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tions, qu'elles partageoient l'allégresse des habitans. Le Prince et la Princesse ont eu la bonté de témoigner qu'ils étoient sensibles à cet accueil. C'est pour nous le prix le plus flatteur. Il y a dans les campagnes le même empressement. Nous apprenons qu'à la poste suivante, la Ferté, les augustes voyageurs ont bien voulu s'arrêter un demi quart d'heure pour entendre les cris de joie des habitans, et recevoir les complimens du curé et du maire.

BRUXELLES. Toute notre ville est en mouvement. Des dépêches adressées par le prince d'Orange au comte de Thiennes, commissaire-général de la justice, annoncent que d'après une détermination prise au congrès, les Pays-Bas autrichiens feront partie d'une souveraineté appartenant à la maison d'Orange. On a illuminé la ville pour cette nouvelle. A l'hôtel de Thiennes étoit un transparent avec ces mots : Guillaume Ter, roi des Pays-Bas. Cette nouvelle monarchie comptera à peu près cinq millions d'habitans. Elle comprendra aussi l'évêché de Liége. Le duché de Luxembourg est indépendant de la monarchie des Pays-Bas, et sera gouverné comme propriété particulière du souverain. On le lui a donné en échange de ses possessions d'Allemagne. La politique de Philippe II seroit un peu surprise de voir ce nouvel ordre de choses, qui finit nos incertitudes.

BERLIN. Le sort de la Prusse est fixé. Ce royaume redevient ce qu'il étoit en 1805. Il garde la Prusse occidentale, Dantzick et Thorn, et une partie de la grande Pologne. Il renonce à Bayreuth et à Anspach, et reçoit en indemnité une partie de la Saxe, Wittemberg, Torgaw, Corvey, Dortmund, les duchés de Westphalie et de Berg, l'ancien héritage de la maison d'Orange, et une étendue de pays considérable sur la rive gauche du Rhin. Dans cette partie sont les villes de Cologne, d'Aix-la-Chapelle, de Trèves et de Coblentz. L'article officiel qui contient ces détails loué la Prusse de la modération qu'elle a montrée, et la félicite d'avoir cédé quelque chose au vœu des grandes puissances, et au besoin généralement senti d'un arrangement définitif.

ANNONCES.

La véritable Prophétie du vénérable Holzhauser, ou le Rétablissement des Papes à Rome, d'une fédération en Allemagne, de la

solennité du culte pour tous les catholiques François, et de la pair dans l'univers, après la déchéance de Napoléon Bonaparte, prédit dès le milieu du 17. siècle, ainsi que d'autres événemens relatifs à La fin du 18e., ou au commencement du 19., avec l'explication, par M. V***. Preuves de l'authenticité de cette pièce, dont les quatorze prédictions, qui sont des plus curieuses et des plus intelligibles, continuent de se vérifier depuis 1787 jusqu'à nos jours, c'est-à-dire, depuis 27 ans. Mutation, alteration, et falsification de la prophétie d'Holzhauser, dans les deux éditions de Bamberg et de Wurtzbourg, en 1793 et 1797. I vol. in-12, broché; prix, 1 fr. 50 c., et 2 fr. franc de port. A Paris, chez Crapart, rue du Jardinet, no. 10, et au bureau du Journal.

Mme. Lepetit, libraire, rue Pavée-Saint-André-des-Arcs, no. 2, mettra incessamment en vente un nouvel écrit de M. Montjoie, intitulé: Les Bourbons, ou Notice historique sur les Aïeux du Roi, sur Sa Majesté, et sur les Princes et Princesses du nom de Bourbon qui entourent le trône. Cet ouvrage est orné de vingt-un portraits extrêmement ressemblans, et dont la gravure a été soignée. Sa Majesté a bien voulu permettre que M. Montjoie lui dédiât cette nouvelle preuve de son dévouement inaltérable à sa personne sacrée.

On trouve chez Delaunay, libraire, au Palais-Royal, galerie de bois, no. 244; chez Dentu, Palais-Royal; chez Debray, libraire, rue Saint-Nicaise, no. 1; et chez Méquinon, junior, rue de la Harpe, et au bureau du Journal, une petite brochure ayant pour titre : Sur le Projet d'un Monument à ériger à la mémoire de Louis XVI. Les eirconstances feront lire avec intérêt ce petit ouvrage, écrit dans un esprit très-religieux. L'auteur commence par des réflexions sur la personne de Louis XVI, et sur le caractère de la révolution dont il fut la victime. Il ne blesse personne dans ces réflexions, et ne cherche point à réveiller les partis; mais il fait remarquer que la révolution a toujours porté un caractère d'irreligion. Dans ses différentes phases on a toujours eu pour but d'anéantir ou d'altérer le christianisme. C'est dans cet esprit que l'auteur envisage le monument à élever. Il voudroit donc que ce monument portât un grand caractère religieux. Il propose de prendre autour du cimetière de la Madeleine, où Louis XVI fut enterré, un emplacement convenable. Cette église, dédiée à SaintLouis, formeroit une croix qui embrasseroit le lieu de la sépulture du Roi et de la Reine. On y célébreroit journellement des messes pour le repos de leurs ames. On établiroit aussi là un monastère de filles, sous le nom de Filles de l'Expiation. Il faut voir dans la brochure de l'auteur les détails de son plan. Il ajoute que si on vouloit finir la nouvelle église de la Madeleine, on joindroit à cette église, qu'alors on nommeroit de Saint-Louis, le monastère proposé, et qu'on établiroit une communication entre cette église et le monument qu'on éléveroit sur le lieu de la sépulture de Louis XVI. Il y auroit peut-être quelques objections à faire contre cette partie du plan, attendu qu'il y a quelque distance entre ce cimetière et l'église. Mais les vues de l'auteur nous paroissen néanmoins mériter en général de l'attention.

DE Existentia Dei. Opus posthumum D. le Grand. -De l'Existence de Dieu. Ouvrage posthume de M. le Grand (1).

Je me rappelle avoir ouï dire à un homme du monde, qu'il n'approuvoit pas les ouvrages destinés à prouver l'existence de Dieu, non sans doute qu'il se refusâất à croire ce dogme essentiel et primitif, mais parce qu'il jugeoit qu'une si haute vérité ne devoit point être fivrée aux disputes; parce qu'il la regardoit plutôt comme du domaine du sentiment que du raisonnement; parce qu'il craignoit que la défendre ne donnât l'envie de l'attaquer. J'ose croire que cet homme, dont je ne suspecte pas les intentions, étoit dans l'erreur sur ce point. Il ne considéroit pas assez la différence des temps et des opinions. Que dans un siècle où personne ne se seroit élevé contre le dogme de l'existence de Dieu, on entreprît d'en donner une démonstra→ tion, il seroit possible à toute force de blâmer avec apparence de raison, un projet qui forceroit à rappeler des objections auxquelles nous supposons que personne ne songeroit. Sous ce rapport, un tel ouvrage seroit inutile, et pourroit même devenir dangereux. Mais quand l'existence de Dieu a trouvé des contradicteurs, quand elle a été attaquée dans des livres exprès, ou quand on l'a présentée comme une opinion problématique et sujette à de grandes difficultés; quand enfin on a cherché à arracher du cœur des hommes une croyance aussi consolante et aussi

(1) Un gros volume in-8°.; prix, 7 fr. et 8 fr. franc de port. A Paris, au bureau du Journal.

Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 92.

noble, alors il doit être bien permis, ce semble, de montrer combien elle est fondée en raison; alors il n'y a plus d'inconvénient à réfuter des objections qui ont couru de bouche en bouche, et qui sont consignées dans des écrits connus. Ecrire en faveur de ce dogme, c'est au contraire bien mériter de la société. Sans doute on louera Fénélon d'avoir tracé avec autant de clarté que de force ces pages éloquentes, où il nous montre Dieu empreint dans toute la nature. On saura gré même à Voltaire d'avoir montré contre l'athéisme cette vivacité et cette chaleur qui l'égarèrent si fort sur d'autres objets. Jusque dans les derniers temps de sa vieillesse, il s'est élevé contre ces systêmes que cette époque voyoit éclore, et qu'il aimoit à couvrir de ridicule et de mépris. Lorsque le livre des Trois Imposteurs parut, l'athéisme grossier de ce mauvais ouvrage révolta son ame, et sa muse presque octogénaire retrouva pour le combattre sa vigueur et sa verve. Ces vers méritent d'autant mieux d'être cités ici, qu'ils font partie d'une pièce peu connue :

Cet architecte existe (Dieu); et quiconque le nie,
Sous le manteau du sage est atteint de manie.
Consulte Zoroastre, et Minos, et Solon,
Et le martyr Socrate, et le grand Cicéron;
Ils ont adoré tous un maître, un juge, un père.
Ce systême sublime à l'homme est nécessaire.
C'est le sacré lien de la société,

Le premier fondement de la sainte équité,
Le frein du scélérat, l'espérance du juste.
Si-les cieux dépouillés de son empreinte auguste
Pouvoient cesser jamais de le manifester,

Si Dieu n'existoit pas, il faudroit l'inventer.
Que le sage l'annonce, et que les rois le craignent.
Rois, si vous m'opprimez, si vos grandeurs dédaignent
Les pleurs de l'innocent que vous faites couler,
Mon vengeur est au ciel apprenez à trembler.

Malgré ces beaux vers et malgré l'autorité de Voltaire, qui malheureusement a souvent employé son autorité et sa muse à prêcher une doctrine moins saine, c'est depuis lui qu'on a vu se multiplier le nombre des athées, ou du moins de ceux qui en ont pris le nom. Car on soupçonne qu'il n'y en a pas autant qu'on a quelquefois voulu le faire croire, et on n'exigera pas de nous que nous nous en rapportions sur cet article à Sylvain Maréchal et au Dictionnaire qu'il a compilé. L'auteur et l'ouvrage sont tombés dans un tel mépris, qu'on est dispensé d'en relever toutes les inepties. Que dire d'un homme qui inscrit le nom de Dieu dans la liste des athées, qui y met tous les chrétiens en masse, les Chinois, les Espagnols, l'Amérique, le Portugal, l'Italie, etc. etc.? La manière seule dont sa nomenclature est remplie, prouveroit seule combien il auroit eu de peine à trouver un nombre considérable d'athées, à qui cette qualification pût véritablement convenir. C'est faute d'en avoir à nommer qu'il est allé prendre à tort et à travers les personnages les moins faits pour être inscrits sur cet étrange registre. Les Pères de l'Eglise, Bossuet, Fénélon, Descartes, Leibnitz, Newton, Clarke, Pascal, c'est-à-dire, les plus célèbres défenseurs de la Divinité, ont été rangés par Sylvain Maréchal dans la catégorie de ses ennemis. Heureusement que le calomniateur en a été pour sa peine. Confondu par les ouvrages de ces illustres morts, il l'a encore été par les réclamations de plusieurs hommes vivans qu'il s'étoit permis d'accuser, et la honte lui en est restée toute entière. Mais laissons en paix sa cendre, et ne le troublons pas dans l'obscurité qui fut son apanage durant sa vie, et qui a suivi son nom après sa mort. Le systême de l'athéisme, dont il fut un ardent

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