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aux Cavaliers,aux Automobilistes et à tous ceux qui commencent à prendre du ventre. Maintient les organes abdominaux. Soutient les reins et combat l'obésité.

MM.BOS & PUEL,

Fabricants brevetés 234, Faubs. St-Martin, PARIS (A l'angle de la rue Lafayette)

NOTICE ILLUSTRÉE FRANCO SUR DEMANDE

TESZARAZZERBEJAKOBBENNURSER

3. RUB TAITBOT

ANTIQUITÉS AUTOS DE MARQUES

JEAN GALMOT

14, Rue Duphot, PARIS

Balata brut de Cayenne .. Or natif de Cayenne ..

.. Rhums des Antilles ..

..

..

Cacao campèche....

Central 85-30 18-26

La plus importante maison d'importation du monde Agences dans tous les ports français

LA MAISON JULIEN DAMOY

fait tous ses efforts pour lutter

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La tâche des "Compagnons

Depuis qu'ils ont publié leurs premiers articles et leur premier livre, les « Compagnons » ont vu venir à eux beaucoup d'amis et tomber sur eux beaucoup d'adversaires. S'ils se félicitent des uns, ils ne se plaignent pas les autres. Leur but n'était pas moins de déplaire que de plaire. Avant tout, ils souhaitaient que, dans un ordre de problèmes qu'ils jugent essentiel, on prît position et que l'on témoignât par là qu'en pareille matière on ne s'abandonnerait pas à l'indifférence.

Peut-être leur rendra-t-on au surplus cette justice que, dans la partie nécessairement polémique de la campagne qu'ils ont entreprise, ils n'ont été ni trop acerbes, ni trop violents. Ardents, certes; méchants, non! Les <<< Compagnons » ont été rapprochés les uns des autres par les hasards de la guerre, et ils n'oublieront jamais les circonstances auxquelles ils doivent leur origine. Ils sont partisans de l'union sacrée, mais ils ne croient pas que celle-ci consiste à éluder certains problèmes. Car ils s'attachent précisément à ces problèmes et ils veulent en forcer la solution. Mais de la guerre, pardessus les disputes et les controverses, ils voudraient aussi, vis-à-vis de leurs contradicteurs, sauver cette camaraderie indéfinissable qui provenait du sentiment de la tâche commune et de sa noblesse, qui allait au delà de la différence des grades, des àges, des idées, cette camaraderie qui était, en quelque sorte, la fleur et le fruit des tranchées.

Les « Compagnons » vont publier leur second volume :

Du côté des visages qui, en nous lisant, ont froncé le sourcil, on s'est donné beaucoup de mal pour nous ranger sous une étiquette politique. Les « Compagnons >> sont-ils «‹ à gauche »? Sont-ils « à droite »? Des malins ont flairé en nous des francs-maçons déguisés. Mais d'autres nous ont dénoncés comme des réactionnaires dangereux. L'usage permet en effet d'appeler francmaçon un homme qui prétend que tous les enfants aillent à la même école et propose d'agrandir le domaine de l'enseignement primaire. Mais l'usage est aussi de voir un réactionnaire dans un homme qui insiste sur la nécessité de l'éducation physique et qui approuve le lieutenant de vaisseau Hébert de faire marcher la jeunesse à quatre pattes.

Il est donc parfaitement légitime qu'on nous arrête et nous dise: « Enfin, Messieurs, qui êtes-vous? >> Nous répondons : « Excusez-nous. Nous ne sommes que des pédagogues. >>

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A la vérité, nous ne fuyons pas la politique. Mais elle n'est pas chez nous la préoccupation principale. Beaucoup d'entre nous sont très « à gauche »>. Certains inclinent assez « à droite ». La discipline des « Compagnons » ne se ressent pas de ces écarts.

Avant tout, nous voulons être des éducateurs. Une certaine éducation aboutit sans doute à une certaine politique. Peut-être chercherons-nous un jour à déterminer quel genre de politique fera notre Emile. Pour l'instant, nous en sommes à établir les méthodes selon

L'Université nouvelle, Les applications de la doctrine. (Fisch- lesquelles nous aimerions qu'il fût élevé, les principes

bacher). L'un d'entre eux qui est aussi un ami et un collaborateur de l'Opinion, s'est chargé d'écrire en leur nom la préface du nouvel ouvrage. Nous sommes heureux d'en publier aujourd'hui un fragment.

qui, d'après nous, devraient inspirer ces méthodes. Parmi ceux qui ont participé ou seulement assisté à la guerre il y en a, certes, qui n'aperçoivent pas ou même qui nient l'opportunité d'une réforme de l'édu

cation. On a dit que le maître d'école allemand avait vaincu à Sedan. Ne doit-on pas dire aujoud'hui que le maître d'école français a pris sa revanche à la Marne ? Et quand on exalte les qualités dont a témoigné l'élite de notre jeunesse, ne fait-on pas indirectement l'apologie de ses éducateurs et des méthodes qu'ils ont appliquées ?

Loin de nous la pensée de diminuer les vertus que vient de manifester la nation française! Loin de nous la pensée de rabaisser le mérite des hommes qui ont élevé les générations de la guerre. Ce qui nous importe pourtant, ce n'est pas de nous attarder sur ce que la nation a fait de beau et de grand. Nous le connaissons. Nous en sommes fiers, mais nous avons, en même temps, l'orgueil et l'humilité de le considérer comme normal. Les souvenirs auxquels nous nous attachons de préférence, pour en tirer les règles de notre action, sont les souvenirs des mauvais jours, les souvenirs des mauvaises gens. Nous avons été victorieux. Mais nous ne voulons pas oublier que nous avons senti, à plusieurs reprises, passer le vent de la catastrophe. Nous avons été héroïques, mais nous ne voulons pas oublier 'qu'aussi nous avons été maladroits, ignorants, insouciants, incapables et que nos erreurs ont failli nous coûter la vie. La victoire est funeste à qui s'endort sur ses lauriers. Nous voulons garder les yeux ouverts.

Et puis, en revenant de la guerre, nous savons, nous voyons que le monde est changé. Ce qui, à la rigueur, valait hier, vaut moins aujourd'hui et ne vaudra plus demain. Les conditions de, la vie universelle et de l'existence des Etats, les relations des peuples entre eux ne sont plus les mêmes Des phénomènes nouveaux, des courants d'opinion irrésistibles sont apparus. La France ne peut demeurer inerte au milieu de ce mouvement. Il faut qu'elle se transforme, qu'elle se modernise, qu'elle s'adapte. Ses ennemis et certains de ses amis croient qu'elle a déployé, durant cette guerre, son ultime effort, qu'elle a chanté son chant suprême. Il nous appartient de les démentir, d'appeler sur notre pays la nouvelle aurore et de faire en sorte que le de nos sang morts soit fécond.

Ce sentiment qui les anime, les « Compagnons » l'ont en commun avec des milliers de Français. Il n'est que de voir l'extraordinaire activité qui se manifeste chez nous depuis quelques mois, cette fièvre de réformes qui suscite, presque chaque jour, un nouveau journal, un nouveau parti, un nouveau groupement. Mais la plupart estiment qu'il faut commencer le grand'œuvre par la réforme de nos institutions politiques. Presque toutes les associations qui se créent sont des ligues politiques. Elles visent à la conquête du pouvoir, qui leur permettra de modifier à leur gré l'économie générale du pays.

C'est une méthode elle peut être bonne. En tout cas, ce n'est pas la seule et ce n'est pas celle des «< Compagnons ».

Nous ne pensons pas que le problème politique soit. le problème capital. L'esprit des hommes finit toujours par donner aux institutions le sens qu'il veut. En peut-on trouver un plus frappant exemple que celui de cette République française qui a trouvé moyen de faire vivre une constitution qu'on avait combinée pour qu'elle ne vécût pas ? Chassez l'esprit arrondissementier de l'arrondissement. Il reviendra dans le scrutin de liste et le suffrage proportionnel. Prenez les ministres en dehors du Parlement. Ils ressembleront aux minis tres parlementaires.

C'est donc sur l'esprit de l'homme qu'il faut agir. C'est chaque Français individuellement qu'il faut ré

former. C'est sa structure intime, ce sont ses assises morales qu'il faut changer. C'est dans le fond des cœurs qu'il faut descendre.

>>

Il serait absurde d'ailleurs, et surtout dans un de ces « Cahiers » (1), de soutenir que la réforme de nos institutions, que « l'Organisation de la Démocratie >> soient une entreprise vaine. La guerre a été pour la plupart, et du moins pour les meilleurs des Français, une école. Elle les a pétris et modelés de ses doigts sanglants. Elle leur a ouvert des horizons nouveaux. Elle a comblé certaines lacunes de leur éducation. Il est juste qu'ils tentent aujourd'hui et beaucoup d'entre nous s'associent à leur effort de corriger, selon les enseignements de leur expérience, les usages de la vie publique. Mais les leçons de la guerre seront vite oubliées et perdues, si nous ne nous préoccupons pas de les transmettre, par l'enseignement, aux générations qui viennent. Un général illustre a dit qu'il n'était jamais plus facile de battre l'ennemi qu'au lendemain de sa victoire. Quoi que nous fassions aujourd'hui, nous serons battus demain, si nous ne préparons pas des successeurs, si nous ne transposons pas en formules d'éducation ce que la guerre nous a enseigné à nous-mêmes.

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Comment élever désormais les jeunes Français ? Voilà donc, au retour de la guerre, la question qu'il faut inscrire à l'ordre du jour. Le ministère de l'instruction publique, voilà quel doit être désormais le «< grand ministère ». Les « Compagnons » voient dans l'examen de ces problèmes leur objet propre. Ils ont élaboré en commun certaines idées qu'ils ont déjà soumises au public. On trouvera dans notre second volume la suite et le développement de ces suggestions.

Car, dans leur esprit, ce sont bien des suggestions. Ils ne prétendent pas du tout avoir trouvé les solutions les meilleures. Ils n'ont pas établi un credo immuable, construit une vérité hors de laquelle il n'y aurait pas de salut. Ils ne sont qu'une « Société d'études de pédagogie» (2). Rien de plus. Et, loin de se fermer aux objections et aux critiques, ils les sollicitent, ils les appellent.

Au reste, s'ils admettent dans le choix des moyens et des méthodes des divergences de vues, on conçoit bien que, sur les fins à poursuivre, il règne entre eux un accord absolu. Ce qui fait l'unité des « Compagnons », c'est précisément que, dispersés par la guerre, ils se sont trouvés, à leur première rencontre, rapporter les mêmes observations et la même expérience.

Il peut y avoir, dans ce qu'ils ont écrit jusqu'ici, un apparent désordre. On aurait pu souhaiter chez eux moins de bouillonnement, plus de cohésion substantielle. Encore une fois, les « Compagnons » sont en travail, en devenir. Ce n'est pas une seule tête qui pense et qui dicte des formules, mais vingt, mais cent têtes. Les « Compagnons » sont des coopérateurs, par vocation et par dessein. De plus, ils ne sont pas de ceux qui attendent. Pour eux, le mouvement se prouve par la marche. Quant à leur doctrine, elle apparaît vite à qui regarde attentivement; elle passe comme un fil rouge

à travers tous leurs essais. Il est facile de la résumer d'un mot les « Compagnons » veulent développer la valeur sociale des Français.

(1) Cahiers de Probus.

A. FRANÇOIS-PONCET.

(2) Cf. Compte rendu de l'Assemblée constitutive de l'Association des « Compagnons ». L'Université Nouvelle, I, Les Principes. 3° Edition. Appendice V (Fischbacher, Editeur.

CE QU'ON DIT...

Co

Çà et là.

OMME nous l'avions fait prévoir, la Chambre a voté le projet Dessoye tel que le Sénat l'avait amendé. Après quelques hésitations, le gouvernement s'était décidé à garder le silence. M. Aristide Briand a très judicieusement observé que ce silence était au moins un désaveu pour les arrondissementiers farouches qui dénonçaient le projet Dessoye comme un crime contre la République. Laisser se perpétrer le crime, c'est se rendre complice du crime. Les sentiments républicains de M. Clemenceau et de M. Pams sont trop connus pour ne pas mettre ces deux hommes d'Etat à l'abri d'un soupçon aussi injurieux. Nous voilà donc en droit de conclure qu'en parlant de crime, et ce crime serait un parricide! les protestataires ont exagéré. Quant à nous, nous ne regardons pas le système Dessoye d'un œil si malveillant que M. Bourély, qui ne craint pas de l'appeler un monstre. Il nous apparaît sous les traits d'un compromis. A la vérité, les compromis de cette espèce n'ont pas le visage trop régulier. Produits du métissage, iis juxtaposent des pensées diverses et parfois contradictoires. Ils portent la trace d'un effort douloureux. Ils ressemblent à ces enfants qui ressemblent au voisin autant qu'à leur père. Mais un métis n'est pas nécessairement stérile.

Le système Dessoye renferme un embryon de représentation proportionnelle. Nous espérons que l'embryon se développera. Il promet un élargissement du scrutin. Nous souhaitons que sur ce point les textes votés soient appliqués dans l'esprit où ils ont été votés. Car, en définitive, ce qui nous agrée le plus dans le système Dessoye, c'est qu'il substitue le département à l'arrondissement et qu'ainsi il jalonne la route qui nous conduira tôt au tard à une organisation régionale.

L'Arc-de-Tromphe! L'Arc des Poilus!

O.

Le jour de gloire est enfin arrivé pour l'Arc-de-Triomphe! La Fête de la Victoire sera la plus grande solennité militaire qui aura illustré ce monument unique au monde par ses proportions aussi colossales qu'harmo

nieuses.

Il fut commencé en 1805. Il avait d'abord été question de l'élever place de la Bastille. Des difficultés ayant été soulevées par les architectes, c'est Napoléon, lui-même qui choisit l'emplacement de la barrière de l'Etoile. Il est assez curieux de remarquer que pour un monument de cette importance, qui devait être consacré à la gloire des armées de l'Empire, il n'y eut aucune cérémonie de pose de première pierre. C'est seulement le 15 août 1806 (le monument atteignait déjà la corniche du piédestal) que les ouvriers taillèrent une pierre en forme de bouclier et y gravèrent cette inscription: « L'an mil huit cent six, le quinzième d'août, jour anniversaire de la naissance de Sa Majesté Napoléon le Grand. Cette pierre est la première qui a été posée dans la fondation de ce monument. Ministre de l'intérieur, M. de Champagny. »

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Louis XVIII donna l'ordre de l'achever; il devait être dédié à l'armée d'Espagne, commandée par le duc d'Angoulême.

L'édifice était déjà élevé jusqu'à la naissance du grand arc. L'architecte Huyot, ayant apporté quelques améliorations au plan primitif, M. de Corbière, ministre de l'intérieur, non seulement suspendit les travaux mais ordonna et fit exécuter la démolition de certaines parties et l'architecte fut destitué.

Le monument fut confié à une commission de quatre architectes qui firent commencer le grand imposte décoré de grecques. Mais, à la chute de M. de Corbière, l'architecte Huyot fut réintégré et put élever la construction jusqu'au-dessus du grand entablement. Il commençait les assises de l'attique, en juillet 1833, lorsqu'il fut frappé d'une nouvelle destitution. L'Arcde-Triomphe fut terminé en 1836, sous la direction de M. Blouet.

Les travaux, qui coûtèrent 10 millions, durèrent donc trente et un ans, furent dirigés par neuf architectes, sous quatre gouvernements différents.

L'Arc-de-Triomphe, qu'on nomme souvent l'Arc de l'Etoile, pour le distinguer des autres arcs, est aujourd'hui l'Arc des Poilus!

Victoires d'autrefois.

Deux juillet 1800! Bonaparte, le vainqueur de Ma rengo, est arrivé à Paris vers 2 heures du matin. Il a voyagé incognito. La foule, néanmoins, apprend son retour, et, innombrable, criant sa gratitude et son allégresse, elle gagne les Tuileries, réveille le triomphateur de ses acclamations sans fin. Le soir, Paris s'illumine de feux d'artifice et de feux de joie. Du 2 au 14, les réjouissances sont à peine interrompues. Le 14 se déroulent avec une pompe magnifique les diverses phases de la fête de la Concorde. Devant tous les drapeaux réunis de l'armée de la République, on pose, place Vendôme, la première pierre de la colonne qui immortalisera le souvenir des braves. Le canon retentit. Alors les trois consuls, les ministres, la garde consulaire, les aides de camp de Bonaparte se rendent à l'église « qui s'appelait bien justement, ce jour-là, le temple de Mars >>.

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Derrière Bonaparte et son escorte à cheval les préfets, les maires, les magistrats, les sénateurs, les députés, les académiciens se pressent au milieu d'une foule immense. Chacun prend place. Dans les tribunes superbement ornées figurent le corps diplomatique et la haute aristocratie. Après avoir écouté le discours du ministre Lucien et entendu le Chant du 25 Messidor de Fontanes et Méhul, interprété par Bianchi et la célèbre Grassini, on se groupe autour, des multiples tables d'un gigantesque banquet sous la présidence du premier Consul. Le repas terminé, Bonaparte se dirige vers le Champ-de-Mars. La garde est là. Elle est là arrivée de la veille en vingtneuf jours de marche, et la fatigue, l'orgueil, la joie s'inscrivent durement sur les faces ardentes et aigries des vainqueurs immobiles dans leurs uniformes déchirés et qui portent les drapeaux conquis. Ces drapeaux le ministre de la guerre les présente à Bonaparte. Quelle minute ce dut être!

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ches et des danses. » Cependant des régates animaient le fleuve. Un vaste théâtre bâti près de la place de la Concorde représentait une ville au milieu de laquelle s'élevaient trois temples. On y joua une pantomime allégorique. Le spectacle, nouveau dans les fêtes de ce genre, fut très goûté de la multitude. Il y eut en outre un départ d'aérostat. Celui-ci n'était pas voué aux flammes, mais bien monté par quatre hommes. Et comment n'y aurait-il pas eu d'aérostat en cette année 1801 où les ascensions de Garnerin passionnaient la badauderie parisienne à tel point qu'un journaliste de l'époque écrivit que non seulement Garnerin s'élevait aux nues, mais qu'il y était porté par la foule enthousiaste. Des illuminations embrasant les édifices et les deux rives de la Seine sur tout son parcours, terminèrent la Fête de la Paix et mirent le comble à l'allégresse.

Quelques années plus tard, le 26 novembre 1807, c'est le triomphal retour de la garde impériale. Paris, depuis des mois, est saturé de gloire. Il a vu transporter à l'Hôtel de Ville les drapeaux pris à Wutingen. L'épée de Frédéric le Grand, ses décorations, les trophées d'Austerlitz ont été déposés aux Invalides avec une pompe et une solennité inoubliables. Tout évoque au peuple les armes triomphantes de Napoléon. Le retour de la garde impériale va mettre le comble à l'enthousiasme. Il fut, en effet, délirant. Un arc de triomphe dédié à la Grande Armée avait été édifié en dehors de la barrière de la Villette. Le préfet de la Seine, venu au-devant des troupes, leur distribua les couronnes d'or qu'offrait Paris. Ensuite les fusiliers de la garde, les grenadiers à pied, les guides à cheval, les dragons de l'Impératrice, les grenadiers à cheval, les gendarmes à cheval précédés de leurs officiers en grand uniforme et décorés de tous leurs ordres, défilèrent aux vivats frénétiques des spectateurs gorgeant les rues et les boulevards, et ils se rendirent aux Champs-Elysées où un banquet les attendait. Les tables étaient dressées sous des tentes placées de droite et de gauche, dans les contre-allées, depuis la barrière de l'Etoile jusqu'à la place de la Concorde. La municipalité présidait ces agapes gargantuesques. «< Afin que le peuple participât aussi à ce repas de famille, ajoute le Journal de l'Empire, on a fait sur les douze principales places de Paris des distributions de vin et tiré des loteries comestibles. Sur la place du marché des Innocents, la distribution de vin a été faite par la fontaine même d'où le vin jaillissait par quatre robinets. » Le soir, musique et feux d'artifice ne furent point épargnés

Leurs impressions.

La Gazette de Francfort publiait dernièrement un article fort curieux sur l'occupation française à Wiesbaden.

L'auteur

anonyme constate mélancoliquement qu'en dépit de tout ce qu'on aurait cru, la région occupée se « francise » peu à peu, lentement mais sûrement. Les Français sont d'habiles régisseurs ; et puis, et puis, on se laisse aller. Il est superflu de camoufler la vérité : les Allemands s'adaptent à l'influence étrangère !

Seuls, les journaux, livres et illustrés français sont vendus dans les rues et dans les librairies. Et ces illustrés, pensez donc, publient des photographies des départements soi-disant ravagés par les Allemands ! Les autorités françaises ont même introduit l'enseignement facultatif du français dans les classes supérieures des écoles primaires !

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Le goût français léger et frivole, comme chacun sait envahit théâtres et salles de concert. Il en est de même du commerce et des toilettes féminines de l'aveu de l'auteur, aveu glissé pudiquement dans une phrase

incidente, les dames germaniques commencent à s'habiller avec grâce...

Les rues ont pris un aspect tout français; partout, on voit le doucereux bleu-horizon des uniformes, les affiches en langue française, les réclames françaises; il n'est pas jusqu'à la musique militaire dont les mélodies ne s'insinuent dans les âmes... Ainsi la tentation est partout. Commerçants, garçons de café, même les marmots se mettent à parler français !

Mais les femmes ! Il est vain de s'élever contre l'inévitable. Si le langage de l'amour est international, il s'enrichit ici des vocables français. Que voulez-vous ? A la morale facile des Français, les femmes de là-bas ne savent, ou ne veulent point opposer, une résistance efficace. Ajoutez-y la baisse de la moralité par suite des longues années de guerre, et vous comprendrez... Il y a de ces mots magiques, tels que « chocolat », « promenade », auxquels on ne résiste guère... Il y a les bals, et ces diables de Français sont très, très habiles (?).... Le danger de cette pénétration sournoise est grand, mais il faut espérer que la saine et « rude honnêteté » du Germain saura éliminer peu à peu le virus gaulois.

Une maladie nouvelle: la dépensicite.

Au moment où tout le pays se plaint de la cherté de la vie, nous assistons à ce spectacle étrange : le pays le plus économe du monde dépense sans compter, follement, frénétiquement. Nous sommes tous atteints de ce que M. Ribot appelle une maladie mentale, d'une sorte de folie collective. Nous sommes tous atteints

de la dépensicite, maladie aussi contagieuse que la grippe !

:

Les commerçants peuvent afficher les prix les plus extravagants! Jusqu'ici, seuls, les fumeurs (qui l'eût cru?) ont osé résister comme il le fallait en boycottant les produits follement renchéris Pour tout le reste, chacun semble prendre plaisir à courir au plus cher, pour faire comme son voisin.

Le spécifique de la maladie nouvelle reste à trouver ; mais les médecins spécialistes, les économistes en l'espèce, n'ont pas manqué de rechercher ses causes, ses origines.

La vérité est qu'après chaque guerre, chaque période de calamités, après chaque révolution, on a constaté, en même temps que le déplacement de l'argent, ce besoin général de vivre intensément, de se griser de toutes les jouissances. Cependant pour retrouver, dans notre histoire, une épidémie de dépensicite aussi aiguë que celle qui sévit actuellement, il nous faut remonter au temps de Law et des « Mississipiens » !

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Le système de Law avait déchaîné une véritable révolution de l'argent. Des fortunes scandaleuses s'élevaient, en un jour, sur des ruines effarantes. La rue Quicampoix était devenue le Mississipi. Des maisons de cette rue, louées jusqu'alors 800 livres, étaient louées 50.000 et 60.000 livres.

Les nouveaux riches-on les appelait alors les « nouveaux Crésus » se livraient à mille extravagances et étaient aussi grotesques qu'opulents. Des domestiques de la veille jouaient au piquet des billets de 100.000 livres. Le fils d'un boulanger, pour faire plaisir à sa femme, achetait toute la boutique d'un orfèvre. Un Mississipien, après avoir acheté plusieurs châteaux, faisait l'acquisition d'une île, rien que pour en être nommé le protecteur. Chez lui, tout était en argent : guéridons, miroirs, chenêts, garnitures de cheminée, pots à fleurs, etc. La dépense de sa maison se chiffrait par 5 millions de livres par an. On servait à table des petits pois qui coûtaient 100 pistoles la livre (étaient-ils aussi en argent ?).

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