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frayante rigueur. Comment ne pas voir qu'une telle opposition est une folie qui ne fait qu'agraver nos maux, qu'étendre partout les suites de la guerre, que fournir aux alliés un motif pour disséminer leurs soldats dans toutes les provinces? Une prompte soumission eût sauvé la France; une lutte orgueilleuse ne peut venir d'un ennemi de son pays.

que

Car c'est en vain que se le dissimulent quelques hommes qui ont pris part à la conspiration de mars dernier. La nation veut le Roi. En vain on l'avoit comprimée. En vain des insensés ont osé qualifier de minorité factieuse, cette masse imposante qui applaudit au retour des Bourbons. En vain ils se sont plaints qu'on nous imposoit un monarque malgré nous. Ce qui se passe sous nos yeux leur donne le démenti le plus complet. On revient avec enthousiasme à l'autorité futélairé de l'héritier de nos rois. Les villes et les campagnes proclament son nom comme celui d'un libérateur. Elles arborent les couleurs antiques de la monarchie; elles célèbrent la restauration comme l'aurore d'un meilleur avenir. Venez à Paris surtout, vous qui voulez douter de l'assentiment de la nation. Venez voir les témoignages d'attachement de cette grande cité le meilleur des rois. Venez entendre ses pour unanimes acclamations. Ce ne sont pas seulement les classes distinguées de la société, c'est le peuple qui fait éclater les plus vifs transports. Rien n'est plus touchant que le spectacle de cette allégresse franche et naturelle, que ces groupes, cet empressement, que ce désordre, ce délire même, si l'on veut, d'une multitude emportée par la vivacité de ses sentimens. Ce triomplie populaire est peut-être le plus flattcur pour le Roi. L'ambition, l'intérêt ou l'hypocrisie n'y

ont aucune part; car ces braves gens-là n'attendent ni places ni honneurs. Ils ne cherchent pas à se faire un mérite de leurs applaudissemens. Ils ne peuvent être remarqués individuellement de S. M. Mais ils se trou➡. vent heureux quand elle a paru à sa fenêtre. Ils sont payés de leur soirée par le plaisir d'avoir vu le prince, et de l'avoir salué par leurs acclamations.

Ces réflexions nous ont éloigné de l'ouvrage qui nous a donné occasion de les faire. L'auteur nous les pardonnera puisqu'elles se rapportent au même but que lui. Cet écrivain a d'ailleurs de plus d'une manière droit à nos éloges. Il déteste, comme tout bon François, le règne du soldat étranger et usurpateur qui, comme un fléau dévastateur, a marqué son passage par des torrens de sang. Il professe un attachement et une vénération dignes d'éloges pour le sang de nos rois. Il a de plus le mérite d'avoir publié sa brochure dans un temps où cet acte de courage pouvoit l'exposer. Elle parut au mois de juin dernier, et sous la tyrannie même de Buonaparte. Ainsi il faudra joindre l'auteur à ces généreux François qui ont osé faire entendre le langage de la fidélité et de l'honneur sous les yeux des satellites et des espions du despote.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. L'acte du congrès, du 9 juin dernier, qui vient d'être publié, porte en faveur du souverain Portife les dispositions suivantes, qui réjouiront sans doute les amis de l'Eglise, et qui sont un monument de l'esprit d'équité et de sagesse des souverains:

« Les Marches avec Camerino et leurs dépendances,

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ainsi que le duché de Bénéveut et la principauté de Ponte-Corvo, sont rendus au saint Siége.

Le saint Siége rentrera en possession des légations de Ravenne, de Bologne et Ferrare, à l'exception de la partie du Ferrarois, située sur la rive gauche du Pô.

S. M. I. et R. A. et ses successeurs auront droit de, garnison dans les places de Ferrare et Commachio.

Les habitans des pays qui rentrent sous la domination du saint Siege par suite des stipulations du congrès, jouiront des effets de l'article xvi du traité de Paris, du 30 mai 1814. Toutes les acquisitions faites par les particuliers en vertu d'un titre reconnu légal par les lois actuellement existantes, sont maintenues, et les dispositions propres à garantir la dette publique et le paicment des pensions, seront fixées par une convention particulière entre la cour de Rome et celle de Vienne».

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Le dévouement et la fidélité au souverain a toujours été un des caractères distinctifs du clergé de France, qui, à différentes époques, en a fourni d'illustres exem ples. Peut-être dans ce nombre sera-t-il permis de comp ter la conduite d'un évêque qui adressa, au mois de mai dernier, la lettre suivante au ministre des cultes, dans le moment où la terreur, répandue par le retour de Buonaparte, sembloit faire de toutes les vertus un crime, et de tous les devoirs un problême.

Après quelques mots eu réponse à l'ordre de se rendre à l'assemblée dite du Champ de Mai, le prélat continue

ainsi :

<«<Je crois que le moment est venu pour moi de vous déclarer, avec toute la franchise et la liberté qui conviennent à un évêque, quels sont mes sentimens sur les circonstances politiques dans lesquelles se trouve aujourd'hui la France.

» Je ne reconnois point d'autre souverain légitime en France que Louis XVIII. Je lui ai promis fidélité : je suis résolu de la lui garder constamment, et de ne rien

faire qui puisse, ni directement, ni indirectement, porter atteinte.

» Cette fidélité que j'ai promise à Louis XVIII, et que je veux lui garder inviolablement, je l'ai promise et gardée à Napoléon Buonaparte jusqu'au jour où Ìnimême, en abdiquant l'empire, il m'a, ainsi que toute la France, délié de mes sermens, et affranchi de son obéissance pour toujours. Jusqu'alors j'avois vu en lui le souverain voulu par la Providence, et dans son auforité ce pouvoir établi dont parle Bossuet, et auquel tout homme, selon saint Paul, doit obéissance et respect. L'anarchie à laquelle il succédoit, le consentement de toutes les puissances qui le reconnoissoient pour souverain, les succès inouis qu'avoient obtenus ses armes, Ja sanction donnée par le chef de l'Eglise à un pouvoir qui sembloit promettre à la religion des jours plus heureux, tout alors concouroit à lui assurer de ma part une fidélité qui, j'ose le dire, ne s'est jamais démentie. Tous ces motifs, qui m'ont paru pendant long-temps militer en faveur de Napoléon Buonaparte, ne subsistent plus aujourd'hui. Lui-même s'est dépouillé de l'empire, auquel le besoin et le voeu de la France avoient paru l'appeler. Le chef auguste de la famille des Bourbons a repris l'exercice de ses droits. Le gouvernement doux, paternel et sage dont il nous a fait jouir, justifie toutes les espérances que peut faire concevoir son retour, comme il a pleinement réfuté toutes les craintes par lesquelles on s'est efforcé, pendant vingt ans, de le bannir de notre coeur, ainsi que de son royaume.

» Maintenant donc je trahirois ma conscience et má patrie; je croirois commettre envers la religion et l'Etat un crime, dont la seule pensée me fait horreur, si je coopérois par ma présence, si je me liois par serment à un acte défendu en termes formels par mon souverain légitime, et dont le but est d'affermir, de paroître légitimer la puissance d'un homme que le vœn véritable de la France repousse, et à qui je ne crois

plus devoir autre chose qu'une soumission purement passive. Je la lui rends et la lui rendrai cette soumission passive, non-seulement en ne provoquant ni sédition ni trouble, mais en maintenant de tout mon pouvoir la paix qui jusqu'à ce jour a régné dans mon diocèse. Mes devoirs envers Napoléon Buonaparte ne sauroient aller plus loin,

» J'ai prévu les dangers auxquels pourroit m'exposer une pareille déclaration. Je les envisage, grâces à Dieu, sans épouvante pour moi-même, quoiqu'avec peine pour mon diocèse. Je me soumets à tous les malheurs qui peuvent en être la suite, étant résolu de vivre toujours dans les sentimens que je viens de vous exprimer, et de mourir plutôt que de n'en écarter jamais ».

On sent qu'après une telle déclaration le prélat n'eut plus qu'à s'éloigner. Il n'est même pas encore revenu de son exil, et nous avons profité de son absence pour publier cette pièce.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Des mesures avoient été prises pour prévenir l'évasion de Napoléon Buonaparte; on verra, par l'extrait suivant d'une lettre du préfet maritime de Rochefort à S. Exc. le ministre de la marine, que le résultat a été tel qu'on avoit lieu de l'espérer.

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Rochefort, le 15 juillet, à dix heures du soir. « Pour exécuter les ordres de V. Exc., je me suis embarqué dans mon canot, accompagné de M. le baron Richard, préfet de la Charente-Inférieure. Les rapports de la rade de la journée du 14 ne m'étoient point encore parvenus; il me fut rendu compte, par le capitaine de vaisseau Philibert, commandant la fregate l'Amphy trite, que Buonaparte s'étoit embarqué sur le brick l'Epervier, armé en parlementaire, déterminé à se rendre à la croisière angloise.

» En effet, au point du jour, nous le vîmes manœuvrer pour s'approcher du vaisseau anglois le Bellerophon, commandé par le capitaine Maitland, qui, voyant que Buona

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