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C'est cette abondance dans laquelle vivent les hommes qui gouvernent, aux dépens des hommes qui travaillent, qui, de tout temps, ont provoqué dans les rangs de l'industrie ces défections nombreuses, ces fréquentes désertions à l'ennemi, et dans la masse des peuples, cette disposition universelle à se jeter dans le pouvoir, que nous venons de faire remarquer. Il suffit d'avoir bien caractérisé cette tendance, pour faire sentir à l'instant même combien elle est funeste à la Nation des industrieux, combien elle est propre à diminuer ses forces et à accroître celles de ses ennemis.

Le pouvoir s'enrichit de toutes les pertes que fait la Nation des industrieux; plus le nombre de ses auxiliaires croît, plus il peut exercer sur elle une action violente. Ce n'est pas tout: quand le nombre des prétendans au pouvoir est devenu très-grand, et qu'il n'est plus possible à l'Industrie de produire assez pour assouvir l'avidité de tous, il arrive toujours qu'ils se divisent pour savoir à qui appartiendra le droit de la faire contribuer, et leurs discordes lui sont encore plus fatales que leur union. Après chaque révolution, elle se trouve, comme nous l'avons fait voir, plus faible et plus asservie qu'elle ne l'était auparavant; toutes les mesures violentes que chaque faction prend contre ses

rivales tournent à son préjudice; et de plus, comme la faction triomphante n'est jamais sûre de conserver long-temps le pouvoir, elle est excitée par cela même à en user le plus largement possible, et cela tourne encore à sa ruine. On ne finirait pas si on voulait entrer dans le détail de toutes les suites fàcheuses qu'ont pour elle la disposition des peuples à entrer dans le pouvoir. Elle doit donc appliquer toutes ses forces à changer cette aveugle disposition: ce doit être là sa principale tâche. Jusqu'ici, les habitans de l'Europe avaient fait consister leur gloire à obtenir un grand empire les uns sur les autres; elle doit faire leur ambition se propose désormais un but à la fois plus élevé et plus profitable, celui d'exercer ensemble une grande action sur les choses; le mouvement de la civilisation avait été de tourner graduellement tous les regards vers le pouvoir, elle doit travailler à les ramener insensiblement vers elle, en s'efforçant d'ôter au pouvoir les moyens de lui ravir ses trésors et d'agir sur les hommes par l'attrait des richesses en même temps que par celui

de la vanité.

que

Ainsi, rappeler les hommes au travail et à l'industrie, les détourner de la recherche du pouvoir, diminuer ainsi les forces des tyrans qui

en abusent, ou des factions qui se le disputent, empêcher que la guerre n'éclate entre ces factions, et que le pouvoir ne se fortifie par leurs discordes; telle doit être, dans chaque état et à l'égard de chaque gouvernement, la conduite de la Nation des industrieux. Nous examinerons, dans un autre article, quelle doit être sa politique à l'égard de tous les gouvernemens pris ensemble, et nous rechercherons particulièrement en quoi consiste, pour elle, l'indépendance nationale, et jusqu'à quel point elle doit s'intéresser à l'indépendance de chaque état, dans le sens qu'on attache vulgairement à ce mot.

D.....R.

OUVRAGES

SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

MANUEL ÉLECTORAL

A l'usage de MM. les électeurs des départemens de la France (petit vol. in-18; prix 1 fr.)

PAR

UN ÉLECTEUR ÉLIGIBLE.

CANDIDATS

la ses

Présentés aux électeurs de Paris pour sion de 1817, (brochure in-8° de 47 pag.)

PAR

UN ÉLECTEUR DU

DÉPARTEMENT

DE LA SEINE.

ce

Ce qui importe le plus à chacun de nous, qui renferme tous nos moyens d'existence et de bien-être, la richesse de la France, se trouve aujourd'hui dans un état qui doit éveiller l'attention de tout homme qui met du prix à sa vie et à ses jouissances.

Deux invasions dans l'espace de deux ans, les travaux troublés, les campagnes ravagées, une foule d'établissemens d'industrie fondés sur des prohibitions ou des monopoles tombant les uns après les autres (1), le pillage et les banqueroutes marchant de front, avaient attaqué

(1) Un des plus grands maux du système prohibitif, c'est qu'il s'enracine dans l'industrie de façon que tout s'arrange d'après lui, et que le moindre échec qu'il reçoit devient une cause de bouleversement dans les fortunes.

L'administration perd plus à ces secousses qu'elle ne gagne aux taxes que la prohibition lui permet d'asseoir, et qu'elle obtiendrait d'une autre manière. C'est un fait qui frapperait ceux qui gouvernent, si les faits étaient quelque chose pour eux; mais la coutume les emporte, ils suivent leur routine.

Lorsque les armées alliées eurent rompu la ligne des douanes françaises, lorsque les produits étrangers, répandus en France avec profusion, eurent fait tomber toutes les manufactures qui ne pouvaient soutenir la concurrence, le mal des mesures prohibitives était évident, et l'occasion était belle pour l'éviter à l'avenir en les abolissant. Au lieu de cela on les a remises en vigueur, avec la plus grande exactitude, pour le bien de ceux qui avaient souffert de leur violation; c'est-à-dire que, loin de détourner ces malheureux d'une direction d'industrie où le premier accident politique peut leur faire trouver leur ruine, et où d'eux-mêmes ils ne se fussent point engagés de rechef, on les y a précipités.

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