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parce qu'elle traite d'époques qui sont encore moins connucs. Le traducteur se propose de faire passer cette suite dans notre langue. Il ne s'est pas nommé; mais on a lieu de croire que c'est le même écrivain à qui nous devons déjà beaucoup d'autres traductions d'ouvrages utiles. C'est un philanthrope chrétien, qui désire surtout d'élairer ses semblables, et de leur faire du bien. Ce but, qui est clairement marqué dans tout ce qui est sorti de sa plume, doit faire excuser quelques négligences, suite d'un travail trop rapide, et quelques digressions qui ne se lient pas très-bien avec le sujet. Par exemple, le volume que nous annonçons est terminé par un vœu pour que les peuples ne se servent jamais des fusées à la Congrève. I! faut couvenir que ce voeu louable et humain n'a pas beaucoup de rapport avec l'Histoire littéraire des huit premiers siècles de l'ère chétienne.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La restauration n'a pas encore étendu ses bienfaits partout, et tandis que le reste de l'Europe se livre à la joie, cette grande capitale est encore alarmée d'un voisinage dangereux. Les Marches d'Ancône sont toujours occupées par des étrangers qui paroissent s'être proposés d'y faire regretter la domination napoléonienne. Ils y exercent toute sorte de vexations. Ils ont mis en vente les biens ecclésiastiques qui avoient été épargnés sous Bonaparte. Dans ce moment ils font faire des adresses de dévouement à quelque étranger. Les évêques, les chapitres, les curés, tous les corps sont tourmentés à cet effet. Un certain Maghella, fidèle émissaire de Salicetti, court de ville en ville, presse, nienace, effraie. Des hommes à ses gages le secondent.

Ancône est en convulsion. On n'oublie rien pour porter les habitans à se révolter contre leur souverain légitime; on les sollicite d'être fidèles, et à qui? A un homme illustre par le sang de ses ancêtres, ou appelé par les suffrages des peuples? Oh, non. N'est-il pas un peu humiliant pour les gens honnêtes de ces provinces d'être obligés d'obéir à un soldat de fortune, et ne doivent-ils pas trouver étrange qu'on veuille à toute force leur extorquer du dévouement et du respect pour un aventurier, pour le complice des folies de celui dont toute l'Europe bénit la chute?

Le souverain Pontife, dont il occupe les Etats, a donné jusqu'ici l'exemple de la patience, et a cru que la seule équité engageroit à lui restituer ce qui lui appartient. Mais enfin, quand il a vu que sa modération n'étoit point appréciée, il a tenu un langage plus ferme. Le secrétaire d'Etat eut ordre, il y a quelques semaines, de remetti e au chevalier de Lebzeltern, ministre d'Autriche, une note très-forte, dans laquelle le saint Père se montroit étonné et indigné de la conduite de Murat, et déclaroit que si on ne lui restituoit pas ses provinces, comme l'empereur d'Autriche en avoit pris l'engagement le plus solennel, il sauroit prendre tous les moyens pour soutenir ses droits, étant résolu à tout, et ne craignant ni la prison ni l'exil. Le ministre d'Autriche, après la réception de cette note, demanda et obtint une audience. Il pria S. S. de faire démentir la note en question qui déjà circuloit dans Rome, et s'engagea à solliciter, en conséquence, auprès de sa cour des mesures plus favorables. L'Autriche avoit promis, à ce qu'il paroît, que la remise des provinces envahies auroit lieu au mois de novembre dernier. Rien ne s'est effectué. Alors, le 30 décembre dernier, le cardinal Pacca a adressé la note suivante au chevalier Zuccari, consul-général de Murat à Naples, et qui étoit son agent plutôt toléré que

reconnu :

« Le cardinal camerlingue de la sainte Eglise, prosecrétaire d'Etat, a reçu l'ordre formel de S. S. de vous

faire connoître franchement qu'elle est lasse de souffrir la conduite que vous tenez envers le gouvernement. Le saint Père n'ignore pas que vous vous êtes permis d'organiser un atelier secret d'espionnage. Il connoît tous les misérables que vous salariez, et qui, sans honneur personnel et sans amour pour leur patrie, se sont vendus pour servir la cause de l'étranger par de honteuses démarches. S. S. connoît les écrits que vous avez répandus dans la ville, et que vous avez fait circuler dans ses Etats, dans le but aussi criminel que bas d'affoiblir les sentimens que l'on doit au souverain légitime. Enfin, S. S. connoît les réunions que vous provoquez, les propos que vous y tenez, et les lettres que vous écrivez pour rallumer le feu des opinions anti-chrétiennes, qui a ravagé notre hémisphère durant tant d'années.

» S. S. veut que le soussigné écrive en son propre nom au gouverneur de Rome, président de la police, pour lui donner l'ordre de rechercher et saisir ces hommes indignes du nom romain, qui servent d'espions à un génie malfaisant étranger, et qui tendent à mettre en agitatation le corps politique. Elle veut aussi que vous soyez soumis comme les autres particuliers aux réglemens de la police locale, attendu que vous n'avez aucun caractère politique dans cette ville, et qu'elle prenne contre vous les mesures que votre conduite ultérieure pourra

nécessiter.

» Le soussigné, en vous communiquant cet ordre souverain pour votre règle, regrette de ne pouvoir vous renouveler ses sentimens d'estime ».

B. cardinal Piccs.

Après la réception de cette lettre, le chevalier Zuccari se présenta de suite chez le cardinal Pacca et chez Mgr. Cavalchini, gouverneur de Rome; il ne fut point reçu. Depuis il a reçu une autre mortification. On ignore quelle sera la suite de cette affaire, qui a fait le plus grand éclat dans Rome.

PARIS. L'association des chevaliers de Saint-Louis,

récemment instituée avec l'agrément du Roi, et sous la protection de Mgr. le prince de Condé, fit célébrer, le samedi 28, dans l'église de Saint-Roch, un service pour le repos de l'ame de Louis XVI. Le choeur et la nef étoient tendus de noir. Un riche catafalque avoit été dressé. Plusieurs maréchaux, ambassadeurs, généraux et autres occupoient des places distinguées, et un graud nombre de personnes en deuil s'étoient rendues à l'invitation. Des chevaliers commissaires veilloient à ce que chacun fut placé. MM. Hue et de Sèze avoient reçu des invitations particulières, et se sont fait un devoir de s'y rendre. M. l'abbé de Bombelles, connu si long-temps sous le nom de marquis de Bombelles, ancien ambassadeur à Vienne, chevalier de Saint-Louis, officioit. Après l'Evangile, M. l'abbé Rauzan est monté en chaire, et a prononcé l'éloge de Louis XVI. Il a raconté d'une manière touchante la mort de ce Prince, et a regardé ses prières comme une des causes de l'étonnante révolution qui a rendu sa famille à nos voeux. Les six dames désignées pour la quête se tenoient à l'entrée. On assure que la quête a produit plus de 11,000 fr.

- La conférence de M. l'abbé Frayssinoux, du dimanche 29 janvier, a eu pour objet les bienfaits du christianisme ou J. C. considéré comme bienfaiteur du genre humain. L'orateur, s'écartant de son usage ordinaire, a commencé par un texte tiré de l'Ecriture sainte, et dont tout son discours n'a été que le développement. Ce texte a été ces mots du Sauveur : Ego sum veritas et vita, je suis la vérité et la vie. L'orateur a remarqué qu'aucun sage, aucun philosophe de l'antiquité n'avoit tenu un tel langage. Les plus présomptueux, ceux qui se flattoient le plus d'enseigner la vérité, ne se sont avisés de dire qu'ils étoient la vérité même. Il n'a été donné qu'à J. C. de pouvoir s'attribuer ce titre, et de prouver combien il lui convenoit. Après un exorde imposant, l'orateur partant toujours de son texte, a considéré J. C. dans son premier point comme la vérité, et dans le second comme la vie.

Quelles vérités n'est-il pas venu apporter aux hommes? Vérités nécessaires, vérités populaires, vérités éternelles. Cette subdivision a été remplie d'une manière serrée, neuve et intéressante, qu'une courte analyse ne sauroit reproduire, et qui a frappé l'auditoire choisi et attentif que ce discours avoit attiré. Dans le second point, l'orateur a fait sentir la vie nouvelle que le divin législateur des chrétiens a apportée aux hommes; c'estlà qu'il a fait un tableau des heureux effets du christianisme. Ce tableau, fidèlement tracé d'après l'histoire, suppose beaucoup de recherches, et est la meilleure réponse aux déclamations de quelques modernes. Est-il rien de plus beau et de plus touchant que le spectacle de l'Eglise naissante de Jérusalem? Les idolâtres devenus chrétiens ne se distinguoient que par une vie plus pure. Le christianisme a rendu de signalés services à la société. Il fit cesser des jeux cruels, des sacrifices homicides, l'esclavage. Il fut souvent un rempart contre les inondations des Barbares, et il finit par adoucir leurs mœurs. Il rendit le droit des gens plus humain, la guerre moins féroce, les tyrans plus rares. C'est le christianisme qui a sauvé l'Europe lors des ténèbres et des révolutions du moyen âge. Nous vivons de ses lumières et de ses vertus. Ceux qui ont entendu M. Frayssinoux sentiront aisément que nous ne pouvions qu'indiquer les traits principaux et les preuves les plus saillantes. Il a fini par un de ces morceaux qui sont comme la récapitulation de son discours, et qui en font ressortir la vigueur. Nous dirions que cette conférence est une des plus intéressantes qu'il ait données, si nous ne pensions pas qu'on est toujours tenté d'appliquer cet éloge à chacun des discours qu'on entend de cet estimable et solide apologiste de la religion.

Il nous est parvenu de divers endroits des détails. sur les services du 21 janvier. Il semble que partout on ait senti la nécessité de ces expiations solennelles, et le besoin de proportionner les satisfactions à l'énormité de l'allentat. Les évêques ont ordonné des services dans

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