Page images
PDF
EPUB

Bourbons il y a un mois, vient de faire imprimer une lettre pour sa justification. Il assure qu'il a toujours été étranger à tout esprit de parti. Des gens qui ont de la mémoire, lui rappellent que le 30 juin, dans un discours énergique, il s'éleva contre les Bourbons, qu'il appela des ennemis du peuple françois, des hommes proscrits et exclus à jamais du trône en vertu de l'art. 67 de la constitution d'alors.

1

On croit que les membres de la nouvelle chambre des députés ne toucheront ni traitement ni indemnité, et on doit le désirer. Cette disposition augmenteroit leur considération, et éloigneroit ceux qui spéculent sur ces fonctions impor→ tantes. On seroit plus sûr alors de n'avoir que des hommes animés des plus nobles vues, et qui honoreroient leurs fonetions par leur désintéressement. Il seroit seulement à désirer que l'on annonçât cette détermination, qui engageroit beaucoup d'intrigans à se retirer des élections.

-Les Prussiens ont pris, dit-on, la résolution de regarder comme prisonniers de guerre, et de transporter au-delà du Rhin, les militaires françois qui se trouveroient à Paris sans autorisation.

M. le duc de Bourbon est attendu à Bayonne d'un moment à l'autre. Ce prince est en Espagne.

L'armée royale qui se forme dans les départemens de l'ouest s'augmente tous les jours par des recrues volontaires.

- Il a été conclu, le 9 juillet, une suspension d'armes entre le général Brune et les troupes sardes. Le premier s'est engagé à ne plus contrarier les dispositions des royalistes provençaux.

- Il est décidé que Buonaparte va à l'île Sainte-Hélène. Il est parti accompagné de deux domestiques, et ayant deux cents louis dans sa poche. L'île où il se rend étoit peut-être, dans tout le globe, le lieu le plus commode pour le garder. Elle est éloignée de toute terre, à peu près à égale distance des côtes du Brésil et de celles d'Afrique. Il y a peu de moyens de s'échapper de ce séjour, et la surveillance y est facile. Il sera presque impossible à Buonaparte d'entretenir des intelligences avec l'Europe, et le gouverneur de l'île pourra être informé exactement de tout ce qu'il fera. On espère qu'il sera gardé à vue, et que l'on prendra des précautions pour que

cet ennemi commun ne vienne plus troubler notre re.... pos. Un officier-général, sir Georges Cockburn, est chargé de le conduire, et un autre officier, sir Hudson-Lowe, doit veiller sur lui après le débarquement. L'île, qui appartenoit à la compagnie angloise des Indes, passera sous le gouver nement royal, et il y aura, dit-on, une garde militaire ervoyée dans l'île pour la sûreté du dépôt, à laquelle toute l'Europe est si intéressée.

-L'audace de quelques mécontens éclate d'une manière sensible. Qui croiroit qu'aux Tuileries même, sous les yeux du Roi, au milieu de l'effervescence de la joie et des témoignages de dévouement d'une foule empressée, des misérables osassent encore prononcer un nom détesté, et jeter un cri odieux. Dimanche dernier, on a arrêté deux individus qui crioient vive l'empereur. Le soir, dans la rue de Vaugirard, la garde prussienne du Luxembourg a arrêté un homme qui proféroit le même cri. Mardi et mercredi cette scène s'est renouvelée encore aux Tuileries, et la garde nationale a pris beaucoup de peine pour soustraire à la fureur du peuple les séditieux qui venoient braver le Ror jusque sous ses fenêtres. Ces misérables ont encore imaginé un autre moyen; c'est de couper les schalls ou les robes des dames, ou de les asperger d'eau-forte. L'audace de ces gens-là est incroyable. Ne seroit-il pas temps de faire un exemple sur quelques-uns? Le cri qu'ils ont fait entendre est le cri de la révolte. Il ne peut avoir d'autre objet que d'exciter du tumulte. Il y a des lois pour réprimer ces délits. Il s'agit de les faire exécuter. Ce n'est pas là, comme on se plaît à le dire, de la vengeance et de la réaction, c'est de la justice; c'est l'intérêt général de la société; c'est le repos de tous qui réclame des mesures fermes. Que ceux à qui notre joie déplaît ne viennent pas la troubler, s'ils ne veulent pas la partager. Nous n'allions point, lors du règne de leur idole, mêler nos acclamations favorites à leurs clameurs furieuses. Chacun a son tour, ce n'est pas trop. Qu'ils ne nous envient pas le plaisir de témoigner à notre Roi notre respect et notre amour, de lui offrir quelque consolation au milieu de ses peines, et de le dédommager de tout ce qu'il a à souffrir. L'ingratitude, l'obs tination et la frénésie de quelques François touchent sensiblement son cœur. Peut-être nos applaudissemens apportent-ils quelque adoucissement à sa douleur. Ils servent au moins

montrer nos sentimens. Ils prouvent aux puissances étrangères que nous sentons le prix du bienfait que nous leur devons. Quoi que fassent quelques factieux, la masse de la nation veut son Roi, la masse de la nation l'aime; et voilà précisément ce qui les irrite et les aigrit. Leur orgueil révolté s'exhale en clameurs impuissantes qui cesseront dès qu'on de voudra bien.

-La cavalerie de la garde royale du Roi sera composée de cinq régimens: un de grosse cavalerie, un de dragons, un de chasseurs, un de hussards et un de lanciers. Ils seront commandés par les lieutenans-généraux Charles de Damas, Barde-Soult, de Lagrange, Lauriston et Digeon.

-On écrit de Montbrison, sous la date du 29 juillet, que tout le département de la Loire est maintenant soumis à l'autorité du Ror; que le duc d'Albufera et le général Mouton, Duvernet ont beaucoup contribué à cet heureux résultat, et qu'aussitôt que l'ordre a été parfaitement rétabli partout, le général Mouton-Duvernet s'est empressé de se constituer luimême prisonnier, pour donner l'exemple de la soumission qui est due aux volontés du Roi.

-La garde impériale autrichienne occupe en ce moment la caserne du faubourg du Temple.

On assure que les puissances alliées ont fait expédier, à tous les corps qui étoient en marche pour la France, des courriers avec l'ordre de ne point entrer sur le territoire françois; en sorte qu'il n'y viendra pas un plus grand nombre de troupes que celles qui y sont déjà, et que l'on évalue un peu au-dessus de 300,000 hommes.

pour

La ville de Paris paie par jour 3000 fr. la nourriture de MM. les officiers autrichiens, et 5000 fr. pour celle de MM. les officiers prussiens, qui sont plus nombreux. Au moyen de cet arrangement, les particuliers chez lesquels ils logent ne sont pas tenus de les nourrir.

Deux ordonnances du Roi annullent les nominations d'officiers faites pendant l'usurpation; renvoient en retraite ceux qui y étoient au 1. mars, et réintègrent dans leurs places ceux qui avoient été arbitrairement destitués.

er

Dans les dernières séances de la chambre des députés, et lorsque cette chambre, honnie de toutes parts, se débattoit contre l'ascendant de l'opinion publique, et cherchoit à prolonger son existence malgré l'autorité du Roi et malgré le canon des alliés, un homme fort connu lui a adressé une pétition en faveur des nègres. Cet homme prenoit assez mal son temps. Mais tourmenté du besoin de faire parler de lui, pressé du désir d'étaler partout un titre qui n'est pas le sien, M. Grégoire, accoutumé à jouer un rôle dans toutes les législatures, n'a pas voulu que celle-ci passât sans que son nom y fût prononcé. Cet ardent philan thrope a pris, comme on sait, sous sa protection, les nègres et les juifs. Ce qu'il a fait pour la première de ces deux classes a rendu son nom extrêmement cher dans nos colonies, où on le regarde comme un des premiers moteurs de l'heureuse révolution qui a fait disparoître de ces pays la race des oppresseurs, et qui a rendu à la liberté des hommes dont la candeur et l'humanité ont éclaté d'une manière si touchante. Mais M. Grégoire, dans le zèle qui l'anime, ne croit point encore avoir assez fait pour ces intéressantes victimes du despotisme des blancs. Il ne donne pas une larme au sort de ceux-ci, exterminés jusqu'au dernier par la race de ses protégés. La race noire a seule droit à sa pitié. Il réclame donc contre un monopole qui ne se fait pas, puisqu'il n'y a pas de com. merce. Il réclame auprès d'une assemblée qui ne pourroit pas l'empêcher quand elle le voudroit. Cela lui fournit l'occasion de dire un peu de bien de lui et un peu de mal des rois, deux avantages qu'il ne falloit pas négliger. Imperturbable dans son patriotisme, M. Grégoire ne voit toujours dans les souverains que des ennemis de la liberté et des oppresseurs du genre humain. Il n'y a pas à espérer qu'il change jamais à cet égard. La république a toujours eu ses plus chères affections, et qu'il ait tort ou raison, il nous a prévenu qu'il ne se rétractoit jamais. Enfin il se donne le plaisir de signer ancien évêque de Blois, et je ne répondrois pas que ce n'eft pas été là un de ses motifs pour présenter sa requête. On lui a déjà dit, en vain, qu'il n'avoit jamais été évêque de Blois, qu'il n'avoit jamais eu de mission pour cette ville; qu'en prenant ce titre il étoit en contravention avec la constitution civile du clergé. N'importe, rien ne le fera renoncer à cette qualification; il l'étale dans tous ses écrits. Il y tient très-fortement, et ses amis même, dit-on, rient de l'importance qu'il y attache. L'assemblée a ri aussi de sa requête, à ce qu'il paroît, et M. Grégoire a eu la mortification de ne pas trouver de suffrages même parmi ses anciens amis de la convention. Nous ne voyons pas désormais à qui il peut s'adresser. Les rois le repoussent, les républicains même ne l'écoutent pas. Il 'n'a d'autre ressource que de s'adresser au roi d'Haïti, et aux autres princes noirs, les seuls peut-être auxquels il pardonne d'être souverains, et qui sont plus intéressés que personne à accueillir les projets philanthropiques de cet ami de leur race.

HISTOIRE de France pendant les guerres de religion, par M. Lacretelle (1).

[blocks in formation]

Nous avions donné, dans un premier article (n°. XC, 1er. mars 1815), des preuves beaucoup trop palpables de l'esprit qui a dirigé M. Lacretelle dans la composition de son histoire. Nous sommes fâchés qu'il nous en fournisse d'autres, et en assez grand nombre, dans ses deux premiers volumes. M. Lacretelle paroît avoir peu de ce sang froid et de cette impartialité si nécessaires à un historien. Il ne sait point se tenir dans la juste mesure. Il est porté à l'exagération, et dénature les caractères pour les rendre plus prononcés. Le connétable Anne de Montmorenci est représenté dans nos historiens comme un seigneur religieux, ferme, zélé pour ses devoirs, d'une fidélité inviolable pour ses rois, courageux, plein de droiture et de probité; mais en même temps sévère, dur, avide, grondeur. M. Lacretelle lui a-t-il tenu assez de compte de ses bonnes qualités, et n'a-t-il pas un peu exagéré les mauvaises? Il lui reproche avec force son intolérance et ses violences, et il en cite des exemples qui ne sembloient pas mériter les vives couleurs avec lesquelles il les peint. Le connétable se transporta un jour dans les prêches de la capitale, dispersa les pro

(1)2 vol. in-8°. A Paris, chez Volland, quai des Augustins, Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 104. Cc

« PreviousContinue »