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ter une imposition assez forte, en raison de ce que quelques individus se sont permis de tirer sur les troupes prussiennes, lors de leur passage par Versailles.

-On faisoit des dispositions sérieuses pour réduire le château de Vincennes. Trente pièces d'artillerie prussienne avoient traversé les boulevards pour être mises en position dans les lignes qui observent Vincennes. Mais le commandant de cette forteresse l'a remise entre les mains du Roi, et le pavillon blanc y flotte actuellement.

Des que la nouvelle de la bataille du Mont-Saint-Jean fut parvenue dans le midi, un commissaire extraordinaire du duc d'Angoulême parut dans la ville de Béziers, y fit arborer le drapeau blanc, et destitua les autorités que M. le général Gilly avoit nommées. Cette ville a, par cette mesure, été préservée des horreurs que l'incertitude des événemens a fait commettre dans quelques autres villes de la même province.

-On écrit de Puicerda que S. A. R. le duc d'Angoulême a donné l'ordre de tranférer à Toulouse son quartier-général.

-L'empereur de Russie occupe le palais de l'Elysée-Bourbon; l'empereur d'Autriche, l'hôtel du prince Berthier, et le roi de Prusse, l'hôtel qu'il habitoit l'année dernière dans le faubourg Saint-Germain.

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M. le duc de Richelieu, ministre de la maison du Roi, vient d'arriver à Paris.

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L'empereur Alexandre a été reconnu, le 11 de ce mois, vers les huit heures, au Palais-Royal. Il étoit en habit bourgeois, et n'avoit avec lui qu'une seule personne. Tout le jardin a retenti en un instant des cris de Vive Alexandre! vive le magnanime!

Le bruit s'étoit répandu que Buonaparte étoit pris. Une si heureuse nouvelle ne s'est pas encore confirmée. On dit seulement qu'il est bloqué, et qu'il aura de la peine à échapper aux Anglois qui l'observent. La frégate qui le porte est inouillée à l'île de Rhé.

Plusieurs villes s'empressent d'arborer la cocarde blanche et de reconnoître l'autorité du Roi. On cite particulièrement Rouen, le Havre, Caen, Reims, Amiens, Marseille (Oise), Calais, Autun, etc. Le besoin du retour à l'ordre se fait sentir partout. On disoit que Lyon avoit été occupé, le 10,

par les Autrichiens en vertu d'une capitulation conclue avec le maréchal Suchet, qui devoit rejoindre l'armée stationnée au-delà de la Loire. Une nouvelle plus certaine, c'est que la garnison de Lille a arboré le drapeau blanc, et que cette importante place reconnoît l'autorité du Roi. Les places du nord ne sont pas encore toutes rendues. Dans quelquesunes on s'obstine à se défendre. Un commissaire de S. M. est parti pour cette portion du royaume. On espère que son arrivée décidera plusieurs commandans à se rendre, et qu'ils n'hésiteront pas à remettre au Roi des places qu'ils répugnent peut-être à livrer aux alliés.

-M. le prince de Condé est arrivé, le 11, à Paris. On annonce comme très-prochaine l'arrivée de Mme. la duchesse d'Angoulême, et celle de M. le duc d'Orléans et de sa famille.

varre,

Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Na

N'ayant rien de plus à cœur que de veiller aux intérêts de nos sujets dans les départemens qui, par suite des événemens de la guerre, se trouvent occupés par les armées étrangères, et de leur éviter, autant qu'il dépendra de nous, les malheurs qui pourroient résulter du défaut d'ensemble dans les mesures, et de bonne intelligence avec les commandans militaires; Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1er. Il sera formé une commission chargée de suivre spécialement, avec les préfets des départemens occupés par les armées étrangères, la correspondance relative à cette occupation; de leur prescrire toutes les mesures qui seront cominandées par la nécessité; de subvenir aux réquisitions demandées; de les proportionner aux besoins, et d'en assurer le remboursement aux personnes sur lesquelles elles auront été placées.

2. La commission prendra auprès des ministres de l'intérieur, de la guerre et des finances, toutes les instructions, et recevra toutes les directions qui pourront lui être nécessaires.

3. Notre ministre des affaires étrangères fera connoître l'existence de cette commission aux ministres et aux généraux en chef des puissances étrangères.

4. Sont nommés membres de cette commission :

Le comte Corvetto, conseiller d'Etat;

Le baron de la Bouillerie, maître des requêtes;
Le baron Portal, maître des requêtes;

Le baron Dudon est nommé secrétaire de la commission et aura voix délibérative.

Donné à Paris, le neuvième jour du mois de juillet.

Signé, LOUIS. Le Roi a nommé M. le duc de Tarente, pair et maréchal de France, chancelier de la légion-d'honneur;

M. le comte Beugnot, directeur-général des postes; M. le comte Molé, directeur-général des ponts-et-chaussées; M de Caze, conseiller à la cour royale de Paris, préfet de police de cette ville.

On dit que M. le duc de Feltre va être fait maréchal de France, et nommé commandant-général de la maison militaire du Roi, qui doit être portée à 25,000 hommes. On prépare pour cette maison une nouvelle organisation. Les corps de mousquetaires, de chevau-légers, de gardes du corps, doivent être supprimés, et remplacés par des régimens composés d'officiers et de soldats choisis, et qui auront mérité cet honneur par leur bon esprit.

- M. le duc de Choiseul-Stainville, lieutenant-général des armées du Roi et pair de France, a repris par ordre de S. M. le commandement de la première légion de la garde nationale parisienne, en remplacement de M. Choiseul-Praslin.

-Tous les jours, les généraux Gérard, Haxo et le comte de Valmy ont des conférences avec le général Maison, relativement à l'armée. On espère que ces conférences auront un heureux résultat. Il paroît que plusieurs corps ont envoyé leur soumission au Roi. Les nouvelles d'Orléans sont plus tranquillisantes qu'on ne l'avoit annoncé. L'armée a essuyé une désertion considérable; mais ce qu'on avoit dit de troubles arrivés et d'excès commis, ne s'est pas heureusement confirmé. Le 13, toute l'armée étoit retirée au-delà de la Loire, et les Prussiens ont pris possession de la ville. Une lettre du prince d'Eckmull à son armée annonçoit l'intention de se soumettre au Roi.

-Plusieurs corps de troupes des alliés sont arrivés aux environs de Paris, et il est entré dans cette ville des régimens autrichiens. Il paroît qu'ils ne logeront pas chez les particuliers, et qu'on a pris des mesures pour distribuer d'une manière moins incommode pour les habitans, les soldats qu'on leur avoit donnés d'abord à loger. Cet adoucissement est un nouveau bienfait de la présence du Roi.

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De quelques calomnies du dernier gouvernement, et de quelques reproches de ses partisans.

Ce qu'il y a peut-être de plus révoltant dans les opérations du gouvernement éphémère qui nous a régis pendant trois mois, ce qui n'a pas échappé aux esprits judicieux, et ce qui leur a rendu plus odieux, s'il étoit possible, et ce gouvernement et ses manœu vres, c'est le systême de mensonge, de détraction et d'insulte qu'il avoit adopté et qu'il a suivi constamment. Il avoit calculé sans doute qu'il ne pouvoit se soutenir que par l'imposture et la calomnie, et il a usé largement de ces deux moyens bien dignes de lui. Il est surtout deux points sur lesquels il a plus cherché à en imposer et à pervertir l'opinion; savoir la religion et la famille royale. il versoit sur l'une et sur l'autre le mépris et l'outrage. De quel ton il par loit de la religion! comme il cherchoit à rendre les prêtres odieux! il s'étoit bien convaincu sans doute qu'ils avoient vu son retour avec autant de douleur que celui des Bourbons avec joie, et il ne pouvoit leur pardonner d'avoir été des plus ardens à proclamer et à propager les sentimeus d'amour et de respect pour cette noble et antique famille. Aussi partout ses agens et ses affidés avoient pris les prêtres en horreur. Dès le 20 mars, dans cette triste journée où Buonaparte entra à Paris avec les ténèbres, au milieu des cris dégoûtans que poussoient en son honneur ses satellites et ses stipendiés, d'autres cris grossiers et dignes des premiers annoncèrent aux prêTome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 98.

V

fait

tres ce qu'ils avoient à attendre du nouveau règne. Le cortége ignoble et mal vêtu qui accompagnoit son prince, cette canaille, puisqu'il faut l'appeler par son nom, qui se pressoit autour de sa personne auguste, et qui faisoit tant de bruit, grâce au vin qu'elle avoit bu et à l'argent qu'on lui avoit distribue; cette foule, dis-je, bien endoctrinée ne cessa de crier : A bas la calotte. Ce fut, ce jour et les suivans, le refrain le plus ordinaire des orgies délicates des bandits et des misérables qui avoient orné le triomphe d'un souverain pour eux. On ne se contenta même pas de ces vociférations répétées. Plusieurs prêtres furent insultés dans les rues, ou poursuivis à coups de pierre. On n'en rencontroit pas sans les saluer de quelque injure. Les crieurs de la police, ceux qui étoient chargés de répandre les actes et les écrits dans le sens du nouveau gouvernement, désignoient les prêtres, quand il en étoit question dans leurs affiches, sous le nom de calotins, et nous avons entendu plusieurs de ces émissaires faire sonner bien haut cette dénomination polie, la répéter avec affectation et complaisance, et y joindre un ton de mépris digne d'eux et de ceux qui les mettoient en œuvre. J'avoue que rien ne me parut plus ignoble, plus bas, plus révoltant, plus digne d'un gouvernement jacobin. Cela nous reportoit aux beaux jours de 1793. C'étoit absolument le style de ce temps-là. Buonaparte l'avoit emprunté du père Duchesne.

Aux injures contre les prêtres, se joignirent les outrages, les dérisions et les platitudes contre les Bourbons. Nul sujet ne revenoit plus fréquemment dans les pamphlets du ministère impérial, dans les discours du maître, dans les articles des journaux

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