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toutes les églises de leurs diocèses. Nous avons les Mandemens de M. l'évêque de Mende et de M. l'évêque de Bayeux, qui exhortent leurs diocésains à fléchir le ciel par la vivacité de leur douleur et par l'union de leurs prières. M. l'évêque d'Autun, atteint depuis long-temps d'un violent rhumatisme, vouloit, dans cette occasion, paroître à la tête de son troupeau, et n'a cédé qu'avec répugnance aux ordres de ses médecins. Mais ce charitable prélat a voulu au moins marquer ce jour par une aumône générale qui portât le pauvre à joindre ses bénédictions aux voeux du riche. M. l'évêque de Limoges a accordé quarante jours d'indulgence à ceux qui prendroient part à la cérémonie. A Paray-le-Monial, le service a été accompagné de la pompe et de la piété convenables. Beaucoup d'officiers entouroient le catafalque, et l'oraison funèbre, prononcée par le curé, a trouvé des cœurs bien disposés aux sentimens qu'elle leur inculquoit. A Orléans, MM. les chevaliers de Saint-Louis ont fait célébrer, le 28, un service dans l'église de SaintPierre. M. le curé de Sainte-Croix a prononcé l'oraison funèbre. Beaucoup d'habitans y ont assisté. A la tête des chevaliers de Saint-Louis étoit M. de Besançon, vieillard vénérable par ses services, et décoré de la croix depuis 1754. Parmi les assistans on remarquoit Mme. la comtesse de Fieffe, qui a combattu dans la Vendée auprès de Charrette, et que S. M. a honorée du cordon rouge.

Les obsèques de M. de Nicolaï, dernier évêque de Béziers, ont eu lieu, le 26, à l'Abbaye-aux-Bois. Plusieurs évêques y ont assisté, ainsi que ses parens, ses amis, et des ecclésiastiques qui avoient eu des relations. avec ce prélat. Comme il avoit expressément recommandé que ses funérailles fussent modestes, on a suivi ses intentions, autant que le permettoient et sa dignité et l'honneur de sa famille. Immédiatement après la messe, M. Dubourg, évêque de Limoges, a fait l'absoute. Le corps a été porté au cimetière de Vaugirard. M. AimarClaude de Nicolaï étoit né à Paris, le 4 août 1758; il

avoit été sacré évêque de Béziers, le 13 octobre 1771. Il avoit presque toujours été malade depuis son retour en France.

Le Pape vient d'accorder une grâce spéciale à M. l'abbé Godefroi, ancien vicaire-général de Cambrai, et actuellement exerçant les mêmes fonctions dans le diocèse de Tournai. Il a nommé cet ecclésiastique son chambellan d'honneur; titre qui lui donne rang dans la prélature. Il a voulu reconnoître par-là son attachement aux règles de l'Eglise, et son zèle pour les droits du saint Siége.

-M. l'abbé Bizet, de Rouen, désirant concourir à l'érection du monument projeté en l'honneur de Louis XVI, nous écrit qu'il offre 100 fr. pour cet objet, en s'excusant de ne pouvoir donner davantage pour témoigner son respect pour la mémoire du vertueux Roi. Il croit que tous les François brigueront l'honneur de faire seuls les frais de ce monument.

NOUVELLES Politiques.

PARIS. Le général Excelmans a été acquitté à Lille, et a profité de son premier moment de liberté pour aller se jeter aux pieds du Roi et lui protester de son dévouement.

AUGSBOURG. La Gazette universelle a donné des détails très-curieux sur les négociations par lesquelles on détacha Murat de l'alliance de Napoléon. Dès le mois de mars 1813, Murat, mécontent d'un article du Moniteur, dirigé contre lui, avoit fait des ouvertures à la cour de Vienne. On fut près de deux mois sans lui donner de réponse. Ce ne fut qu'après l'accession de l'Autriche à la grande alliance, que cette cour envoya des instructions pour conclure un traité. Mais Joachim, inquiet de ne pas recevoir de nouvelles, venoit de partir pour rejoindre son beau-frère, qui le pressoit fort. Ce ne fut que le 20 octobre, après le désordre qui suivit la bataille de Leipsick, qu'il parvint à s'échapper, et revint à Naples. Il chercha plus que jamais à renouer les négociations avec les alliés. Napoléon avoit fait sa fortune; mais il étoit malheureux, et la politique constante de cette auguste maison a toujours été d'abandonner le plus foible. Murat traitoit à la fois, et

avec la cour de Vienne, et avec les Anglois en Sicile. Le 11 janvier 1814, il signa avec l'Autriche un traité qui lui garantissoit Naples. On lui promit même une augmentation de territoire. Lord Bentinck arriva à Naples, le 3 février, et signa un armistice. Joachim étoit parti le 23 janvier. Il occupa Rome et la Toscane avec une partie de son armée, et fit avancer l'autre sur Bologne et Parme. Le 10 février, la cour d'Autriche lui annonça que lord Castlereagh demandoit du changement au traité du 11 janvier. Joachim eut la bonté de renoncer à ses justes prétentions sur la Sicile, et promit de coopérer à procurer au roi Ferdinand une compensation pour Naples. On lui promit en revanche une augmentation de 400,000 ames à prendre sur les Etats du Pape. Murat daigna y consentir. Néanmoins il y eut peu d'ensemble entre ses troupes et celles de l'Angleterre. Il fut obligé d'évacuer la Toscane. La cour de Sicile protestoit contre les nouveaux traités. Les amis de Napoléon en Italie se permettoient de donner à Murat les noms de perfide et de traître, sous prétexte qu'il abandonnoit son bienfaiteur, son beau-frère. On opposoit à sa conduite celle du vice-roi qui restoit fidèle à ses sermens. On s'étonnoit qu'on eût acheté si cher la défection d'un homme qui pouvoit si peu, et qui n'a contribué en rien aux succès des alliés. Quoi qu'il en soit, les événemens paroissent prouver jusqu'ici que Murat a bien calculé. Bien des personnes espèrent qu'on lui rendra enfin justice.

Un ancien supérieur de la congrégation de Saint-Maur, D. M..., a lu avec le plus grand intérêt la pétition de D. V..., son confrère, insérée dans notre n°.......... D. M..., toujours plein d'estime et de vénération pour D. V..., avec qui il viyoit en 1783, s'occupe aussi des moyens de se réunir à ceux de ses confrères qui ont conservé l'esprit de leur profession, et désirent de servir la religion et le Roi.

Il auroit écrit sur-le-champ à D. V..., s'il eût pu découvrir le lieu de sa demeure; mais n'ayant pu y parvenir, il nous engage à lui faire connoître son désir par la voie de notre journal. Il se flatte que D. V... voudra bien lui écrire, lui donner une idée sommaire de ses vues, et lui indiquer au noins ses principaux coopérateurs. D. V... peut nous adresser directement sa lettre ; nous nous empresserons de la faire passer à D. M.

RÉFLEXIONS sur l'intérêt général de l'Europe, suivies de quelques considérations sur la Noblesse; par M. de Bonald (1).

Nous gémissons quelquefois sur l'état de la littérature, et encore plus sur l'esprit qui y domine. Nous sommes affligés de voir que la plupart de ceux qui cultivent les lettres aient perdu de vue la tradition des bonnes doctrines, et s'écartent, de plus en plus, à la suite des écrivains du siècle précédent, de la ligne des principes professés dans les autres âges. Nous remarquons avec douleur que presque tous les ouvrages modernes portent, sinon le caractère de l'irréligion, au moins le cachet de l'indifférence sur ce point, et qu'on a l'air d'y regarder le christianisme comme un systême vieilli qui ne convient plus à nos mœurs, qui est au-dessous des progrès de nos connoissances, et qu'il faut tout au plus laisser à la multitude comme un frein, et à l'ignorance comme un dédommagement des idées libérales qu'elle a le malheur de ne pas connoître. Si quelque chose pouvoit nous consoler de cette disposition fâcheuse dans un grand nombre de littérateurs, ce seroit une disposition contraire dans quelques hommes qui, par leur mérite et leur réputation, paroissent encore plus faits pour dominer l'opinion publique. Des écrivains, en qui la noblesse de leur caractère relève

(1) In-8°. de 80 pages; prix, 1 fr. 50 cent. et 1 fr. 80 £. franc de port. A Paris, au bureau du Journal.

Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 83. E

l'éclat de leurs talens, ont semblé prendre en main dans ces derniers temps, la cause du christianisme. Au milieu d'un siècle indifférent ou prévenu, ils se sont déclarés franchement pour les doctrines antiques. Ils ont eu la foiblesse de croire à la révélation avec Bacon, Descartes, Newton, Leibnitz et autres petits esprits, et ils ont mieux aimé s'associer à ces grands noms que de s'affilier à la conjuration de quelques philosophes un peu moins illustres, qui ont jugé à propos de rougir d'une croyance laquelle a captivé tant de beaux génies.

De ces écrivains qui semblent destinés à perpétuer la chaîne des noms glorieux que la religion compte parmi ses admirateurs, M. de Bonald n'est pas le moins distingué par la pureté de ses vues et la hauteur de ses conceptions. Il n'est pas de ceux qui consentent à honorer la religion pourvu qu'on ne les oblige pas à la pratiquer. Non-seulement il la croit et la révère; il fait même profession de se diriger d'après ses maximes. Il est, en un mot, franchement chrétien. Toutes ses productions respirent son attachement à la foi, et s'il a adopté sur quelques points des opinions particulières, ces opinions, dans son intention, non-seulement se concilient fort bien avec la religion, mais l'honorent, la fortifient, et ne peuvent que lui être utiles, et dissiper les préventions de ses ennemis. Nos lecteurs n'ont pas besoin que nous leur fassions connoître ces opinions. Ils ont lu, sans doute, les principaux ouvrages de M. de Bonald, et ils ont pu se mettre au fait de sa manière d'envisager les objets, et du résultat de ses méditations en législation, en morale et en politique.

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