Page images
PDF
EPUB

qui voudraient créer une haine nationale contre des peuples qui sont les alliés naturels du peuple allemand. Que ceux des Patriotes Européens qui habitent la France déclarent qu'ils ont en horreur les hommes qui ont opprimé et pillé les autres peuples, et qui voudraient encore chercher l'honneur dans le métier de brigands enrégimentés; qu'ils disent hautement que la nation française veut être libre et indépendante, et que, pour cela même, elle desire voir les autres nations libres et indépendantes.

Les peuples finiront par s'entendre (1),

C. A. SCHEFFER.

(1) Est-il nécessaire de dire qu'en parlant de la libre communication d'idées entre les peuples, nous n'entendons nullement parler de la libre circulation des écrits contraires aux lois?

OUVRAGES

SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

TRAITÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE,

OU

SIMPLE EXPOSITION DE LA MANIÈRE DONT SE FORMENT, SE DISTRIBUENT ET SE CONSOMMENT LES RICHESSES;

TROISIÈME ÉDITION,

A laquelle se trouve joint un Épitôme des principes fondamentaux de l'Économie politique ;

PAR JEAN-BAPTISTE SAY,

Chevalier de Saint-Wolodimir, membre de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, de celle de Zurick, etc.; professeur d'Économie politique à l'Ahténée de Paris.

(2 vol. in-8°. : prix 12 fr., et 15 fr. par la poste. A Paris, chez DÉTERVILLE, libraire, rue Hautefeuille, no. 8.)

(PREMIER ARTICLE.)

Il y a deux sortes de systèmes : les uns, enfantés *par des imaginations ardentes ou bizarres, nē représentent rien de réel, et peuvent être modifiés

gens

de mille manières; les autres, faits sur des ob servations justes, n'ont rien d'arbitraire, et sont immuables comme les choses même qu'ils représentent ou dont ils ne sont que l'exposition : les premiers paraissent ordinairement dans les temps de barbarie, et obtiennent un grand succès parmi les médiocres et les esprits faux, toujours portés à admirer ce qu'ils entendent le moins; les seconds ne se montrent que chez des peuples déjà éclairés, et excitent peu d'enthousiasme parce qu'ils portent avec eux les caractères de l'évidence, et qu'ils ne permettent pas aux imaginations de divaguer : ceux-ci répandent une lumière vive et durable, et acquièrent avec le temps l'autorité de la raison et de la vérité; ceux-là, au contraire, après avoir jeté quelques fausses lueurs, disparaissent comme des météores, et laissent le monde dans l'obscurité.

Dans les sciences physiques ou naturelles, les faux systèmes, quoique nuisibles, peuvent cependant n'avoir que des conséquences peu dangereuses quelles que soient les opinions qu'on ait sur l'organisation de l'univers, les astres n'en suivent moins leur cours, pas et tous les livres du monde ne sauraient en déranger la marche. D'ailleurs, en physique, les expériences, quelque coûteuses qu'elles soient, ne peuvent nuire

[ocr errors]

qu'à ceux qui les font. Mais dans les sciences morales ou politiques, il n'en est pas de même : ici les expériences ne se font pas sur les choses, elles se font sur les peuples, et un faux système suffit quelquefois pour faire le malheur de plusieurs générations. Cependant c'est dans ces sciences qu'on en a fait le plus : on n'a pas cru qu'en morale, comme en physique, la nature eût une marche réglée, et que le meilleur système, ou pour mieux dire le seul bon, fût celui qui exposerait simplement la manière dont les choses se passent. On s'est imaginé que dans cette science tout était arbitraire parce qu'on a vu que l'homme pouvait se plier à quelques règles, on a cru ou l'on a fait semblant de croire qu'il pouvait se plier indifféremment à toutes, et les hommes qui n'avaient réfléchi sur rien, qui n'avaient rien vu rien observé, se sont cru aussi savans que ceux qui avaient passé leur vie à étudier. La manie de chercher des règles de conduite dans son imagination, au lieu de les chercher dans la nature même de l'homme, a eu peu danger dans les individus qui n'ont joui d'aucun pouvoir ou d'aucun crédit; mais lorsqu'elle s'est trouvée chez des hommes auxquels on supposait de grands talens, ou qui étaient revêtus d'une autorité très-étendue, elle a eu les résultats les Cens. Europ.-TOм. I.

[ocr errors]

de

plus funestes. Machiavel, traçant, dans son prince, les règles de la politique astucieuse ou atroce suivies par quelques cabinets, faisait un système, et préparait ainsi le malheur des peuples à venir; Charles IX ordonnant les massacres de la St.-Barthélemi, exécutait un système, celui de l'égalité des opinions religieuses; Louis XIV proscrivant des milliers de familles, exécutait aussi un système, c'était le même que celui de Charles IX; Roberspierre envoyant à l'échafaud les hommes les plus éclairés et les plus riches de la nation, exécutait un système analogue, celui de l'égalité absolue en politique; Bonaparte faisant périr toutes les années sept ou huit cent mille hommes, exécutait un système d'un autre il constituait des monarchies.

genre,

En économie politique, les faux systèmes n'ont pas été moins funestes à l'espèce humaine qu'en religion ou en politique : car il faut leur attribuer la plupart des malheurs qui ont désolé le monde. Les horreurs commises par les Espagnols en Amérique pour y amasser de l'or; les crimes. commis dans les Indes par les Anglais pour soumettre ce pays à leur domination; les guerres faites ou suscitées à la France par le gouvernement d'Angleterre depuis des siècles, pour détruire l'industrie française; le blocus continental

« PreviousContinue »