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G. A. JOURDE

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CORDIAL-MEDOC

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Il y a déjà une légende des « Compagnons ». Et c'est bien un peu notre faute: nous portons la rançon d'un anonymat jalousement prolongé. On s'est demandé quels étaient ces jeunes gens dogmatiques et insupportables qui prétendaient tout changer dans l'Université. On s'est demandé surtout quel était le but caché de leur mouvement, quels en étaient les « dessous ». Brusquement réveillée par une propagande indiscrète, l'opinion de nos anciens et de nos camarades, l'opinion tout court aussi s'est émue. Nos premiers articles ont suscité des centaines de commentaires; les journaux de tous les partis, les revues pédagogiques et les organes corporatifs ont discuté la doctrine nouvelle, mais ils ne s'en sont pas tenus là, ils ont voulu connaître les doctrinaires aussi. Or, les « Compagnons » sont restés anonymes tant qu'a duré la guerre, la guerre qui les a façonnés et d'où leur mouvement est sorti. Une certaine agitation continuait. Quels étaient donc ces agitateurs, d'aucuns dirent ces « agités »? On a échafaudé les hypothèses, et les constructions ont marché bon train. Pour les uns, les

« Compagnons », partisans intransigeants d'une réforme totale, furent des révolutionnaires, les bolchevistes de l'enseignement. Pour les autres qu'inquiétait leur libéralisme, ils devinrent des cléricaux, payés par les évêques. Leur ton prophétique leur amena le reproche d'être des mystiques, mais leur nom les fit aussi suspecter d'être des francs-maçons. Comme certains d'entre eux (on le savait) s'étaient rencontrés, par hasard, au Grand Quartier Général, on ne leur épargna même pas à l'arrière le titre d'embusqués; chose d'autant plus grave qu'on

dénonçait dans leur doctrine un germanisme dangereux. Tout cela s'est tassé peu à peu. La vérité s'est faite le

jour où nous avons volontairement levé le voile que d'autres s'efforçaient de déchirer. Nos deux volumes (1), les premiers numéros de notre journal, la Solidarité (2), nos conférences à l'Ecole des Hautes Etudes Sociales, à l'Ecole Normale Supérieure, à la Maison des Etudiants, ont rassuré bien des inquiétudes. On commence à comde religion, que nous ne formons ni une société secrète, prendre que nous ne nous occupons ni de politique, ni ni un soviet, ni une congrégation. Nous sommes une Société d'Etudes pédagogiques et c'est tout. La légende touche à sa fin. Je n'ai pas d'autre prétention que de raconter, pour la première fois, l'histoire des « Compagnons ». Elle est intimement liée à celle de l'Opinion.. Il faudra bien que je parle un peu de moi et je m'en

excuse.

J'ai eu le privilège, au cours des trois premières années de la guerre, d'approcher souvent des instituteurs. A vrai dire, je n'en avais pas vu depuis ma sortie de l'école primaire, car j'étais, moi aussi, victime et prisonnier des cloisons étanches. A la 4° division du renseignements dans les régiments. J'ai causé avec eux rer corps, j'en ai connu beaucoup qui étaient officiers de de la guerre, mais aussi de la paix qui viendrait bien un jour, des problèmes de la paix et de celui qui m'apparaissait déjà le problème essentiel : celui de l'éducation nationale. Et au fur et à mesure que la guerre durait, que les hommes tombaient, l'angoissante question du

(1) L'Université nouvelle, Fischbacher, I et II.

(2) Journal des 4 ordres d'enseignement rédigé par les « Compagnons », 4, rue Chauveau-Lagarde.

recrutement de l'élite nouvelle s'imposait de plus en | plus à nos discussions. J'avais vaguement entendu parler de l'école unique et des tentatives faites dans ce sens par les pays anglo-saxons et je cherchais à me documenter. C'était tout.

En été 1917, je fus appelé au G. Q. G. C'était au moment où la loi Mourier envoyait au front un certain nombre d'officiers de l'active, restés jusqu'alors dans les états-majors et appelait par contre dans les bureaux, pour les remplacer, des officiers de réserve blessés, fatigués ou médiocrement utilisés ailleurs. C'est ainsi qu'arriva à Compiègne un « lot » d'universitaires. Albert Girard, professeur à Chaptal, qui devait devenir mon principal collaborateur s'y trouvait déjà à la section du chiffre. Luc, professeur de philosophie au lycée d'Alençon, vint le retrouver. Edmond Vermeil, aujourd'hui maître de conférences à l'Université de Strasbourg, fut affecté au 2o bureau. Le service du contrôle postal était dirigé par un professeur libre, Jacques Duval, et par deux jeunes normaliens blessés, Pierre Doyen et Robert Vieux, actuellement agrégés d'allemand.

Instinctivement, ces universitaires cherchèrent à se connaître, à se retrouver. Dans leurs rares heures de liberté, en se promenant sous les ombrages du parc de Compiègne, ils parlèrent de l'avenir, de leur tâche prochaine, de l'Université. Ils différaient par l'âge, la religion, le milieu social, le caractère, la fortune. Mais, comme l'écrivait l'un d'eux dans un article récent, ils s'étonnè

rent de penser tous de même, de s'accorder unanimement sur les questions professionnelles.

Leurs réunions se firent régulières. Elles avaient lieu toujours après la journée faite et les journées étaient longues au G. Q. G. On ne se rejoignait guère avant 10 heures du soir, souvent même avant 11. On s'installait soit dans ma chambre en ville, soit, après le départ des secrétaires et des plantons, dans les bureaux du contrôle postal où l'on était plus sûr d'avoir du feu. Ces bureaux étaient établis sous les combles. Les discussions s'y prolongaient bien avant dans la nuit et nous avions l'air de conspirateurs dans le palais endormi.

La doctrine se précisait peu à peu: l'idée de l'école unique, l'idée de la corporation enseignante, l'idée des << liaisons » entre l'Université et le pays. Les suggestions s'amassaient. Il fallait dire ce qu'on avait à dire. Il fallait écrire. Il fallait démarrer.

Un jour, Vermeil et moi, nous nous décidâmes à mettre sur pied un premier article, un manifeste. Nous l'intitulions: « Un pouvoir spirituel nouveau ».

Je soumis cet article, à tout hasard, à mon ami Jean de Pierrefeu, rédacteur en chef de l'Opinion, qui était chargé des communiqués officiels au service de l'information. Il nous demanda instantanément une série d'ar

ticles sur (( L'Université Nouvelle >>. C'était en

décembre 1917.

ce ce qu'il appelait « mes bobards ». On en raya beaucoup. Mais il y en avait tant qu'il en est, malgré lui, bien resté quelques-uns.

Mais comment signer ces articles? Quel pseudonyme adopter? Nous étions très en peine. Il fallait, en une brève formule, dire à la fois notre volonté de construction et notre effort de solidarité. Ainsi que l'a spirituellement relevé Maurice Levaillant dans un récent article du Figaro, nous avions développé à l'envi, en de nombreuses variations, le thème de la maison nouvelle, et, dans nos plans et devis, nous faisions sonner avec entrain les comparaisons architecturales. Il n'était question que de marteaux, de truelles et de pioches. Un jour, je demandai à notre camarade Jules Isaac, l'un des fondateurs de l'Association des anciens combattants de l'Uni

versité, de nous trouver, dans l'histoire du moyen âge, un nom de grand architecte qui pût symboliser tout ensemble notre travail constructeur et notre inspiration corporative. Il me répondit tout bonnement: « Mais Pourquoi aller chercher si loin? Appelez-vous donc les « Compagnons ». L'idée était simple et heureuse. Elle fut adoptée et c'est ainsi que nous reçûmes le baptême.

Nous désirions garder l'anonymat, d'abord parce que nous voulions effacer nos personnes devant nos idées, ensuite parce que nous ne pouvions, en pleine guerre, sans manquer à la discipline militaire, entreprendre comme officiers, sous notre nom, une campagne qui s'an-nonçait assez vive. Pourtant il fallait nous assurer au plus tôt des collaborateurs, faire appel à nos amis des armées et de l'intérieur, enrôler d'autres « Compagnons >>> pour nourrir notre mouvement. Aussi n'avons-nous pas hésité à nous découvrir à certains de nos camarades et de nos anciens; et en même temps que paraissait notre premier article, dans l'Opinion du 9 février 1918, nous archives leur avons adressé une lettre que j'ai retrouvée dans nos -car nous en avons déjà - et qui dit assez notre état d'esprit à cette époque. La voici:

A nos camarades,

་་

Les pages que nous vous envoyons ne veulent pas exprimer seulement une pensée personnelle, et vous n'êtes pas appelés à voter.

Il ne s'agit pas non plus de condamner en bloc le passé et d'opérer des miracles.

Mais la France nouvelle exige une nouvelle Université. II dépend de nous d'être entraînés ou de conduire. N'avons-nous pas mérité de marcher les premiers ?

Nous avons vécu sans lien, nous, les maîtres de toutes les écoles, en étrangers, en indifférents, parfois même en ennemis. Dans ce pays qui s'organise, serons-nous seuls à marcher épars et impuissants? Cette jeunesse dont nous fûmes les guides, qui a trouvé l'union dans le combat, qui ne veut plus la rompre, doit-elle se heurter demain à notre obstacle?

Nous devons être une force dans la nation. Unissons-nous tous ensemble, travaillons sans tarder à préparer le meilleur avenir.

Nous faisons appel à tous, à tous les membres de tous les autres. La tâche nous est commune, le sort doit être commun. Nous ne vous demandons de nous sacrifier ni votre idéal, ni votre foi, ni l'indépendance de votre pensée. Liés par une collaboration inévitable, nous vous demandons de travailler, au grand jour et de concert, à cette organisation professionnelle, à cette corporation vivante qui, seule, nous permettra d'occuper notre place et de remplir notre vrai rôle.

Après la discussion, ce fut dès lors la collaboration enseignements. Nous ne pouvons nous passer les uns des par écrit, la rédaction en commun. Vermeil fit le deuxième et le troisième articles: L'ordre nouveau. Je rédigeai, avec Girard, le quatrième et le cinquième: La doctrine nouvelle. Mais tous nos manuscrits étaient lus et relus en petit comité, aux séances de nuit. Lectures qui amenèrent bien des corrections et surtout des atténuations de forme. Car le ton était toujours vif, souvent prétentieux, parfois insolent; et s'il était important de frapper l'opinion, il ne paraissait pas nécessaire aux plus sages d'entre nous de la froisser et de l'ameuter. Discussions charmantes d'ailleurs, où l'amour-propre d'auteur était absolument banni, où s'éprouva notre amitié, où se créa véritablement le compagnonnage du cœur et de l'esprit. Jamais nous n'avions, comme professeurs, pris tant de plaisir à corriger des copies. Girard surtout était impitoyable pour mes développements oratoires et

D'un ordre nouveau doit surgir le pouvoir spirituel nouveðu que la France attend, tournée vers vous. Dans cet ordre, tous doivent être compris. Qu'il soit un lien, non une limite. Qu'il n'exclue que les ambitions illégitimes, non l'initiative et l'audace.

Nous sommes les amis de la vie. Nous voulons vivre et préparer à la vie. C'est là l'essentiel de notre programme. C'est là le sens des articles qui suivront.

Ces articles, même à cette heure d'attente, nous n'hésitons pas à les jeter devant l'orage comme une semence. Nous faisons crédit à l'avenir et nous avons foi en lui.

nom

Si vous espérez, si vous voulez les mêmes choses, au de tous nos compagnons d'armes et de pensée, nous vous le demandons, signez avec nous notre acte de foi.

E. VERMEIL, J.-M. CARRÉ, H. LUC, J. DUVAL,
H. DONTENWILLE, P. DOYEN, R. VIEUX.

On s'attendait d'un moment à l'autre à la grande offensive allemande. Nous la sentions venir, mais nous n'avons pas douté de notre œuvre. C'eût été douter de notre pays. En affirmant notre foi dans la régénération intellectuelle et morale de la France, nous affirmions notre foi dans la France tout court, et si c'est là être mystique, nous sommes fiers de ce mysticisme-là!

Notre appel fut entendu. Les réponses affluèrent ; nous n'oublierons jamais les deux premières que nous reçumes deux jours après, le 11 février. Je me rappelle les avoir lues à mes amis, avec un peu d'émotion, au cours d'une promenade dans le parc, par une petite pluie fine qui délavait les écritures. L'une nous apportait l'adhésion d'Edouard Herriot, l'autre celle de notre futur président, Louis Cazamian. Peu à peu, de nouveaux « Compagnons » se levèrent au loin. Des figures❘ connues, un peu estompées par quatre années de guerre et d'oubli, nous firent un signe d'encouragement et d'amitié. Et c'est ainsi que se recrutèrent les 45 « Compagnons » fondateurs, les conspirateurs ténébreux qui,`de la ligne des armées, devaient inquiéter tant de braves gens à l'intérieur. Leurs noms ne furent publiés que plus tard, après leur démobilisation. Je ne les énumère pas ici et maintenant que notre association s'est considérablement accrue, maintenant que nous comptons près d'un millier d'adhérents, ils ne demandent qu'à rentrer dans le rang. Je rappelle seulement que sur ces 45 ouvriers de la première heure, 13 étaient décorés de la Légion d'honneur, 22 blessés, 33 cités et que, si leurs idées pouvaient paraître discutables, leurs personnes avaient au moins le droit d'être respectées.

Le cinquième article des « Compagnons » venait à peine de paraître que la grande bataille commençait. Le 30 mars 1918, nous fîmes insérer dans l'Opinion la note

suivante:

« Aux camarades et aux lecteurs de l'Opinion!

« Les « Compagnons » sont tous mobilisés. L'offensive allemande se déclenche. Ils ne pensent plus qu'à leur service. Leur devoir est de s'y donner entièrement. Ils ont pu jusqu'à présent exposer leur doctrine, ils ajournent l'exposé de leur programme concret jusqu'au moment où la situation militaire leur permettra d'y consacrer leurs loisirs. »>

Ce moment ne devait arriver qu'avec l'armistice. La deuxième série de nos articles de l'Opinion: « Les applications de la doctrine », ne parut qu'en novembre 1918. Entre temps, le petit groupe du Grand Quartier s'était éclairci. Duval était parti pour la 3o armée, Girard pour l'armée des Flandres, puis pour l'armée d'Italie; Doyen, affaibli par sa blessure et son surmenage, dut prendre une convalescence. Ceux qui restaient, Luc, Miquelard, Vermeil et moi, furent débordés de travail. Il y eut bien quelques discussions, quelques correspondances avec les « Compagnons » du front, voire quelques polémiques avec l'intérieur. L'Opinion accueillit deux articles et quelques réponses pour prolonger l'enquête pendant l'été. Mais l'attention était ailleurs. On attendait la fin des grandes batailles, la fin de la guerre. L'hiver vit paraître notre premier volume dans la collection des « Cahiers de Probus » éditée chez Fischbacher. Ceci a rendu de nouveau bien des gens. malheureux. Pourquoi Fischbacher? ont dit les uns, flairant une entreprise protestante. Mais parce que Fischba cher est un de nos amis. Pourquoi Probus? ont dit les autres, flairant une entreprise politique. Mais parce que Probus est aussi un de mes amis et que son

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association travaille précisément au-dessus des partis, que sa réforme générale comprend en premier lieu cella de l'éducation, que cette collection des Cahiers nous semble répondre à un grand besoin d'apostolat moral et social. Quand Probus, alors le capitaine Corréard, est venu nous voir au G. Q. G., à Provins, nous n'avons pas hésité à lui donner notre collaboration. Il y eut entente, liaison, sympathie entre les deux groupements, il n'y eut jamais et il n'y a actuellement aucune subordination du nôtre au sien. Individuellement, plusieurs «< Compagnons », dont je suis, ont pu être membres de l'Association Nationale pour l'Organisation de la Démocratie, mais notre mouvement est indépendant. Se fût-il accroché à l'A. N. O. D., qu'on n'aurait pas pu lui reprocher de faire de la politique de partis, puisque cette association se défend elle-même d'en faire, mais les « Compagnons » préfèrent rester les Compagnons de l'Université, bien que celle-ci se fût aisément passée de leur turbulente compagnie.

Turbulents, bruyants, certes nous l'avons été. Mais c'était dans notre tactique de l'être. Il y a eu chez nous volonté arrêtée de frapper l'opinion. A quoi nous eût-il servi d'écrire en 1917 des articles bien sages dans une revue pédagogique quelconque, de préparer, sur une table d'une belle ordonnance austère, des plats délicats et substantiels à la fois ? Personne n'y eût touché. Notre chère Université dormait. Il a fallu d'abord réveiller la bonne dame. Pour cela, avouons-ie, nous avons été « un peu fort». On n'est jamais content d'être réveillé. A plus forte raison, quand c'est à coups de clairon et dans le vacarme. Maintenant, la méchante humeur, bien naturelle, commence à se dissiper. L'Université se frotte les yeux, étend les bras, elle est prête à s'attabler. C'est à nous maintenant de ne pas la tromper, de ne pas la décevoir, de lui apporter une solide et digeste alimentation. Voilà pourquoi nous avons créé, dès notre démobilisation, notre Association et nos sections d'études. L'Association des «Compagnons >> « Compagnons » fut constituée à l'Opinion, sous la présidence de M. Cazamian, le 22 avril

1919.

Conformément à l'article 3 de ses statuts :

« L'Association a pour objet, par des liaisons entre tous les membres de tous les enseignements et par un lien plus intime entre l'Université et la nation:

« L'étude; la recherche et la mise en oeuvre de tous les moyens susceptibles d'améliorer la situation matérielle et morale de tous les enseignements.

« 2o La poursuite et la réalisation des réformes pédagogi.. ques immédiatement réalisables.

« 3o Le groupement de toutes les volontés, de toutes les initiatives et de tous les efforts, dans une action tant centralisée que régionaliste, en vue de réaliser l'Université nou

velle.

« 4° La propagande la plus active, au sein et en dehors de vers la réforme totale de l'Enseignement. >>

l'Université, en vue d'entraîner l'Opinion et le Parlement

1° Pour améliorer la situation matérielle et morale de l'Université, nous ne voyons qu'un moyen la Corporation et l'organisation syndicale de l'Université. Voilà pourquoi nous avons soumis à la discussion de nos collègues, un projet de statuts de confédération interuniversitaire des Quatre Ordres.

2o Pour préparer les réformes pédagogiques immédiatement réalisables dans le sens de l'Université Nouvelle, nous ne yoyons qu'un moyen le travail et le groupement des compétences sur un programme défini. Voilà pourquoi nous avons créé des sections d'études de chaque enseignement.

3° Pour mener la propagande, nous ne voyons pas, certes, qu'un moyen, mais nous en retenons surtout un : le journal. Voilà pourquoi nous avons repris la Solidarité et nous voulons en faire l'organe des liaisons entre

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