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Suédois, de Polonois et d'Allemands. On partira de Trieste, le 24 juin prochain, et chaque pélerin devra avoir 4000 florins, ou au moins 2000, pour les frais préliminaires du voyage. Les frères seront habillés de noir, et prendront le titre de frères noirs. On sait que le Prince est luthérien. Nous craignons qu'il n'ait de la peine à former son association, et que ce mélange de toute sorte de communions ue vive pas dans une fraternité parfaite.

-Le vice-amiral Thevenard, pair de France, ancien ministre de la marine, est mort, le 9 février, à l'âge de quatrevingt-un ans.

-M. le colonel vicomte de Toustar Richebourg, ancien ôtage du Roi Louis XVI, a eu l'honneur d'être présenté, le 16 janvier, à S. M., et les jours suivans à la famille royale.

VIENNE. Toujours aucun résultat du congrès. On dit pourtant que les principales difficultés sont terminées sur la Saxe. On laisse au roi Dresde, Leipsick et les districts du midi, et on donne le nord au roi de Prusse. Il est difficile d'assigner le degré de certitude de ces bruits, et le public y a été trompé si souvent qu'il refuse de les adopter avec confiance. Lord Wellington vient d'arriver ici. Lui seroit-il réservé de terminer ces longs différends, et le conquérant de l'Espagne assurerat-il la concorde entre les souverains? La reine de Bavière est retournée à Munich; mais les monarques paroissent devoir rester encore. L'Italie occupe un peu plus les esprits en ce moment. Il est question d'un grand royaume que l'on for meroit en Lombardie, et auquel on joindroit Parme et Plaisance. Au surplus, toutes ces négociations sont couvertes d'un nuage. La cour paroît plus contente de l'esprit des peuples d'Italie, et elle se flatte que la tranquillité est rendue à ces pays. Cependant on ne peut se dissimuler que le voisinage d'un roi de nouvelle création entretient en Italie de la fermentation. Il est le point de réunion des mécontens. Il caresse, en ce moment, et les Napolitains et l'Autriche, Il a eu soin d'envoyer ici et de répandre avec profusion des adresses de ses sujets, où il les fait protester de leur dévouement pour sa personne sacrée, et des réponses de lui où il parle de son amour pour ses peuples. Ce dévouement et cet amour ne sont-ils pas un peu plaisans? Aussi quelques-uns se sont permis d'eu rire.

Il nous est parvenu deux brochures, dont l'auteur est M. l'abbé Lienhart, professeur de théologie, et supérieur du séminaire à Strasbourg. La première de ces brochures renferme des Conclusions latines de théologie dogmatique, soutenues par les jeunes théologiens du séminaire, l'année dernière. L'auteur les a resserrées en une analyse rapide, et qui en présente mieux l'ensemble. Le second écrit est plus inté ressant encore. C'est une Analyse d'études bibliques, aussi en latin, dans laquelle l'auteur a réuni les principales questions que l'on peut former sur la critique des livres saints. On sait que les protestans sont très-fiers d'avoir poussé fort loin l'herméneutique, et l'exégèse. L'ouvrage de M. Lienhart prouvera que cet avantage ne leur est pas exclusivement réservé. Il examine les questions de l'authenticité, de l'intégrité, des différens idiomes, des textes, des versions, de la concordance des passages, de l'inspiration, des sens propres et mystiques, des interprétations. Voilà pour les notions générales. De-là l'auteur descend à l'examen de chacun des livres en particulier, de's livres historiques, des livres prophétiques, des livres sapientiaux. Il finit par le nouveau Testament, et trace sur chaque partie de l'Ecriture les principales règles d'une critique sage et éclairée. Il paroît que M. Lienhart a donné toutes ces notions aux élèves de son séminaire, et qu'ils les ont développées dans un exercice public. On ne peut que le féliciter d'avoir familiarisé ces jeunes gens avec un genre de connoissances si proprié à leur état, et il seroit à désirer qu'on pût, dans tous les séminaires, présenter en abrégé ce qu'il y a de plus inté ressant à savoir sur ces matières. M. Lienhart a le double mérite d'une critique à la fois sage et étendue, ce qui ne va pas toujours ensemble. Il n'ambitionne pas de paroître savant; il est clair, précis, méthodique, n'a point de systême, n'élève point de difficultés inutiles, ne dépasse point les bornes posées par l'Eglise et avouées par l'érudition. Ce n'est point là l'herméneutique et l'exégèse de plusieurs protestans, et même de quelques catholiques qui, dans ces temps modernes, ont si fort défiguré l'Ecriture sainte. Ĉe sont des recherches dictées par le savoir, le jugement, la piété et la réserve. M. Lienhart paroît animé du meilleur esprit. Il appartenoit à un ordre céfebre par son érudition et ses travaux, et il paroît en avoir conservé le goût.

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SUR la politique de Buonaparte lorsqu'il étoit général en chef de l'armée d'Italie.

Nous avons vu, dans ces dernières années, l'exé cution d'un plan formé pour détruire la religion, et nous avons été témoins de la chute de bien des trônes. Un seul homme, à qui il avoit été donné, comme à la bête de l'Apocalypse, de nuire à la terre et à la mer, avoit mis le désordre dans l'Eglise et dans les Etats. Il avoit attaqué la religion dans son centre, avoit envahi le sanctuaire, en dispersoit les ornemens, en brisoit les colonnes, en sapoit les fondemens, et emporté par son orgueil, ne connoissoit plus ni autorité ni frein, et asservissoit les pasteurs à son ambition et à ses caprices. On ne put se tromper sur ses intentions en suivant attentivement sa marche, en examinant ses procédés, et en en observant les résultats. L'Eglise de Rome envahie, le Pape arraché violemment de son palais, le saint Siége dépouillé de ses droits, tant de prélats condamnés à l'exil, tant de diocèses livrés à la confusion et à l'anarchie, annonçoient assez les vues profondes de ce moderne fléau de Dieu. Elles n'étoient pas nouvelles chez lui. Ce n'étoit pas d'hier, ce n'étoit pas dans un accès de colère ou par un mouvement passager de haine qu'il avoit résolu de poursuivre le catholicisme, d'abattre la papauté, et d'exterminer les rois. Cette double guerre tenoit chez lui à un systême suivi et long-temps combiné d'avance. Il y avoit déjà bien des années qu'il avoit annoncé ses projets machiavéliques et destructeurs. Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 87. I

Avant même qu'il eut usurpé le pouvoir suprême, il s'étoit montré en Italie l'ennemi des rois et des prêtres. Entr'autres témoignages qu'on pourroit citer de sa bienveillance à leur égard, nous ferons mention des deux pièces suivantes, que des circonstances particulières ont fait tomber entre nos mains, et qui peignent très-bien l'esprit d'une époque et d'un homme très-dignes l'un de l'autre. On verra dans ces deux pièces les dispositions anti-religieuses et anti-sociales de l'intrigant qui s'étoit faufilé sur le trône, du charlatan qui se jouoit de la religion comme de l'humanité. Nous ne faisons qu'abréger ces deux écrits qui sont un peu longs, et nous n'en rapporterons que les traits que nous jugerons les plus saillans :

Extrait des instructions données au Cn. Serbelloni, par le général Buonaparte, le 18 brumaire an 5o, de la république.

« Le besoin de la France m'appelle à Rastadt, et je ne puis trop fixer l'époque de mon retour à Milan. Il est cependant de nécessité absolue que je revienne pour l'entière exécution et le profond développement des plans et sages projets du gouvernement françois. La république pouvoit vous asservir; vous étiez sa conquête. Mais la France ne conquiert les peuples que pour les rendre à la liberté. Appelée à la régénération du genre humain, asservi depuis quarante siècles d'esclavage, la France a fixé dans sa sagesse le mode, le temps, le nombre des conquêtes qu'elle doit faire à la liberté. Les trahisons des deux membres proscrits du Directoire, l'influence des conjurés dans les Conseils, ont arraché Vienne à la liberté,

et par une fatale conséquence laissé en servitude le Piémont, l'Etat de Parme, la Toscane, Rome et Naples. Mais les principes sont immuables, le règne de la liberté est impérissable. L'heure des tyrans a sonné; ils périront. Il faut multiplier les instructions. Mais les discussions écrites ne vaudront jamais les accens de ces hommes enthousiastes de la liberté, et propageant ses principes par leurs discours. Il faut répandre dans les campagnes des multitudes d'apôtres. Le Ch. Moscati a les idées les plus heureuses à cet égard.

>>> La spoliation du clergé offre une mine, exploitezla. Jamais rien à espérer de la noblesse de ce pays. Que toutes les impositions extraordinaires frappent sur elle, en même temps que par le Code législatif vous égaliserez les fortunes. Punissez les riches de leur indolence, en leur faisant supporter toutes les charges publiques extraordinaires. Punissez leurs moindres fautes d'amendes pécuniaires.

» L'extension de votre république tient au grand projet de la républicanisation générale de l'Italie. Ce projet tient à des circonstances locales. La perte du grand-duc de Toscane est facile et retardée par la politique. L'infant de Parme est Bourbon; son existence est factice jusqu'à l'entière révolution de l'Italie. Peut-être même s'améliorera-t-elle en apparence jusqu'au développement des destinées réservées à l'Éu

rope.

» Les puissances craignent la destruction du Pape." Elles le regardent comme un appui pour elles, et comme un garant de la fidélité des peuples. Mais la vieille idole sera anéantie; ainsi le veulent la liberté et la philosophie. Quand et comment, voilà ce que doit régler la politique. Il faut y préparer les

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