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pulaire, qui propageoit avec tant d'ardeur les principes démagogiques, et qui, en même temps, couroit au despotisme. Il trompoit également ceux qu'il servoit et ceux contre lesquels il agissoit. Il se servoit de la paix et de la guerre, comme il le disoit lui-même, pour arriver à ses fins. Sa politique infernale attisoit le feu de la discorde. Un ambassadeur n'étoit pour lui qu'un espion déguisé qui devoit fomenter tous les germes de mécontentement, et préparer la révolution et le républicanisme.

Mais c'est surtout relativement à la religion et au Pape que ces instructions nous développent les vues profondes du despote révolutionnaire qui vouloit anéantir l'une et l'autre. Aujourd'hui que la Providence a déjoué ces projets impies, il est curieux d'en suivre la marche et la liaison. On vouloit la que vieille idole fut anéantie, et la vieille idole a triomphé de ses insolens ennemis. On consentoit à la laisser vivre encore deux ans, et elle s'est affermie plus que jamais sous les coups redoublés qu'on lui a portés. Deux fois ou s'étoit flatté de l'abattre, comme le vouloient la liberté et la philosophie. Deux fois leur émissaire et leur agent avoit travaillé à sa ruine; la première fois en sous-ordre et avec le zèle d'un adepte, la deuxième en chef et avec l'emportement d'un despote. Chaque fois il croyoit avoir si bien pris ses mesures que sa proie ne lui pouvoit échapper, et chaque fois il a échoué. La force comme la ruse, la violence comme la perfidie, tout a trompé ses vues, et l'oppres seur a été écrasé avant l'opprimé.

Nous ne ferons point remarquer l'arrogance et la grossièreté avec lesquelles l'ennemi de la religion parle d'elle. Il veut qu'elle descende au tombeau. Il la qua

lifie de stupide, comme un autre la qualifioit d'infáme. C'est toujours le même esprit. On peut apprécier désormais les intentions secrètes de ce même homme, lorsqu'il parut protéger la religion. C'étoit un rival qu'il embrassoit, mais pour mieux l'étouffer. Il ne sembloit en prendre la défense prendre la défense que pour mieux tromper les imbécilles. Il a réussi pendant quelque temps à en imposer à notre crédulité. Aujourd'hui il ne peut plus y avoir deux opinions sur cet homme. Le masque est tombé. Le héros a disparu. Les dernicrs événemens n'ont plus fait voir qu'un forcené sans ame. Il n'a su montrer ni mesure dans la prospérité, ni dignité dans le malheur. Il s'étoit élevé sans noblesse, et il est tombé sans honneur. Enfin ces instructions qui respirent la fausseté, la noirceur et la trahison, signalent en lui un charlatan qui se plioit à tous les langages, un conspirateur sournois qui révolutionnoit la paix comme la guerre, l'instrument des jacobins, l'ennemi implacable des rois, le destructeur de la religion, le fléau de l'Italie, la terreur de l'humanité.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Lord Guillaume Bentinck a eu, le dimanche 22 janvier, une audience assez longue du saint Père, qui l'a accueilli avec affabilité et avec des témoignages d'estime. Ce seigneur a eu en outre plusieurs conférences avec le cardinal Pacca. On prétend savoir que le résultat de leurs entretiens a été agréable à la cour de Rome. Il paroît seulement qu'on n'a pu accorder au général anglois une faveur particulière qu'il sollicitoit. Un Anglois de qualité, de ses amis, vouloit épouser une demoiselle

des premières maisons de Sicile, à condition que les enfans qui en naîtroïent seroient élevés dans la religion anglicane. Le souverain Pontife, à qui on demandoit la dispense avec cette condition, ne s'est point prêté à un arrangement contraire aux règles de l'Eglise, et les conseils de la politique n'ont pu le porter à autoriser une stipulation de cette nature. Lord Bentinck doit, dit-on, reprendre sous peu la route de Florence.

Le roi Charles-Emmanuel IV est entré, le 24 janvier, au monastère de Saint-André du Quirinal, pour y suivre, pendant plusieurs jours, les exercices de la retraite, et se sanctifier de plus en plus dans un lieu qui a été habité par tant de saints personnages.

-La fête de sainte Agnès, vierge et martyre, a été célébrée dans l'église, hors de la porte Pie, confiée aux soins des chanoines réguliers de Saint-Pierre-auxLiens. Leur vicaire-général, D. Vincent Garofoli, offrit le saint sacrifice. Après la messe, on bénit deux agneaux vivans, qui furent ensuite menés à S. S. Ces deux agneaux seront gardés jusqu'au jeudi-saint, et. c'est de leur laine que seront faits les pallium que S. S. a coutume d'envoyer aux archevêques. Ces pallium sont exposés devant le tombeau des saints apôtres, la veille et le jour de leur fête.

- Le P. Camille Bartolucci, procureur-général des Carmes, et curé de Sainte-Marie au-delà du Pont, est mort, le 26 janvier, à l'âge de 52 ans. C'étoit un religieux plein de zèle et de charité.

Il paroît que la famille Buonaparte avoit formé le projet de venir s'établir presque toute entière ici. Joseph, Jérôme, et leur soeur Eliza Bacciochi, ont fait demander à se fixer dans cette ville. Le saint Père s'y est refusé. Il a bien voulu permettre à ceux de cette famille qui se sont le mieux conduits de résider dans cet asile antique de la chrétienté; mais les avoir tous, ce seroit aussi trop, et nous n'avons pas eu assez à nous louer d'eux pour nous soucier beaucoup de réunir de tels hôtes.

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On prétend que quelques malveillans avoient eu dessein d'exciter à Rome une émeute, afin de fournir à un gouvernement voisin un prétexte pour entrer dans Rome, où il auroit pu dire que sa présence étoit nécessaire. Ce plan a été dérangé par la fermeté des ninistres de S. S. On a arrêté plusieurs individus dont les rassemblemens étoient fort suspects, et qui abusoient de la modération et de la bonté dont on avoit usé jusqu'ici à leur égard. Leurs intelligences avec le dehors n'étoient pas équivoques. On n'a pas d'idée de tout ce que nous avons eu à souffrir de l'étranger, et si nous pouvons nous étonner de quelque chose en cette affaire, c'est de la patience et de la longanimité du souverain Pontife.

PARIS. La conférence de M. l'abbé Frayssinous eut lieu, le dimanche 12 février, et traita des mystères. Un sujet si relevé et si délicat demandoit, pour être traité avec exactitude, un théologien exercé, et pour présenter de l'intérêt au commun des lecteurs, un orateur plein de discernement et de goût. M. Frayssinous a passé même J'opinion qu'on auroit pu avoir de son talent. Son exorde a été grave et imposant. La religion, a-t-il dit, est lumière et vérité. Elle ne craint point l'examen; elle ne repousse point la discussion; elle ne nous oblige point à renoncer à notre raison. Si elle a quelque chose à redouter, ce sont les ténèbres de l'ignorance et les préjugés des passions, c'est cette légèreté qui se détermine d'après des préventions ou des accusations hasardées. L'orateur a divisé son discours en deux parties, dont la première a été destinée à montrer qu'une religion divine doit nécessairement avoir des mystères, et la seconde, que les mystères sont liés avec la morale. Les mystères sont ce qui est au-dessus de notre intelligence. Qu'y a-t-il d'étonnant qu'une religion divine enseigne des dogmes de cette nature? Dieu est infini. Qu'y a-t-il· d'étonnant que nous qui sommes finis, ne comprenions pas tout ce qu'il est et tout ce qu'il fait? Tout est plein de mystères. La nature nous en offre une foule qui n'ont

pu encore être expliqués. Toutes les sciences presque ont leurs mystères. L'orateur, après avoir réfuté ses adversaires par une suite de raisonnemens pressans, leur a fait un dernier argument. Expliquons-nous une fois, a-t-il dit. Vous ne voulez pas de nos mystères. Mais que mettrez-vous à la place? Est-ce le froid athéisme? Mais ce systême qui suppose ce monde existant sans Diev, n'offre-t-il pas un mystère non plus au-dessus de notre raison, mais qui la contredit et la choque? Est-ce le fatalisme qui détruit une liberté dont nous avous le sentiment intérieur? Cette doctrine n'est-elle pas aussi en opposition avec le témoignage de notre conscience? Est-ce le matérialisme qui attribue à la matière un pouvoir inexplicable, ou le scepticisme qui nous laisse sur la religion dans une incertitude que nous regarderions comme une folie pour la conduite ordinaire de la vie? C'est peutêtre le déisme, réfuge ordinaire des plus modérés d'entre les incrédules. Mais ce systême a aussi ses mystères. Il admet un Dieu et une création. Conçoit-on bien la création?...... Mystères pour mystères, j'aime mieux ceux qui me viennent d'une grande autorité, qui sont dignes de Dieu, et qui le sont aussi de l'homme. Dans la seconde partie, M. l'abbé Frayssinous a montré la liaison des mystères avec la morale. Quelles hautes leçons pour la morale nous offrent les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption! Toute la vie du Sauveur, depuis la crèche jusqu'au calvaire, est le cours le plus éloquent de morale. Il en a appelé ici à la persuasion des chrétiens, à la piété de ces filles vertueuses et charitables qui trouvent dans les exemples du Fils de Dieu le plus fort aliment de leur dévouement et de leur ferveur, au témoignage de ses auditeurs mêmes. Il leur a rappelé ce jour où, dans leur jeunesse, ils furent admis, pour la première fois, à la table sainte, et il leur a deinandé si alors ce grand mystère ne leur paroissoit pas un puissant encouragement à la vertu. Il a trouvé ainsi daus les dogines les plus relevés de la religion, la source,

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