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ture extraordinaire et d'une acception de mots qui a besoin de commentaire; mais quand une fois on pos sède le dictionnaire de cette langue nouvelle, celte théorie offre des aperçus inespérés, et si elle ne satisfait pas tous les esprits, si elle n'exclut pas tous les doutes, elle étonne du moins par de grandes idées, elle plaît par de beaux sentimens. Elle tend à élever l'homme, et à faire aimer l'ordre. Enfin ce qui nous a le plus frappés dans cette brochure en particulier et ce qui mérite surtout de nous un hommage, c'est qu'on y voit partout un ami de la religion et du Roi. Ce titre que nous nous honorons de porter, nous paroît encore plus flatteur quand nous le partageons avec un écrivain si distingué.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Nous nous attendons chaque jour à des événemens; ils paroissent inévitables. On garde le silence; on évite de s'expliquer de vive voix; mais on adresse notes sur notes. Quels que soient les nouveaux malheurs qui puissent enlever le saint Père à son siége, tout est prévu, les instructions sont données, et S. S. est disposée à étonner encore le monde par sa fermeté et sa résignation. Tous les prélats sont animés du même esprit. On remarque la plus parfaite harmonie dans le sacré collége. S. S. s'entoure souvent de ses membres, et combine toutes les mesures relatives à la paix de l'Eglise et au maintien de la religion. (Moniteur).

Seroit-il donc vrai que l'Italie fut sur le point d'essuyer de nouveaux orages, et qu'une autre persécution vint assaillir ce Pontife vénérable, déjà éprouvé par tant de traverses? Voilà donc le fruit du systême le plus

SEINE

mpolitique. On a laissé dominer en Italie un homme élevé à l'école de Bonaparte, et qui a appris de lui la funeste science de troubler le monde. Il s'essaie déjà sur ses voisins. Il va traiter Rome comme il a traité Madrid. Qu'attendre autre chose d'un enfant de la révolution qui ne peut se sontenir que par la discorde, d'un soldat accoutumé au pillage? Ne sentira-t-on pas la nécessité de rejeter ce roi d'hier sur quelque rocher escarpé, et ce qui se passe ne suffira-t-il pas pour avertir les souverains du danger de laisser parmi eux une créature de leur ennemi commun, un complice et un héritier de ses plans, un homme qui ne peut être l'allié sincère d'aucun d'eux, et qui n'a d'autre titre à la couronné que le don que lui en a fait un autre aventurier?

PARIS. MM. les vicaires-généraux du diocèse ont donné, le 23 janvier, un Mandement pour le carême qui va s'ouvrir. Ils nous rappellent les agitations et les malheurs auxquels nous étions en proie l'année dernière, l'avenir effrayant qui se présentoit devant nous, et la tranquillité inespérée qui succéda à tant d'orages. Il est impossible à un chrétien de méconnoître la source d'un si grand bienfait. Ce sont les prières des justes qui ont arrêté le bras levé pour nous frapper, MM. les grands-vicaires opposent l'époque passée et l'époque présente. Ils avertissent les fidèles de se montrer reconnoissans de tant de grâces, et de ne pas attirer sur eux de nouvelles rigueurs par l'oubli de Dieu et de leurs devoirs. Ils donnent des avis salutaires à tous les rangs et à tous les âges, et exhortent chacun à se mettre en état de faire la pâque par le renoncement au péché, el par la pratique des bonnes œuvres. Ils accordent la permission de faire usage d'oeufs jusqu'au jeudi-saint, et autorisent les curés à dispenser du maigre ceux qui leur paroîtroient hors d'état de satisfaire à cette loi de l'Eglise.

-Le 31 janvier, M. Murray, archevêque d'Hierapolis, et coadjuteur de Dublin, est parti pour retourner en Irlande. Ce prélat a passé quelques mois dans cette capi

tale, à son retour de Rome, et a sollicité la restitution des biens appartenans aux établissemens des catholiques irlandois. Il a eu la satisfaction d'obtenir ce qu'il souhaitoit. S. M., par une ordonnance du 16 janvier, «vu les réclamations des archevêques et évêques d'Irlande, relativement à la surveillance qu'ils ont le droit d'exercer sur l'emploi des biens affectés à leurs maisons, voulant prendre en considération le vou formé par ces prélats », a ordonné que le sieur Ferris cesseroit ses fonctions d'administrateur général des colléges irlandois en France, et remettroit à son successeur, les sommes, livres, titres, mobilier, et effets appartenans à ces établissemens; que M. Paul Long seroit administrateur général de tous les établissemens irlandois en France, et seroit mis immédiatement en possession de la maison, sise rue du ChevalVert. En conséquence, M. Long, dont nous avions annoncé l'arrivée, est entré, ces jours-ci, en possession de ses nouvelles fonctions, et cet établissement va être rendu à sa destination primitive.

-Le 30 janvier, M. l'abbé Duvey, premier aumônier de la maison royale des Orphelines de Paris, et qui avoit secondé Mme. de Lezeau, supérieure-générale, dans la formation de la Congrégation de la Mère de Dieu, et dans les soins de ses jeunes élèves, est mort à Saint-Germain-en-Laye, dans l'une des maisons de cette Congrégation. Il avoit pris fort à cœur le succès de cette bonne œuvre, et on croit même que la crainte qu'il eut quelque temps de la voir détruite, a pu contribuer à avancer ses jours.

LIMOGES. La congrégation de Saint-Sulpice vient de perdre son vénérable doyen; et l'église de Limoges est privée d'un de ses plus fidèles ministres dans la personne de M. Chudeau, chanoine, grand – pénitencier du diocèse,, et ancien supérieur du séminaire. Une longue vie pleine de bonnes œuvres, l'avoit environné du respect et de la vénération de tous ceux

qui le connoissoient. Appelé, dès ses premières années, à l'état ecclésiastique, il entra dans la société des prêtres de Saint-Sulpice, et il a donné, dans plusieurs séminaires, le touchant exemple des vertus qui convenoient à ses fonctions. Il étoit à Limoges au moment de la révolution. Alors l'incarcération devoit être le prix de sa foi et de son courage; elle le fut. Mais la prison ne retint pas son zèle. Ferme au milieu de la tempête, il s'estima heureux de souffrir pour JésusChrist, et aimant mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, on le vit distribuer aux détenus les secours de la religion, surprendre la vigilance inquiète de ses surveillans, et dérober à leurs regards les bienfaits de son ministère. L'habit de son état lui fut toujours cher; et chose incroyable, il ne cessa, dit-on, de porter la soutane dans un temps où c'étoit, pour ainsi dire, porter l'arrêt de sa mort. Après sa détention, il continua, en secret et au péril de sa vie, l'exercice de ses fonctions saintes. M. d'Argentré, évêque de Limoges, lui ayant confié les pouvoirs les plus étendus, il déploya, dans l'administration de ce vaste diocèse, un zèle et une prudence qui lui ont acquis la confiance du prélat qui nous gouverne aujourd'hui avec tant de sagesse et d'édification, et dont S. M. a discerné le mérite en daignant l'associer au conseil épiscopal qui s'occupe en ce moment des affaires de l'Eglise. Aussitôt qu'il fut permis de réparer les ruines du sanctuaire, M. Chudeau, nommé chanoine, mais toujours fidèle à sa vocation, toujours plein de l'esprit de son institut, s'empressa de réunir des élèves et de former le séminaire diocésain. Il en étoit le supérieur, lorsque, il y a trois ans, les vertueux prêtres de SaintSulpice furent forcés de se séparer de nouveau. On sait l'affliction qu'il éprouva en se voyant éloigné de ses chers enfans pour lesquels il avoit une tendresse paternelle. Cependant l'ange de la paix s'étant montré à la France, et le Monarque désiré ayant paru, ce bon vieillard sentit, pour ainsi dire, sa jeunesse se renouveler, et il sou

rioit à l'espérance de revenir au milieu de sa famille; mais une maladie, la première de sa vie, vint l'avertir qu'il falloit renoncer aux désirs mêmes les plus lé gitimes; et Dieu l'ayant éprouvé par plusieurs mois de souffrances, et l'ayant reconnu toujours patient et toujours résigné, l'a appelé, le 7 janvier, dans la quatrevingt-quatrième année de son âge, pour lui donner la récompense promise au serviteur fidèle. Les séminaristes, pleins de reconnoissance pour les anciennes bontés de ce tendre père, ont ambitionné l'honneur de porter sa dépouille mortelle, et de l'accompagner au lieu de sa sépulture.

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BECHEREL. Une retraite qu'on vient de faire dans cette ville, a prouvé du moins que les sentimens de religion et de piété n'étoient pas encore éteints dans tous les coeurs. Elle étoit destinée pour les hommes. Il s'en est présenté environ quinze cents. On n'a pu en recevoir que douze cents, à cause de la petitesse du local; encore étoient-ils fort gênés. Beaucoup ont été obligés de passer la première nuit sans se coucher, et ils étoient si pressés à l'Eglise qu'ils ne pouvoient que se tenir debout. Cet empressement à entendre la parole de Dieu et à profiter des exercices de la retraite, montre combien il seroit utile de remuer le coeur des peuples par ces moyens extraordinaires et puissans, les seuls capables peut-être de triompher de notre apathie, et de réveiller notre profonde indifférence. On sait avec quel succès saint Vincent de Paul avoit établi autrefois les retraites. Quel homme puissant en œuvres et en paroles ressuscitera parmi nous les prodiges de zèle et de feryeur que déploya cet apôtre de la charité?

LOUVAIN. L'état de la religion dans les Pays-Bas, les désordres, suites d'une longue révolution, les troubles de plusieurs diocèses, les réclamations des prêtres et des fidèles sur des points importans, avoient engagé le souverain Pontife à donner l'ordre à Mgr. Ciamberlani, qui fait les fonctions de supérieur des missions de Hollande,

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