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UNE HEURE D'OUBLI... vient de publier à O Fr. 45! chaque volume

PAUL BOURGET
PROFIL DE VEUVE

CLAUDE FARRÈRE

LA DOUBLE MÉPRISE

MARCEL PRÉVOST
JULIENNE MARIÉE

MAX et ALEX FISCHER
UNE REVANCHE

Une heure d'oubli... paraît chaque jeudi, publie intégralement, sous un format élégant et pratique, pour neuf sous, tantôt un, tantôt plusieurs récits d'un maître; chaque volume forme un tout.

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[Les lignes qui suivent sont extraites de la préface de la fameuse Histoire de la Démocratie de notre grand FochTaylor Dupont, dont la publication, en l'an 2000, jettera une selle lumière sur les obscures agitations du siècle précédent.]

Je ne fais aucun doute, si paradoxale que puisse paraître cette affirmation, que la véritable origine du régime technocratique dont nous bénissons quotidiennement l'admirable efficacité ne doive être recherchée dans

les comiques visées impérialistes manifestés par la classe ouvrière au début du vingtième siècle.

Au cours des années qui précédèrent la guerre universelle, les classes dites, sans doute par antiphrase, classes laborieuses, avaient déjà tenté à plusieurs reprises d'exercer par les voies extra-légales ou illégales, une pression vive sur les pouvoirs publics. Profitant de la faiblesse gouvernementale, de l'atonie du régime parlementaire expirant et de la veulerie éternelle des masses, une minorité résolue était parvenue à faire de la C. G. T. un organe permanent de menace sur la société bourgeoise et aussi un des rouages les plus efficaces en même temps que les plus scandaleusement inconstitutionnels de la machine publique.

tique de classes que quand la longueur de la guerre commença d'aigrir les humeurs et que la cherté croissante de la vie vint contrarier les profusions des munitionnettes et les balayeurs.

Elle reprit tout son ascendant du jour où la crainte du renvoi au front étant écartée et l'agitation bolchevik intimidant les pouvoirs publics, elle se fit le porteparole des revendications chaque jour plus impérieuses

de ces ouvriers.

qui

On se souvient de la très curieuse crise de paresse plus général de la guerre universelle. Au moment où mondiale qui fut le contre-coup le plus immédiat et le il semblait que délivré du cauchemar les hommes dussent tendre toute leur énergie à rétablir la production et à refaire de la richesse on vit l'Europe tout enfière s'abandonner à une sorte de spasme nerveux, réflexe irraisonné consécutif à plusieurs années de tension excessive, à des privations et à des souffrances avaient épuisé la fermeté d'endurance accordée aux hommes. Tandis que dans toutes les capitales de notre continent dévasté, les classes supérieures dansaient éperduement, la criminalité s'y multipliait dans des proportions inconnues, et les classes ouvrières réclamaient simultanément la diminution des heures de travail et d'indéfinies augmentations de salaires. Les pouvoirs Les conditions créées par la guerre augmentèrent publics, affaiblis eux-mêmes et par leurs propres fautes encore son autorité. Un peu déroutée au début de la et par ce qu'ils recélaient de virus démagogique firent catastrophe, elle se tint dans l'ombre pendant les deux preuve de la plus lamentable faiblesse. Et de crainte premières années. Aussi bien lui eût-il été assez difficile d'un mouvement révolutionnaire analogue au bolchede poser en victimes les ouvriers dont une grosse portion visme de funeste mémoire, on vit toutes les sociétés, y gagnait sans péril de hauts salaires dans les usines, ce- compris celles où l'individualisme avait fourni les plus pendant que les paysans se faisaient tuer dans les tran- incontestables preuves d'énergie capituler à l'envi dechées. vant l'impérialisme des « poilus de la main ». (On sait On ne la vit reparaître et affirmer à nouveau la poli- | que la locution « un poil dans la main » désignait dans

l'argot pittoresque du temps la volonté de ne pas travailler.)

à

Ce qui se réalisa dans cet ordre d'idées nous paraît aujourd'hui presque incroyable. Il devint courant que les ouvriers pas même spécialistes fussent payés plus cher les ingénieurs, qu'un typographe gagnât plus que qu'un directeur de journal et un balayeur plus qu'un professeur d'école normale. La prime dont de tout temps avait bénéficié le talent lui fut brutalement déniée. On cessa de comprendre que si l'humanité ne vit plus dans l'âge des cavernes c'est parce que les individus les mieux doués ont toujours trouvé leur avantage à exercer leur intelligence au lieu de croupir dans la médiocrité générale et que la collectivité a ensuite bénéficié des efforts et des conquêtes de leur génie. Et l'on vit se dessiner, plus menaçante encore que toutes les destructions de la grande guerre, une régression générale de l'humanité acharnée à extirper de son sein tout élément de progrès, et résolue à se dévorer elle-même la manière de fameux Catoblapas décrit par Flaubert. Si la matière n'était oiseuse et même un peu répugnante, on multiplierait à l'infini les exemples des aberrations auxquelles, sous l'empire de l'idée fixe s'abandonnèrent ceux qui s'intitulaient les conducteurs du prolétariat conscient. On peut dire qu'au moment où le monde entier risquait de mourir de faim, il n'était aucun prétexte qu'ils ne saisissent, soit pour suspendre le travail, soit pour réclamer l'accroissement de la quantité de papier-monnaie de plus en plus dépréciée qui le rémurerait. Dans cet ordre d'idées, la fameuse tentative de grève générale du 21 juillet 1919 mérite d'être tirée sans peur. La désorganisation de tous les facteurs de la production ayant naturellement amené une hausse des prix dont les « travailleurs » si rémunérés que fussent leurs salaires eux-mêmes étaient incommodés, la C. G. T., disciple logique de Gribouille qui se jetait à l'eau pour ne pas être mouillé par la pluie, ne trouva d'autre moyen de protester contre ce phénomène que de l'aggraver autant qu'il dépendait d'elle par un arrêt général du travail durant vingt-quatre heures. Si au dernier moment, pour renoncer à tenir à l'exécution, elle saisit le prétexte de la démission d'un certain Boret (1), ce ne fut point qu'une lueur de raison l'ait fait reculer devant l'abîme, mais simplement par la crainte d'un coup de chien de ce coriace Clemenceau, dans lequel il semblait que se fussent concentrés en même temps que les dernières vigueurs toutes les incohérences de la bourgeoisie française.

Elle ne fut pas plutôt débarrassée du risque que créait pour elle la présence de cet incommode microbe à la tête du gouvernement que, désireuse de recouvrer tout son prestige aux yeux des masses, la C. G. T. déclenchait, aux acclamations du prolétariat enivré, le fameux mouvement du: « Baise-dos ». Tout travail manuel serait dorénavant suspendu dans tout cheflieu de canton, où chaque dimanche matin, au son de la musique locale, une délégation de bourgeois notables ne viendraient pas apposer respectueusement leurs lèvres sur les séants des représentants élus de la classe ouvrière.

Sans méconnaître le principe d'équité de cette mesure, juste compensation de siècles d'oppression, la réaction bourgeoise mit son point d'honneur à limiter cet hommage. Dans chaque circonscription baiseurs et baisés se livrèrent d'âpres combats. Tandis que l'extrêmegauche réclamait le baiser intégral à pleines lèvres, les

(1) Boret ou Borée : il est très possible, vu les habitudes

exotiques de l'époque, que le surnom de la divinité mythologique qui présidait aux vents ait été ironiquement donné à l'obscur parlementaire chargé du ravitaillement national.

modérés se contentaient d'un effleurement, et les démagogues, probablement soudoyés par le patronat, exigaient davantage. On était tout proche d'une entente sur la base proportionnelle, quand, semblable à une vague de fond, le mouvement technocratique, fit une apparition en pleine lumière. faisant craquer les vieux cadres politiques et sociaux,

Ses débuts sont contemporains au premier essor de la C. G. T. au début du XXe siècle. Si, même l'antique régime parlementaire continuait officiellement de fonctionner et théoriquement de régir l'Etat, la prépondérance de la C. G. T. ne pouvait échapper aux yeux des bourgeois les plus encroûtés. Et il apparut très clairement que le vétuste appareil législatif et exécutif se bornerait de plus en plus à être l'enregistreur plus ou moins rapide, mais de plus en plus passif, des décisions affirmées par les organisations syndicales. De là, dès le second quart du XXe siècle, la réorganisation graduelle de tout le pays de France sur des bases entièrement nouvelles. Dédaigneux de cette politique jugée périmée, citoyens et citoyennes tendirent désormais à se grouper selon leurs professions et leurs intérêts. Il apparut que, l'un fût-il clérical et l'autre franc-maçon, deux charcutiers avaient leur prospérité attachée à la question du cochon, beaucoup plus qu'au rétablissement des relations avec le Vatican. Mourants de faim et surchargés de travail, les médecins ne cessèrent de porter pieds nus leurs soins nocturnes dans les familles des cordonniers qui ne maniaient plus l'alène que quatre heures par jour (avec, naturellement, semaine anglaise et repos bi-hebdomadaire). Avec une prodigieuse rapidité, sur tout le territoire national, les associations de fonctionnaires, de militaires, d'agriculteurs, de consommateurs, de professions libérales, de rentiers, de locataires, de culs-de-jatte, d'anciens ministres se multiplièrent. Bientôt débordée, la C. G. T. vit se dresser autour d'elle une multitude d'organisations, rivales. Et c'est alors que, dans le pays entièrement dissocié, se déchaîna la lutte de tous les égoïsmes corporatifs, de tous les impérialismes rivaux. On se souvient des souffrances qu'elle engendra. La longue grève des pédicures décima littéralement les facteurs ruraux. Celle des magistrats. remplit nos prisons de prévenus, jusqu'au moment où celle des gendarmes infesta le pays d'escarpes. Il fallut celle des parlementaires écœurés du discrédit total qui les environnait pour que quelques esprits hardis eussent la conception du remède. Le Parlement n'ayant de raison d'être que si le pays l'acceptait pour interprète de ses volontés, il n'avait qu'à disparaître si le pays, lui déniant ce rôle, entendait désormais le confier aux associations professionnelles.

Sous peine d'anarchie intégrale et de désagrégation de tout le corps social, il était donc nécessaire qu'intervînt une entente amiable entre celles-ci. Autrement dit, c'était à celles-ci qu'il appartenait dorénavant de constituer la représentation nationale et ses organes d'exécution.

On conçoit à quelles difficultés se heurta cette reconstruction. L'histoire de la seconde moitié du XX° siècle fut, en somme, celle de la mise au point du nouveau moteur de l'humanité. Il fallut de laborieuses négociations, des tâtonnements longs, cruels, et hélas ! parfois meurtriers pour assurer la répartition équitable du pouvoir et des jouissances entre tant de prétentions rivales. Si le vieux capitalisme, dont le XIX siècle vit la belle époque, se trouva singulièrement diminué dans son pouvoir social, c'est peut-être cependant l'impérialisme ouvrier qui sombre le plus piteusement dans ce rééquilibrage laborieux des valeurs sociales auquel, sansnous dissimuler les retouches qu'appellera l'avenir, il semble que nous soyons enfin arrivés.

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L'intelligence est la seule valeur fondamentale. C'est parce que l'homme est un criminel intelligent qu'est née la civilisation. Tout attentat commis contre l'intelligence est une régression. Tout ce qui l'exalte enrichit nos moyens de jouissance. Les droits du nombre ne sont légitimes que dans la mesure où il est capable d'admettre des disciplines. L'insurrection du nombre contre l'intelligence signerait la déchéance et la mort de l'humanité si heureusement cette insurrection n'était des tinée à s'anéantir elle-même.

La technocratie est l'art, difficile, de faire gouverner le monde par nos élites intellectuelles, organisées sur la base professionnelle. Il est impossible de concevoir raisonnablement un autre mode de gouvernement. Et il y a une véritable consternation à penser que c'est seulement à l'aurore du XXIe siècle que l'humanité a pris conscience de cette vérité essentielle.

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Après le défilé des troupes alliées à travers Londres, le maréchal Foch a communiqué ses impressions à Mrs Walter Tibbits, femme d'un officier anglais actuel lement en service en Afghanistan. C'est déjà par elle qu'il s'était laissé interviewer à Rome lors du désastre de Caporetto.

« Mon père, a déclaré le maréchal Foch, a été tué au cours de la guerre franco-allemande et lorsque je défilais à cheval par les rues de Paris, je ne pouvais m'empêcher de songer à l'autre défilé qui eut lieu, il y a de cela, cinquante ans, lors de ce Dies Ira des Français où les Parisiens de derrière leurs volets fermés, épiaient à la dérobée les légions allemandes marchant au pas de parade à travers leur ville. Et je songeais au proverbe « Rira bien qui rira le dernier ».

Et maintenant nous savons à quoi pensait le maréchal Foch lorsqu'il défila sous l'Arc de Triomphe.

Comment l'amiral Beatty fut grandement embarrassé.

Lorsque l'amiral Beatty défilait, l'autre jour, à Lon dres, une jeune fille se précipita vers lui et lui mit daas la main un magnifique bouquet.

Pendant quelques minutes, il conserva par devers lui cet encombrant hommage mais tout le monde remarqua son embarras. Heureusement pour lui, le cortège fit halte. L'amiral se dirigea alors vers un enseigne qui se trouvait dans son voisinage et il lui remit le bouquet sans mot dire. Le jeune officier le prit en rougissant. Tout bas, il consulta quelques camarades puis, se présentant à l'amiral, il sembla lui poser une question respectueusement. L'amiral répondit par un signe de tête nettement affirmatif et pendant tout le reste de la cérémonie, ce fut le malheureux enseigne qui porta le gros bouquet à travers les rues de Londres.

Les masques qui cachent la douleur.

Lors du triomphal défilé du 14 juillet, on admira le masque énergique du général de Castelnau, dont les deuils au cours de la guerre sont présents à toutes les mémoires. Mais sait-on que le général Pershing, à la dans ses affections? belle tête impassible, fut, lui aussi, cruellement frappé

M. George Macadam, dans sa biographie du général, rappelle qu'avant l'entrée en guerre de l'Amérique, alors que les rapports étaient très tendus entre Washington et Mexico, Pershing fut envoyé à la frontière avec le commandement d'une brigade. Il décida de faire venir sa famille à Fort-Bliss. Tout était prêt pour recevoir Mme Pershing et ses enfants lorsque, le 27 août 1915, nique brutalité, lui annonçait que sa femme et ses trois on remit au général un télégramme qui, dans sa lacofilles, surprises par un incendie pendant leur sommeil, étaient mortes suffoquées. Il ne lui restait plus que son fils Warren, âgé de 6 ans.

Le général se mit aussitôt en route pour San-Francisco où il rencontra son beau-père. Ensemble ils allèrent à la maison tragique. Ceux qui ont pu voir le général à ces heures terribles se rappellent ses traits durs, son menton volontaire. Ils se rappellent une tension surhumaine du masque empêchant la douleur de se laisser voir.

Mais, dès que Pershing se trouva seul avec son beaupère, dans la chambre du malheur, il s'effondra près d'un lit et là sa douleur déborda. L'homme de fer pleura longtemps comme un enfant. La discipline qu'il s'était imposée se laissa vaincre par la sublime affliction, et l'on put craindre pour la vie de l'homme qui avait semblé insensible!

De retour à Fort-Bliss, le général Pershing se consareprit sa maîtrise sur l'« homme »>. cra tout entier à son service et de nouveau l'« officier >>

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On a récemment célébré le centenaire de Courbet. Nous venons de retrouver l'amusant programme d'une soirée donnée chez le grand peintre.

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« Aujourd'hui samedi, 1 octobre 1859, grand fête du Réalisme, dernière soirée d'été (le peintre ne recevra pas cet hiver). Première représentation de Monsieur et Madame Durand, comédie en cinq actes et en vers, refusée au théâtre de l'Odéon, lue par le poète Fernand Desnoyer. L'auteur du Bourgeois de Molinchart, Champfleury, exécutera sur la contrebasse une symphonie de Haydn. Les intermèdes seront exécutés par M. C. Monselet, G. Etaul, A. Gautier, Bouvin, A. Schaux et une foule d'autres notabilités. Mme Adèle Esquizos lira un poème épique. - Titine dansera le cancan. Les chroniqueurs pourront s'asseoir. On boira de la bière Audeba. L'éditeur Pick de l'Isère, fondateur des almanachs parisiens, de Jean Guêtré, et de Jean Raisin, assistera à cette solennité. - Le piano sera tenu par quelqu'un. Grandes surprises. - Physique blanche. La fête aura lieu dans l'atelier du maître-peintre Courbet, chef de la peinture indépendante, 32, rue Hautefeuille. >>

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Quelle bonne humeur en cet heureux temps !

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