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der comme les plus célèbres augures de l'univers (*). Ce nom leur fut donné parce qu'ils infpiroient la terreur; qu'on ne confultoit leurs oracles qu'en tremblant ; qu'ils contenoient les cérémonies confacrées aux dieux habitans fur les bords de l'Achéron; qu'ils, apprenoient, par les victimes qu'on pouvoit leur offrir, comment les coupables pouvoient les appaifer; la manière enfin de chaffer les monftres, les fléaux, & de créer des prodiges.

L'Achéron eft repréfenté fous la

(*) C'est parmi les Etrufques que les Romains envoyoient ceux qu'ils vouloient faire inftruire dans l'art de la divination ; & Attius Névius, ce fameux augure qui coupa une pierre avec un rafoir, en préfence de Tarquin l'ancien, avoit, fuivant. Denis d'Halicarnaffe, long-tems étudié dans. l'Etrurie.

figure d'un vieillard, couvert d'un vêtement humide. Il fe repofe fur une urne noire; & les ondes qui en découlent font pleines d'écumes, parce que leur cours étoit fi rapide, qu'elles rouloient des rochers avec.elles, & que rien ne pouvoit en arrêter l'impétuofité.

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Ce qui diftinguoit ce fleuve, c'est qu'on voyoit près de fes bords Erynnis qui s'y étoit réfugiée après Strab 1.6. avoir été chaffée du ciel; & une forte de peupliers blancs, qu'Hercule, revenant des enfers, fit connoître à la Grèce, & qui fe nommoient Achéroïs.

Un hibou eft quelquefois repréfenté près de l'Achéron. Nul attribut ne convenoit mieux à ce dieu, que cet oifeau lugubre qui n'habite que les lieux folitaires & inacceffibles, qui fuit le jour, & ne fait entendre pour chant que des gén:if

femens ou des cris affreux, & dont la feule vue faifoit frémir les Augures & redouter les plus grands malheurs. Il étoit d'ailleurs naturel de placer le hibou près de l'Achéron. Afcalaphe, fils de ce dieu, avoit été changé en cet oifeau ; & Rembrant a peint fur les murs d'un hôtel à Amfterdam, cette métamorphofe.

Les Grecs empruntèrent encore LE COCETE l'idée du Cocyte, d'un marais voifin du lac Achérufe. L'opinion qui faifoit errer fur fes bords pendant cent ans, ceux qui n'avoient pas été inhumés, venoit auffi de l'Egypte; parce que ceux qui fe noyoient dans le marais, n'avoient de funé

railles qu'au bout d'un fiècle. Elles Serv. in.En. fe faifoient alors aux dépens du

public.

Le Cocyte entouroit le Tartare, & n'étoit formé que par les larmes

6.

Plat. rep

1. 11I..

des méchans. Son nom forma un mot grec qui fignifia Gémiffement.

Cocyte fut auffi le nom d'un difciple de Chiron. Médecin célèbre des fiècles héroïques, il guérit Ado nis de la bleffure profonde & cruelle qu'un fanglier pourfuivi, lui avoit faite fur le mont Liban; les Poëtes dirent alors que ce dernier étoit revenu des enfers & des bords mêmes du Cocyte

Ce fleuve a été représenté fous. la figure d'un vieillard, dont l'urne verfe des flots, qui, après avoir prefque formé un cercle parfait, s'échappent & vont fe réunir à ceux de l'Achéron. C'eft près du Cocyte qu'Alecton avoit établi fon féjour. On voyoit fur fon rivage des ifs qui préfentoient un ombrage trifte & ténébreux, & une porte pofée fur Diod. 1. 1. des gonds d'airain, par laquelle on

Vir. Æn. 7.

de Maroll.

templ. 55. pénétroit dans les enfers..

Ce fut avec l'eau du Phlégéton, LE PHIÊque Cérès métamorphofa l'indif- GETON. cret Afcalaphe; on lui attribuoit les qualités les plus nuifibles. Quelquefois on a nommé ce fleuve Pyrphlégeton, le fleuve du feu, en ajoutant le mot Pyr qui; chez tous les peuples de l'Orient, a défigné cet élément redoutable, à qui on éleva des temples faftueux, connus fous le nom de Pyrées. Le Phlégéton ne voyoit croître aucun arbre, aucune plante fur fes bords; & après un cours affez long à l'oppofite du Cocyte, il fe jetoit, comme lui, dans l'Achéron.

Le plus ancien des fleuves infer- L'ERIBE. naux, étoit l'Erèbe. Il exiftoit avant tout, & même avant les dieux. Fils du Chaos, il s'unit à la Nuit fa four; & de cet hymen, il fortit une foule de divinités, parmi lefquelles on doit diftinguer l'Amour

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