ce livre, lorsqu'il parut pour la première fois, fut regardé comme un service important rendu à la religion. Nous sortions d'une époque de fureur et de vertige. L'impiété avoit fait cesser les fêtes de Dieu sur la terre. Sans temples, sans autels, sans sacrifices,

nous ressemblions à ces sauvages dégénérés qui vivent dans un honteux oubli du Créateur, et qui ne rendent aucun hommage à la divinité. D'affreuses doctrines avoient égaré les esprits et flétri les cœurs. Il falloit ouvrir les yeux à la foule aveugle, ressusciter, pour ainsi dire, le feu sacré, et faire sentir la nécessité des principes conservateurs de la société et de la morale, nécessité que tant de malheurs et de désordres rendoient plus frappante encore. C'est à quoi s'appliquerent alors des hommes sages, et que le torrent du délire n'avoit pas entraînés. L'ouvrage que nous annonçons mérite d'être compté au nombre de ces vertueux efforts faits pour éclairer une génération, fatiguée de ses propres égaremens. Il traite d'un objet qui intéressoit la société et les individus. Il s'adressoit à toutes les classes. Il renouoit la chaîne des traditions antiques. Il faisoit entendre le langage de la raison, de la justice, du sentiment. Il eut un succès que constatérent des éditions successives. Il ne sera peutêtre guère moins utile aujourd'hui; car il est encore, dit-on, des esprits à qui il faut prouver ces vérités élémentaires, et qui, après tant d'écarts, ont besoin qu'on les remette sur la voie. Ceux-là liront avec fruit un ouvrage court et solide, où on les amène par degrés à reconnoître les avantages du culte, et particulièrement du culte catholique. Quoique le sujet soit grave, l'auteur l'a mis à la portée de tous les lecteurs. Le zèle qui a conçu ce plan, et le talent qui l'a exécuté, ont droit à l'estime et à la reconnoissance des personnes qui aiment la religion.

L.

« PreviousContinue »